Jean Prat (joueur de rugby à XV)
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Jean Prat (né le 1er août 1923 à Lourdes — mort le 25 février 2005 à Tarbes) était un joueur de rugby à XV français, de 1 m 76 pour 84 kg, troisième ligne aile, mais ayant joué à chaque poste des lignes arrières.
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[modifier] Biographie
Jean Prat s'éveille tôt au rugby à Lourdes dès 1939 (il rencontre alors Soustons avec l'équipe première. Il en deviendra le titulaire indiscutable à 19 ans) avec son club, le FC Lourdes, au sein duquel il remporte le titre de champion de France à 6 reprises, en 1948, 1952, 1953, 1956, 1957 et 1958 (et finaliste en 1945, 1946 et 1955, demi- finaliste 1954), la Coupe de France en 1945 et 1946 (et finaliste en 1948), et le Challenge Yves du Manoir en 1953, 1954 et 1956 (et demi-finaliste en 1955 et 1958) ! Il est le capitaine indiscutable de la formation lourdaise, où évolue également son frère Maurice Prat. Le statut de capitaine rassemble à cette époque les prérogatives du capitaine actuel mais aussi celles de l'entraîneur moderne. C'est Jean Prat qui fut ainsi l'une des pierres d'angle du système de jeu lourdais réputé pour son attaque[réf. nécessaire].
Jean Prat fut fait prisonnier de guerre en Allemagne en 1941. Il rejoint ensuite rapidement (le 1er janvier 1945, contre l'équipe de l'armée britannique) le XV de France (348e international français), et participe à sa première tournée internationale en Argentine en 1949, puis en devient le capitaine (de 1953 à 1955). Il prend ainsi part au renouveau du rugby français après la guerre en signant quelques performances de premier plan, comme battre pour la première fois les Anglais à Twickenham (1951), ou triompher enfin des All Blacks à Colombes (1954) sur un unique essai à trois points signé Jean Prat ! En 1951, grippé, il ne participe pas au seul match perdu par l'équipe de France durant ce tournoi (face à l'Irlande - de 1947 (dès le 1er match de reprise du tournoi) à 1955, ce fut son seul match de tournoi non honoré). En 1952, il devient le recordman de sélections de l'équipe de France, 20 ans après Aimé Cassayet à 34 capes. Prat affichera au total 51 sélections (record français jusqu'en 1964, et un temps aussi recordman mondial : 30 victoires, 1 nul, 20 défaites) pour 16 capitanats (inscrivant 145 points (record mondial également, jusqu'en 2000) sur 10 années, dont 26 transformations, 17 buts, 9 essais et 5 drop-goals), et il fut le premier en France à remporter le Tournoi des cinq Nations à deux reprises, en 1954 (avec Galles et Angleterre) et en 1955 (avec Galles), finissant second en 1948, 1949 et 1951[1]. Il fut aussi le meilleur réalisateur de la compétition en 1951 et 1952. Ses coéquipiers principaux en troisième ligne étaient Guy Basquet et Jean Matheu-Cambas, mais il y côtoya également ses amis de club Roger Martine (arrière) et Henri Domec. Il quitta la scène internationale 15 jours après le dernier match du tournoi 1955, alors qu'il se disputait un Grand Chelem à Colombes devant René Coty, le 10 avril suivant face aux Italiens. La même année 1955, il remporta également les Jeux méditerranéens de Barcelone.
Jean Prat était un compétiteur et un meneur d'hommes né. Il allait au bout de lui même, par exemple il faudra une fracture du péroné pour le faire quitter le champ de jeu contre le Pays de Galles en 1950. Il possédait également le sens de la formule. La France mène ainsi de deux petits points face au Pays de Galles en 1949 à Colombes à cinq minutes du coup de sifflet final, et Prat sent bien que les Bleus commencent à flancher. Il délivre alors l'une de ses phrases qui réveillerait des morts : « Ces Britanniques vous ont emmerdés pendant cent ans, vous pouvez bien tenir cinq minutes ». Et le XV de France remporte le match.
Son sens du jeu, son état d'esprit et son art furent loués par ses adversaires, honneur rarissime pour un joueur français. Pour preuve, Jean Prat fut ainsi porté en triomphe par ses adversaires gallois à la toute fin de sa carrière internationale, et surnommé « Mister Rugby » par les journalistes britanniques.
Il arrête définitivement la compétition à la fin de la saison 1958 - 1959, après la demi-finale de championnat perdue contre le Racing club de France. Son frère Maurice Prat arrête également, alors que Jean Barthe et Pierre Lacaze partent pour le XIII. François Labazuy migre à Tarbes, et Rancoule à Toulon. L'effectif du club est chamboulé, à l'aube de son avant-dernière finale victorieuse, en 1960. Prat, par ailleurs excellent skieur et cycliste (Pyrénées obligent) ainsi que redoutable coureur de fond, se consacre alors totalement à son café lourdais, le Winger.
Il devint ensuite le sélectionneur-homme de terrain de l'équipe de France de 1963 à 1967, avec à son actif une victoire à l'extérieur contre l'Afrique du Sud en 1964 à Springs.
Il resta fidèle au FC Lourdes durant tout son périple rugbystique, et mourut le 25 février 2005 à 81 ans à Tarbes, des suites d'une "longue maladie", alors que 45 jours avant sa mort il préfaçait encore l'ouvrage 100 ans de rugby en bleu de Richard Escot (éd. Solar), un 7 janvier 2005.
Son gendre était l'international lourdais Michel Hauser. En 1928, le père de Jean et Maurice, Joseph Prat, avait cédé un terrain personnel au FC Lourdais Izards, sur lequel fut construit l'actuel stade du club.
Depuis 2005, le "Trophée Jean Prat" est désormais attribué au club Champion de France de Fédérale 1, premier des clubs à accéder chaque année en Pro D2.
[modifier] Titres honorifiques
- Mr Rugby ou bien encore Sir John en 1955 (officieux), après la seconde victoire à Twickenham
- Commandeur du Mérite Sportif, le 6 janvier 1958
- Chevalier de la Légion d'honneur en 1959
- Officier de la Légion d'honneur en 1990
- Nommé au International Hall of Fame du rugby en 2001[2]
[modifier] Bibliographie
- Miroir des sports n° 347, 1952: Jean Prat, 34 fois international - le début des mémoires de Jean Prat (devenu alors le plus capé;... et bien d'autres numéros de la revue !)
- Jean Borotra, Roger Courtois, Jean et Maurice Prat, de Alain Bernard, Jean Eskenazi et Denis Lalanne, éd. Berger-Levrault, 1955
- Jean Prat - Mêlée ouverte, de Renaud de Laborderie, coll. "L'heure du sport", éd. Calmann-Lévy, 1968
- L'équipe n° 18509, du 26 février 2005: La mort de Jean Prat
- Jean Prat - Monsieur Rugby, de Julien Sanne, éd. Atlantica, 2006
[modifier] Notes & références
- ↑ À noter pour l'anecdote une retentissante cuillère de bois en 1957 (France : 0 point !)
- ↑ Nomination au International Hall of fame, sur rugbyhalloffame.com
[modifier] Liens externes
- Fiche joueur XV de France, sur ffr.fr
- (en) Fiche du joueur sur scrum.com
- Jean Prat, ‘’Monsieur Rugby’’, sur rugby-nomades.dc.ca