Janjawid
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Janjawid (prononcer Djandjaouïd, en arabe : جنجويد) est un terme générique pour désigner les miliciens du Darfour, au Soudan. Selon la définition des Nations unies, les Janjawids sont des criminels se revendiquant comme Arabes, bien qu’étant souvent d’origine Baggara. Depuis 2003, ils sont parmi les acteurs principaux du conflit sanglant au Darfour, qui oppose la population arabe du Soudan aux musulmans non-arabes de la région.
Le nom de Janjawid a le sens de hordes en arabe ; sans certitude, on établit une étymologie avec djinn (esprit) ou jawad (cheval). Selon la BBC, les Janjawids sont les successeurs des premières milices tribales arabes, les Miurahilin[1], qui existaient depuis très longtemps. Les Janjawids, primitivement constitués d’Abbala, des chameliers, sont aussi renforcés de bergers Baggara depuis 2004.
[modifier] Histoire
Les Janjawids sont des milices levées dans les tribus arabes du Tchad et du Darfour, connus pour les massacres, les viols et les déportations qu’elles commettent depuis 2003 au Darfour.
La première apparition des Janjawids remonte à 1988, après la victoire du président tchadien Hissène Habré, soutenu par la France et les États-Unis, sur l’armée libyenne, qui met fin aux visées territoriales du colonel Kadhafi sur le Tchad. L’allié tchadien de la Libye, Acheickh Ibn Omer Saeed, se retire avec ses milices arabes au Darfour, où il est accueilli par Musa Hilal, le nouveau chef des Arabes du nord Darfour. Hilal avait déjà fourni en armes les miliciens de Saeed. Une incursion franco-tchadienne en territoire soudanais détruit le camp d’Ibn Omer, mais ces milices restent armées grâce au soutien des hôtes soudanais, dans la lignée de l’idéologie de suprématie arabe libyenne.
Dans les années 1990, les Janjawids, amalgame de milices arabes du Tchad et du Darfour, sont tolérées par le gouvernement soudanais, qui les intègre à sa politique régionale de contrôle territorial. La majorité des Arabes du Darfour, les Baggaras, ne se sont pas impliqués dans le conflit. En 1999-2000, confronté aux menaces de rébellion dans le Darfour occidental et septentrional, Khartoum décide d’armer les milices Janjawids. Quand l’insurrection prend de l’ampleur en février 2003, conduite par l’Armée de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l'égalité, le gouvernement soudanais réplique en faisant des Janjawids sa principale force de répression. Encouragées à attaquer et reconquérir les zones tenues par les rebelles au Darfour, les milices Janjawids ont utilisé la tactique de la terre brûlée, accompagnée d’atrocités généralisées à l’encontre des civils. Le Département d'État (ministère des Affaires étrangères des États-Unis), soupçonne depuis 2004 les chefs Janjawids de génocide. Le conseil de sécurité des Nations Unies a aussi appelé à un désarmement des milices Janjawids.
Début 2006, de nombreux Janjawids ont été intégrés à l’armée soudanaise, à la Défense populaire ou aux gardes-frontières. Dans le même temps, les Janjawids ont intégré des Arabes du Darfour oriental, historiquement étrangers à ces milices. Les Arabes du Tchad sont eux de plus en plus actifs pour obtenir un soutien politique au Tchad, au sein des Forces unies pour un changement démocratique.
Moussa Hilal, à la tête d’une petite mais puissante tribu arabe du Darfour[2], est suspecté d’être lui-même un chef Janjawid par le Département d’État.[3],[4]