Phare des Roches-Douvres
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Phare des Roches-Douvres | |
Position : | |
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Localisation : | Côtes-d'Armor, France |
Construction : | 1948 à 1954 |
Hauteur : | 58 m |
Élévation : | 65 m |
Portée : | 24 milles nautiques (44 km) |
Feux : | 1 éclat blanc 7 s |
Optique : | tournante |
Lanterne : | 2 lampes halogène 250 W |
Aide sonore : | oui |
Se visite : | non |
Automatisé : | oui |
Le phare des Roches-Douvres est le phare de plusieurs records. C’est le dernier phare en mer construit en France. C’est le plus spacieux et c’est aussi le phare le plus éloigné du continent, puisqu’il est érigé à environ 40 kilomètres du littoral, dans la Manche, au large de Paimpol dans les Côtes d’Armor.
Sommaire |
[modifier] Le plateau des Roches-Douvres
Le phare des Roches-Douvres est situé à 17 milles nautiques, soit environ 30 kilomètres, dans le Nord/Nord-Est de l’île de Bréhat et à un peu plus de 20 milles nautiques, soit une quarantaine de kilomètres, dans le Sud de l'île de Guernesey. Plus précisément, sa position géographique est : 49°06,5N 002°48,8W. Il est érigé sur un plateau rocheux très dangereux pour la navigation : entièrement recouvert par la haute mer et encerclé par des courants d’une rare violence.
Le nom « Roches-Douvres » n’a aucun rapport avec le port de Douvres. Il est une francisation du breton « Roquedouve » qui lui-même se serait formé à partir de « Roque Dou » qui signifie « les chemises » en breton. Les chemises, comme les draps blancs que l’on étendait sur la lande lors des grandes lessives et que l’on voyait de très loin, par analogie avec la blancheur de la houle que de très loin, on voit déferler, en approchant du plateau des Roches-Douvres.
[modifier] Le premier phare des Roches-Douvres
En 1832, le cartographe Charles-François Beautemps-Beaupré, étudie la faisabilité de la construction d’un phare sur le plateau des Roches-Douvres. Mais les techniques de construction de l’époque ne sont pas assez fiables pour entreprendre un tel chantier, aussi éloigné des côtes. Le projet est alors abandonné.
[modifier] L’exploit de la construction du phare métallique
Il faudra attendre 30 ans pour qu’il renaisse. En raison de l’éloignement du site et des difficultés d’accostage, la commission des Phares décide d’ériger sur le plateau des Roches-Douvres, un phare métallique préfabriqué, dont le montage pourra se réaliser en un temps record. Léonce Reynaud, architecte des Phares et Balises, à qui l’on doit, entre autres, la gare du Nord à Paris et le phare des Héauts de Bréhat, milite pour cette technique prometteuse qui n’a pas encore dévoilé ses limites.
Le phare des Roches-Douvres sera le phare jumeau de la grande tour métallique érigée sur l’île d’Amédée en Nouvelle-Calédonie. Il est d’abord monté à Paris sur le Champ de Mars à Paris, pour l’Exposition Universelle de 1867, puis démonté et transporté en caisses (plus de 1 300 caisses) jusqu’à l’île de Bréhat avant d’être acheminé progressivement jusqu’aux Roches-Douvres et remonté comme un jeu de mécano sur son emplacement définitif. Le remontage va durer près d’un an et demi. Du haut de cette tour de 57 mètres, le feu est allumé le 6 août 1869 : il fonctionne à l’huile de colza.
[modifier] Des conditions de vie difficiles
Construire un phare aussi éloigné du continent a été une victoire pour les ingénieurs des Phares et Balises. Mais si l’édification a représenté un exploit, la vie au phare se révèlera très difficile. Constamment humide à cause de la condensation, trop souple et oscillant dangereusement sous la pression des vents, la tour métallique est de surcroît malsaine et bruyante pour les malheureux gardiens qui y sont affectés. C’est un four en été, une glacière en hiver, et les gardiens doivent supporter les vibrations de l’édifice, le manque d’isolation et d’aération. Esseulés à plus de trois heures de mer du continent, les gardiens n’ont comme compagnie que quelques oiseaux. Parfois, quand la météo le permet, les Terre-Neuvas viennent leur rendre visite avant de rejoindre Saint-Malo. Mais les occasions sont rares et les gardiens redoutent la longueur du séjour au phare.
« Aux Roches-Douvres, personne Les oiseaux de mer sont là chez eux. Des Roches-Douvres, on ne voit rien. Tel est l’isolement de ce rocher. Tout autour l’immense tourment des flots. La rafale, l’eau, la nuit, l’illimité, l’inhabité. »
Victor Hugo (Les Travailleurs de la mer)
En 1888, pour tenter d’améliorer les conditions de vie des gardiens, l’administration donne son accord pour la construction d’un pigeonnier dans l’une des hunes métalliques, afin de permettre aux gardiens de communiquer avec le continent. Elle tente également d’améliorer l’isolation du phare, mais en vain… Ces efforts ne suffisent pas, les conditions de vie au phare restent encore trop difficiles. Le phare des Roches-Douvres vieillit mal. Il reste pourtant en service pendant 77 ans, jusqu’à sa destruction à l’été 1944 par les troupes allemandes.
[modifier] Le deuxième phare des Roches-Douvres
Après les ravages de la guerre vient le temps de la reconstruction. André Le Bras, ingénieur de Lézardrieux, est chargé de reconstruire les phares du secteur. Pour les Roches-Douvres, il projette « un important bâtiment en maçonnerie, dont la majesté devrait en faire l’un des plus importants parmi les phares du monde entier ». La construction métallique est abandonnée pour un bâtiment en granite rose.
[modifier] Un phare symbolique
Par ses dimensions et la noblesse des matériaux utilisés pour sa construction, le phare des Roches-Douvres se plaçait en symbole. Il sera le dernier phare en mer construit sur les côtes françaises, et son financement, assuré par les dommages de guerre, permettra quelque démesure .
[modifier] Un chantier très difficile
Les travaux débutent en 1947. D’abord assurés par une entreprise privée parisienne, ils sont repris en charge par le service des Ponts et Chaussées dès la deuxième année. « N’ayant obtenu aucun résultat appréciable au cours de l’année 1947, explique l’ingénieur Le Bras (qui dirige le chantier), et nous étant aperçus que cela nous coûterait trop cher, nous nous sommes faits nous-mêmes entrepreneurs. » Monsieur Le Marié, chef de chantier et Pierre Renault, chef des tailleurs de pierre, tentent de trouver des solutions pour simplifier les travaux. Deux cales de débarquement sont construites de part et d’autre du plateau rocheux pour permettre aux ouvriers de décharger sans encombre les matériaux. La construction de ces « bras de béton » nécessite l’intervention de scaphandriers. On utilise l’une ou l’autre des cales selon l’orientation du vent et de la houle.
L’éloignement du plateau rocheux et la décision d’utiliser du granite ne facilitent pas la reconstruction du phare. Ce chantier représente une prouesse pour les ingénieurs. Le granite est puisé dans un immense stock constitué par les Allemands, à Ploumanac’h. Les pierres sont taillées, puis numérotées sur le continent, avant d’être envoyées sur le chantier. Comme dans un jeu de construction, les pierres sont ensuite assemblées pour former l’un des phares les plus imposants de France. Par beau temps, il faut au moins trois heures pour se rendre aux Roches-Douvres. Si la mer est mauvaise, le temps de trajet peut facilement doubler. Pour la reconstruction du phare, il n’est donc pas question de transporter le personnel tous les jours, du continent aux Roches-Douvres. Une cinquantaine d’ouvriers est employée sur ce chantier titanesque. C’est d’ailleurs à bord d’un navire de quarante deux mètres de long, baptisé le Titan, que le personnel est logé au début des travaux. Plusieurs autres navires seront ensuite affectés au chantier. Chaque accostage est une opération périlleuse. Trois vedettes se perdront durant la durée du chantier. Dès que la mer devient mauvaise, les ouvriers cessent le travail, rangent ou amarrent solidement le matériel, puis se réfugient au plus vite dans les navires qui mouillent au large.
Pendant trois ans, les ouvriers vont travailler selon le bon vouloir de la mer. En 1950, le deuxième étage est atteint, le personnel peut désormais se loger dans le phare. Il faudra attendre novembre 1951 pour que le bâtiment principal soit achevé. Dessiné par les architectes malouins Auffret et Hardion, avec ses formes arrondies et sa galerie à « œil de bœuf », le bâtiment évoque la passerelle d’un navire. Avec ses cinq étages habitables et ses 75 fenêtres ornées de menuiseries en bois exotique, le phare des Roches-Douvres offre un cadre de vie agréable pour les gardiens qui ont connu l’austérité du phare métallique.
En décembre 1952, la tour est en phase d’achèvement. Deux types de granite sont utilisés pour constituer le fût qui culmine à plus de 60 mètres de haut. On alterne le granite rose avec un granite gris, originaire d’une carrière de Trégastel. Pour détacher la tour du ciel, les Phares et Balises décident que le haut du fût sera peint en vert. Mais l’ingénieur Le Bras se refuse à voir peindre le granite et décide donc de réaliser le haut du phare en béton.
[modifier] Une page dans l’histoire des phares
Les travaux auront duré sept ans, avec plus de 11 000 tonnes de matériaux acheminés et plusieurs centaines d’ouvriers ayant participé au chantier. Le 1er juillet 1954, l’achèvement du phare des Roches-Douvres, marque la fin de la période de reconstruction des 135 phares détruits pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pour saluer l’événement, les Phares et Balises n’allumeront le feu que dans la nuit du 13 au 14 juillet 1954.
Le nouveau faisceau lumineux a une portée de 28 milles. Le feu électrique est alimenté par deux groupes électrogènes. Mais avec l’apparition des énergies « douces » des années 70, la direction des Phares et Balises peut profiter du vent qui souffle fréquemment sur le plateau des Roches Douvres. Depuis 1971, deux éoliennes viennent seconder les groupes électrogènes pour alimenter le phare et son feu.
Le phare des Roches Douvres a été automatisé en octobre 2000.
[modifier] A voir
[modifier] Iconographie
François Jouas-Poutrel, gardien de phare et peintre, est resté vingt et un ans aux Roches-Douvres. Ses peintures nous entraînent dans l'univers de ce phare mythique, d'où l'on ne voit que très rarement la terre...
- Les phares du gardien de phare de François Jouas Poutrel (Ed. Ouest-France, 2000) : le phare des Roches-Douvres peint à la manière de…
[modifier] Audiovisuel
- Loguivy de la mer, documentaire de 20 min réalisé par Pierre Gout en 1952. Avec une séquence sur la reconstruction du phare.
- La reconstruction du phare des Roches-Douvres, reportage de 15 min réalisé Mr Guezennec en 1952.
- Un navire de granit, documentaire de 52 min réalisé par Thierry Marchadier et produit par 1+1 Production en 2001. Sur la construction des deux phares et sur la vie au phare des derniers gardiens, dont François Jouas-Poutrel qui a peint le phare des Roches-Douvres à la manière de…
[modifier] Radio
- Les Roches Douvres : histoire du phare costarmoricain, documentaire sonore réalisé par Yann Panranthoën en 1997 pour France Culture.
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Dossier electronique de l'inventaire général - Bretagne
- Phare des Roches-Douvres (Phares et Feux des Côtes de France)
[modifier] Notes
- Coordonnées géographiques obtenues sur le site World Lighthouse On The Air (consulter la liste).