Samuel Pozzi
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Le professeur Samuel Jean Pozzi était un célèbre médecin français né à Bergerac (Dordogne) le 3 octobre 1846 et mort à Paris le 13 juin 1918.
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[modifier] Un brillant médecin
Issu d'une famille d'origine italienne, il fit ses études à Pau et Bordeaux et commença ses études de médecine à Paris en 1869. Étudiant brillant, l'un des élèves préférés de Broca, il fut préparateur d'anatomie alors qu'il n'était encore qu'étudiant, externe des hôpitaux de Paris en 1866, interne en 1868. Il obtint son doctorat en 1873 puis l'agrégation en 1875 et devint chirurgien des hôpitaux (1877). En 1883, il fut nommé à l'Hôpital de Lourcine-Pascal (rebaptisé plus tard Hôpital Broca).
[modifier] Un habile chirurgien
Excellent chirurgien, il s'initia dès 1876 auprès de Lister (à Édimbourg) aux pansements antiseptiques, aboutissement des théories de Pasteur, qu'avec d'autres il introduisit et répandit en France. Il fit également connaître les travaux d'Alexis Carrel sur la transplantation d'organes et la culture des tissus. Au cours de la Première Guerre mondiale, il fut l'un des premiers à utiliser les procédés de désinfection des plaies imaginés par Carrel.
Il aborda l'un des premiers la chirurgie de l'abdomen en pratiquant en 1889 la première gastro-entérotomie réalisée en France, mais aussi la suture de la vessie après taille sus-pubienne, la cholédocotomie, la suture du tissu hépatique après extraction d'un kyste hydatique, etc.
[modifier] Un pionnier de la gynécologie
Au fil des années, il se consacra de plus en plus à la gynécologie dont il fut l'un des pionniers en France et entreprit de nombreux voyages d'étude en Angleterre, en Allemagne et en Autriche. Il aménagea son service de l'hôpital Broca de la manière la plus moderne, allant jusqu'à en décorer les murs de toiles d'artistes connus. C'est là qu'il fonda une école réputée de gynécologie, jusqu'à ce qu'une chaire de clinique gynécologique soit créée en 1911 à la Faculté de médecine, dont il devint le premier titulaire.
Il fut surtout un partisan de la gynécologie conservatrice, refusant l'ablation systématique de l'utérus et des ovaires et s'intéressant aux opérations réparatrices des mutilations congénitales ou acquises.
Auteur de nombreuses études de gynécologie, il est surtout l'auteur d'un important Traité de gynécologie clinique et opératoire, qui a connu plusieurs éditions depuis 1890 et qui a été traduit en espagnol, en allemand, en anglais, en italien, en russe et en arabe. Il publia également de nombreux articles dans le Bulletin de l'Académie nationale de médecine
En 1896, il fut élu membre de l'Académie de médecine. En 1897, il fonda la Revue de gynécologie et de chirurgie abdominale. Il participa à la création du Congrès de chirurgie.
[modifier] Un homme du monde
Gynécologue et chirurgien à la mode de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie, il soigne notamment Robert de Montesquiou, le Prince Edmond de Polignac, Anatole France et les Rothschild. Les avis divergent quant à sa compétence médicale. Robert Proust, frère de Marcel, qui fut son assistant à l'hôpital Broca en 1914, le tenait en haute estime, mais Léon Daudet, lui-même médecin, disait : « Je ne lui confierais pas mes cheveux, surtout s'il y avait là une glace. »
[modifier] Un séducteur impénitent
Pozzi était en effet extrêmement coquet : il s'est fait peindre par John Singer Sargent enveloppé dans une somptueuse robe de chambre écarlate. Mme Aubernon l'appelait « l'amour médecin » (titre d'une comédie de Molière) tandis que Sarah Bernhardt, l'une de ses nombreuses conquêtes, le surnommait en toute simplicité « Docteur Dieu ».
Marié à Thérèse Loth-Cazalis, parente du docteur Cazalis, que Mme Aubernon surnommait « la muette de Pozzi », il eut une fille, la poétesse Catherine Pozzi, née le 13 juillet 1883, et deux fils, Jacques et Jean. Mari volage, n'hésitant pas à séduire ses patientes, il consolait sa femme de ses infidélités en lui disant : « Je ne vous ai pas trompée, ma chère, je vous ai complétée. »
[modifier] Un esprit curieux
S'intéressant à l'Antiquité, Pozzi collectionnait les pièces de monnaie et les statuettes, notamment les tanagras. En 1888, il devint président de la Société d'Anthropologie.
Il s'intéressait également à l'histoire médicale, et émit l'hypothèse que la mort de la princesse Henriette, fille de Charles Ier, fut le résultat d'une grossesse extra-utérine.
De 1897 à 1902, il fut sénateur de la Dordogne. Dreyfusard, il fréquenta les salons de Mme Émile Straus, de Mme Aubernon de Nerville, de la princesse Mathilde et de la comtesse Potocka.
[modifier] Un modèle présumé de Proust
Familier du docteur Adrien Proust, Pozzi rencontre Marcel Proust au cours d'un dîner donné par ses parents en 1886 et devint son médecin. En 1914, c'est lui qui lui procura la dispense qui lui permit de ne pas être envoyé au front.
Il est peut-être l'un des modèles du docteur Cottard dans À la Recherche du Temps perdu.
[modifier] Une fin tragique
Au début de la Première Guerre mondiale, Pozzi, qui avait été engagé volontaire en 1870, reprit du service malgré son âge et, en qualité de médecin principal, dirigea plusieurs salles de blessés à l'hôpital de la rue Lhomond et à celui de l'hôtel Astoria.
Il fut assassiné le 13 juin 1918, par un de ses patients frappé de démence qui lui cribla l'abdomen de plusieurs balles de pistolet. Une opération tentée par son élève, le Docteur Martel, ne put le sauver. L'événement suscita une grande émotion.
Ses obsèques eurent lui le mardi 18 juin 1918 à l'église réformée de la Grande-Armée, à Paris. Selon son souhait il fut inhumé dans son uniforme militaire dans sa ville natale de Bergerac.
[modifier] Résidences
- Hôtel particulier n° 47 (aujourd'hui 49 et 51) avenue d'Iéna (vendu en 1897 à Rodolphe et Maurice Kann)
- Appartement n° 10 place Vendôme (1897-1918)
[modifier] Œuvres
- Étude sur les fistules de l’espace pelvi-rectal supérieur (1871)
- De la valeur de l’hystérotomie dans le traitement des tumeurs fibreuses de l’utérus (1875)
- Traité de gynécologie clinique et opératoire (1890)
- Inversion du sens génital chez un pseudo-hermaphrodite féminin et sarcome de l'ovaire gauche opéré avec succès, Bulletin de l'Académie nationale de médecine (1911)