Sicules de Bucovine
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Les Sicules de Bucovine (roumain: Secui) sont une minorité ethnique magyarophone avec une histoire unique. Ils vivent aujourd'hui dans les comtés de Tolna et Baranya en Hongrie et en Voïvodine.
[modifier] Histoire
Durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, des groupes importants de Sicules émigrèrent en Bucovine, où ils fondèrent de nouveaux villages et gardèrent leur culture unique et leurs traditions populaires jusqu'au XXe siècle. La cause de cette émigration était l'organisation de la zone frontière sicule par l'Empire austro-hongrois des Habsbourg, qui menaçait les anciens privilèges et droits des Sicules. Les Sicules protestèrent contre les conscriptions forcées, mais leur rassemblement à Mádéfalva fut dispersé par l'armée autrichienne le 7 janvier 1764. Dans le fameux massacre de Mádéfalva ou Siculicidium, plus de 400 Sicules trouvèrent la mort. Environ un millier de Sicules émigrèrent dans la Bucovine voisine, qui était une région de la Moldavie, sous domination ottomane.
Quand la Bucovine passa sous contrôle autrichien en 1774, une nouvelle vague de migration commença. En 1776 une centaine de familles sicules s'installe dans ce territoire peu occupé. En 1784 et en 1786, plus de deux cents familles arrivent avec le soutien de l'Empereur Joseph et du Comte András Hadik, le gouverneur de Transylvanie. Les villages sicules de Bucovine se nommaient Istensegíts ("Dieu nous aide!"), Fogadjisten ("Accepte la volonté de Dieu!"), Józseffalva, Hadikfalva et Andrásfalva.
Le nombre de Sicules tripla au XIXe siècle et atteignit 9887 en 1880 et 16.000 à la fin des années 1930. Leurs conditions de vie devinrent plus dures, parce qu'ils n'avaient que de petits terrains, et beaucoup d'entre eux quittèrent temporairement ou définitivement leur maison. Le gouvernement de Hongrie ré-installa 4.000 d'entre eux en 1883 dans les environs du Bas Danube, dans les nouveaux villages de Hertelendyfalva, Sándoregyháza et Székelykeve. Cette partie du Banat fut incluse dans la Yougoslavie en 1918. D'autres familles sicules émigrèrent au Canada, au Brésil ou dans d'autres villes de la Transylvanie du sud.
En 1918, la Bucovine devint une partie de la Roumanie, et les Sicules se sentirent eux-mêmes comme opprimés, étant une minorité hongroise sans apprentissage de leur langue. Beaucoup attendirent de l'aide et une solution à leur problèmes financiers de la part de la "mère patrie". Après que la Hongrie eut occupé en 1941 l'ancien territoire yougoslave de Bácska (Voïvodine), une magyarisation forcée commença. La ré-installation des Sicules de Bucovine fut un outil de cette politique. Toute la communauté de 13.200 personnes quitta la Roumanie, et, selon un traité entre les {Etats hongrois et roumains, ils perdirent leur citoyenneté roumaine et toutes leurs possessions. En échange, ils reçurent les maisons et terrains confisqués aux Serbes dans le sud de Bácska.
C'est après que la vraie cavalcade commença. Le 8 octobre 1944, la Hongrie évacua le territoire et les Sicules fuirent en Transdanubie. Ils perdirent de nouveau leurs biens et devinrent des émigrants apatrides. En 1945-46, les Sicules étaient ré-installés, la plupart dans d'anciens villages allemands du comté de Tolna. Malgré les tensions entre eux et le reste de la population allemande, ils formèrent des communautés fortes et florissantes. Les Sicules de Tolna sont aujourd'hui fiers de leur histoire particulière et de leurs riches coutumes populaires.