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La Ronde de nuit - Wikipédia

La Ronde de nuit

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La Ronde de nuit
Rembrandt, 1642
Huile sur toile
363 × 437 cm
Rijksmuseum

La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch, dit la Ronde de nuit, est un tableau de Rembrandt qui date de 1642. Elle représente une compagnie de la milice bourgeoise des mousquetaires d'Amsterdam, commandée par Frans Banning Cocq, sortant en armes d'un bâtiment. Cette toile se trouve au Nouveau Rijksmuseum d’Amsterdam, dont c'est actuellement l’œuvre exposée la plus populaire.

Sommaire

[modifier] Commande et expositions

Ce tableau est une commande financée par dix-huit membres de la compagnie dont les noms sont inscrits sur l'écusson suspendu à la porte que franchissent les personnages. Rembrandt a reçu 1600 florins pour réaliser cette toile (le salaire annuel d'un ouvrier de l'époque étant de l'ordre de 250 florins). L'écusson a été rajouté après la livraison de la toile, sur demande, on le suppose, des commanditaires, par Rembrandt ou par un de ses élèves. Les travaux préparatoires de l'œuvre semblent dater d'à partir de 1639, pour un travail qui aura duré près de quatre ans. La toile était destinée à décorer la grande salle du premier étage de la Maison des arquebusiers (le siège de la milice) d'Amsterdam, qui, après des travaux faits en 1638, avait des dimensions imposantes (notamment une hauteur sous plafond de quatre mètres). Ce bâtiment, dont le nom en néerlandais est Kloveniersdoelen, est un des monuments historiques de la ville, situé sur la rive de l'Amstel, sur la rue Nieuwe Doelenstraat ; c'est actuellement un hôtel.

Copie de l'œuvre avant le découpage de 1715.
Copie de l'œuvre avant le découpage de 1715.

Les dimensions originales du tableau étaient de 5 m sur 3,87, elles ont été réduites par un découpage intervenu en 1715, qui fait de la toile actuelle une œuvre encore immense de 4,38 m sur 3,63 m. En effet, cette année-là, le tableau est transféré à l'hôtel de ville (sur le Dam) dont les murs étaient trop petits. Une copie par Gerrit Lundens de la toile complète, réalisée avant le découpage, est exposée à la National Gallery de Londres.

Au cours de l'occupation de la Hollande par Napoléon Ier, la toile est ensuite transférée plusieurs fois avant de rester durablement dans la Trippenhuis (maison de la famille Trip) qui devient un musée d'art, où elle est exposée jusqu'en 1885, année où est ouvert le Nouveau Rijksmuseum. La toile est démontée et mise à l'abri dans divers abris pendant la guerre de 1939-1945. Comme d'autres œuvres célèbres, elle a subi des tentatives de dégradation, notamment au couteau (1973) et à l'acide (1985). C'est actuellement la pièce maîtresse, parmi de très nombreux autres chefs-d’œuvre, du Rijksmuseum.

[modifier] Titre de l’œuvre

Le titre exact de l'œuvre, si l'artiste ou les commanditaires lui en ont donné un, est inconnu. Mais le titre "La Ronde de Nuit" est une tradition infondée datant du XIXe siècle. Ce tableau qu'on avait pris l'habitude de considérer comme une scène nocturne s'est révélé être une représentation d'un groupe sortant à la lumière du jour, c'est la saleté et le vieillissement du vernis qui donnaient l'illusion de la nuit, qui pouvait passer pour normale dans l’œuvre de Rembrandt, familier des scènes très obscures. Lors de la restauration du tableau faite en 1947, la peinture est réapparue comme les contemporains de Rembrandt avaient pu l'admirer.

[modifier] Composition

La lumière, les couleurs, et les jeux de lignes du tableau (lances, fusils, bannière) mettent en vedette au regard les deux officiers du centre et la petite fille en robe jaune.

Au centre se trouvent Frans Banning Cocq, en noir, le capitaine de la compagnie et également bourgmestre d'Amsterdam, tendant la main de façon frappante vers le spectateur, et Willem van Ruytenburch, son lieutenant, dont la pertuisane semble menacer de sortir de la toile. Ces effets visuels ont été longuement travaillés par Rembrandt, comme le montre l'analyse aux rayons X[1] menée par les conservateurs hollandais. Parmi les dix-huit commanditaires du tableau, seul un troisième est identifié avec certitude, il s'agit du porte-enseigne Jan Visscher Cornelisen, qui brandit le drapeau de la compagnie. Derrière son épaule gauche, la tradition critique prétend identifier un quatrième personnage, Rembrandt lui-même, dans le visage dont on ne voit qu'un œil.

Toujours en avant-plan, mais de façon plus décalée, on aperçoit une masse de militaires, plus proprement appelés arquebusiers. Parmi cette foule, on fait ressortir, avec une accentuation de lumière, une jeune fille qui, de par son accoutrement, illustre les symboles militaires des arquebusiers que Rembrandt veut développer. Elle tient un poulet mort qui est signe de défaite de l’adversaire, de plus, les griffes du poulet représentent le blason des kloveniers (les soldats maniant le klover, nom désignant en néerlandais une arquebuse du XVIe siècle.)

Les armes indiquent les grades dans la milice : bâton de commandement pour le capitaine, pertuisane pour le lieutenant, hallebardes pour les sergents, piques et arquebuses pour les simples miliciens.

En arrière-plan, on peut voir un édifice jamais identifié qui est sans doute un bâtiment servant de fort aux militaires. L’éclairage est très limité dans le but de mettre l’avant-plan en plus grande importance.

Le maniement de l'arquebuse est illustré à la manière de certains manuels militaires de l'époque :

  • sur la gauche, un milicien remplit de poudre le fût de son arquebuse, grâce à une des doses préparées à l'avance, en tubes, qu'il porte suspendues autour de sa poitrine. Ces doses, outre qu'elles facilitent le dosage de la poudre et donc la fiabilité du tir, comprennent souvent également la bourre (tissu, papier) qu'on tassera sur la charge de poudre et la balle qui complètera le chargement ;
  • juste derrière la tête de van Ruytenburch, un milicien ou peut-être un enfant, coiffé d'un casque orné de feuilles de chêne, tire un coup de feu qu'on devine surtout au geste de l'homme au second plan entre les deux officiers ;
  • à droite, enfin, un vieux milicien souffle sur l'ouverture de mise à feu de la charge (on tire en introduisant une mèche allumée, bien visible sur ce personnage, dans un trou ménagé à la base du fût de l'arquebuse.) Le milicien vient donc de tirer, et souffle dans le fût pour accélérer son refroidissement, afin que la prochaine charge de poudre ne s'enflamme pas spontanément sous l'effet de la chaleur.

[modifier] Analyse technique

La technique principale que Rembrandt a utilisée est le clair-obscur. Ce procédé jumelé avec l’asymétrie des militaires les uns par rapport aux autres donne l’impression d’un mouvement vers l’avant. Cette impression est accentuée par les personnages eux-mêmes et leurs mouvements dans tous les sens. La lumière provient d’un point supérieur aux personnages avec une légère tendance vers la gauche. Elle éclaire surtout le centre du tableau où les personnages les plus importants sont situés. Les couleurs utilisées sont assez sobres, à l’exception de certains personnages ayant des costumes avec des couleurs plus vives. Les teintes, en général, oscillent du noir au beige, tout en incorporant des couleurs plus vives accentuant les parties plus emblématiques.

[modifier] Lien avec le courant artistique baroque

Un exemple de bataillon peint de façon plus statique : De magere compagnie (La Compagnie de Reinier Real), Frans Hals, 1637.
Un exemple de bataillon peint de façon plus statique : De magere compagnie (La Compagnie de Reinier Real), Frans Hals, 1637.

La représentation faite de Rembrandt des gardes civils dans La Ronde de nuit est nouvelle pour l'époque. Habituellement, on les représente de façon très sobre, en rang ou assis placidement autour d’une table. Mais cette fois, ils prennent une allure totalement différente, donnant même une impression de fête. Toutefois le style et les procédés techniques utilisés par Rembrandt sont bien de l’époque baroque. Le clair-obscur mentionné précédemment, l’émotion vive des personnages et l’effet de mouvement sont des éléments octroyant à ce tableau son identité purement baroque.

[modifier] Notes et références

  1. On peut examiner le cliché du secteur de la pertuisane de van Ruytenburch sur le site (en anglais) du Rijksmuseum.

[modifier] Bibliographie

  • Jean Leymarie, La Peinture hollandaise, Skira, Genève, 1956, 256 p.
  • Svetlana Alpers, L’Atelier de Rembrandt, Gallimard, Paris, 1991, 377 p.

[modifier] Liens externes


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