Forteresse de Mornas
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La forteresse de Mornas, dans le département du Vaucluse, se dresse sur un éperon rocheux de la rive gauche du Rhône, dominant le village établi à son pied et les environs.
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[modifier] Historique
L'occupation du site de la forteresse remonte au moins à l'époque romaine. Les vestiges d'un oppidum ont été découverts au sud-est de la forteresse, de même que plusieurs sites contemporains en contrebas de la montagne[1].
Mornas est mentionné pour la première fois au IXe siècle (Rupea Morenata), et fut tour à tour propriété de l'abbaye d'Aniane[2], de l'archevéché d'Arles puis des Comtes de Toulouse. Tandis qu'un village se développe au pied de la montagne, le site du "castrum" se fortifie en continuité avec l'oppidum romain. Ces premières fortifications étaient très probablement en bois.[3]. La forteresse va alors être longuement disputée par les Comtes de Toulouse et les Archevêques d'Arles, en raison notamment de sa position stratégique. En 1209, pendant la Croisade contre les Albigeois, le Comte Raymond V, accusé de sympathiser avec les "hérétiques", est forcé de léguer plusieurs de ses places fortes, dont Mornas, à l'Église. Mornas repasse ainsi sous le giron de l'archevêque d'Arles, avant d'être reprise par le Comte de Toulouse jusqu'au Traité de Paris en 1229, selon lequel toutes les possessions comtales à l'Est du Rhône passent sous l'autorité du Roi de France, à l'exception du Comtat Venaissin, et de facto Mornas, qui appartient désormais au pape[4]. Ce dernier confie l'administration du Comté au Roi de France jusqu'en 1274, date à laquelle le pape Grégoire X reprend en main son administration. La forteresse est placée sous la tutelle des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Ces derniers rétrocèdent la forteresse, coûteuse à entretenir, en 1320[5].
La place-forte jouera un rôle important de défense lors de la Guerre de Cent Ans, notamment contre les "compagnies" de routiers qui ravagent le pays à plusieurs reprise. Ces troubles cessent à la fin du XIVe siècle, marquant ainsi le début d'une période d'accalmie qui durera jusqu'à la deuxième moitié du XVIe siècle et les Guerres de Religion[6].
Négligée par l'Église pendant tout ce temps, la forteresse, mal entretenue, tombe facilement entre les mains des troupes protestantes en 1562 dirigées par Montbrun, lieutenant du Baron des Adrets, qui fait précipiter les réfugiés et la garnison du haut de la falaise[7]. Dans les années qui suivent Mornas est alors successivement aux mains des catholiques et des Huguenots.
Les troubles cessèrent à la fin du XVIe siècle, et la forteresse, perdant son rôle défensif, tombe peu à peu dans l'oubli et l'abandon. À partir de 1977, sa restauration est entreprise sous l'impulsion de l'association des "Amis de Mornas". La réhabilitation se poursuit encore aujourd'hui, et de nombreuses animations et reconstitutions sont proposées pendant la période estivale notamment[8][9].
[modifier] Description
La forteresse, perchée sur un escarpement rocheux sur la rive gauche du Rhône, est de forme plus ou moins trépazoïdale, dont le grand côté se trouve tourné vers l'ouest et le Rhône.
Les différentes parties sont difficilement datables, du fait du style militaire assez uniforme relativement homogène employé dans la construction.
La partie nord est occupée par la forteresse proprement dite : l'accès est protégé par une barbacane suivie d'une chicane, ouvrages pouvant être datés du XIVe siècle. Ce dispositif est complété par une casemate datant du XVe siècle[10].
L'intérieur de la partie nord s'organise autour d'une esplanade, bordée à l'est par la porte d'accès, les citernes et les anciens logis, restaurés. Au sud s'élève le donjon, tour quadrangulaire de 20 mètres de haut et 3,50 par 5,60 mètres de côté[11]. Son sommet offre un magnifique panorama sur vallée du Rhône et les environs. Au sud-est de l'ensemble nord se dresse la chapelle, à nef unique de trois travées voûtée en plein cintre sur doubleaux et terminée par une abside en cul-de-four. L'édifice, remontant vraisemblablement à l'époque romane, a été grandement restauré dans les années 1980 (reconstruction de la voûte, déblaiement des gravats). L'abside a été incluse dans le rempart défensif au XIVe siècle[12].
L'ensemble est nord est séparé de la partie sud, ou basse-cour, par deux douves sèches successives. Il s'agit d'une vaste étendue, correspondant à la partie méridionale du promontoire, cernée par une enceinte remontant au XIVe siècle et qui se raccordait au système de défense du village proprement dit, en contrebas. La raison d'être d'une telle superficie fortifiée n'est pas connue[13].
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes et références
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, Elan Sud, p. 2
- ↑ Jean-Maurice Rouquette, Provence Romane I : la Provence Rhodanienne, Zodiaque, 1980, p. 43
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, p. 4
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, p. 7
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, p. 8
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, p. 9
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, p. 10
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, p. 17
- ↑ La forteresse de Mornas, Les Amis de Mornas. Consulté le 31/05/2008
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle p. 18
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle p. 19
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle p. 20
- ↑ Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle p. 22
[modifier] Bibliographie
- Les Amis de Mornas, Mornas : Histoire d'une citadelle, Elan Sud.
- Jean-Maurice Rouquette, Provence Romane I : la Provence Rhodanienne, Zodiaque, 1980.