Jean-Baptiste Willermoz
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) fut un franc-maçon français qui joua un rôle important dans la constitution des systèmes de hauts grades maçonniques de son temps en France et en Allemagne.
Sommaire |
[modifier] Biographie
Jean-Baptiste Willermoz est né le 10 juillet 1730 à Saint-Claude (Franche-Comté). Aîné de 12 enfants, il vécut principalement à Lyon. Grand bourgeois, fabricant d'étoffes de soie et d'argent rue des Quatre-Chapeaux, administrateur bénévole d'oeuvres de bienfaisance, il joua un rôle important dans la franc-maçonnerie européenne de son temps, où il fut initié à l'âge de 20 ans et devint Vénérable à 22 ans.[1]
Mystique, passionné des mystères secrets de l'initiation, il contribua à la création de la Grande Loge des Maîtres Réguliers de Lyon et en devint le Grand Maître en 1762. Cette Grande Loge pratiquait les sept hauts grades de l'époque et y ajoutait un huitième dénommé « Grand Maître Écossais, Chevalier de l'Épée et de Rose-Croix ». Willermoz fonda dans ce cadre en 1763 en compagnie de son frère Pierre-Jacques un atelier nommé « Souverain Chapitre des Chevaliers de l'Aigle Noir Rose-Croix » qui s'intéressait à la recherche alchimique[1].
Il fut admis aux premiers grades de l'ordre des Élus Coëns à Versailles en 1767 sur la recommandation de Bacon de la Chevalerie et du marquis de Lusignan. Après la mort de Martines de Pasqually en septembre 1774, il engage avec Louis-Claude de Saint-Martin un examen complet de la doctrine des élus coëns, sous la forme de Leçons, dites "Leçons de Lyon" qui se dérouleront du 7 janvier 1774 au 23 octobre 1776. Il précisera dans une lettre de 1780 au Prince de Hesse qu'il fut reçu au grade de Réau-Croix dans l'Ordre de Martinès de Pasqually [1].
Dans les années 1770, il entre en contact avec le baron de Hund et l'ordre allemand de la Stricte observance templière (S.O.T.) dont il devient membre sous le nom de Baptista ab Eremo et chancelier du chapitre de Lyon. C'est sous son impulsion que se réunira le « Convent des Gaules », à Lyon, en 1778 qui reconnaîtra les grades de Profès et Grands Profès et constituera l'Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte (C.B.C.S.)[1].
En 1782, Willermoz écrit qu'il distingue trois sortes de maçons alchimistes:
- Ceux qui pensent que le but de la maçonnerie est la fabrication de la Pierre philosophale.
- Ceux qui recherchent la Panacée.
- Ceux qui recherchent la Science du Grand Œuvre, par lequel l'homme retrouverait la sagesse et les pratiques du christianisme primitif[1].
Suite à des dissensions au sein de la S.O.T., Willermoz organise en juillet 1782 le convent de Wilhelmsbad auquel assisteront 33 délégués européens. Il y défendra, alors qu'auparavant Joseph de Maistre lui avait fait parvenir son célèbre Mémoire au duc de Brunswick, le courant du Martinésisme mais ne sera pas suivi dans cette démarche par les autres délégués[1].
Très réservé au sujet de comte de Cagliostro , dont il jugea, suite à plusieurs entretiens, le christianisme peu "orthodoxe" à ses yeux, il invita les membres de la Bienfaisance à ne point accorder leur confiance au fondateur en 1785 à Paris, de la première loge mère du rite égyptien, dont le nom était la "Sagesse Triomphante". [2]
Inquiété puis recherché pendant la Révolution, il se cacha dans l'Ain, dans une maison appartenant à son frère Pierre-Jacques, emportant avec lui ses importantes archives maçonniques[1].
Nommé conseiller général du département du Rhône par le Premier Consul le 1er juin 1800, il le restera pendant 15 ans. Il reprend ses activités maçonniques à l'occasion de la reprise des activités des C.B.C.S. en 1804, jusqu'à sa mort à l'âge de 94 ans, le 29 mai 1824[1].
[modifier] Voir aussi
[modifier] Ressources bibliographiques
[modifier] Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article
- Jean-Pierre Bayard, Symbolisme maçonnique traditionnel, vol. 2, EDIMAF, 1981 (ISBN 290-3846-19-7)
[modifier] Autres ouvrages faisant autorité dans ce domaine
- Pierre Chevallier, Histoire de la franc-maçonnerie française, 3 volumes, Fayard, 1974.
- Jean-Marc Vivenza, Le Martinisme, l'enseignement secret des maîtres : Martinès de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz fondateur du Rite Ecossais Rectifié, Le Mercure Dauphinois, 2005.
[modifier] Articles connexes
[modifier] Références et notes
- ↑ a b c d e f g h (Bayard et 1981 245-248)
- ↑ « Willermoz a conté ses entrevues avec Cagliostro à Charles de Hesse (Lettre du 6 au 8 novembre 1784. (« Il venait dans le désir d'établir le rite égyptien en France et son chef-lieu à Lyon. Il avait jeté les yeux pour cela sur la Loge de la Bienfaisance de Lyon ») ; il en fit part aussi, d'une façon plus officielle, au duc d'Havré de Croy, le 13 décembre 1785 (Lyon, ms. 5458, pièce 11). Ils eurent ensemble quatre entretiens longs et graves, dont le dernier ne dura pas moins de cinq heures. La dernière conversation porta sur la nature de Jésus-Christ. « Il parut, écrit Willermoz, embarrassé et hésita. Il termina cependant par déclarer que Jésus-Christ n'est pas Dieu, qu'il était seulement fils de Dieu, comme lui Cagliostro, et un philosophe. Je lui demandai comment donc il expliquait tels et tels passages de l'Évangile qu'il avait nommés quelquefois. Il prétendit que tous ces versets étaient faux et ajoutés au texte. Il me demanda à son tour quelle était ma croyance sur ce point. Je lui fis ma profession de foi. » (Willermoz, Lettre à Ch. de Hesse, 8, 9 novembre 1784).L'aventurier sentit que la partie était perdue. Mais il était homme à chercher avantage même d'une défaite. Celle-là lui permettait de revenir sur ses embarrassantes promesses. Il allégua qu'étant donnée cette différence de croyance, il lui était impossible de donner aucune preuve de son pouvoir. A quoi l'autre répliqua qu'une différence d'opinion n'empêchait pas les faits. Cagliostro persista dans son refus. Willermoz fit remarquer que c'était manquer à la parole donnée. Cagliostro prétendit qu'on la lui avait extorquée. Willermoz se fâcha devant une mauvaise foi aussi impudente." (A. Joly, Un mystique lyonnais et les secrets de la franc-maçonnerie, 1730-1824, Protat Frères, 1938, pp. 209- 211).