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José Piñera - Wikipédia

José Piñera

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José Piñera (né le 6 octobre 1948 à Santiago, Chili) est un économiste libéral chilien, célèbre pour avoir organisé la transition du régime de retraite chilien de la retraite par répartition à la retraite par capitalisation. À cet égard, il est considéré comme le plus important avocat de la privatisation des systèmes de retraite publics[1] et a été surnommé le « joueur de flûte de la réforme des retraites » pour sa capacité de conviction en faveur de la retraite par capitalisation[2]. Il a également joué un grand rôle dans la restauration de la liberté syndicale, la réforme du système de santé et le retour à la démocratie au Chili.

Sommaire

[modifier] Formation

Comme la plupart des « Chicago Boys », il suivit une formation en économie à l'université pontificale catholique du Chili. Il obtint également un doctorat en économie de l'université Harvard. Il retourna au Chili en 1975, comme professeur à l'université où il avait commencé sa formation. Il a écrit huit ouvrages et de nombreux articles.

[modifier] Carrière gouvernementale

[modifier] Présentation générale

Après avoir présenté un plan de réformes libérales qui pouvaient selon lui doubler le taux de croissance de l'économie chilienne, il fut nommé ministre du travail et des retraites (1978-1980) puis ministre des mines (1980-1981) dans le cabinet du président Pinochet. Il mit en place quatre réformes majeures : la mise en place de la retraite par capitalisation (système AFP), l'ouverture d'un système d'assurance maladie individuel (système ISAPRE), la mise en place d'un code du travail favorable à l'emploi qui rétablissait les élections syndicales démocratiques et l'établissement d'un système de droits de propriété dans le secteur minier. Il a été l'un des promoteurs de la nouvelle constitution de 1980 qui établit un Bill of Rights et une transition vers la démocratie.

[modifier] Premières mesures

José Piñera entra au gouvernement en décembre 1978 quand deux dangers majeurs se profilaient : guerre potentielle avec l'Argentine et menace de blocus par le syndicat américain AFL-CIO. En tant que ministre du travail il annonça rapidement une loi sur les syndicats rétablissant les droits syndicaux qui étaient suspendus depuis le 11 septembre 1973. La menace de boycott fut levée en janvier 1979 à la suite de ces mesures et de discussions menées avec le dirigeant de l'AFL-CIO, George Meany. La médiation du Vatican dans le conflit avec l'Argentine à propos des îles Beagle permit de calmer la situation argentine.

[modifier] Réforme du marché du travail

Le 29 juin 1979 il annonça une réforme de la règlementation syndicale, organisée autour de quatre lois :

  • D.L. 2.756 restaura la liberté syndicale, imposa les votes à bulletins secrets pour l'élection des dirigeants syndicaux et autorisa la libre adhésion à un syndicat au sein d'une entreprise;
  • D.L. 2.757 régula la création et le fonctionnement des organisations professionnelles;
  • D.L. 2.758 instaura un système de négociations collectives basé sur:
    • la négociation entre syndicat et patronat à l'échelle de l'entreprise et non plus de branches d'activités
    • le droit de grève consiste en la possibilité de refuser de travailler sans être licencié et non de mettre en place des piquets de grève
    • l'autorisation du lockout pour les employeurs et la possibilité de licencier les grévistes après 60 jours de grève
    • institua un mécanisme de négociation « d'offre définitive » dans les services publics. Dans un tel schéma, le médiateur choisit l'une ou l'autre des propositions des négociateurs mais ne peut pas arbitrer. Cela a pour effet de forcer les différents acteurs à être raisonnables dans leurs demandes plutôt que de tout perdre;
  • D.L. 2.759 renforça la législation de la concurrence contre les monopoles.

Selon les chiffres du ministère du travail chilien, à la suite de cette législation, 97% des négociations collectives purent être réglées sans le recours à la grève. Les 3% restants furent réglés avec en moyenne 12 jours de grève. Après plusieurs recours à la négociation « d'offre définitive », la négociation s'établit généralement sans le recours à ce moyen d'arbitrage.

[modifier] Réforme du système de retraites

Le 4 novembre 1980, Piñera introduisit une réforme du système de retraites (D.L 3.500 and D.L 3.501) qui remit à plat le système de retraite par répartition conçu en 1925[3]. Il autorisait les travailleurs à se retirer du système public de retraites et d'utiliser les cotisations qu'ils y consacraient (10% du salaire) pour cotiser à un fonds de pension géré par des investisseurs privés. Les nouveaux salariés étaient automatiquement intégrés dans ce système et 500 000 salariés rejoignirent le nouveau système dans son premier mois d'existence contre des prévisions de 50 000[3]. L'âge de départ à la retraite est désormais libre, c'est le salarié qui prend la décision en fonction du capital qu'il a accumulé par ses cotisations. Ces mesures entraînèrent une privatisation du système de retraites chilien et introduisirent deux changements majeurs au système de santé : privatisation du système d'assurance contre les accidents du travail et autorisation pour les travailleurs de quitter le système public d'assurance maladie (7% du salaire) à condition de cotiser à une assurance privée dans le système ISAPRE.

L'impact de ces réformes a été très important puisqu'en 2007, 7,7 millions de personnes avaient un fonds de pension privé, pour une population active de 7 millions et une population en âge de travailler de 12,6 millions. Le système d'assurance maladie avait 1,2 million de cotisants qui couvraient 2,7 millions de personnes en décembre 2006, soit environ un sixième de la population chilienne. La proportion de personnes couvertes par le système ISAPRE a diminué depuis le milieu des années 1990 où elle s'élevait à 25% de la population.

Le passage de la retraite par répartition à la retraite par capitalisation a été rendu possible par la création d'un fonds de garantie auquel ont été apporté les recettes tirées des privatisations d'entreprises publiques[3].

Les fonds de pension ont dégagé en moyenne un rendement de 12% au dessus de l'inflation sur les 15 premières années[4] contre 4% promis[3] et les capitaux accumulés sur les fonds des travailleurs s’élèvent à 90 milliards $ soit environ 80% du PNB chilien. Selon William Lewis de l'université de Chicago, les dépenses de l'État on baissé de 34,3 à 21,9% du PIB entre 1984 et 1990. Les retraites et l'assurance maladie représentaient la moitié de cette baisse[5]

Comme le remarque Paul Craig Roberts, « Le Chili a été le premier pays au monde à privatiser son système de retraite. José Piñera en a été le principal acteur. Cela aurait suffi à la faire entrer dans l'histoire mais il a également lancé la privatisation du système de soins »[6]

Certains analystes et journalistes ont critiqué le système de retraites chilien, pointant en particulier le fait que les travailleurs indépendants n'étaient pas obligés de cotiser ou que le système imposait des coûts administratifs excessifs pour un bénéfice insuffisant pour les travailleurs à bas revenus[7]. En 2006, une réforme a renforcé le « filet de sécurité » pour ceux qui n'atteignent pas une retraite minimale.

[modifier] Réforme minière

Le 1er décembre 1981, José Piñera obtint de la cour constitutionnelle la validation de sa loi minière qui protègent les droits de propriété dans ce secteur important de l'économie chilienne. La loi fut votée par les sept juges de la cour. Cette loi et le cadre favorable à l'économie de marché stimula l'investissement et entraîna une multiplication par cinq de la production de cuivre chilien (d'un million de tonnes par an à 5,4 millions) et une multiplication par 16 pour le cuivre produit par les investisseurs privés. Le Chili est désormais le plus gros producteur au monde avec 45% de la production mondiale. C'est également le plus gros producteur de nitrates naturels, d'iode et de lithium, le second en termes de molybdène, le cinquième pour l'argent et le treizième pour l'or.

La loi minière prépara également le cadre intellectuel pour la privatisation des compagnies d'état, en particulier dans le secteur de l'énergie et des télécommunications.

[modifier] De la transition vers la démocratie à aujourd’hui

[modifier] Influence : combat en faveur de la retraite par capitalisation

En 1994, Piñera a fondé le Centre pour la réforme des retraites[8] afin de promouvoir le modèle chilien dans le reste du monde. En 1995, il rejoint le Cato Institute comme vice-président de son projet pour la liberté de choix dans les retraite[9]. À la fin de l'année 2006, 28 pays avaient mis en place un système de retraite par capitalisation : 11 en Amérique latine, 12 en Europe centrale et orientale et 5 dans le reste du monde[10].

José Piñera a par ailleurs été entendu le 17 septembre 2007 par la Commission Attali dans le cadre de ses travaux sur la libération de la croissance en France[11].

[modifier] Famille

José Piñera est le fils de José Piñera Carvallo, ambassadeur chilien aux Nations unies sous la présidence d'Eduardo Frei Montalva (1964-1970). Il a pour oncle l'archevêque Bernardino Piñera Carvallo, élu à deux reprises président de la conférence des évêques du Chili. Il a également trois frères, Sebastián Piñera, homme d'affaires et homme politique, Pablo Piñera, ancien membre du conseil d'administration de la banque centrale et Miguel Piñera, musicien. Il a également deux sœurs, Guadalupe et Magdalena. La famille Piñera est originaire des Asturies en Espagne.

[modifier] Récompenses

  • Docteur honoris causa de l'université Francisco-Marroquin[12]
  • Médaille d'or John S. Bickley de l'International Insurance Society (1999)
  • Hall of Fame (2000) de l'International Insurance Society
  • Champion of Liberty (2003) du Goldwater Institute[13]
  • Liberty Award (2005) du Liberalni Institut, Prague[14]

[modifier] Notes et références

  1. Against the Dead Hand. The uncertain struggle for global capitalism, (John Wiley & Sons, 2002), par Brink Lindsey, p. 224.
  2. (en)Pension Reform Pied Piper Loves Private Accounts, Matt Moffett, The Wall Street Journal, 3 mars 2005.
  3. abcd Impossible n'est pas chilien, Conscience Politique
  4. Donner aux travailleurs le libre choix, José Piñera, Wired
  5. William W. Lewis : The Power of Productivity (University of Chicago Press, 2004)
  6. Paul Craig Roberts & Karen LaFollete Araujo : The Capitalist Revolution in Latin America (Oxford University Press, 1997), p. 32.
  7. (en)Chile rethinks its privatized pension system, Larry Rohter, New York Times, 10 janvier 2006
  8. (en)Site de l'International Center for Pension Reform
  9. The Triumph of Liberty (The Free Press, 2000), par Jim Powell, p.453.
  10. [pdf]The Chilean model: taking reform forward, globalpensions.com
  11. Comment Jose Piñera mit en place la réforme des retraites au Chili, Aurélien Véron, 18 septembre 2007
  12. (es)Discours lors de la remise du titre de docteur honoris causa
  13. Lettre annonçant à Pinera la remise du prix de Champion of Liberty
  14. (es)José Piñera recibió premio de The Liberální Institut, Université Francisco-Marroquin

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes


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