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Pierre Broué - Wikipédia

Pierre Broué

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Pierre Broué est un historien et militant trotskiste français, né à Privas en Ardèche en 1926, mort à Grenoble dans l'Isère le 26 juillet 2005.

Sommaire

[modifier] Parcours militant

Docteur ès-lettres, il fut aussi un militant syndical dans le monde enseignant ; il a été professeur en région parisienne puis à l'Institut d'études politiques de Grenoble.

Né dans une famille républicaine, son premier engagement politique se fait pendant l'Occupation allemande au sein des jeunesses du PCF alors clandestin, dont il sera exclu. Mais il est déjà influencé par Léon Trotsky dont il a découvert l'œuvre chez un de ses professeurs d'histoire, Elie Reynier. Ce dernier était militant à la CGT, dans la FEN avec Pierre Monatte et à la Ligue des Droits de l'Homme ; à l'été 1940, le vieux militant-pédagogue est assigné à résidence, où il invite le lycéen à piocher dans sa bibliothèque, pour se plonger dans les livres de Marc Bloch, de Georges Lefebvre et l'Histoire de la Révolution russe de Léon Trotsky.

Il monte à Paris pour des études de khâgne. Il s'engage dans la voie de la Résistance. Après des contacts avec les MUR (Mouvements unis de résistance, groupant des gaullistes et des socialistes), Pierre Broué, qui veut combattre plus résolument, adhère à une cellule du PCF. Choqué par les retournements de veste de la Libération, il intervient dans sa cellule contre le mot d'ordre « À chacun son boche » et se fait exclure pour trotskysme, bien qu'il ne le soit pas encore.

En 1944, il rencontre les militants du Parti communiste internationaliste (PCI), de Michel Raptis dit Pablo, en voie de reconstitution, par la fusion des deux courants qu'étaient le POI (Parti ouvrier internationaliste) et le CCI (Comité communiste internationaliste), soit 700 adhérents, et milite en son sein. Il sera pendant plus de quarante ans un des intellectuels les plus importants du « courant lambertiste » au sein du mouvement trotskiste.

A la fin des années 1940, il est l'un des dirigeants des Jeunesses Communistes Internationalistes et fera partie d'une délégation en camp d'été en Yougoslavie, alors en rupture avec l'URSS. Pierre Broué fait partie de la majorité qui, avec Marcel Bleibtreu, Pierre Lambert et Daniel Renard, s'oppose à Pablo qui veut forcer le PCI à enterrer ses positions et son histoire pour se lancer dans l'entrisme dans le PCF, et se fait exclure de la IVe Internationale en 1952. À cette époque, Pierre Broué, devenu professeur de lycée, s'éloigne de l'Ardèche : il enseigne à Nyons dans la Drôme puis part à Beaune en Côte-d'Or, et par la suite à Montereau. En 1953, il soutient son Diplôme d'Études Supérieures, consacré à un historien ardéchois de la Révolution française, Paul Mathieu Laurent, intitulé : Un Saint-Simonien dans l'arène politique : Laurent de l'Ardèche, 1848-1852. Ce dernier avait entrepris en 1828 de réfuter l'histoire officielle sur la Révolution. C'est le premier travail historique important de Pierre Broué, qui signera la même année sa première brochure pour l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI) sur la situation en Bolivie.

Le groupe des exclus, qui se sépare lui-même de Marcel Bleibtreu, Michel Lequenne et quelques autres en 1955, devient le « Groupe Lambert », aux effectifs très réduits (50 personnes). Mais le groupe est en contact avec des personnalité comme Messali Hadj, des dirigeants de FO, ou encore André Marty, dirigeant qui vient d'être exclu du Parti communiste. Dans les années qui suivent, Broué est avec Robert Chéramy un des principaux responsables du PCI dans le SNES, d'abord dans la majorité, puis dans la tendance École émancipée, dont il est en 1964 tête de liste dans sa discipline.

A la rentrée de 1965, il prend la direction de l'enseignement universitaire et devient assistant puis professeur d'histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Grenoble, en 1965-66. Il organise l'OCI dans la région et forme une génération de militants, que l'on retrouvera après mai 68 à l'UNEF-US (et organisations proches comme l'AJS et la FER) et plus tard pour certains au PS.

En 1969, il est l'un des acteurs de la scission de l'École émancipée, entre l'EE « courant historique » et l'EE-Front unique ouvrier (FUO), dirigé par l'OCI. Puis il est de la formation du Comité d'Organisation pour la Reconstruction de la IVe Internationale (le CORQI). Mais, surmené et moins en phase avec Lambert, il quitte le bureau politique en 1973 puis le comité central de l'OCI en 1975. L'OCI se bat pour l'union PS-PCF et le « front unique ouvrier ».

Il est exclu du PCI, qui a succédé à l'OCI en 1982, en mai 1989. Il anime depuis 1990 la revue Le Marxisme aujourd'hui et a collaboré à Démocratie & Socialisme.

Il est le père du mathématicien Michel Broué, né en 1946 de Simone Charras, fille du directeur du cours complémentaire de Privas. Le père de Pierre Broué était lui fonctionnaire des impôts.

[modifier] L'historien

Ses contributions très documentées à l'histoire du mouvement ouvrier et socialiste comptent parmi les plus importantes de la seconde partie du XXe siècle.

Parallèlement, il continue son travail d'historien et publie La Révolution et la guerre d'Espagne, dont il a écrit la première partie, celle qui va jusqu'à l'écrasement de la révolution dans la Seconde République espagnole. Émile Témime, par la suite historien de la ville de Marseille et des migrations, a écrit la seconde partie, celle de la guerre qui suit la tentative de Révolution, laquelle est donc perdue devant les franquistes. Pierre Broué est aussi à l'origine de nombreuses rééditions et préfaces : l'ABC du communisme de Boukharine et Preobrajensky chez Maspero (dés avant 68, repris dans la « petite collection Maspero »), les Soviets en Russie d'Oscar Anweiler à la NRF en 1972, le dossier des Procès de Moscou chez Julliard en 1964, celui de la Question chinoise dans l'Internationale communiste chez EDI en 1965, et un début d'édition de tous les textes de ses congrès (deux volumes parus en 1969 et 1970, chez EDI).

En 1963, il publie Le Parti bolchevique où il explique l'élimination de la génération de Lénine par les staliniens, qui font du PCUS un parti n'ayant plus rien à voir avec le parti révolutionnaire de 1917. Il y dénonce les crimes du stalinisme et ses erreurs, déjà pointés du doigt dans son ouvrage de 1961. Cette dénonciation est restée une constante dans ses travaux :

« Si les trotskystes avaient été des "sectaires" impénitents ou des "rêveurs" utopistes, coupés de la réalité, croit-on vraiment qu'il aurait été nécessaire, pour venir à bout de leur existence – qui était en elle-même déjà une forme de résistance – de les massacrer jusqu'au dernier à Vorkouta ? Sur les millions de détenus libérés des camps de concentration après la mort de Staline, (...) les trotskystes survivants peuvent se compter sur les doigts d'une seule main ? Est-ce vraiment par hasard ?[1] »

En 1967 paraît chez Minuit Le Mouvement communiste en France, choix d'articles de Léon Trotsky sur la France, avec un important appareil critique et des présentations de Pierre Broué. En 1969, sa troisième épouse Andrée, et mère de quatre enfants avec Pierre Broué, traduit en 1969 le premier tome de La Révolution bolchevique de l'historien anglais Edward Hallett Carr, que l'on ne peut dissocier des travaux de son mari.

En 1972, il publie son ouvrage majeur La Révolution en Allemagne (1917-1923), qui fut aussi sa thèse, obtenue malgré l'hostilité politique du président de jury Annie Kriegel, où il montre la réalité d'affrontements révolutionnaires au cœur de l'Europe.

Il fonde en 1977 l'Institut Léon Trotsky, avec de nombreux militants anglais ou historiens comme Michel Dreyfus, qui s'assigne pour but l'édition des œuvres complètes de Léon Trotsky et la publication de Cahiers Léon Trotsky ; 27 volumes des œuvres sont parues du vivant de Broué. En 1980, Pierre Broué fut l'un des premiers à pénétrer dans la Hougthon Library de Harvard (États-Unis), lorsque les archives de Trotsky sont ouvertes.

Sans cesser de travailler sur le stalinisme, il suivait tous les événements de la politique mondiale. Il écrivit des ouvrages sur le « putsch de Moscou » en 1991, sur le Brésil de Collor et du Partido dos Trabalhadores, sur l'ex-URSS, sur l'ex-mouvement communiste international. Il écrit Meurtres au maquis, livre sur l’assassinat de trotskistes dans les maquis de Haute Loire par les staliniens français, avec Raymond Vacheron.

Son dernier ouvrage majeur fut Histoire de l'Internationale Communiste, 1919-1943, nourri de l'ouverture des archives de l'URSS.

[modifier] Ouvrages

  • La Révolution et la guerre d'Espagne avec Émile Témime, Minuit, 1961, rééd. 1996 (traduit en 10 langues).
  • Le Parti bolchévique - histoire du PC de l'URSS, Minuit, 1963.
  • Trotsky, Fayard, 1988.
  • Trotsky avec Alain Dugrand, Payot, 1988.
  • Leon Sedov, fils de Trotsky victime de Staline, Éditions de l'Atelier, 1993.
  • Staline et révolution - cas espagnol, Editions Fayard, 1993.
  • Quand le peuple révoque le président : le Brésil de l'affaire Collor, L'Harmattan, 1993.
  • Rakovsky, Fayard, 1996.
  • Histoire de l'Internationale communiste, 1919-1943, Fayard, 1997.
  • Préface à Les Soviets en Russie - 1905-1921, ouvrage d'Oskar Anweiler (traduit par Serge Bricianer), Gallimard, 1997.
  • Meurtres au maquis, avec Raymond Vacheron, Grasset, 1997.
  • Communistes contre Staline - Massacre d'une génération, Fayard, 2003.
  • Mémoires politiques, Fayard, octobre 2005.

[modifier] Notes

  1. Cahiers Léon Trotsky, n° 6, 1980.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes


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