Béhaviorisme
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Le béhaviorisme (le terme vient de l'anglais behaviour qui signifie « comportement », on parle donc aussi de comportementalisme) est une approche de la psychologie à travers l'étude des interactions de l'individu avec le milieu qui se concentre sur l'étude du comportement observable et du rôle de l'environnement en tant que déterminant du comportement[1].
Par exemple, l'apprentissage y est expliqué comme une modification du comportement observable ou non, modification résultant de la conséquence d’une réponse à des stimuli, extérieurs (environnement externe) ou à des stimuli intérieurs (environnement interne), sur l'organisme.
Sommaire |
[modifier] Histoire du béhaviorisme
Le béhaviorisme s'est développé en réaction aux approches dites mentalistes. Historiquement, c'est John B. Watson qui a été le premier à utiliser le terme « behavioriste » dans un très court article considéré aujourd'hui comme le manifeste du behaviorisme, "Psychology as the behaviorist views it" (1913).
Dans les années 1940 et 1950, Burrhus F. Skinner a étudié la notion de conditionnement opérant et en a défini les paradigmes opérationnels. Pour cette notion, il s'est basé sur la loi de l'effet de Thorndike, c'est-à-dire que le comportement est fonction de ses conséquences. Nous lui devons les notions de renforcement, de façonnement, d'apprentissage programmé et bien d'autres. Le conditionnement opérant se basant sur la loi de l'effet de Thorndike qui peut se résumer en disant : le comportement est fonction de ses conséquences. Les principaux penseurs du béhaviorisme radical sont John Watson (1878-1958), Burrhus F. Skinner (1904-1990), Clark Hull (1884-1952), Edward Tolman (1886-1959).
[modifier] Base de la théorie béhavioriste
La théorie béhavioriste fait du comportement observable l’objet même de la psychologie et dans laquelle l’environnement est l’élément clé de la détermination et de l’explication des conduites humaines. La plupart des théories de l'apprentissage reconnaissent trois grandes variables dans le processus : l'environnement qui stimule, l'organisme qui est stimulé et le comportement ou la réponse de l'organisme par suite de la stimulation. Le schéma classique est donc :
S = le stimulus provenant de l'environnement (des stimuli)
R = le comportement ou réponse de l'individu par suite de la stimulation
I = L'individu
Sans nier la réalité que constitue l'individu (I) et tout ce qui s'y passe, les béhavioristes (classiques) ne s'en occupent pas directement, parce que ce qui les intéresse, c'est de spécifier, sans référence aux variables internes non observables et hypothétiques, les conditions et les processus par lesquels l'environnement (S) contrôle le comportement (R). Si bien que le schéma selon lequel ils travaillent met entre parenthèses l'individu (I) qu'ils considèrent comme une « boîte noire ». En particulier, ils laissent de coté toutes les questions relatives à la conscience.
D'où le schéma :
considéré comme le schéma linéaire classique béhavioriste.
Ce schéma, pouvant être assimilé au schéma du conditionnement classique pavlovien, a été modifié par B.F. Skinner, car le conditionnement pavlovien n'explique que les apprentissages liés à des stimulis dits inconditionnels c'est-à-dire des stimulis provoquant des réponses inconditionnelles liées à la phylogénèse de l'espèce.
Ainsi, le deuxième schéma classique est celui du conditionnement opérant. Ce schéma introduit deux nouvelles variables : l'environnement et les conséquences sur l'organisme pouvant être positives ou négatives.
D'où le schéma :
(le tout étant modulé par le contexte)
Ce schéma n'est plus linéaire car ce n'est pas un stimulus qui déclenche une réponse, c'est un stimulus qui l'évoque. La réponse ou comportement étant sélectionné par les conséquences sur l'organisme et sur l'environnement, conséquences qui sont propres à chaque organisme, c'est pour cela que l'étude et la classification des stimuli et des réponses ne peut s'effectuer qu'a posteriori.
Le conditionnement opérant explique les comportements appris lors de l'ontogénèse de l'organisme. La différence fondamentale entre le conditionnement classique et opérant est que le conditionnement opérant présuppose un être actif dans son environnement.
[modifier] Les principes du conditionnement répondant
Selon Carol Tavris et Carole Wade, les auteurs du livre collégial Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives, les principes élémentaires se trouvent au centre de l'apprentissage des réponses acquises par le conditionnement répondant. Tavris et Wade ajoutent que ces principes élémentaires « sont les mêmes pour toutes les espèces, que ce soit le ver de terre ou l'Homo sapiens ». De plus, les auteurs du livre collégial Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives ajoutent que parmi les principes les plus importants, il y a l'extinction, la récupération spontanée, la généralisation et la discrimination du stimulus ainsi que le conditionnement d'ordre supérieur.
[modifier] L'extinction
Les réponses conditionnelles peuvent ne durer que pendant un certain temps. Si, à la suite d'un conditionnement, on présente à plusieurs reprises le stimulus conditionnel sans le faire suivre du stimulus inconditionnel, la réponse conditionnelle finit par s'estomper. En gros, cela nous amène à dire que l'extinction illustre une diminution puis la disparition d'une réponse apprise; dans le conditionnement répondant, l'extinction se produit lorsque le stimulus conditionnel cesse d'être mis en association avec le stimulus inconditionnel.
Exemple:
[...] Marc a reçu un ballon en pleine figure (stimulus inconditionnel) à sa première journée à la garderie, et il a ainsi appris à craindre (réponse conditionnelle) l'enfant (stimulus conditionnel) qui l'a lancé. Marc en viendra progressivement à ne plus craindre son compagnon de jeu si, en le voyant, il ne l'associe plus au [stimulus inconditionnel] (le ballon). La réaction de crainte (réponse conditionnelle) aura alors été éteinte.[2]
[modifier] La récupération spontanée
La réapparition de la réponse conditionnelle après la mise en place d'une procédure d'extinction réussie est une récupération spontanée. En gros, nous pouvons affirmer, dans certains cas, qu'une habitude pourra faire une nouvelle apparition après son extinction apparente.
Exemple:
Par exemple, si Marc devait s'absenter de la garderie quelques jours, il est possible qu'à son retour il réagisse de nouveau par une réponse de peur en voyant son compagnon de jeu. C'est pourquoi il faut habituellement plusieurs séances d'extinction pour supprimer une réponse conditionnelle.[3]
[modifier] La généralisation du stimulus
Lorsqu'un stimulus est devenu un stimulus conditionnel, entraînant une réponse conditionnelle donnée, on observe que des stimuli du même type sont susceptibles de déclencher eux aussi la même réponse conditionnelle; nous donnons à ce processus le nom de généralisation du stimulus. En d'autres mots, une personne appliquant le principe de la généralisation du stimulus déploie un comportement spécifique sur des stimuli qui ont une similarité très proche avec un stimulus très spécifique.
Exemple:
Par exemple, Marc pourra déployer la même réponse conditionnelle de peur en présence d'autres enfants qui ressemblent physiquement à son compagnon de jeu. Le proverbe « Chat échaudé craint l'eau froide » décrit bien le processus de généralisation du stimulus.[4]
[modifier] Discrimination du stimulus
Contrairement au principe de généralisation d'un stimulus qui consiste à déployer un comportement spécifique sur des stimuli qui ont une similarité très proche avec un stimulus spécifique qui se trouve à la source d'un comportement, la discrimination du stimulus, qui est l'image inversée de la généralisation d'un stimulus, consiste à réagir de façon différente à des stimuli ressemblant par certains aspects au stimulus conditionnel. La discrimination du stimulus survient lorsque des stimuli qui s'apparentent au stimulus conditionnel ne sont pas associés au stimulus inconditionnel à l'origine de la réponse conditionnelle.
Exemple:
Ainsi, si Marc apprend à ne déployer la réponse conditionnelle de peur qu'en présence de l'enfant qui lui a lancé le ballon en plein visage, c'est qu'il a appris à discriminer le stimulus.[5]
[modifier] Actuellement
Aujourd'hui, si les tenants du béhaviorisme radical défendu par Skinner sont de moins en moins nombreux (SOURCE?????), l'adaptation des paradigmes du conditionnement classique de Pavlov et instrumental de Skinner aux composantes cognitives du comportement a permis à des auteurs comme Ellis, Seligman, Wolpe ou Beck de développer l'approche comportementale-cognitive en psychothérapie.
Actuellement, les données auxquelles ce courant a donné naissance sont utilisées notamment dans les thérapies comportementales (ou cognitivo-comportementales), auxquelles elles continuent à apporter des données fondamentales. Cette approche a permis à la psychologie contemporaine de traiter des problèmes d'adaptation, tels les troubles anxieux et la dépression.
[modifier] Critiques du béhaviorisme
[modifier] Critique de la théorie béhavioriste
Dès ses débuts, le parti-pris anti-psychique, et donc anti-constructiviste de la psychologie béhavioriste a été critiqué. Jean Piaget a démontré qu'on ne pouvait pas résumer l'intelligence à des phénomènes d'apprentissage et d'imitation sur le modèle de l'éthologie animale sans tenir compte de la manière dont la connaissance se construit chez un sujet et un groupe. Or par définition, la connaissance n'étant pas un phénomène observable, le béhaviorisme ne s'est pas engagé dans la problématique de l'épistémologie.
La "boîte-noire" d'autre part, est vue par les psychanalystes comme un argument rhétorique pour évacuer la question de l'inconscient et celle du sujet. L'adaptation au sens étroit est postulée comme le seul moteur, l'alpha et l'omega, de toutes les conduites humaines. Par ailleurs, pour la théorie béhavioriste, ne peut être objet de science que ce qui est observable par un individu extérieur sans référence au contenu psychique d'un sujet pensant, en contradiction évidente avec la perspective analytique. Les critiques de l'approche béhavioriste ont ainsi utilisé la métaphore de l'iceberg : selon eux, les comportementalistes ne s'intéressent qu'à la partie émergée (le comportement observable, i.e., le symptôme) délaissant la partie immergée (le psychisme). La théorie freudienne repose en effet sur le fait que le symptôme n'est que l'expression de la partie inconsciente de la vie mentale (et notamment de conflits internes au sujet, comme dans la conversion hystérique) ce qui, en soi, n'est pas incompatible avec la position théorique béhavioriste qui n'émet simplement pas d'hypothèse sur le contenu du psychisme. Par contre, les divergences entre ces deux approches peuvent apparaître cruciales s'agissant de la thérapeutique : une psychothérapie d'inspiration comportementaliste cherchera à faire disparaître le symptôme sans se préoccuper de leur signification, tandis que la cure psychanalytique visera une modification des processus psychiques s'exprimant dans la symptomatologie clinique.
Le cognitivisme est un courant en psychologie qui est né en prolongation du béhaviorisme. La thématique du langage a joué un rôle important en canalisant la critique sur la conception béhavioriste du langage comme un ensemble d'« habitudes » apprises par observation et conditionnement. Au contraire, la linguistique cognitive défendue par Noam Chomsky se fonde sur l'hypothèse d'une grammaire mentale constituée de règles que l'on peut décrire formellement et qui serait contenu dans l'héritage phylogénétique de chacun des êtres humains. La critique chomskyenne repose notamment sur l'argument de la pauvreté du stimulus qui considère qu'une telle grammaire universelle est indispensable aux enfants pour acquérir une telle compétence langagière alors qu'ils sont loin d'avoir été confrontés à toutes les structures grammaticales possibles. Plus généralement, la psychologie cognitive se fonde sur l'idée que la pensée est décomposable en processus mentaux distincts qu'il convient de modéliser comme des entités relativement autonomes. Les caractéristiques de ces processus mentaux sont alors indirectement accessibles au moyen d'expériences dans lesquelles le comportement reste la principale variable expérimentale.
[modifier] Critique de l'épistémologie béhavioriste
Le parti pris anti-mentaliste des béhavioriste a aussi une prétention épistémologique puisqu'en refusant de faire appel à des éléments internes à la vie mentale (Cf. Sandor Ferenczi)et donc indémontrables aux yeux d'un observateur extérieur, la théorie béhavioriste se veut plus scientifique car fondée sur l'objectivité des phénomènes qu'elle cherche à expliquer. La critique que l'on peut alors faire tient à la nature des explications proposées dans ce cadre. En effet, des phénomènes comme la dépression ou l'anxiété peuvent effectivement se définir par un certain nombre de symptômes mais les réduire à cela peut sembler insatisfaisant.
Néanmoins les comportementalistes ne nient pas que des structures internes à la vie mentale puissent exister seulement elles sont indémontrables, et de plus même si elles existent elles subissent les même lois que les comportements observables. Par exemple, la pensée est un comportement qui est aussi dépendant de ses conséquences, l'action ne naît pas de la pensée, la pensée est de l'action.
[modifier] Références
- ↑ Carol Tavris et Carole Wade. Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives, Saint-Laurent, Erpi, 1999, p. 182
- ↑ Carol Tavris et Carole Wade. Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives, Saint-Laurent, Erpi, 1999, p. 186
- ↑ Carol Tavris et Carole Wade. Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives, Saint-Laurent, Erpi, 1999, p. 186
- ↑ Carol Tavris et Carole Wade. Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives, Saint-Laurent, Erpi, 1999, p. 186
- ↑ Carol Tavris et Carole Wade. Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives, Saint-Laurent, Erpi, 1999, p. 186
[modifier] Bibliographie
- Carol Tavris et Carole Wade. Introduction à la psychologie - Les grandes perspectives, Saint-Laurent, Erpi, 1999, 365 p.
TAVRIS, C., WADE, C., GAGNON, A., GOULET, C. et WIEDMANN, P. (1999). Introduction à la psychologie : Les grandes perspectives. St-Laurent : ERPI. B.F Skinner. "L'analyse expérimentale du comportement : un essai théorique" traduit par A.M, M.Richelle, Dessart, B-Bruxelles, 1971
[modifier] Voir aussi
- cognitive
- psychologie cognitive
- Joseph Wolpe ou la théorie de l'inhibation réciproque