Shakuhachi
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Musique japonaise |
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Le shakuhachi (尺八) est une flûte droite à embouchure libre en bambou d’origine japonaise. Évoquant la nature, elle est utilisée en musique traditionnelle.
La flûte de bambou arriva au Japon depuis la Chine et la Corée. Toutefois, le shakuhachi proprement dit est nettement distinct de ses ancêtres continentaux, résultat de plusieurs siècles d’évolution au Japon.
Au Moyen-Âge, le shakuhachi fut associé à la secte Fuke du bouddhisme zen, dont les moines, komuso, utilisaient le shakuhachi comme soutien à la méditation. Leurs mélodies (honkyoku) suivaient le rythme de la respiration du moine.
Sous le shogunat Tokugawa, les voyages étaient vus avec méfiance par le pouvoir. La secte Fuke parvint néanmoins à obtenir une exemption du fait de leur statut de moines mendiants itinérants. Les moines parvinrent même à convaincre le shôgun de leur accorder l’exclusivité de l’utilisation de cet instrument hors des théâtres. En échange, les moines renseignaient le shôgunat, qui de son côté utilisait la tenue des moines, une robe noire et un chapeau tressé couvrant le visage, pour ses propres espions.
La crainte de ces espions du pouvoir central fit que certaines pièces de honkyoku furent utilisées en guise de test. Si un moine suspect parvenait à les exécuter, il était probablement ce qu’il prétendait. Sinon, il s’agissait sans doute d’un espion, qui pouvait alors craindre pour sa vie. Cet usage contribua certainement à l’excellence technique qui fit la réputation de la secte Fuke.
La Restauration Meiji (1868), conduisit à l’abolition de la secte Fuke, suspecte d’entretenir trop de relations avec le shôgunat. La pratique du shakuhachi fut ainsi interdite pendant quelques années. Si les laïcs, qui pouvaient utiliser d’autres instruments pentatoniques, en souffrirent peu, le répertoire des honkyoku fut en majorité perdu à cette époque. Quand la pratique fut à nouveau autorisée, ce fut sous condition qu’il s'agisse d’un ensemble, avec koto et shamisen, à l’image des accompagnements de kabuki et de bunraku. Il fallut attendre encore plusieurs années avant que le jeu solo en public soit à nouveau autorisé.
[modifier] Facture
Le terme shakuhachi signifiant « 1,8 pieds », désigne la taille de l’instrument. Il s’agit du composé de deux kanjis japonais :
- 尺, shaku unité de mesure d’environ 30,3 cm, divisée en dix sous-unités.
- 八, hachi désigne le nombre huit, ici les huit dixièmes de pied.
l’ensemble se lit comme « un pied et huit dixièmes », à peu près 55 cm, ce qui est la longueur la plus répandue. En pratique, on en trouve de 1,3 shaku à 3,3 shaku (près d’un mètre), du plus aigu au plus grave.
Le shakuhachi est usuellement taillé dans une tige de bambou du genre Phyllostachys. Les shakuhachis de taille moyenne (proche des 1,8 shaku) possèdent en général 7 nœuds, les grands instruments en comptent parfois plus.
L’instrument présente cinq trous, dont un à l’arrière, accordés selon le système pentatonique, sans demi-tons. L’instrument le plus répandu (1,8 shaku ou 55 cm) donne une gamme pentatonique mineure en ré : Ré, Fa, Sol, La, Do, ré. Toutefois, l’instrumentiste peut jouer sur la puissance et la direction de son souffle ainsi que sur le degré d’obturation des trous pour modifier le son d’un ton complet, parfois plus.
Certains facteurs modernes proposent aujourd’hui des shakuhachis à 7 trous permettant de jouer plus facilement une gamme diatonique mineure : Ré, Mi, Fa, Sol, La, Sib, Do, ré. Certains modèles expérimentaux sont chromatiques.
La perce est recouverte d’une couche épaisse de laque (ji) rouge, permettant un contrôle très strict des cotes intérieures, un accordage très précis et évitant surtout la moisissure due au souffle. Certains instruments sont dépourvus de cette laque : style ji-nashi.
Une pièce de corne de buffle est insérée dans l’embouchure (utaguchi), en général entourée d’une feuille de métal précieux (or ou argent) sur les flûtes de qualité. La forme de l’utaguchi permet de définir l’école à laquelle l’instrument se rapporte. L’utaguchi triangulaire de l’illustration ci-contre est caractéristique de l’école Kinko (Kinko-ryu) ; les utaguchis de l’école Tozan sont en forme de croissant.
[modifier] Jeu
Le musicien est généralement agenouillé, assis sur ses talons.
Un joueur de flûte à bec souffle dans un bec rigide qui conduit l’air dans un sifflet, ce qui ne lui confère qu’un contrôle limité sur la hauteur du son. Le joueur de shakuhachi souffle dans son instrument comme on soufflerait dans le goulot d’une bouteille vide. L’embouchure du shakuhachi présente également un bord biseauté, permettant au joueur de contrôler très finement la hauteur du son, en un mouvement d’abaissement ou de montée de l’instrument, par rapport à l’axe des lèvres.
Il existe deux écoles concurrentes pour le style de jeu : kinko et tozan.
C’est un instrument très versatile, traditionnellement associé au koto et au shamisen dans le cadre des musiques du Bunraku (théâtre de marionnettes), il dépasse aujourd’hui le cadre des arts traditionnels japonais pour être utilisé en jazz ou en musique contemporaine. Le Japonais Gorō Yamaguchi en est un des meilleurs interprètes. Le shakuhachi a également été utilisé par des compositeurs contemporains tels que Tōru Takemitsu, Ryō Noda ou John Zorn.
Il existe une abondance d’enregistrements contemporains, particulièrement chez les éditeurs japonais. Les genres essentiels sont le honkyoku, solo traditionnel, le sankyoku, ensemble avec koto et shamisen et le shinkyoku, musique contemporaine pour ensemble de shakuhachi et koto.
Le shakuhachi est également employé dans les ensembles de musiques du monde par Hozan Yamamoto, notamment.
Durant les années 1980, l’apparition du synthétiseur popularisa le son du shakuhachi celui-ci était en effet proposé parmi les instruments par défaut sur les synthétiseurs de fabrication japonaise.
[modifier] Anecdotes
Au Japon, le shakuhachi est joué presque exclusivement par les hommes, de manière très fermée et sérieuse. Incidemment, l’expression jouer du shakuhachi peut s’utiliser avec une connotation sexuelle, et désigne la fellation.