Chasse de nuit
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La chasse au gibier d'eau de nuit est une pratique légale dans certains départements français, notamment côtiers. Elle se pratique à partir d'installations nommées tonnes, huttes ou gabions selon les régions. Le principe consiste à faire poser des gibiers d'eau (canards et oies) sur l'eau à portée de tir (50 m environ).
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[modifier] L'installation
Depuis 2001, toutes les installations pour la chasse de nuit sont répertoriées et immatriculées. Aucune nouvelle immatriculation n'est délivrée dès lors, et le nombre d'installations par commune en France ne peut donc plus évoluer. Ces installations peuvent être de plusieurs types :
- tonne enterrée : sur les marais côtiers et/ou aménagés du Sud-Ouest (Gironde et Charente-maritime surtout), les installations, souvent plutôt spacieuses et relativement confortables, sont enterrées au abords d'une mare de façon à avoir les créneaux (fenêtres d'observation et de tir) au niveau de l'eau ;
- tonne flottante / sur pilotis : sur les marais intérieurs non aménagés, soumis aux crues annuelles (Exemple : en Charente-maritime, vallée de la Charente, de la Boutonne, de la Trézence), les installations sont plus modestes et spartiates. Elles se situent au-dessus du niveau de l'eau et au milieu des eaux. L'accès se fait le plus souvent en barque (propulsée à la piguouille notamment) ;
- hutte, dans le nord ;
- gabion, en Normandie.
[modifier] Faire poser le canard
Tout l'art de la chasse à la tonne consiste à faire poser un canard sauvage, ou un vol de canards (ou d'oies) sauvages à proximité de l'installation. Pour y parvenir, le tonnayre (chasseur à la tonne) a recours à des auxiliaires :
- Appelants (ou « appeaux ») : des canards sélectionnées pour leurs chants sont attachés devant la tonne selon une disposition particulière (selon la force et la direction du vent, la lune, la saison et les qualités spécifique de chaque appelant). Cette disposition particulière doit permettre de faire poser le canard sauvage exactement à l'endroit voulu. Le canard le plus souvent utilisé est le canard colvert (de souche plus ou moins domestique), mais certains utilisent également d'autres espèces à l'attache (canard siffleur, sarcelle d'hiver et canard pilet notamment). Des oies (de souche plus ou moins sauvage également) peuvent être utilisées. Le chasseur prend le plus grand soin de ses appelant toute l'année et plus particulièrement lors de l'attache (seul un canard en forme et à l'aise donnera le meilleur). À titre d'exemple, en France, selon le recensement mis à jour à l'occasion du Plan "Grippe aviaire", dans un département tel que l'Oise, environ 4000 chasseurs chassent dans 144 huttes déclarées, avec l'aide de 5790 appelants (mi 2007) également déclarés[1]. Des départements littoraux comme celui du Pas de Calais en comptent beaucoup plus. En 2006, suite à plusieurs cas de H5N1 en France et en Europe, les appelants ont été autorisés s'ils n'étaient pas en contact direct avec les animaux sauvages, parqués à proximité de l'eau ou dans des cages maintenues au-dessus de la surface de l'eau.
- Formes (ou « plastiques ») : des formes flottantes de canards sauvages permettent de simuler la présence de groupes de canards à proximité de la tonne. Ils attirent ainsi l'attention visuelle du canard sauvage et permettent, sur les grandes étendues d'eau, de délimiter les espaces de pose de ces canards.
[modifier] Le guet et le tir
Le tonnayre guette toute la nuit la pose éventuelle de canards sauvages. Pour faciliter la vision des détails sur l'eau la nuit, il utilise une paire de jumelle a grande luminosité (7*50 le plus souvent). L'eau reflétant la clarté du ciel, il est relativement aisé de voir les formes plus sombre des canards qui se découpent sur l'eau. L'écoute, la forme et le comportement de l'oiseau posé sont autant de critères d'identification utilisés par le chasseur. Une fois l'oiseau formellement identifié comme un gibier, le chasseur peut ajuster un tir à l'aide d'une arme de calibre 12 équipée d'une lunette de tir du même grossissement que les jumelles. Le canard, et plus encore l'oie, étant bien protégé par leur couche de plume, les charges tirées sont le plus souvent assez importantes. Ainsi, 50 à 60 grammes de plomb pouvaient être envoyés par tir. Depuis juin 2006, ces munitions toxiques ont été remplacées par l'acier, le bismuth et le tungstène, moins denses et plus chères, avec des charges donc inférieures.
[modifier] Des heures et des heures
Les heures les plus fastes pour la pose de canards sont celles suivant juste le coucher du soleil et celles précédant son lever. Les nombreuses heures de guet infructueuses du chasseur durant les nuits d'hiver sont plus le fait d'une passion sans faille pour ce mode de chasse que l'assurance de prélever du gibier. Heureusement, le tonnayre prend déjà bien du plaisir à entendre chanter ses appelant, à voir voler les oiseaux au petit jour et à gouter l'ambiance nocturne des marais, dont la faune est toujours en activité.
[modifier] Dérives
Cette chasse traditionnelle et populaire des hommes du marais à qui ne restaient que les nuits pour chasser entre les jours de travail tend désormais en certains endroit vers le business cynégétique. Le prix d'une nuit de chasse dans une installation luxueuse, où sont fournis des appelants déjà mis en place, peut atteindre des sommes indécentes...
[modifier] Références
- ↑ Source : Article du Parisien, 27 aout 2007