Gérard Genette
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Gérard Genette, né en 1930 à Paris, est un critique littéraire et théoricien de la littérature qui a construit sa propre démarche au sein de la poétique à partir du structuralisme.
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[modifier] Biographie
Après ses classes préparatoires au Lycée Lakanal, il intègre l'École normale supérieure, obtient l'agrégation de lettres classiques et enseigne en hypokhâgne au Mans (en meme temps que son condisciple de la rue d'Ulm, Jacques Derrida). De 1963 à 1967 il est assistant de Marie-Jeanne Durry à la Sorbonne où il dirige les travaux pratiques des étudiants qui suivent le cours magistral de Durry. Ensuite, grâce à Roland Barthes, il est nommé à l'École pratique des hautes études. Il restera comme directeur d'études, puis directeur de recherches à l'École des hautes études en sciences sociales jusqu'à sa retraite en 1994. Il a été aussi visiting professor à l'Université Yale, en 1969.
Il a fondé, en 1970, avec Tzvetan Todorov la revue Poétique et dirige la collection du même nom aux éditions du Seuil, collection spécialisée en théorie littéraire. Avec Henri Mitterand il était un des premiers à soutenir une thèse d'état sur travaux (en l'occurence Figures I-III), en 1972, à l'Université Paris IV-Sorbonne.
Gérard Genette a joué et continue de jouer un rôle fondamental dans l'avancée des études formelles de la littérature. Il est l'un des représentants les plus importants de la « nouvelle critique » dans les années 1960, et poursuit depuis l'entreprise théorique amorcée alors autour de Roland Barthes.
Au travers de nombreux essais, il a étudié le sens du discours, les aspects du langage, ses origines et ses mécanismes, grâce aux moyens qu'offre la critique, en regard de ceux que peut proposer le structuralisme. Dans les trois premiers tomes de Figures (1966-1972), puis dans Nouveau Discours du récit (1983), il explore les divers aspects d'une science du narratif qu'il tente de mettre en place, la « narratologie ». Il se penche également sur la classification des genres dans Introduction à l'architexte (1979), et sur la transtextualité - les rapports des textes les uns envers les autres - dans Palimpsestes (1982). Avec Seuils (1987), il s'intéresse à l'entour du texte, à tout ce qui l'accompagne et le fait exister en tant qu'objet accessible, la présentation éditoriale et les divers textes de commentaire, le paratexte. Au cours des années 1990, sa réflexion s'élargit à l'esthétique dans les deux volumes de L'Œuvre de l'art, qui reprend et discute en ce domaine les propositions de l'esthétique analytique de Nelson Goodman et Arthur Danto.
Gérard Genette a été membre du groupe Socialisme ou barbarie. Il est marié à Raymonde Debray Genette, elle aussi enseignante et chercheuse littéraire.
[modifier] Concepts inventés ou développés par Gérard Genette
[modifier] Transtextualité
La transtextualité est un concept que Genette a développé, plus particulièrement, dans son livre Palimpsestes. Grossièrement, la transtextualité se définit par tout ce qui met un texte en relation, manifeste ou secrète, avec un autre texte.
[modifier] Termes définis dans Figures III
Œuvre considérable dans l'évolution de la narratologie, mais plus largement de la poétique (littéraire), Figures III semble poser les bases d'une analyse littéraire aussi précise qu'essentielle. À travers son œuvre, Gérard Genette définit des termes clés de l'analyse narratologique. A cela s'ajoutent évidemment des termes venant des analyses de Franz Karl Stanzel ou encore de Tzvetan Todorov.
- Diégèse (Diegesis pour l'analyse en anglais)
« La diégèse est l'univers spatio-temporel désigné par le récit. »[1]
Cette notion est évidemment centrale, puisque tout l'acte de narration se trouve lié à la diégèse. Cet univers purement littéraire, autant que l'est le narrateur, constitue l'essence même de l'histoire qui sera racontée, ou narrée, par l'instance narrative.
- Métalepse (Metalepsis pour l'analyse en anglais)
Deux éléments sont nécessaires pour qu'une métalepse puisse s'établir; pour être plus précis, deux diégèses doivent être requises. Soit une instance narrative en train de raconter sa propre histoire avec ses personnages. Un de ses personnages (appartenants à la diégèse dite numéro 1 ou de niveau supérieure) raconte alors une autre histoire, créant ainsi une seconde diégèse (ou une diégèse de niveau 2 ou de niveau inférieure). Dans ces conditions-ci, le passage d'une diégèse à une autre, d'un niveau narratif à un autre, d'un monde fictif à un autre, constitue alors une métalepse.
Plusieurs moyens sont possibles pour passer d'un univers spatio-temporel à un autre (différent). Par exemple, un narrateur peut nous amener à passer d'une diégèse à une autre par l'intermédiaire, par exemple, d'une lettre. Ainsi un personnage (ou personnage-narrateur) lira une lettre, créant simultanément un autre univers spatio-temporel, totalement différent de celui dans lequel le personnage se situe lorsqu'il lit la lettre.
Pour continuer dans la définition des termes introduits dans Figures III, deux critères permettent de définir précisément le statut du narrateur. Le premier correspond à la relation du narrateur à l'histoire, permettant d'opposer les termes de « hétérodiégétique » et « homodiégétique » (ou « autodiégétique » si tel est le cas); pour le second critère, il s'agit du niveau narratif du narrateur. Cette dernière distinction met en exergue les termes de « extradiégétique » et « intradiégétique ».
- Hétérodiégétique
- Homodiégétique
- Autodiégétique
- Extradiégétique
- Intradiégétique
[modifier] Œuvres
- Figures, essais, 1966 sqq.
- Figures I, Éditions du Seuil, collection Tel Quel, Paris, 1966, 269 pages.
- Figures II, Éditions du Seuil, collection Tel Quel, Paris, 1969, 293 pages.
- Figures III, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1972, 285 pages. Cf. infra Discours du récit.
- Figures IV, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1999, 364 pages.
- Figures V, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 2002, 352 pages.
- Mimologiques : voyage en Cratylie, collection Poétique, Éditions du Seuil, Paris, 1976, 427 pages.
- Introduction à l'architexte, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1979, 89 pages. Cf. infra Fiction et diction.
- Palimpsestes, La littérature au second degré, Éditions du Seuil, collection Essais, Paris, 1982, 561 pages.
- Nouveau discours du récit, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1983, 118 pages.
- Discours du récit, Editions du Seuil, collection Points Essais, Paris, 2007, 435 pages, réunit deux essais publiés auparavant, à savoir « Discours du récit » (Figures III, pp. 71-273 resp. 67-282 ) et Nouveau discours du récit.
- Seuils, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1987, 389 pages.
- Fiction et diction, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1991, 150 pages.
- Fiction et diction est réédité avec L'introduction à l'architexte, Éditions du Seuil, collection Points Essais, 2004, 236 pages.
- L'Œuvre de l'art, 2 volumes :
- 1 : immanence et transcendance, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1994, 299 pages.
- 2 : la relation esthétique, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 1997, 292 pages.
- Métalepse, Éditions du Seuil, collection Poétique, Paris, 2004, 132 pages.
- Bardadrac, Editions du Seuil, collection Fiction & Cie., Paris, 2006, 452 pages.
[modifier] Liens externes
- Entretien sur Figures IV
- Entretien sur Métalepse
- "G. Genette et la quête du récit à l'état pur" par Charlotte Lacoste
[modifier] Références
- ↑ Figures III, Éditions du Seuil, Paris, 1972; page 280.