Ahmad Ibn Hanbal
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Ahmad Ibn Hanbal (الإمام أحمد بن حنبل al-imām aḥmad ben ḥanbal), né à Bagdad en 780 (ère chrétienne), mort en 241/855, est le fondateur de l'une des quatre grandes écoles juridiques (madhhab) sunnites[1], connue sous le nom de "hanbalite". Il est aussi à l'origine de la fondation de l'école de croyance islamique ('aqida), l'école Atharite.
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[modifier] Biographie
Né d'une famille arabe ayant soutenu Abû al-`Abbas al-Saffah dans sa prise du pouvoir contre les Omeyyades, Ibn Hanbal est le contemporain des deux califes qui ont voulu imposer le motazilisme. Le calife Al-Ma`mûn, alors en campagne militaire, le fait arrêter pour qu'il puisse l'interroger. Al-Ma`mûn décède avant la rencontre. Ibn Hanbal est ramené à Bagdad pour y être interrogé au nom du nouveau calife Al-Mutasim. Il est libéré à condition de cesser son enseignement.
En 847, le calife Al-Mutawakkil revint à la Tradition en rejetant le motazilisme, mais Ibn Hanbal n'en resta pas moins réservé.
[modifier] Une doctrine rigoureuse
Après avoir étudié sous différents maîtres à Bagdad (il y suivit entre autres les enseignements de l'imâm al-Shâfi'î et d'Abou Youssouf, lui-même disciple d'Abou Hanîfa) puis en Syrie et au Yeman, Ibn Hanbal s'en émancipe progressivement pour fonder une école de pensée rigoureuse lui paraissant la plus conforme au Coran et à la Sunna[2].
On lui doit un important recueil de traditions, le Musnad, où les ahadîth sont classés suivant la chaîne des transmetteurs, et en fonction de leur authenticité considérée comme "parfaite" (sahîh), bonne ("hasan") ou "faible" (da'îf). Ibn Hanbal a également écrit des ouvrages de commentaires sur la Tradition et sur les principes moraux dans l'islam, ainsi que des éloges des premiers califes rashidoun, "les bien guidés". On doit enfin à ses disciples, dont l'un de ses fils, 'Abd Allâh (mort en 903), une compilation des "réponses" qu'il donnait aux questions qui lui étaient posées sur les sujets les plus divers.
La doctrine hanbalite, attachée au strict respect du Coran et de la Tradition, est proche du salafisme. Elle privilégie la lettre par rapport à l'esprit du texte. On a pu la caractériser comme celle du "culte fanatique"[3] de la Sunna. Elle rejette la tentation de l'innovation (bid'a), et condamne ce qu'elle considère comme des déviations religieuses et/ou politiques apparues dans l'histoire du califat, à commencer par le kharidjisme et toutes les formes de shi'isme, etc. C'est pourquoi Ibn Hanbal s'oppose également à l'école sunnite d'Abou Hanîfa, qui préconise le large recours à la libre opinion du juge ou du commentateur (ashâb al-ra'y), voire aux subterfuges juridiques.
[modifier] Notes
- ↑ Les trois autres étant respectivement celles des imams Abû Hanîfa, Malîk et Shâfi'i, l'école hanbalite se situant chronologiquement en quatrième position.
- ↑ L'orthodoxie musulmane, la "Tradition authentique" [du Prophète], d'où le mot "sunnisme" (par opposition à "shi'isme")
- ↑ Ignace Goldziher, Le dogme et la loi de L'Islam, Paris, 1920.
[modifier] Bibliographie
- Henri Laoust, Les schismes dans l'Islam, Paris, Payot, édition de 1977 (voir la bibliographie de l'article consacré à Laoust).
- Louis Milliot, Introduction à l'étude du droit musulman, Paris, Sirey, 1953.