Kusayla
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Aksel (en tifinagh : ⴰⴽⵙⴻⵍ) (ou Kusayla), prince berbère du VIIe siècle après J.C, chef de la résistance à la conquête musulmane.
[modifier] Biographie
Kusayla était le chef de la puissante tribu des Awarba qui occupait toute une partie des Aurès. il avait d'abord combattu les Arabes, mais battu à la bataille d' Al Alurit, aux sources de Tlemcen, il fit sa soumission et se convertit à l'Islam (675). Il réussit à gagner la confiance du chef musulman Abû al Muhadjîr Dinâr et devint même l'un de ses proches collaborateurs.
En 681, Uqba Ibn Nafi'ê, le fameux conquérant de l'Afrique du nord, rappelé quelques années plus tôt en Orient, revint au Maghreb. Il se vengea de son successeur Abû Dinâr et traita avec dureté Kusayla qui était pourtant musulman et gouverneur du Maghreb [1] [1]. Il le fit couvrir de chaînes et le traîna comme un trophée vivant dans sa chevauchée à travers le Maghreb.
«Parmi les traits insultants qu'il se permit envers lui, on raconte le suivant: il venait de recevoir des moutons et, voulant en faire égorger un, il ordonna à Kusila de l'écorcher"
"Que Dieu dirige l'émir vers le bien! dit le chef amazigh, j'ai ici mes jeunes gens et mes serviteurs qui pourront m'éviter cette peine"
Uqba y répondit par des paroles offensantes et lui ordonna de sortir: Kusila se retira avec colère et ayant égorgé le mouton, il essuya sa main encore sanglante sur sa barbe.
Quelques Arabes s'approchèrent alors et lui dirent: "Que fais-tu amazigh ?"
À quoi répondit: "Cela est bon pour les poils"
Mais vieillard d'entre les Arabes passa et s'écria : " Ce n'est pas pour cela, c'est une menace que ce amazigh vous fait !"
Alors, Abu Muhadjir Dinar s'adressa à Uqba et lui dit: "Que viens-tu de faire ! Voilà un homme des plus distingués parmi son peuple, un homme qui était encore polythéiste il y a peu de temps et tu prends à tâche de faire de la rancune dans son cœur ! Je te conseille maintenant de lui faire lier les mains derrière le dos, autrement tu seras victime de sa perfidie."» (D'après Al-Nuwayrî.)
Kusayla réussit, en effet, à s'enfuir et à rejoindre ses hommes. Il abjura l'Islam et, s'alliant aux byzantins, il reprit, à la tête d'une grande armée, guerre contre les Arabes.
Il surprit Uqba près de Tehuda, non loin de Biskra et, après une terrible bataille, il le tua ainsi que la plupart de ses hommes (683). Kusila marcha alors sur Kairouan, la place forte des arabes et l'enleva. Il berbérisa son nom en Taqirwant et en fit sa capitale. Il se fit couronner et régna pendant cinq ans, de 683 à 688. Son autorité fut reconnue par tout le monde et, de l'avis même des auteurs musulmans, il traita avec justice ses sujets amazighs et musulmans et laissa ces derniers pratiquer librement leur religion. Cependant, Kusayla ne réussit ni à regrouper les amazighs ni à créer un État. En 688, le calife' Abd al Malek envoya des renforts avec, pour mission de reprendre Kairouan. Celui-ci, devant l'importance des forces ennemies, se replia, appelant à l'aide les tribus de l'Aurès et les Byzantins, mais il ne reçut pas les renforts attendus. A la fin, les musulmans, plus nombreux, remportèrent la victoire. Kusayla fut tué et les amazighs qui avaient échappé au massacre furent dispersés. Ainsi prit fin la résistance de Kusayla.
Mais quelques années après, la région s'enflamme de nouveau, avec cette fois-ci, une femme à la tête de la résistance: Kahina.
[modifier] Origine de son nom
Son nom est orthographié de différentes façons par les auteurs musulmans: Kosayla, Qosayla, Kusila. On l'a rapproché du nom latin Caecilianus, Cécilien, prononcé Kekilianus et entendu par les arabes Kacilia. C'est une hypothèse vraisemblable quand on sait que Kusila était chrétien, mais son nom peut aussi provenir du berbère. Les dialectes amazighs de l'Aurès, dont était issu Kusila, connaissent encore une racine KSL dont dérive aksil, le nom du guépard. Un autre nom amazigh du guépard, aghilas / ghilas, est bien employé comme nom propre au mont Chenoua, à l'ouest d'Alger.
[modifier] Références
- ↑ Histoire des Berbères, Ibn Khaldoun