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Danie Craven - Wikipédia

Danie Craven

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Pour les articles homonymes, voir Danie et Craven.

Daniël Hartman Craven ou Danie Craven, né le 11 octobre 1910 à Lindley dans la province de l'État-Libre en Afrique du Sud, décédé le 4 janvier 1993 à Stellenbosch dans la province du Cap-Occidental, est un ancien joueur (1,79 m, 80kg), puis entraîneur, et enfin dirigeant de rugby à XV sud-africain.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans l’Etat libre d’Orange, dans la famille d’un pasteur protestant de l’église réformée, il entre à l’université de Stellenbosch, haut lieu du nationalisme afrikaner, où il rencontre le Dr A.F. Markötter, entraîneur de l'équipe de rugby, qui aura une influence décisive sur sa vie.

Evoluant essentiellement au poste de demi de mêlée, « Doc Craven », comme on le surnommait parfois, joua aussi demi d'ouverture, centre et même troisième ligne centre.

En 1931, à l'âge de vingt et un ans, il joue son premier match avec l'équipe nationale, les Springboks, lors d’une tournée au pays de Galles, alors qu’il était parti comme remplaçant. Il ne joue son premier match de province que l'année suivante avec la Western Province. En 1934, il passe à l'Eastern Province, puis au Northern Transvaal en 1938, année où cette nouvelle province est formée.

Durant cette période, il est l'un des meilleurs demis de la planète rugby. Craven fait sa dernière apparition sous le maillot springbok au Cap cette année-là en tant que capitaine, lors d'une tournée des Lions. Sa carrière est en effet stoppée par le début de la Seconde Guerre mondiale.

Craven est aussi un intellectuel. Parallèlement au rugby, il poursuit des études très poussées, qui le mènent à trois (!) doctorats (anthropologie, psychologie, éducation physique), et enseigne dans un collège de Grahamstown. Peu avant la guerre, il étudie l’éducation physique en Allemagne et voyage dans toute l'Europe, notamment en Angleterre, et réfléchit à son sport en termes plus cérébraux en observant les sportifs européens.

Ceci contribue grandement à ses succès et lui fabrique une image d'innovateur génial. Il met au point une approche révolutionnaire pour l'époque en développant les méthodes d’entraînement, la technique individuelle et collective, notamment à Stellenbosch qui devient l'« usine à Springboks ». Le stade de l’université porte d'ailleurs aujourd'hui son nom.

Après la guerre, Craven fait partie du comité de sélection des Springboks, puis devient entraîneur de l’équipe en 1949. Il entame son bail en remportant 4 victoires à 0 une série contre l'autre grand du rugby mondial, les All Blacks, ce qu’aucune autre équipe n’avait jamais réalisé, et n’a réalisé depuis. Dans la foulée, il mène les Boks à une tournée triomphale dans les îles Britanniques et en France, au cours de laquelle ils remporteront 30 de leurs 31 matchs, dont un grand chelem contre les cinq équipes du Tournoi des 5 nations. Avec une victoire supplémentaire contre l’Australie, les Springboks restent invaincus pendant 10 matches, une éternité à l’époque, avant de tomber lors du deuxième test de 1953 contre les Australiens. Au total, il conduit son équipe à 17 victoires lors des 23 tests qu'il dirige en tant qu'entraîneur.

Mais les succès se font plus rares à partir de 1955 et Craven est démis de ses fonctions après avoir perdu pour la première fois une série de tests contre la Nouvelle-Zélande (1-3) pendant l'été 1956. Mais son aura est telle que, avant même la fin de sa carrière de sélectionneur, il devient, en avril 1956, président de la fédération sud-africaine de rugby, le « South African Rugby Board » (devenu la SARFU, puis la SARU). Il en sera l'indéboulonnable président jusqu'à sa mort en 1993. C'est lui qui fait de la fédération une institution gigantesque, rentable et dotée d’un pouvoir d’influence considérable.

Durant cette même période il devient aussi un membre influent de l'IRB, la fédération internationale, occupant le poste de président à de nombreuses reprises, la première fois en 1959.

[modifier] Craven et l’apartheid

Craven est aussi connu pour avoir tenté de s’opposer à la ségrégation. Cette prise de conscience, qui se fait par le biais de sa passion pour le rugby, débute en 1965, lorsque le Premier ministre sud-africain Hendrik Verwoerd déclare que les Māori ne pourront pas entrer sur le sol sud-africain à l’occasion de la tournée prévue en 1967, en raison de la politique d’apartheid qui interdisait les contacts entre « races » dans tous les domaines de la vie, y compris le sport. Craven se rend alors peu à peu compte de l’iniquité de cette politique qui risquait de renforcer l’ostracisme de la communauté internationale vis-à-vis de l'Afrique du Sud et de tuer son sport dans son pays.

L’une de ses plus belles réussites est la création de la Craven Week, tournoi réservé aux juniors depuis 1964, où Craven réussit à imposer la participation d’équipes qui ne sont pas uniquement blanches.

Néanmoins, cette évolution devient vraiment sensible dans la deuxième moitié des années 70. Craven est particulièrement influencé par le président de la Fédération française, Albert Ferrasse, pourfendeur de l'apartheid, qui impose des tournées en Afrique du Sud au mépris des polémiques. Craven accepte ainsi de laisser jouer l’ailier français Roger Bourgarel en 1971, l’arrière Serge Blanco en 1980, tous deux noirs. Entre-temps, il autorise trois rencontres contre des sélections noires, métisses et multiraciales lors de la tournée française de 1975. Dans le rugby, milieu tenu par des Afrikaners conservateurs, à une époque où l’idéologie nationaliste d’apartheid était toute-puissante, il se fait de solides inimitiés. Il ne faisait notamment pas partie du Broederbond, société secrète afrikaner qui contrôlait la vie publique sud-africaine [1], mais même ses adversaires savaient que ses contacts internationaux étaient essentiels pour maintenir l’Afrique du Sud sur la scène internationale.

Au début des années 80, les incidents se multiplient lors des matchs des Springboks, notamment lors de leur tournée en Nouvelle-Zélande en 1981 [2]. Le raidissement de la communauté internationale depuis les émeutes de Soweto en 1976 débouchent sur un boycott particulièrement strict vis-à-vis de l’Afrique du Sud, auquel le sport n’échappe pas. Mais nombreux sont ceux qui souhaitaient maintenir les liens, dont Craven qui contribua à organiser plusieurs tournées « pirate », comme celles des Jaguars sud-américains (1980 et 1984) ou celle des Cavaliers, équipe néo-zélandaise comprenant quelques All Blacks, en marge de la fédération néo-zélandaise en 1986. Craven quitte l’International Board à la suite de cette tournée à laquelle il avait initialement affirmé qu’il s’opposerait. Cette année-là, il organise la première séance d’entraînement à Soweto.

En 1988, il rencontre les leaders de l’ANC en exil au Zimbabwe, en compagnie de Luis Luyt, le tout-puissant président de la fédération du Transvaal, au mépris de la loi et de la politique, ce qui en dit long sur le crédit accordé à Craven et à l’importance du rugby en Afrique du Sud.

Craven est enfin à l’origine de la création de la fédération sud-africaine actuelle, la première qui fut unifiée et non-raciale après la chite de l'aparthied en 1990. La South African Rugby Football Union (SARFU, devenue depuis la SARU), fondée en mars 1992, remplace le SARB et de la SARU, fédération métisse, et il en devient l’un des deux premiers co-présidents en compagnie d’Ebrahim Patel [3]. Grâce à cette nouvelle institution, Craven voit l’Afrique du Sud réintégrer la communauté internationale du rugby. Il décède moins d’un an plus tard.

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • Jean-Pierre Bodis, Le rugby sud-africain : histoire d'un sport en politique, Karthala, 1995.
  • Midol Mag Spécial Afrique du Sud 92, Midi Olympique, 1992.

[modifier] Notes

  1. Sport, Power and Society in New Zealand
  2. http://wairarapa.co.nz/times-age/weekly/2001/springboks_tour.html Compte-rendu de la tournée de 1981 des Springboks en Nouvelle-Zélande (en anglais)
  3. Les faux rebonds de l'Ovale
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