Rémanent
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
En sylviculture, les rémanents sont les restes de branches ou de troncs mal conformés abandonnés en Forêt par les exploitants pour leur faible valeur commerciale, ou parfois pour des raisons écologiques (le bois mort étant nécessaire pour la production de l'humus forestier, du cycle du carbone, et les équilibres écologiques).
Sommaire |
[modifier] Usages
Actuellement ces produits sont le plus souvent considérés par les sylviculteurs et marchands de bois comme des déchets.
Dans les pays ou régions pauvres, ce "petit bois" est souvent ramassé par les femmes et les enfants comme bois de feu.
Dans les pays riches, ils sont généralement laissés en forêt après les coupes et parfois, pour les feuillus, broyés pour en faire des copeaux ou plaquettes forestières utilisées comme « bois énergie » pour alimenter des chaudières fonctionnant au bois. (Les résineux posent problème à cause de la résine fraiche qui encrasse les outils et machines)
Diverses expériences ont été tentées pour transformer les rémanents en charbon de bois, du compost, du mulch, mais elles sont généralement limitées par le manque de rentabilité de ces opérations nécessitant une main d'oeuvre importante. De plus il est apparut qu'il est important de conserver un stock de bois mort en forêt, pour la santé même de la forêt.
[modifier] Gestion et perception de la forêt
La gestion des rémanents évolue dans l'espace et dans le temps. Elle traduit à la fois des traditions, des présupposés culturels et une évolution de la connaissance.
En Europe, après une longue période tolérant leur collecte par les riverains pour le bois de feu (dont fabricaton de fagots) la tendance hygiéniste du XIXe siècle a conféré à ces rémanents une mauvaise réputation ; on les a imaginé source de problèmes sanitaires, ou d'infestations par des scolyte) et d'incendie. Si les romantiques du XIXe siècle appréciaient les entrelacs de bois morts de tous âges, au point de faire classer la partie la plus sauvage de la Forêt de Fontainebleau pour sa naturalité... au XXe siècle, une forêts « bien gérée » se devait au contraire d'être « propre ». Une tradition qui semble récente (et certains règlements locaux, en zone sèche) imposent le nettoyage ou regroupement en andains, notamment dans les allées "anti-feu". Ailleurs on les brûlait (C'est maintenant souvent interdit en raison des risques d'incendies de forêts).
[modifier] Évolutions récentes :
Les rémanents ont aujourd'hui une image paradoxale, à la fois positive et négative. En tant que bois mort, ils sont de plus en plus considérés comme utiles pour l'écosystème forestier, mais posent des problèmes sylvicoles spécifiques qui font que les modèles de bonnes pratiques ne sont pas encore fixés pour leur gestion. Diverses stratégies sont mises en oeuvre par le sylviculteur et l'exploitant pour tenir compte des problèmes suivants :
- ils rendent l'accès des petits engins difficiles dans les parcelles fraichement coupées, en cachant par exemple certains accidents de terrain ;
- ils rendent difficile la marche sur le sol après les coupes rases , pour les ouvriers forestiers notamment ceux qui doivent s'occuper de la régénération, mais aussi pour les chasseurs (qui louent le droit de chasse et n'apprécient pas toujours que le gibier s'y cache et y soit plus difficile à traquer et à tirer.
- ils rendent difficile les techniques de régénération artificielle par plantations de plants issus de pépinière (et moindrement le semis direct).
- ils sont souvent entassés dans les creux, les trous d'eau, ornières et autres zones boueuses, anciens trous d'obus, et parfois sur les petits cours d'eau (pour y permettre le passage de engins en limitant l'orniérage), mais tendent alors à polluer l'eau de surface et homogénéiser les paysages.
Localement, ils sont broyés dans un broyeur tracté et amené dans les parcelles (surcoût non négligeable, pour partie remboursé par leur éventuelle valorisation en bois de chauffage ou mulch).
Des études récentes montrent qu'ils peuvent jouer un rôle écologique important, à condition de ne pas être trop rassemblés en andain (leur connectivité est gage d'une colonisation plus rapide, riche et complète par les cortèges saproxylophages. Ils sont alors rapidement recyclés dans l'écosystème.
[modifier] Autres sens
[modifier] Astronomie
[modifier] Voir aussi
- Bois raméal fragmenté
- Bois mort
- Annélation (méthode utilisée pour tuer des tiges non cibles, qu'on laisse sur place, ce qui peut les faire assimiler aux rémanents de la sylviculture)
[modifier] Liens externes
- (en) "Trees For Life" experience in Scotland
- (en) Actes du colloque "Symposium on the Ecology and Management of Dead Wood in Western Forests" (William F. Laudenslayer, Jr., Patrick J. Shea, Bradley E. Valentine, C. Phillip Weatherspoon, and Thomas E. Lisle Technical Coordinators. Proceedings of the Symposium on the Ecology and Management of Dead Wood in Western Forests. PSW-GTR-181.)
- (en) A propos du cycle du bois mort et de paysages enforestés (Lofroth, Eric. 1998. The dead wood cycle. In: Conservation biology principles for forested landscapes. Edited by J. Voller and S. Harrison. UBC Press, Vancouver, B.C. pp. 185-214. 243 pp).
- (en) Bois mort dans les forêts anciennes du Nord-Ouest Pacifique (Rose, C.L., Marcot, B.G., Mellen, T.K., Ohmann, J.L., Waddell, K.L., Lindely, D.L., and B. Schrieber. 2001. Decaying Wood in Pacific Northwest Forests: Concepts and Tools for Habitat Management, Chapter 24 in Wildlife-Habitat Relationships in Oregon and Washington (Johnson, D. H. and T. A. O'Neil. OSU Press. 2001))
- (en) Synthèse scientifique sur le rôle écolgique des rémanents (Stevens, Victoria. 1997. The ecological role of coarse woody debris: an overview of the ecological importance of CWD in B.C. forests. Res. Br., B.C. Min. For., Victoria, B.C. Work. Pap. 30/1997).
[modifier] Lire (Bibliographie)
- (en) Franklin, J.F., Lindenmayer, D., MacMahon, J.A., McKee, A., Magnuson, J., Perry, D.A., Waide, R., and Foster, D. 2000. Threads of Continuity. Conservation Biology in Practice. [Malden, MA] Blackwell Science, Inc. 1(1) pp9-16.