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Barthélemy Prosper Enfantin - Wikipédia

Barthélemy Prosper Enfantin

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Prosper Enfantin (1796-1864)
Prosper Enfantin (1796-1864)

Barthélemy-Prosper Enfantin, dit le Père Enfantin, né à Paris le 8 février 1796 et mort le 31 août 1864, est un ingénieur , polytechnicien et économiste français.


Sommaire

[modifier] Origine

Barthélémy-Prosper Enfantin est né le 8 février 1796 à Paris, de Blaise Enfantin et de Simone Augustine Mouton. Deuxième fils avant le mariage de ses parents, Barthélémy-Prosper à donc un frère, d'un an son ainé, nommé Auguste. Ces deux enfants naissent dans une certaine aisance : la famille Enfantin dispose ainsi d'un domaine, situé sur la colline de Ménilmontant dans le Dauphiné, lieu qui marquera profondément la vie de Barthélémy-Prosper et du Saint-Simonisme.

Par ailleurs la famille compte de nombreux généraux de l'empereur : le Général de division Bon qui est son oncle ou encore le baron de Saint-Cyr-Nugues son cousin, Général de brigade en sont des exemples.

Son père, directeur d'une banque en Provence fait néanmoins faillite peu de temps après la naissance de Barthélémy-Prosper, et perd toute sa fortune. Cette faillite et accompagné de la séparation des parents d'Enfantin : tandis que Blaise Enfantin part à Paris où il devient chef de bureau de comptabilité de l'Université, Augustine Mouton part quant à elle habiter dans sa maison de Ménilmontant .

[modifier] Études

Enfantin commence ses études à la pension Lepitre, puis obtient une bourse au lycée de Versailles et au lycée Napoléon, à Paris où il intègre une classe de Mathématiques Spéciales. Enfantin est un élève brillant, comme le souligne son obtention de bourse, distribuée au compte goutte à cette époque, qui ne présente pas encore les symptômes de l'anti-conformisme qui se retrouveront plus tard dans sa vie. Le proviseur du lycée Napoléon signe même un certificat garantissant que « sa conduite avait été bonne et qu'il avait fait preuve d'attachement au gouvernement ».

C'est aussi au lycée Napoléon qu'Enfantin rencontre Olinde Rodrigues, autre grande figure du Saint-Simonisme qui ne peut pas suivre les mêmes études qu'Enfantin du fait de ses origines juives.

Après un premier concours d'admission en 1812, Enfantin est accepté l'année suivante à Polytechnique, où il rencontre les futurs membres de l'aventure Saint-simonienne. Tandis qu'Enfantin fait de nombreuses demandes de bourses pour l'École polytechnique, l' empire Napoléonien bat de l'aile : le 30 mars 1814, trois armées ennemies encerclent la capitale. Les polytechniciens participent à la défense de la ville au commande d'une batterie de 28 canons. La ville défaite, Enfantin et quelques uns de ses compagnons d'école gagnent à pied Fontainebleau pour rejoindre ce qui reste de l'armée Impériale.

Néanmoins l'école polytechnique ouvre de nouveau après ces combats. Enfantin est contraint de partir un an après son entrée à polytechnique, sa demande de bourse étant refusée malgré les nombreuses lettres de son père.

[modifier] La rencontre des Saint-Simoniens

À 18 ans, Enfantin doit donc trouver une nouvelle situation. Celui-ci trouve vite un métier chez un cousin, Louis Saint-Cyr-Nugues, à Romans. Celui-ci est un important négociant de vin, qui apprend vite à Enfantin les ficelles du métier. Les affaires du négociant étant très étendues, Enfantin voyage : il visite ainsi l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse puis la Russie où il reste de 1821 à 1823.

En Russie, Enfantin retrouve des amis Polytechniciens envoyés pour construire le premier réseau de chemin de fer : Raucourt, Lamé, Bazaine, Clapeyron. Enfantin entre dans leur cercle où il discute philosophie et sociologie. Enfantin y reçoit aussi ses première leçons d'économie par Jean-Baptiste Say.

Enfantin revient ensuite en France, et retourne à Curson, dans la Drôme, où ses parents ont une maison. Il y rencontre une veuve, Madame Morlane, protégée de sa mère, qui devient très vite sa maîtresse. C'est aussi à cette époque que débute sa carrière de publiciste et d'économiste : son premier ouvrage est une réponse à une question d'économie mise au concours de l'académie de Lyon, tandis que le second est un mémoire sur les travaux de Jeremy Bantham.

Enfantin part ensuite s'installer à Paris avec sa maitresse, où il propose au gouvernement qui connais d'importants problèmes financiers des solutions. Ses solutions attirent l'attention du banquier Laffite et les deux hommes se rencontrent pour la première fois (celui-ci soutiendra ensuite Enfantin dans nombre de ses démarches et ils collaboreront pour la création de la société des chemins de fer).

Il retrouve aussi Olinde Rodrigues, ce qui marque un tournant de sa vie : celui-ci est en effet devenu l'un des disciples favoris de Saint-Simon. Remarquant l'intelligence d'Enfantin, Rodriguès s'empresse de le présenter à Saint-Simon lors de la lecture du dernier livre du philosophe « le nouveau Christianisme ». Peu convaincu au départ, Enfantin devient très vite un profond adepte de la doctrine de Saint-Simon.

Peu de temps après cette rencontre, Saint-Simon décède le 19 mai 1825 d'un congestion pulmonaire. A la fin de ses obsèques, ses disciples se réunissent chez Olinde Rodrigues (dans les bureaux de la Caisse Hypothécaire, où celui-ci travail), et décident d'unir leurs efforts pour accomplir le projet de leur maître : créer un journal.

[modifier] Son œuvre de publiciste

Afin de soutenir cette entreprise, une petite société au capital de 50 000 francs est créés le 1er juillet 1825, et les deux directeurs choisis sont Olinde Rodrigues et Enfantin. La rédaction du journal, baptisé « producteur» était formée de nombreuses figures importantes qui influencèrent Enfantin. Le plus important d'entre eux est sans aucun doute Saint-Amand Bazard, aux idéaux libéraux révolutionnaires.

Enfantin prend par ailleurs au sérieux son rôle dans la publication du journal: celui-ci s'attache en effet à la diffusion de la doctrine Sain-Simonienne et à son explication. Ses paragraphes se basent notamment sur le refus de la société actuelle et sa division du travail jugées désuète. Néanmoins, le journal peine à se faire entendre, et au bout de treize mois de parution, sa production s'arrête. Les Saint-Simoniens s'attellent donc à faire la propagande de leur doctrine. Enfantin se détache très vite du lot en temps qu'orateur et devient, avec Bazard, l'incarnation du renouveau du mouvement. Entretemps en 1827, Enfantin est père d'un fil et devient caissier de banque, grâce à son ami Rodrigues.

L'année 1828 marque un réel tournant dans la vie d'Enfantin : c'est lors d'une réunion du mouvement dans sa maison que sont discutés le rôle religieux de celui-ci. Bazard et Enfantin sont nommés chefs de la secte ainsi créée. Les deux « Réformateurs contemporains » fonctionnent dans un binôme efficace dus à leurs différences de personnalités, Louis Reybaud décrivant Enfantin comme « un véritable laboratoire à idées ». En 1829, Bazard et Enfantin reçoivent d'Olinde Rodrigues le titre de « Père suprêmes ».

En 1830, la révolution de Juillet offre de nouvelles opportunités à Enfantin : celui-ci presse en effet Bazard d'aller demander une dictature provisoire à Lafayette afin de faire passer les réformes économiques Saint-Simoniennes. Malgré ce refus, les Saint-Simoniens font des adeptes ce qui leurs permettent d'acheter un nouveau moyen de propagande: «  Le globe », journal de l'opposition libérale. Enfantin médite en même temps sur un nouveau concept visant à supprimer l'héritage afin de supprimer la classe oisive qui ronge la société.

La même année, Enfantin fait de sa maison rue Monsigny la quartier général des Saint-Simoniens, où il vit avec ses amis Transon, Cazeaux et Chevalier. La maison devient une véritable ruche à idée où circulent une trentaine de personnes. Les règles et rites sont de plus en plus établis dans l'ordre et finissent par le faire voler en éclat :Enfantin prône en effet que les prêtres de l'ordre devrait exercer en binôme avec leur femme pour former des « Couples-prêtre ». Cette idée ainsi que celle visant à libérer totalement la femme sexuellement provoque un réel schisme entre Bazard, Rodrigues et Enfantin. Tout trois se quittent, commence alors la retraite d'Enfantin et de ses fidèles à Ménilmontant.

[modifier] L'expèrience d'une vie communautaire idéale

En effet, la mère d'Enfantin léguait à son fils une vaste maison à Ménilmontant. Le 6 Juin 1832, Enfantin et 40 de ses fidèles se retirent en ce lieu pour « prendre haleine après la course prodigieuse fournie depuis deux ans, et marcher plus vite encore avant peu ». Ce petit monde suit une règle établie par Enfantin et par son fidèle ami Michel Chevalier.

Enfantin se consacre aussi à la rédaction de l'ouvrage qu'il considérera comme l'œuvre de sa vie «  Le Livre Nouveau », qui cherche à trouver la vérité par des formules mathématiques.

L'ouverture de la petite communauté deux fois par semaine au public attire aussi bien les foules que l'attention des autorités : Enfantin et ses collègues comparaissent devant la cour d'assise le 27 août 1832 pour ses écrits et paroles libérale. Le procès, plutôt curieux (les témoins ne pouvant pas parler sans l'autorisation de leur « Chef Suprêmes » et l'éloquence d'enfantin déstabilisant le préfet) aboutis à une peine d'un an d'emprisonnement et cent francs d'amende pour Enfantin.

Enfantin profite de son séjour en prison pour créer de nouveaux contacts : malgré l'abdication de son pouvoir sur ses sujets suite a son entrée en prison, Enfantin garde une forte correspondance avec eux. Des relation se créent même au sein de la prison, le directeur invitant même Enfantin à diner. Celui-ci est par ailleurs confortablement logé, avec Chevalier, dans un agréable appartement quatre pièce. « Nous sommes ici comme des princes » écrit-il.

Enfantin rompt en même temps avec Chevalier, prévoyant que son appartenance à l'Ordre l'aurait empêché d'accomplir sa grande destinée (Chevalier sera en effet plus tard Conseiller d'État et sénateur).

[modifier] L'aventure orientale

Enfantin est gracié par le roi et sort ainsi de prison en août 1833 tout en ayant ses nouveaux projets en tête : pour trouver la femme-messie qui guidera ses pas, « la Mère », Enfantin prend, avec quelques fidèles la direction de l'Orient. C'est ainsi que le 22 mars 1833, Enfantin part pour l'Égypte dans le but de trouver la femme qui formera le « couple-prêtre » suprême avec lui qui réunirait ainsi L'Occident et l'Orient. Enfantin passe d'abord par Constantinople, en pleine guerre et continus son chemin vers l'Égypte où celui-ci est accueillit à bras ouvert pour ses idées novatrices.

Dès les années 1820, les Saint-Simoniens voulaient créer un canal reliant relier la mer méditerranée et la mer rouge. Enfantin avec certains de ses collègues polytechniciens vont s'atteler à la construction de ce canal. Le pacha d'Égypte voulant d'abord construire un barrage, Enfantin, avec Linant décide de faire venir les collègue polytechniciens d'Enfantin. La renommée d'Enfantin devint plus grande de jour en jour, entraînant une certaine méfiance du souverain égyptien, qui en s'ajoutant à la peste faisant de nombreux morts dans le chantier met celui-ci à l'eau : en 1838 les travaux sont définitivement abandonnés.

Enfantin lors de l'apparition de la peste abandonne alors sa quête et ses sujets et part batifoler en Haute-Égypte où il acquiert une mauvaise réputation en raison de ses mauvaises relations avec les femmes. En 1835, celui-ci retourne au Caire où il imagine un nouveau type de gouvernement pour la France, en pleine période de « contre-révolution » selon lui.

Le brusque changement d'attitude des Égyptiens presse son départ : après trois ans passés en Orient, Enfantin retourne en France en 1836.

Durant son voyage de retour d' Égypte, Enfantin élabore sa nouvelle idée :« l' apostolat royal ». Plutôt que de dénoncer les souverains inutiles et tyrannique, Enfantin à l'idée de s'allier avec eux. Enfantin se tourne directement vers l'Autriche et plus particulièrement vers Metternich qu'il croit plus sensible à sa doctrine mystique. C'est un échec pour Enfantin, qui n'obtient aucune audience. Ce refus se répercute sur la politique orientale d'Enfantin, qui espérait du soutien de l' Empereur autrichien afin de créer un État Juif après la création du canal de Suez.

Son projet d'apostolat royal est partout refusé, Enfantin décide de mettre un terme à cette aventure et se mure dans sa solitude.

Enfantin est en 1839 désigné comme membre de la « Commission chargée de recherches et explorations en Algérie » dans le domaine d'ethnographie et d'histoire. La nouveauté de la mission lui plait, et il embarque le soir de Noël 1839 pour débarquer en Algérie 3 jours plus tard.

Ne remplissant pas du tout sa mission, Enfantin s'occupe plus des affaires politiques et économiques du pays. Enfantin désapprouve par ailleurs l'évolution de la colonisation du pays, accusant les militaires de commettre de véritable boucheries. Atteint de dysenterie, Enfantin revient en France, à Curson, où le calme lui permet de guérir rapidement. Il retourna ensuite à Paris dans la clandestinité (afin de ne pas être dérangé par ses disciples) où il écrivit un mémoire sur la colonisation de l'Algérie qui ne fus pas reçus, s'éloignant trop de sa fonction originelle lors de sa mission dans la colonie française.

[modifier] Le précurseur du canal de Suez

Enfantin se fixe de nouveaux objectifs une fois ses disciples retrouvés : aidé par son ami banquier Arlès Dufour, Enfantin crée en 1845 « L'union pour les chemins de fer de Paris à Lyon » dont il est un des plus importants actionnaires. Avec un poste important dans la société, Enfantin reprend de la vigueur et vise bien plus loin que Lyon : celui-ci veut retourner construire le canal de Suez. Sans oublier la société de chemin de fer, Enfantin va se battre pendant dix ans pour la réalisation de ce canal. Des groupes d'études réunissant Français, Allemands et Autrichiens se formèrent pour ensuite se diviser, laissant les Français seuls.

L'expédition partie le 4 septembre 1847. Cinq mois plus tard la révolution de 1848 éclate supprimant le soutien de celle-ci pour un temps. Enfantin ne se décourage pas : Le canal sera la première grande œuvre de la république » clame t-il.. Mais enfantin, faisant trop confiance à Lesseps se fera berner par celui-ci, qui, bénéficiant de la protection du Vice-Roi était intouchable.

Enfantin retourne donc en 1849 se consacrer à ses théories et à sa société de chemin de fer à Lyon, laissant ses disciples à Paris avec un « Vous m'embêtez tous ». Enfantin rédige ainsi « La science de l'homme » qui paraît en aout 1858, et « la vie éternelle » qui paraît trois ans plus tard et concluant ainsi son œuvre philosophique. On y voit notamment des théories sur l'immortalité de l'âme et sur l'impossibilité de l'existence d'un autre monde après la mort, l'âme se diffusant dans l'univers, perdant de sa personnalité.

Après un cours passage à Saint-Germain-en-Laye, Enfantin retourne à Paris, où reprennent les réunions Saint-Simoniennes. En 1860, Enfantin se réconcilie avec Chevalier. Après quelques tumultes liés à une maitresse folle, Enfantin part en Normandie voir des amis. Il en revient le 23 août et est frappé d'une congestion cérébrale. Il en décède le 31 aout suivant.

[modifier] Liens

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Nathalie Coilly, Le siècle des saint-simoniens du nouveau christianisme au canal de Suez, Éditions de la Bibliothèque nationale de France, Paris, 2006. (N. Coilly a été commissaire de l'exposition consacrée aux Saint-simoniens à la BnF Arsenal début 2007).
  • Jean-Pierre Alem, Enfantin le Prophète aux Sept Visages, Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1963.


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