Antinoüs
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Antinoüs (en grec ancien Ἀντίνοoς / Antínoos), est un jeune homme originaire de Bithynie ayant vécu au IIe siècle ap. J.-C.. Amant de l'empereur Hadrien, il meurt âgé de 18 ans environ, noyé dans le Nil, dans des circonstances qui restent mystérieuses. Divinisé par Hadrien, Antinous est représenté par un grand nombre d'œuvres d'art qui en font l'un des visages les plus célèbres de l'Antiquité.
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[modifier] Biographie
Peu de choses sont connues d'Antinoüs avant sa rencontre avec Hadrien. Il naît en Bithynie (province d'Asie mineure) à Mantinium, un bourg de la cité de Bithynium-Claudiopolis (actuelle Bolu)[1]. Sa date de naissance ne peut être déterminée que par référence à celle, relativement bien connue, de sa mort : Antinoüs meurt en octobre 130, alors qu'il est encore jeune homme. Sur la base des représentations statuaires, qui le montrent âgé de 20 ans au plus, on s'accorde à placer sa date de naissance vers 110-112.
Aucun texte ne mentionne le lieu ni la date de sa rencontre avec Hadrien. Selon toute vraisemblance, elle a lieu à l'hiver 123 ou au printemps 124, lors de la visite de l'empereur à Claudiopolis[2]. Il devient alors le favori d'Hadrien. Sa présence dans l'entourage impérial n'est mentionnée officiellement qu'en 130, lors du voyage d'Hadrien en Égypte[2]. En octobre, probablement le 25[3], il trouve la mort noyé dans le Nil, dans la région d'Hermopolis, dans des circonstances restées mystérieuses. Plusieurs explications sont avancées dès l'Antiquité. Hadrien lui-même évoque un simple accident[4], mais plusieurs auteurs y voient un sacrifice rituel où Antinoüs aurait servi de victime volontaire, soit pour prolonger les jours d'Hadrien[5], soit pour des pratiques divinatoires [4].
Hadrien est très affecté par la mort de son favori. De leur côté, les Égyptiens divinisent le jeune homme : ils voient dans les noyés du Nil les serviteurs d'Osiris. Une ville est même fondée sur le fleuve, Antinoupolis. Hadrien encourage le développement de la nouvelle religion en multipliant les œuvres d'art à l'effigie du jeune homme. Les Grecs reconnaissent également en Antinoüs un avatar d'Hermès. En 131–132 sont fondés les Antinoeia, jeux réservés aux éphèbes mêlant épreuves gymniques et concours musicaux. On distingue les Antinoeia « de la ville », c'est-à-dire Athènes, et ceux d'Éleusis. Mantinée, cité-mère de Bithynium, accueille le culte avec une ferveur particulière, d'autant plus que le nom du jeune homme rappelle celui d'Antinoé, fondatrice mythique de la ville[6]. Son nom est donné à une constellation formée de cinq étoiles de l'actuelle constellation de l'Aigle ; mentionnée par Ptolémée dans son Almageste, elle sera finalement fondue dans l'Aigle. À Rome, le culte est reçu plus froidement, mais finit par s'implanter. Ce sera le dernier grand culte introduit avant l'arrivée du christianisme.
[modifier] Antinoüs dans l'art et la littérature
Antinoüs nous est surtout connu aujourd'hui par les nombreuses sculptures à son image, sorte de personnification de la beauté idéale. On peut citer :
- la statue colossale d'Antinoüs avec les attributs de Dionysos-Osiris au Vatican
- le buste en marbre du musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg
- le bas-relief d'Antinoüs avec les attributs de Dionysos au palais Massimo alle Terme à Rome
- l'Antinoüs Albani des musées capitolins à Rome
- l'Antinoüs avec les attributs d'Aristée au musée du Louvre à Paris.
- l'Antinoüs égyptien portant un nemes surmonté de l'uræus, au musée du Louvre (image)
- statue de culte d'Antinoüs, œuvre de l'époque d'Hadrien (117-138 ap. J.-C.) au musée de Delphes
Voir Représentations d'Antinoüs.
Sa vie avec Hadrien est racontée dans le roman de Marguerite Yourcenar, Les mémoires d'Hadrien. La vie du jeune homme a également inspiré le recueil de poèmes Antinoüs à Fernando Pessoa. L'œuvre du Louvre, aux paupières vides, est au centre du roman de Jean Lorrain, Monsieur de Phocas.
Antinoüs a inspiré une chanson d'Hervé Cristiani dont le titre est tout simplement Antinoüs.
[modifier] Notes
- ↑ Birley, p. 158 et 180.
- ↑ a b Birley, p. 158.
- ↑ Birley, p. 247.
- ↑ a b Dion Cassius, Vie d'Hadrien 11.
- ↑ Aurelius Victor (XIV, 5-7) ; Histoire auguste, Hadrien (XIV, 5-7).
- ↑ Birley, p. 180.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Représentations d'Antinoüs : étude des représentations du jeune homme dans la statuaire antique
[modifier] Bibliographie
- (en) Anthony R. Birley, Hadrian, the Restless Emperor, Routledge, Londres, 1997 (ISBN 0-415-22812-3)
- (de) Christoph W. Clairmont: Die Bildnisse des Antinous. Ein Beitrag zur Portraitplastik unter Kaiser Hadrian, Institut suisse à Rome, Rome, 1966.
- (en) Royston Lambert, Beloved and God. The Story of Hadrian and Antinous, Meadowland Books, New York, 1988 (ISBN 0-8216-2003-7)
- (de) Hugo Meyer: Antinoos. Die archäologischen Denkmäler unter Einbeziehung des numismatischen und epigraphischen Materials sowie der literarischen Nachrichten. Ein Beitrag zur Kunst- und Kulturgeschichte der hadrianisch-frühantoninischen Zeit, Fink, Munich, 1991 (ISBN 3-7705-2634-1)
- (en) Sarah Waters, « “The Most Famous Fairy in History”: Antinous and Homosexual Fantasy », Journal of the History of Sexuality, vol. 6, no. 2 (octobre 1995), p. 194-230.
[modifier] Liens externes