Argument d'autorité
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On nomme argument d'autorité le fait de remplacer un raisonnement rigoureux par une référence aux conclusions d'une personne évoquée comme autorité ou experte sur un sujet.
Il semble a priori licite et même sain, lorsqu'on s'exprime sur un sujet, de savoir à tout hasard ce qu'en pensent des spécialistes. Citons la boutade de Bertrand Russell :
- « Quand les experts sont unanimes, l'avis opposé ne peut être considéré comme certain »
- « Quand les experts ne sont pas d'accord, aucun avis ne peut être considéré comme certain »
- « Quand les experts se disent perplexes, le non-spécialiste sera sans doute bien avisé de suspendre son jugement »
La question de l'autorité est ailleurs : elle consiste non pas à utiliser le spécialiste comme porte-parole de ce qu'on aurait pu dire soi-même, mais à se servir simplement de son nom pour tenter d'échapper à une polémique, ou à une conclusion gênante. Or :
- Il faut d'abord savoir si le spécialiste l'est bien dans le domaine considéré (un expert en mathématiques peut se révéler piètre connaisseur en archéologie, comme le montra l'affaire du mathématicien Michel Chasles avec le faussaire Vrain-Lucas).
- Il faut aussi savoir si son opinion est émise à titre personnel, à titre d'hypothèse, ou comme quasi-certitude résultant de travaux précis. Il faut aussi s'assurer de ce qu'en pensent ses pairs, pour situer la position en question (même si ce n'est pas, dans le domaine scientifique, la préférence de la majorité qui établit ce qui est vrai ou non).
- Enfin, et c'est là le point le plus important, il faut s'assurer que l'on a bien compris ce que voulait dire le spécialiste que l'on cite, et dont on interpréte parfois les termes un peu vite.
Ainsi, Stephen Jay Gould avait émis une observation sur le fait que la théorie de l'évolution énoncée par Charles Darwin était sans doute encore incomplète et que quelques éléments nous manquaient. On vit alors des magazines en mal de sensationnel titrer : « Stephen Jay Gould met en cause la théorie de Darwin ».
De même, Einstein a affirmé que Dieu ne joue pas aux dés. Il est pour le moins abusif de s'abriter derrière cette autorité pour affirmer que le hasard n'existe pas ou que Dieu existe. Surtout quand on sait que cela ne se rapportait qu'à une question très technique de mécanique quantique, et que de plus cette phrase est un extrait tronqué où Einstein précisait bien qu'il ne s'agissait non pas du résultat de ses travaux, mais uniquement d'une conviction personnelle.
Sommaire |
[modifier] Perspective historique
L’argument d’autorité était un des outils majeurs de régulation de la cité et de l’État avant le siècle des Lumières. Le Prince, à partir des textes religieux, dictait la loi et jugeait les hommes. Les choses étaient « simples. » On avait ou pas la liberté, l’égalité ou la fraternité.
Le XVIIIe siècle, en particulier à travers l’Encyclopédie de Diderot et D'Alembert a mis en avant le rôle de la raison et la nécessaire complexité de son application aux affaires humaines, les pragmata. Un argument de la raison obéit aux catégories de Quintilien – Quis, quid, ubi, quando, cur, quibus auxiliis, quomodo ? : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi (pour quelle cause ? dans quel but ?) ? Par quels moyens ? De quelle manière ? – ou, pour simplifier, expose le fait, l’auteur du fait et le contexte d’action ou d’élocution.
Mais tout cela demande un effort et il est plus rapide et plus simple de remplacer la raison complexe par l’autorité « simple » du fait, de la personne ou du contexte.
- « Cela a été décidé à Bruxelles ! » Par qui ? Avec quelle visée ?
- « Il est reconnu dans la science … » Par qui ? Pour quel type de science ? A quelle époque de la science ?
- « Descartes a dit … » Avec quelles précautions oratoires ?
Cette « autorité du moindre effort », cette mécanique des références faibles présentées comme fortes est bien plus pernicieuse que l’autorité de l’Âge classique. En ces temps lointains, le citoyen, dans les cas les plus courants de la vie, savait « à quel saint se vouer ». Non pas que ces temps fussent plus justes qu’aujourd’hui mais ils étaient moins complexes.
Si nous voulons échapper aux arguments d’autorité « mécaniques », « simplistes », il nous faut travailler sur la complexité de la nature et des hommes.
[modifier] Arguments d'autorité et sources encyclopédiques
L'abus du référencement systématique de tout point présenté dans un article encyclopédique, sans trop s'attarder sur la pertinence de la source, peut aboutir à remplacer les démonstrations par des arguments d'autorité. Outre la tentation d'une dérive élitiste, le risque est qu'une bévue ou un mensonge référencé peut donner au lecteur l'impression d'une certitude. Dans les cas extrêmes, cette pratique, si elle est volontaire et exploite indûment le cautionnement tacite qu'apporte les conventions de sourçage de l'encyclopédie, peut s'apparenter à une manipulation ressortant des techniques de propagande.
[modifier] Libre examen
Le principe du libre examen qui prône en toutes matières une réflexion libre et indépendante de tout préjugé, dogme ou tabou s'oppose de facto à l'argument d'autorité.