Jean-François Ducis
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Jean-François Ducis né à Versailles le 22 août 1733 et mort à Versailles le 31 mars 1816, est un écrivain et poète français.
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[modifier] Biographie
Né d’une famille pauvre, originaire de Hauteluce en Savoie, Ducis reçut une éducation religieuse soignée et fit ses études d’abord dans une petite pension de Clamart puis au collège de Versailles. À dix-huit ans, il entra comme secrétaire chez le maréchal de Belle-Isle qui l’emmena dans ses tournées d’inspection des places fortes, puis le plaça comme expéditionnaire dans les bureaux du ministère de la Guerre lorsqu’il y fût nommé. Mais, peu après, son protecteur l’autorisa à quitter cet emploi tout en en conservant les appointements afin de se consacrer au théâtre. Son oncle Louis Le Dreux de la Châtre, architecte du roi, architecte du château de Compiègne, l’aida également pendant bien des années.
En 1768, Ducis fit donner à la Comédie-Française sa tragédie d'Amélise qui, selon Charles Collé, « fut huée depuis un bout jusqu’à l’autre ». Mais il prit sa revanche avec son Hamlet, joué le 30 septembre 1769 et approximativement imité de Shakespeare. Il avait trouvé là la veine qui allait le rendre célèbre : mettre au goût du jour et au goût français les pièces du dramaturge anglais. Ducis ne comprenant pas l’anglais, a travaillé à partir des traductions françaises de Pierre-Antoine de La Place ou de Pierre Letourneur, elles-mêmes assez infidèles. Pourtant, même ainsi édulcorées, les pièces de Shakespeare heurtaient plus d’un spectateur, et Lekain refusa le rôle d’Hamlet, que Molé eut en revanche l’heureuse inspiration d’accepter.
Dans le droit fil de ce premier succès, Ducis donna en 1772 Roméo et Juliette, en retranchant des scènes parmi les plus célèbres – la scène du balcon, les vers sur le chant de l’alouette et du rossignol... – mais en y ajoutant l’épisode d’Ugolin, repris de Dante.
En 1775, en tant que secrétaire du comte de Provence — le futur Louis XVIII —, il conduit à Chambéry, la sœur du comte, fiancée au prince Charles-Emmanuel de Piémont.
En 1778, il fit jouer Œdipe chez Admète, bizarre assemblage de l' Alceste d’Euripide et de l' Œdipe à Colone de Sophocle mais qui ne manque pas de pathétique. Ce fut un succès et l’auteur fut élu à l’Académie française la même année, au fauteuil de Voltaire. Son discours de réception – que de mauvaises langues ont attribué à son ami intime le poète Antoine-Léonard Thomas – fut très applaudi. Il commençait par cette phrase fameuse : « Messieurs, il est des grands hommes à qui l’on succède et que personne ne remplace. »
En 1783, Ducis donna une nouvelle imitation de Shakespeare, Le Roi Lear, dans laquelle on ne reconnaît à peu près rien de la pièce originale, devenue un drame bourgeois et larmoyant bien dans l’esprit d’alors et qui, pour cela, eut un immense succès. Porté en triomphe, l’auteur fut amené sur scène pour y recevoir les ovations du public.
En 1784, Macbeth, quoique fort édulcoré, eut moins de succès. Jean sans Terre, en 1791, n’eut aucun succès, mais Othello, en 1792, avec Talma dans le rôle titre, déchaîna à nouveau l’enthousiasme. On applaudissait aux tirades de ce capitaine Maure qui s’impose grâce à ses seules vertus au sein de l’aristocratie et parvenu qui proclame :
- Ils n’ont pas, tous ces grands, manqué d’intelligence,
- En consacrant entre eux les droits de la naissance :
- Comme ils sont tout par elle, elle est tout à leurs yeux.
- Que leur resterait-il, s’ils n’avaient pas d’aïeux ?
- Mais moi, fils du désert, moi, fils de la nature,
- Qui dois tout à moi-même et rien à l’imposture,
- Sans crainte, sans remords, avec simplicité,
- Je marche dans ma force et dans ma liberté.
Dans Talma on peut reconnaître l’influence des origines savoyardes de Jean-François Ducis, à travers l’exemple de Saint Maurice, Saint patron de la Savoie, soldat romain d’origine égyptienne qui fut martyrisé dans l’actuel Valais, mais aussi celle de Jean-Jacques Rousseau.
En 1785, il se rend à Moûtiers pour régler la succession de son oncle, le chanoine Jean-François Dulcis. Lors du voyage de retour, ilest grièvement blessé lors de la traversé des montagnes de Chambéry jusqu'au bourg des Échelles, les chevaux s'étant emportés.
Laissant les imitations de Shakespeare, Ducis composa ensuite une tragédie originale, Abufar, ou la famille arabe, représentée le 13 avril 1795, tableau des mœurs patriarcales dans lequel, dit Sainte-Beuve, « le sentiment du désert et de l’immensité, de la fuite à travers les sables, est assez bien rendu ; un air brûlant y circule ». L’intrigue manque en revanche de force : un frère se croit amoureux de sa sœur et vice-versa, mais on finit par apprendre qu’il ne s’agit que d’une sœur adoptive de sorte que la morale est sauve.
Le succès de cette pièce engagea Ducis à composer un pendant situé cette fois sous un climat glacial : Phédor et Waldamir, ou la famille de Sibérie (1801), qui tomba complètement. Ducis renonça alors au théâtre et prit sa retraite à Versailles où il s’occupa à lire la Bible, Horace, Virgile et La Fontaine. Napoléon voulut le faire sénateur mais il refusa en disant : « Je suis catholique, poète, républicain et solitaire : voilà les éléments qui me composent, et qui ne peuvent s’arranger avec les hommes en société et avec les places [...] Il y a dans mon âme, naturellement douce, quelque chose d’indompté qui brise avec fureur, et à leur seule idée, les chaînes misérables de nos institutions humaines ». Cependant, il accepta de Louis XVIII la Légion d'honneur qu’il avait refusée de Napoléon Ier. Jusqu’à sa mort en 1816, il continua à composer de petites pièces de vers reflétant la simplicité, la bonté et l’amour de la nature.
[modifier] Son œuvre
Le succès immense remporté avait fait croire à Ducis qu’il touchait au sublime, il écrivit : « Il y a dans mon clavecin des jeux de flûte et de tonnerre. Comment cela va-t-il ensemble ? je n’en sais trop rien, mais cela est ainsi ». En réalité, comme l’écrit Maurice Allem, « comme poète dramatique, il est lent, incolore ; et si l’on peut trouver de l’intérêt et de l’éclat à quelques scènes, aucun de ses ouvrages ne mérite en son entier de retenir l’attention ». Le concept de base de la plupart de ses pièces, l’adaptation au goût de la seconde moitié du XVIIIe siècle des tragédies de Shakespeare, nous est, il est vrai, complètement étranger aujourd’hui que nous sommes capables d’admirer ces pièces pour ce qu’elles sont. Le romantisme triomphant du XIXe siècle balaya les pièces édulcorées de Jean-François Ducis qui pourtant par son travail fit découvrir l’œuvre de Shakespeare, mais aussi par la mise en avant de sentiments plus proches de la nature, fut la base de ce même romantisme.
Ce sont finalement ses petites poésies fugitives, composées dans la vieillesse, qu’il a le mieux réussies. On peut y voir, note Maurice Allem, « la simplicité, la franchise et la bonté de son âme, la modestie de ses goûts, son amour de la nature et de la vie paisible. Il fut un vieillard charmant et bon. “Le bon Ducis”, c’est sous ce nom qu’il a mérité de survivre ».
Ses œuvres ont été publiées à Paris, 1813, 3 volumes in-8 ; 1819, 6 volumes in-18 et 3 volumes in-8.
Campenon a donné ses Œuvres posthumes précédées d’une notice en 1826.
[modifier] Bibliographie
- François-Nicolas-Vincent Campenon, Essai de mémoires sur Ducis, 1824.
- Onésime Leroy, Étude sur la personne et les écrits de Ducis, 1832.
[modifier] Source partielle
« Jean-François Ducis », dans Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, 2 volumes [détail édition](Wikisource), tome I, pp. 664-665.
[modifier] Liens externes
- Fiche sur le site de l’Académie française
- Ducis, ses pièces et leurs représentations sur le site CÉSAR
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