Cartésianisme
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Le cartésianisme désigne un courant philosophique qui se réclame des principes et des thèses de la pensée de Descartes (1596-1650).
Le cartésianisme s'est particulièrement manisfesté à travers le premier ouvrage philosophique publié en langue française, le célèbre Discours de la méthode (1637), sous-titré « pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ».
Le cartésianisme est une philosophie rationaliste.
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[modifier] Description
[modifier] Contexte de la naissance du cartésianisme
Pour bien comprendre les caractéristiques de la philosophie de Descartes, il est nécessaire de revenir sur le contexte dans lequel cette philosophie a été élaborée.
Au début du XVIIe siècle, le monde scientifique et philosophique se trouvait plongé dans la controverse ptoléméo-copernicienne. La théorie émergente de l'héliocentrisme bouleversait certains principes établis dans les universités.
Les plus grands scientifiques et philosophes de l'époque échangeaient sur ces questions à travers des réseaux de correspondance qui s'organisaient autour de quelques personnalités (Marin Mersenne, Peiresc). Marin Mersenne, qui rassembla les objections sur les méditations sur la philosophie première auprès des plus grands esprits de cette époque, avait publié quelques années auparavant (1623) un ouvrage intitulé Questions sur la Genèse, dans lequel il critiquait violemment la Kabbale chrétienne et Pic de la Mirandole, ouvrage auquel répondit Jacques Gaffarel.
Descartes, qui échangeait une correspondance avec Marin Mersenne, a élaboré l'essentiel de sa philosophie en réaction au procès de Galilée (1633). Après avoir reçu le dialogue sur les deux grands systèmes du monde, qui faisait l'objet de la condamnation, Descartes a renoncé à publier son propre traité de physique intitulé Traité du monde et de la lumière. Le résultat du procès poussa Descartes à orienter sa carrière vers la philosophie.
Le discours de la méthode (1637), premier ouvrage purement philosophique de Descartes, et premier ouvrage philosophique écrit en langue française, a été écrit quelques années plus tard. [1].
[modifier] Caractéristiques générales
Grosso modo, la philosophie cartésienne repose sur quelques postulats simples que l'on peut résumer de la façon suivante :
- L'homme peut accéder à la connaissance universelle par la raison.
- Il emploie pour cela toutes les ressources de son intelligence, en premier lieu l'« intuition évidente » et la déduction, mais également l'imagination, les sens, et la mémoire (les Règles pour la direction de l'esprit) ;
- L'homme est une « substance pensante ».
- Ceci s'exprime par le célèbre cogito ergo sum, exposé dans le discours de la méthode, et précisé pour l'essentiel dans les méditations sur la philosophie première ;
- L'homme peut s'appuyer sur la raison seule, et n'a pas besoin des « lumières de la foi » pour accéder à la connaissance (les Principes de la philosophie).
- Partant de ces postulats, toute la connaissance repose sur une nouvelle métaphysique, y compris la morale (les Principes de la philosophie).
Il faut noter que Malebranche, que l'on considère comme cartésien, a proposé des démarches qui intègrent Dieu (voir occasionalisme).
[modifier] Rupture avec la scolastique
Etant donné son origine, qui est basée sur la vision du monde du XVIIe siècle, le cartésianisme est assez proche du mécanisme, qu'il a engendré après la confirmation des hypothèses sur le mouvement des planètes effectuée grâce au formalisme mathématique élaboré par Newton.
La métaphysique de Descartes représente en réalité une rupture assez radicale par rapport à celle de la philosophie scolastique, qui avait élaboré une synthèse entre la philosophie d'Aristote et le christianisme, et défini avec précision le concept de substance (voir aussi Fides et ratio. Dans l'esprit de Descartes, le cogito représente un principe premier destiné à remplacer la cause première, telle qu'elle était imaginée par Aristote et la scolastique.
[modifier] Principaux philosophes qui se sont réclamés du cartésianisme
[modifier] Aux Pays Bas
La diffusion de la pensée cartésienne a pour foyer la Hollande où Descartes vécut de 1628 à 1649. Les principaux représentants du cartésianisme hollandais furent :
- Henri Le Roy dit Regius, disciple remuant et encombrant avec qui Descartes rompit en 1647 ;
- Arnold Geulincx (1624-1669), philosophe né à Anvers et professeur à l'université de Leyde ;
- le savant Christian Huygens (1629-1695).
[modifier] En France
En France, les représentants du cartésianisme furent :
- Claude Clerselier (1614-1684) traducteur des Objections et des Réponses des Méditations métaphysiques.
- Le physicien Jacques Rohault (1618-1672), né à Amiens, professeur de mathématiques du Dauphin ;
- Louis de La Forge (1632-1666) médecin qui publie en 1666 un Traité de l'esprit de l'homme ;
- Au XVIIIe siècle, des médecins matérialistes, comme La Mettrie (1709-1751), se réclameront de Descartes.
À la mort de Descartes, ses papiers furent confiés à Clerselier qui assurera par ailleurs l'édition posthume de nombreux ouvrages dont notamment le Traité de l'Homme (1664).
[modifier] Autres filiations
Baruch Spinoza a précisé certains aspects de la pensée de Descartes comme :
- la perception,
- l'éthique,
- la métaphysique (modalités et attributs de la substance).
Nicolas Malebranche (1638-1715) a développé une théorie intéressante sur le problème corps-esprit (occasionalisme), qui évite certains écueils de la causalité.
[modifier] Limites et critiques
[modifier] Réception de la philosophie de Descartes
Si l'on excepte les philosophes qui se sont déclarés du cartésianime, les contemporains de Descartes ont souvent reçu assez fraîchement cette philosophie, en particulier les principes métaphysiques exposés dans les méditations sur la philosophie première :
- Thomas Hobbes était réservé, ainsi que Marin Mersenne lui-même,
- Leibniz avait une conception de la substance assez différente de celle de Descartes
- John Locke s'opposait aux spéculations cartésiennes sur la nature de l’âme et ses rapports avec les mouvements physiologiques.
- Certaines personnalités aux Pays Bas trouvaient que la philosophie de Descartes était un pélagianisme.
- Blaise Pascal n'était pas d'accord non plus avec Descartes, estimant que cette philosophie pouvait mener au déisme [2]
Spinoza adhérait à bon nombre de principes métaphysiques, mais divergeait sur les questions de perception.
[modifier] Raisonnement analytique
Pour Descartes, « il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire » (XII° règle).
La pensée de Descartes fut souvent radicalisée par des philosophes ultérieurs.
Le fait est que dans un monde complexe, et en interaction permanente, toute intuition n'est pas évidente. La pensée cartésienne reste très analytique, et manque du caractère holistique qui est aujourd'hui nécessaire pour résoudre des problèmes globaux, en systémique par exemple. l'esprit « cartésien » peut ainsi faire trop appel à une forme déductive de raisonnement, et pas assez à son intuition et à l'induction.
[modifier] Politique
Descartes s'est peu engagé sur la politique.
[modifier] Critiques contemporaines en rapport avec la crise écologique
Enfin, la crise écologique globale amène les contemporains à réévaluer certains aspects de la pensée de Descartes, passés relativement inaperçus jusqu'à aujourd'hui, comme ce passage de la sixième partie du discours de la méthode :
- « [...] Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles [3], on en peut trouver une pratique, par laquelle, connoissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connoissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. »
Jean Bastaire estime que cette philosophie a conduit les occidentaux à une mentalité d'exploitant, alors que la vocation de l'homme est plutôt d'être un intendant ou un gérant [4].
[modifier] Postérité
Au XIXe siècle, certaines idéologies, comme le courant saint-simonien issu de Claude Henri de Rouvroy de Saint-Simon et la positivisme d'Auguste Comte se sont réclamés les successeurs de Descartes.
[modifier] Rappel des principales œuvres philosophiques de Descartes
On retient souvent de Descartes son célèbre discours de la méthode 1637, et on oublie que son œuvre philosophique comporte de nombreux autres ouvrages philosophiques, souvent méconnus :
- Les Règles pour la direction de l'esprit, œuvre inachevée, vers 1628,
- Le Discours de la méthode n'est que la préface à trois traités importants : la Dioptrique, où Descartes a exposé sa théorie du mouvement et du choc ; les Météores, avec une théorie de l'arc-en-ciel ; et enfin la Géométrie, qui pose les bases de la géométrie algébrique.
- Méditations métaphysiques, traduction littérale du latin, méditations sur la philosophie première, 1641, avec six séries d'objections (dont celles de Thomas Hobbes),
- Traité des passions
- Les Principes de la philosophie, 1644
- Les Passions de l'âme, 1649.
- La Recherche de la vérité par les lumières naturelles
Descartes commence à mentionner son célèbre cogito dans le Discours de la méthode, il est développé dans les méditations sur la philosophie première.
Voir l'ensemble de l'œuvre de Descartes dans l'article détaillé : Descartes
[modifier] Références
- ↑ Voir aussi Descartes, par Samuel S. de Sacy, Seuil, réédité en 1996
- ↑ Philosophie et vérité chez Pascal
- ↑ Il s'agit de la scolastique.
- ↑ Réunion du groupe X-environnement à la Maison des Polytechniciens, mercredi 13 juin 2007
[modifier] Bibliographie
- Samuel S. de Sacy, Descartes, Seuil, réédité en 1996.
[modifier] Voir aussi
- Sur Descartes
- Descartes, distinction entre le doute méthodique et le doute hyperbolique
- Cogito
- Discours de la méthode
- Méditations métaphysiques
- Sur la postérité philosophique du cartésianisme
- Sur les concepts philosophiques en rapport avec le cartésianisme