Aguigui Mouna
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André Dupont, dit Aguigui Mouna, né à Meythet (Haute-Savoie) le 1er octobre 1911 et mort à Paris le 8 mai 1999, a été appelé à la fois « le dernier amuseur public de Paris » et « le sage des temps modernes ». Cavanna disait de lui : « Mouna c'est une manif à lui tout seul. C'est l'indignation. Sa philosophie ? Un amour universel, boulimique. »
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[modifier] Vie et philosophie
Orphelin à 9 ans, il commence à travailler à 13 ans. Il est tour à tour garçon de café et chômeur et, à 17 ans, s'engage un moment dans la Marine. Son passage dans l'armée durant la drôle de guerre en 1939 fera de lui un antimilitariste convaincu.
Il adhère au PC à la Libération, puis s'installe comme restaurateur à Montmartre. En 1951, ayant fait faillite et devenu las de cette vie « caca-pipi-taliste », il a sa « révélation aguiguiste » : il prend le pseudonyme d'Aguigi Mouna et part sur la route et pour professer sa philosophie sur la Côte d'Azur et dans les rues de Paris. Plus tard on le verra aussi, la barbe fleurie et son éternel béret noir vissé sur le crâne, haranguant les foules aux festivals de Cannes et d'Avignon, au Printemps de Bourges et au Salon du Livre de Paris.
En 1956, il relie Cagnes-sur-Mer à Sanremo à pied. Il sévit également à Golfe-Juan, où il reste perché 16 heures en haut d'un platane. Il ponctue ses déclamations par des inscriptions à la craie blanche sur le bitume en disant « Je craie. » Ses techniques, tel que l'usage de pancartes accrochées à son vélo pour interpeller les passants, ont sans doute influencé l'écriture blanche sur noir de l'artiste Ben.
Il crée son journal Le Mouna Frères (« le mou'nana pour les sœurs !!! - le journal anti-robot ») qu'il diffuse lui-même dans les manifestations. Il se déplace sur un vélo équipé d'un téléphone rouge (factice) et jette des graines aux badauds qui l'écoutent en ponctuant son geste d'un « Prenez-en de la graine ! »
Dans le campus de Jussieu (universités Paris 6 - Paris 7) dans l'amphithéatre à ciel ouvert (maintenant remplacé par un bâtiment administratif)], le 2 mars 1978, il est sacré « Empereur débilissime, Aguigui 1er », il a fait venir ses amis saltimbanques qui distribuent des nez rouges. Un autre jour, il se fait arrêter pour avoir mené une procession dont les participants scandaient en chœur : « Nous sommes heureux ! Nous sommes heureux ! ». Toujours à Jussieu, en mars 1979, il invite les étudiants à accompagner avec lui la manifestation des sidérurgistes de la Lorraine qui viennent à Paris crier leur détresse.
Il est nommé chevalier des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture Jack Lang.
Il tente plusieurs fois de se présenter comme candidat aux présidentielles, ainsi qu'aux législatives du Ve arrondissement, ce qui l'obligera à révéler son véritable patronyme : Dupont (« pas de Nemours ni d'Isigny », précise-t-il). En 1993, il obtient 722 voix contre Jean Tiberi.
Sa philosophie est un mélange d'antimilitarisme, d'anarchisme et d'écologisme. Il a mené campagne contre le travail des enfants dans le tiers monde et pour l'aide aux réfugiés du Chili, et il a été l'un des premiers à s'opposer au programme nucléaire de la France.
Pour certains, son prédécesseur se nommait Diogène, tandis que pour d'autres il s'appelait Ferdinand Lop, qui proposait de prolonger le boulevard Saint-Michel jusqu'à la mer afin que les étudiants puissent se baigner plus souvent. Pour beaucoup, Mouna était tout simplement un apôtre de la bonne humeur.
[modifier] Slogans
- C'est en parlant haut qu'on devient haut-parleur.
- Ne prenez pas le métro, prenez le pouvoir.
- Des vélos, pas trop d'autos. Du gazon, pas de béton, des moutons, pas de canons.
- Le jour où un vélo écrasera une auto, il y aura vraiment du nouveau.
- Aimez-vous les uns sur les autres.
- La grossesse à 6 mois ! La retraite à 15 ans !
- On vit peu mais on meurt longtemps.
- Je préfère le vin d'ici à l'eau de là (emprunté à Francis Blanche).
- Riez et vous serez sauvé.
- Aguigui, le cri de la vie !
- Les valeurs morales ne sont pas cotées en bourse.
- Mieux vaut être actif aujourd'hui que radioactif demain.
- Au pays de la barbarie, je joue de l'orgue de Barbarie !
- Le régime est pourri ! criait-il dans la rue en agitant un régime de bananes pourries.
- Lisez le Mouna-Freres et retirez-vous dans un Mouna-stère ou on boira de la li-mounade...! déclamait-il en vendant son journal.
[modifier] Bibliographie
- Cavanna, Cabu et Anne Galois, Aguigui Mouna, Gueule ou crève, Dossiers d'Aquitaine, Bordeaux, 2004 (ISBN 2905212349)
- Jacques Danois, Aguigui Mouna : l'homme interieur ou le sage des temps modernes, Dossiers d'Aquitaine, Bordeaux, 1999 (ISBN 290521211X)
- Joseph Morder, Yves Peseta, Yves Monin, Martine Aubin, O.de Rudder : Mouna "aguigui", Editions Sèves, Paris 1979
[modifier] Filmographie
- Mouna, film documentaire réalisé par Bernard Baissat, Paris, 1989. Consultable au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, à la BNF et à la Vidéothèque de Paris. (Voir aussi [1])
[modifier] Discographie
- "Mouna" (Vive Mouna c'est le pied!), disque 33 tours, Vendémiaire, Paris,VDES 010, Couverture: photo et texte de A. Gesgon; imprimée par Grimoffset,94400, Vitry. Sans date (peut-être 198O?).