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Panthéisme - Wikipédia

Panthéisme

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Le panthéisme est une doctrine philosophique selon laquelle tout est Dieu. Ce mot vient du grec ancien pan (πὰν) : « tout » et theos (θέος) (« dieu »). Dans la philosophie occidentale, et notamment depuis Spinoza, le sens qui est donné à ce mot "tout" est en général identique à celui associé à la Nature, au sens le plus général de ce terme, autrement dit de "tout ce qui existe".

Le panthéisme diffère cependant du naturalisme mais il lui en général étroitement associé: le naturalisme, au sens propre, est une doctrine qui ne reconnait d'autres principes que les lois ou forces de la Nature. Le panthéisme s'identifie ainsi, sous ce rapport, à un naturalisme déiste.

On peut comparer ce système au monothéisme transcendant en deux points :

  1. tout ce qui est, existe non seulement par Dieu, mais en Dieu.
  2. Dieu n'est pas un être personnel distinct du monde, mais il lui est immanent (en opposition au Dieu créateur et transcendant).

Il entretient certains rapports avec les courants monistes (tel celui de Leibniz par exemple) qui tentent de résoudre les deux termes d'une dualité en faisant sortir l'un des deux termes de cette dualité de l'un des deux termes en opposition.

Il y a opposition entre une première école qui oppose le panthéisme au théisme (monothéisme et polythéisme) et à l' athéisme. Au contraire, une deuxième école affirme qu'il faut « par essence » d'abord être théiste.

Sommaire

[modifier] Apport de Spinoza

Les références entre parenthèses revoient aux différentes propositions de la première partie de l'Éthique.

Dans son Éthique, Spinoza affirme que le panthéisme est la seule façon logique de considérer Dieu et l'univers. Bien que le terme en question apparaisse au XVIIIe siècle, donc ait été étranger à Spinoza lui-même, il résume, quoique très grossièrement, l’essentiel de la pensée de l’auteur. Dieu n’est pas cet être suprême, transcendant et personnel. Il est en fait impersonnel et immanent au monde, c’est-à-dire qu’il fait partie du monde; mieux, qu' il est le monde.

Les êtres, au lieu d’être vus comme une création de Dieu, sont perçus comme une affection de la substance, une expression de Dieu. Ayant ceci en tête, on peut comprendre ce qui amène Spinoza à écrire son Éthique, et à le faire selon la méthode géométrique. On peut, puisque Dieu est la nature (relations étroites entretenues entre le panthéisme de Spinoza et le naturalisme), et non un être céleste résidant hors du monde, en faire une étude toute scientifique, avec la méthode des sciences naturelles. Tout n’est donc qu’une seule chose, et cette seule chose, c’est Dieu. La table est table avant d’être une table rouge, et ainsi de suite.

De même, sachant qu’une substance est conçue par elle-même et ne dépend pas d’une autre (déf. 3), deux substances n’ont rien de commun entre elles si elles ont des attributs différents. Spinoza ne fait qu’étendre ici la définition 3. Si, en effet, une substance ne dépend pas d’une autre, c’est qu’elle a son concept en elle-même, et ainsi son concept « n’enveloppe pas le concept de l’autre. » Les deux substances sont donc entièrement indépendantes, elles ne se connaissent pas mutuellement. Or, une chose ne peut en causer une autre si elle ne la connaît pas.

On en arrive à la question centrale, qui est la détermination des choses, c’est-à-dire ce qui nous permet de distinguer une chose d’une autre. Pour Spinoza, c’est soit la « diversité des attributs des substances », soit « la diversité des affections des substances. » Puisqu’une chose ne peut exister que par elle-même, on ne peut la distinguer que par ses propres propriétés, c’est-à-dire ses attributs et ses affections. Or, comme Spinoza pense l'avoir démontré, la substance vient avant l’affection. Si on écarte les affections et qu’on se concentre seulement sur la substance en elle-même, on ne peut plus la distinguer. Si c’est en revanche l’attribut qui détermine la substance, on ne peut distinguer deux substances ayant le même attribut. On doit conclure qu’il « ne peut y avoir dans la nature deux ou plusieurs substance de même nature ou attribut. » (Prop. 5). Spinoza pense avoir prouvé qu’une substance ne peut pas en produire une autre si elle n’a rien de commun avec elle. Il affirme ensuite qu’aucune substance, en fait, n’a quoi que ce soit en commun avec une autre. On peut en déduire, dans ces conditions, qu’« une substance ne peut pas être produite par une autre substance. » (Prop. 6) Voilà qui conclut ce premier mouvement de l’argumentation portant sur la substance en tant que telle. Voyons maintenant ce qui en est de Dieu.

Si une chose ne peut être produite par une autre, c’est qu’elle est sa propre cause. Cela implique que « son essence enveloppe nécessairement son existence » (Prop.7), donc qu’elle existe. Or, puisque toute substance doit être unique et qu’elle existe nécessairement, elle doit exister soit comme chose finie, soit comme chose infinie. Spinoza réfute toutefois la thèse de la finitude. Si une substance est finie, c’est qu’elle est limitée par une autre de même nature qui, elle aussi, existe nécessairement. Or, Spinoza a affirmé qu’il ne peut y avoir deux substances de même nature. Il est donc absurde qu’une substance existe comme chose finie. En découle que « toute substance est nécessairement infinie. » (Prop. 8) Cela inclut aussi Dieu, que nous avons décrit comme étant un être absolument infini. Or, si on admet que l’essence enveloppe nécessairement l’existence, on doit aussi admettre que Dieu, substance constituée par une infinité d’attributs, existe. (Prop. 11). On remarquera, au demeurant, que Spinoza voit Dieu comme un être, donc dans la Nature.

Toutefois, Spinoza réserve aux sceptiques une preuve plus soignée. Il souligne qu’on ne peut prouver que Dieu existe en se référant à une autre chose car, nous l’avons vu, deux choses différentes ne se connaissent pas l’une l’autre. On ne peut non plus infirmer son existence, pour les mêmes raisons. On doit donc expliquer Dieu par sa propre nature. Or, démontrer que Dieu n’existe pas en utilisant des notions contenues dans sa substance est absurde. Cela reviendrait par exemple à montrer qu’une table n’existe pas en utilisant sa couleur ou sa solidité comme argument. Le but de ce second mouvement est atteint : nous sommes parvenus à une définition de Dieu et à une preuve de son existence. Tâchons maintenant de conjuguer à cela ce que nous avons dit de la matière.

Dieu, qui existe par sa nature même, est indivisible. C’est le cas pour toute substance absolument infinie, qu’on ne peut considérer autrement. En effet, imaginons que cette substance soit divisible. Dans un cas, les « morceaux d’infini » retiendraient les attributs de leur état d’origine (non divisé) et on aurait plusieurs infinis. Or, nous l’avons démontré, on ne peut concevoir deux substances ayant les mêmes attributs. Dans l’autre cas, la substance infinie ne serait plus et, ayant démontré que Dieu existe bel et bien, cela est impossible. Dieu existe, il est infini et indivisible. Mais s’il est infini, c’est qu’il possède tous les attributs possibles. Il est donc parfait, au sens classique du terme, puisqu’il contient nécessairement plus d’être que toute autre chose. Toute substance doit donc s’expliquer par un des attributs de Dieu. Mais cela est absurde car il ne peut y avoir deux substances possédant les mêmes attributs. De plus, une substance ne peut s’expliquer que par elle-même. La seule solution est d’admettre que rien n’existe en-dehors de Dieu. Si quelque chose pouvait être conçu en-dehors de Dieu, cette chose devrait être conçue comme étant existante. Comment pourrait-elle alors exprimer une essence puisque toutes les essences demeurent en Dieu? Cette substance hors de Dieu n’aurait donc pas d’attributs, et puisque les attributs définissent la substance, ne pourrait exister. Or, nous avons démontré que toute substance existe nécessairement. On ne peut donc penser aucune substance en dehors de la substance divine. Il n’y a dans la nature qu’une seule substance, qui est Dieu, et qui possède tous les attributs.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Citations

" …il en va de même pour l’être un et suprême, en qui l’acte ne diffère pas de la puissance, qui peut être tout absolument, et qui est tout ce qu’il peut être ; sous le mode de la complication, il est l’un, l’immensité, l’infini (…) ; sous le mode de l’explication, il se trouve dans les corps sensibles, ainsi que dans la puissance et dans l’acte que nous y voyons distingués "

"Une religion vieille ou nouvelle, qui a souligné la magnificence de l'univers comme révélé par la science, pourrait être capable d'avancer des réserves de révérence et de crainte rarement captée par les fois conventionnelles. Tôt ou tard, une telle religion apparaîtra."

"Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle lui-même dans l'harmonie ordonnée qui existe, pas en un Dieu qui se soucie du destin et des actions des êtres humains."

"Pour moi, ce n'est pas un Dieu personnifié, mais un principe panthéiste omniprésent dans la Nature[...] Je parle d'un principe créateur qui règle l'univers à son début, non d'un Dieu personnifié"

[modifier] Voir aussi


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