Église épiscopale des États-Unis d'Amérique
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L'Église épiscopale des États-Unis d'Amérique (Episcopal Church), fondée en 1789, est le nom qu'a pris l'église anglicane américaine pour montrer son autonomie par rapport à l’Angleterre durant la guerre d’indépendance des colonies.
Elle est divisée en 9 provinces et 110 diocèses (100 diocèses aux États-Unis, plus 10 diocèses en dehors des États-Unis : Îles Vierges américaines, Haïti, Taiwan, Colombie, République dominicaine, Équateur (2x), Honduras, Porto Rico et Venezuela). De plus, l'Église possède une convention réunissant les Églises Américaines d'Europe.
L'Église compte environ 2,3 millions de membres aux États-Unis. Près du quart des présidents américains sortent de ses rangs.
Le nom complet de l'Église est « Société missionnaire domestique et étrangère de l'Église épiscopale des États-Unis d'Amérique » (The Domestic and Foreign Missionary Society of the Protestant Episcopal Church in the United States of America), mais celui-ci est rarement utilisé.
Le siège de l'Église est à New York, mais son Primat officie dans la Cathédrale nationale de Washington. Le conventions générales ne sont pas, elles, rattachées à un endroit précis. C'est l'évêque Katharine Jefferts Schori qui dirige l'Église aujourd'hui (2007). Elle est la première femme évêque à présider aux destinées de l'Église.
Comme beaucoup d'autres églises anglicanes, l'Église épiscopale entretient des liens étroits avec l'Église évangélique luthérienne, l'Église vieille-catholique et, jusqu'à l'ordination de femmes-prêtres, avec l'église orthodoxe.
L’établissement de l’Église épiscopale dans le monde a été plutôt chaotique car les instances supérieures de l'église ne voulaient envoyer que des pasteurs à problème dans les missions étrangères. Elle a 100 synodes domestiques et 11 à l'étranger.
Sommaire |
[modifier] Histoire
[modifier] L'Église Coloniale
L'Église épiscopalienne est l'héritière de l'église coloniale anglicane. Elle était une église très hiérarchisée directement liée à l'État britannique. En tant que religion d'État l'Anglicanisme avait vocation à intégrer l'ensemble des habitants des colonies dans son église.[1] Mais l'Église coloniale ne parvint pourtant jamais à contrôler l'ensemble de la population des colonies. La situation de cette Église était d'ailleurs très différente dans chaque État. Cependant, en Amérique comme en Angleterre, tous ceux qui n'appartenaient pas à l'église officielle étaient considérés comme des dissidents (dissenters) hors de la vraie foi. Les anglicans soulignaient l'importance de ces liens « organiques » entre l'État et l'église comme justification de leur foi face aux différentes Églises puritaines et à l'Église catholique. Dans l'atmosphère religieuse américaine, l'anglicanisme avait pour particularité d'affirmer à la fois une théologie protestante, affirmant l'importance de la Bible, et une organisation qui conservait le principe de l'épiscopat, de la succession apostolique (comme lien spirituel avec l'église primitive) et une liturgie ritualiste. [2] Elle était avant tout la religion des officiels de l'Empire britannique et celle des classes les plus aisées des colons. Elle comptait cependant des pratiquants dans toutes les classes de la société. Elle développa également un travail de mission auprès des indiens et des esclaves noirs, avec des résultats inégaux. En dehors de la Nouvelle-Angleterre, l'Église anglicane prédominait officiellement comme religion établie, mais dans bien des états cette domination était que purement nominale.[3] Le problème qui se posait avec le plus d'acuité à l'église tout au long de la période coloniale fut sa faiblesse organisationnelle. Officiellement l'évêque de Londres devait administrer directement les congrégations des colonies, dans la mesure où aucun évêque n'était présent sur le sol américain. Mais dans une institution religieuse très hiérarchisée les conséquences de cette absence se révélèrent désastreuses pour son administration. L'importance de la succession apostolique obligeait les futurs membres du clergé à traverser l'océan pour être ordonnés, imposant d'énormes contraintes sur l'Église. Ainsi, d'une manière générale, les paroisses étaient à la fois trop grandes et les membres du clergé trop peu nombreux.[4]
Cette faiblesse de l'église et de son clergé s'accentue encore pendant le grand réveil (Great Awakening) entre 1730 et 1760. Le grand réveil est un mouvement religieux qui traverse les colonies et se manifeste par des réunions religieuses, des prêches informels et qui mettent en avant la dimension émotionnelle de la foi. Cet « enthousiasme » aboutit à l'afaiblissement des églises institutionnelles et en particulier de l'Église anglicane, même si son pasteur itinérant le plus fameux, George Whitefield, était un anglican.
L'Église demeure cependant une institution influente dans les colonies jusque l'indépendance. Elle possède un important patrimoine, elle entretient des relations privilégiées avec les structures politiques, enfin elle est la religion d'une part importante des classes privilégiées. À la veille de la révolution elle est encore la troisième organisation religieuse derrière les presbytériens et les congrégationalistes.
[modifier] La Guerre d'Indépendance
La Révolution fut un événement fondamental dans l'histoire de l'église épiscopalienne. Selon Peter Williams, « l'impact de la révolution et de l'indépendance fut traumatique ».[5] L'Église Coloniale se divisa fortement lors de la guerre d'indépendance. Ses liens directs avec la couronne britannique, en tant qu'église d'État, lui valurent de fortes critiques au sein du mouvement révolutionnaire, bien que George Washington, James Madison et Thomas Jefferson étaient anglicans. Près de la moitié des signataires de la Déclaration d'Indépendance étaient anglicans.[6] Cette hostilité fut accentuée du fait qu'une majorité du clergé se montra loyale envers le Roi d'Angleterre. L'église prêchaient de manière traditionnelle l'obéissance au Roi et était ainsi un point d'appui idéologique au mouvement loyaliste. Lors de chaque service religieux, une prière était adressée en l'honneur du Roi et des autorités. « Mon devoir est d'honnorer et d'obéir au Roi et à tous ceux qui tiennent leur autorité de lui; de me soumettre à tous mes gouverneurs, enseignants, pasteurs et maîtres ; de tenir mon rang avec déférence et révérence devant tous mes supérieurs. »[7] La philosophie politique de cette prière soulignait l'importance de l'obéissance et d'une société hiérarchique et aristocratique. L'union de l'église et de l'État était constitutive de l'histoire et de l'idéologie de l'église d'Angleterre. La monarchie était d'origine divine. L'obéissance incarnait la soumission à une institution sacrée.[8] Le lien entre l'Église et l'État n'était pas une simple possibilité politique mais une nécessité divine.
L'Église perdit la majeure partie de son clergé, ses lieux de culte tombèrent en ruine et sa réputation se ternit.
[modifier] La naissance de l'Église épiscopalienne
La fin de la guerre et l'indépendance des anciennes colonies exigent une nouvelle organisation de l'église qui doit défaire ses liens institutionnels avec la couronne et repenser son rôle d'église indépendante et autonome dans un pays où le pluralisme religieux est reconnu implicitement par la constitution qui interdit la position dominante d'une église comme église d'État. En août 1782, le recteur de Philadelphie, William White, publie une brochure, The Case of the Episcopal Churches in the United States Considered. Elle propose une réorganisation de l'église qui deviendra la structure de l'Église épiscopale des États-Unis. Elle prévoie également la nomination provisoire de ministres du culte qui n'auront pas été préalablement ordonné « pour prêcher et administrer les sacrements ».[9] Au sein de l'église, l'épiscopat était considéré et accepté comme une forme pratique d'organisation ecclésiastique mais, selon John Henry Newman, bien des anglicans et en particulier les évangélistes ne croyaient plus en son origine divine.[10] Cette rupture par rapport à l'organisation légitime de l'institution rencontra l'opposition de religieux attachés à la succession apostolique comme Samuel Seabury qui fut désigné par des religieux anglicans du Connecticut pour partir en Angleterre se faire consacrer évêque et préserver sur le sol étasunien cette tradition apostolique.
[modifier] Tensions schismatiques
De graves tensions ont éclaté entre libéraux et conservateurs après la consécration à l'épiscopat d'un évêque gay, Gene Robinson, en 2003. La minorité conservatrice est entrée dans une alliance avec d'autres Églises anglicanes de tendance conservatrice ou fondamentaliste, en particulier en Afrique où des évêques comme Peter Akinola ont engagé une véritable croisade anti-libérale. Il s'agit pour les conservateurs américains de s'appuyer sur les forces conservatrices de l'anglicanisme mondial pour se faire reconnaître comme les véritables représentants de l'anglicanisme nord-américain, et de créer une nouvelle Église qui serait reconnue comme véritable représentante de l'anglicanisme aux États-Unis, supplantant l'Église épiscopalienne officielle.
Tout indique, en 2007, que ce scénario rêvé par les conservateurs est voué à l'échec. L'Église épiscopale des États-Unis reste pour les instances officielles de l'anglicanisme mondial, au premier rang desquelles l'archevêque de Cantorbéry Rowan Williams, la seule Église anglicane légitime aux États-Unis.
[modifier] Notes et références
[modifier] Notes
- ↑ Williams, Peter. America's Religions : Traditions and Culture. University of Illinois Press, 1998, p. 56.
- ↑ Williams, Peter. America's Religions : Traditions and Culture. University of Illinois Press, 1998, pp. 74-76.
- ↑ Williams, Peter. America's Religions : Traditions and Culture. University of Illinois Press, 1998, p. 93.
- ↑ Gaustad, edwin et Philip Barlow, New historical Atlas of Religion in America, 2000, Oxford University Press, p. 15.
- ↑ Williams, Peter. America's Religions : Traditions and Culture. University of Illinois Press, 1998, p. 195.
- ↑ Gaustad, edwin et Philip Barlow, New Historical Atlas of religion in America, p. 18.
- ↑ Anglican Prayer Book, dans Samuel Seabury, Moneygripe's Apprentice, p. 8.
- ↑ Hylson-Smith, Kenneth, High Churchmanship in the Church of England : from the Sixteenth Century to the Late Twentieth Century, T&T Clark, Edimbourg, p. 193.
- ↑ Steiner, Bruce. Samuel Seabury (1729-1796) : A Study in High Church Tradition, Oberlin, Ohio University Press, 1971, pp. 185-186.
- ↑ Newman, John Henry. Apologia Pro Vita Sua : Being a History of his Religious Opinions, Oxford, Oxford University Press, p. 487.
[modifier] Bibliographie
[modifier] Lien externe
- (en) Site officiel