Troupe de Molière
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La Troupe de Molière était la troupe de théâtre, qui se constitua autour de Molière à partir de 1648, et qui disparut en 1680, sept ans après le décès de celui-ci, lors de la fusion avec les troupes du théâtre du Marais et de l’Hôtel de Bourgogne, donnant naissance à la Comédie-Française.
Sommaire |
[modifier] Province
Après l’échec de l’Illustre Théâtre, Molière fut emprisonné pour dettes quelques jours à la prison du Grand-Châtelet. Il en sortit en août 1645. On n’est pas certain du parcours de Molière les années suivantes. Cependant, on sait qu'il a fusionné le 23 avril 1648 à Nantes avec la troupe de Charles Dufresne, qui exerçait en province depuis plusieurs années, puisqu’on trouve la trace de cette troupe à Lyon en 1643, à Bordeaux et à Agen en 1646. Elle était alors sous la protection de M. d’Épernon, gouverneur de Guyenne. Molière amena avec lui les Béjart : Madeleine, Joseph et Geneviève.
La présence attestée de Molière dans cette troupe ne date que du 23 avril 1648 à Nantes, où il se trouva avec Charles Dufresne, Pierre Réveillon et Du Parc, qui lui resta fidèle jusqu’à sa mort en 1664. Les déplacements de cette troupe et son évolution ne sont connus que ponctuellement grâce à des quittances ou des registres de baptême et de mariage. Les dates sont celles des présences attestées par des documents d'archives[1].
- 1648
- 23 avril - 11 juin : Nantes, directeur Charles Dufresne, troupe de La Béjart
- Juin : Fontenay-le-Comte
- 1649
- 1650
- 10 janvier : Narbonne
- 13 février : Agen
- Octobre - décembre : Pézenas
- 1651
- 1652
- 1653
- 19 février : Lyon
- Septembre : en Languedoc. « La troupe de Molière et de la Béjart » devient la « troupe de M. le prince de Conti »
- Novembre 1653 : Montpellier
- 1654
- 1655
- 1656
- Janvier - 24 février : Pézenas
- 26 février - 3 mai : Narbonne
- 15 août - 5 décembre : Bordeaux
- 9 décembre : Agen
- 16 décembre : Béziers. Création du Dépit amoureux
- 1657
- 6 février - 4 juin : Lyon
- 15 juin - 28 août : Dijon
- 24 décembre - 31 décembre : Lyon
- 1658
- Janvier - 27 février : Lyon
- 20 juin - 12 juillet : Rouen
- 12 juillet : depuis Rouen, location pour 18 mois du Jeu de paume du Marais à Paris.
En octobre, la troupe « se donna » alors à Monsieur, (Philippe de France), frère unique de Louis XIV contre l’honneur de sa protection et 300 livres de rente à chaque comédien, rente qui ne fut, paraît-il, jamais payée. Elle s’appela dès lors : « troupe de Monsieur, frère unique du Roi ».
[modifier] Paris
- 24 octobre 1658 : Début au Louvre devant le roi par Nicomède, tragédie de Pierre Corneille et le Docteur amoureux, farce de Molière
- 2 novembre 1658 : Début en public au Petit-Bourbon par L'Étourdi.
- 20 janvier 1661, la troupe passa au Palais-Royal. Les représentations allèrent se succéder sans interruption soit dans cette salle devant le public, soit en privé, au Louvre, au château de Chilly-Mazarin, à Vincennes, au château de Saint-Cloud, à Chantilly, à Versailles, etc.
- En 1665, la troupe, soutenue par Louis XIV devint la «Troupe du Roi».
Molière, homme orchestre de cette troupe, à la fois comédien, régisseur, orateur, directeur, metteur en scène et auteur, s’épuisa à ces tâches. Il mourut le 17 février 1673. La troupe perdit peu après la salle du Palais-Royal.
La Grange, second de Molière, prit la troupe en main, loua l’Hôtel Guénégaud le 9 juillet 1673, et, pour combler les défections, embaucha des comédiens du Théâtre du Marais, ce qui allait peu à peu provoquer la fusion des deux troupes.
En 1680, sur ordre du roi, la troupe de l’Hôtel de Bourgogne vint se fondre dans celles déjà réunies de Molière et du Marais. L’augmentation du personnel permit des représentations quotidiennes, et même de jouer le même jour à la Cour et à la ville. La Comédie-Française était née.
[modifier] Comédiens (par ordre d'entrée dans la troupe)
- Charles Dufresne
- Directeur de la troupe du duc d'Épernon
- Se dégagea peu à peu de ses responsabilités et quitta la troupe à Pâques 1659, peu après l’arrivée à Paris, pour prendre sa retraite
- Seconds rôles tragiques
- Molière
- Signataire Illustre Théâtre
- Tint les fonctions de comédien, régisseur, directeur, orateur, metteur en scène et auteur
- Fit partie de la troupe jusqu’à sa mort en 1673
- Rôles de valets, de marquis et premiers rôles comiques
- Madeleine Béjart
- Signataire Illustre Théâtre
- Fit sans doute partie de la troupe en même temps que Molière
- En devint la directrice après Dufresne, puis s’éclipsa derrière Molière
- Fit partie de la troupe jusqu’à sa mort en 1672
- Joseph Béjart
- Signataire Illustre Théâtre
- Fit sans doute partie de la troupe en même temps que Molière
- Mourut en 1658 peu après son arrivée à Paris
- Geneviève Béjart
- Signataire Illustre Théâtre
- Fit sans doute partie de la troupe en même temps que Molière et y resta jusqu’à sa mort en 1675
- Mlle de Brie
- Arrivée dans la troupe avant janvier 1650
- En fit partie au delà de la réunion de 1680, puisqu’elle reçut l’ordre de partir à la retraite en 1685
- Rôles d’ingénues
- Louis Béjart
- Arrivé vers 1650 à l’âge de 20 ans
- Départ en 1670, à 40 ans, pour prendre sa retraite. Pensionné par la troupe
- Rôles de grimes, de duègnes et de valets
- De Brie
- Arrivé dans la troupe vers 1650
- Resta dans la troupe jusqu’à son décès en 1676
- Rôles d’utilités, jugé comédien médiocre
- Mlle La Grange
- Arrivée vers 1653 quand la troupe était à Lyon. Commença comme femme de chambre
- En fit partie au-delà de la réunion de 1680, puisqu’elle partit à la retraite en 1692
- Rôles de figurantes et de paysannes, jugée comédienne médiocre
- Mlle Du Parc
- Arrivée en 1653, quand la troupe était à Lyon
- Absence d’un an avec son mari en 1659-1660
- Quitta définitivement en fin 1666 pour la Troupe de l'Hôtel de Bourgogne
- Rôles de grandes coquettes, premiers rôles tragiques (dans les pièces de Racine)
- Armande Béjart (Mlle Molière)
- Apparut pour la première fois sur un théâtre à Lyon en 1653, à l’âge de 13 ans environ
- En fit partie au-delà de la réunion de 1680, puisqu’elle partit à la retraite en 1694
- Rôles d’ingénues et de grandes coquettes
- Brécourt
- Entré en 1662, venant de la troupe du Marais
- Départ en 1664 pour l’Hôtel de Bourgogne
- Rôles de paysans, de rois et de raisonneurs
- André Hubert
- Entré en 1664 à la place de Brécourt
- Fit partie de la troupe au-delà de la réunion de 1680, puisqu’il partit à la retraite en 1685
- Rôles de paysans et de rois
- Du Croisy
- Entré en 1659 avec sa femme Mlle Du Croisy
- Fit partie de la troupe au-delà de la réunion de 1680, puisqu’il partit à la retraite en 1689
- Rôles de pédants. Créa aussi le personnage de Tartuffe
- Mlle Du Croisy
- Entrée en 1659 avec son mari Du Croisy
- Exclue de la troupe en 1665
- Comédienne jugée « au dessous du médiocre »
- La Thorillière
- Entré en 1662, venant de la troupe du Marais
- Quitta la troupe en 1673 à la mort de Molière pour l’Hôtel de Bourgogne
- Rôles de marquis et de raisonneurs
- Jodelet
- Entré en 1659 avec son frère L'Espy (échange avec le couple Du Parc)
- Mort en 1660
- Rôle du valet Jodelet qu’il créa
[modifier] Répertoire
Le répertoire de la troupe n’était pas essentiellement comique, loin s’en faut. En 1659, première année entière de son installation à Paris, les pièces jouées furent (liste regroupée par genres) :
- Alcionée, tragédie de Pierre Du Ryer
- Le Cid, tragédie de Pierre Corneille
- Cinna, tragédie de Pierre Corneille
- Héraclius, tragédie de Pierre Corneille
- Horace, tragédie de Pierre Corneille
- Marianne, tragédie de Tristan L'Hermite
- La Mort de Crispe, tragédie de François de Grenaille
- La Mort de Pompée, tragédie de Pierre Corneille
- Oreste et Pilade, tragédie de François-Joseph de Chancel
- Rodogune, tragédie de Pierre Corneille
- Scévole, tragédie de Pierre du Ryer
- Venceslas, tragédie de Jean Rotrou
- Zénobie, tragédie de Jean Magnon
- Don Bertrand de Cabrère, tragi-comédie de Jean Rotrou
- Le Campagnard, comédie de Gillet de La Tessonerie
- La Folle Gageure, comédie de François Le Métel de Boisrobert
- Gros-René écolier, farce de Molière
- L’Héritier ridicule, comédie de Paul Scarron
- Don Japhet d’Arménie, comédie de Paul Scarron
- Jodelet ou le Maître valet, comédie de Paul Scarron
- Jodelet prince, comédie de Thomas Corneille
- Le Gouvernement de Sancho Pansa, comédie de Guyon Guérin de Bouscal
- Le Médecin volant, farce de Molière
- Le Médecin malgré lui, comédie de Molière
- Le Menteur, comédie de Pierre Corneille
- Les Visionnaires, comédie de Desmarets de Saint-Sorlin.
C’est vraisemblablement le répertoire qui avait été joué les années précédentes en province. On remarque qu’il y a plus de tragédies que de comédies, et qu’il n’y a que deux pièces de Molière. Plusieurs de ces auteurs sont quasiment oubliés aujourd'hui, mais Molière s’en inspira pour ses œuvres suivantes. En 1673, à sa mort, le répertoire comportait environ 90 pièces dont une trentaine de lui.
[modifier] Sources
- Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, Bibliothèque de la revue Universelle Internationale Illustrée, Paris et Genève, 1902-1908
- Pierre Larousse, Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle
- Théâtre complet de Molière, Le Livre de poche.
[modifier] Notes
- ↑ D'après Madeleine Jurgens et Elizabeth Maxfield-Miller, Cent ans de recherches sur Molière, sur sa famille et sur les comédiens de sa troupe, Paris, S.E.V.P.E.N., 1963.