Andemantunnum
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Andematunum (ou Andemantunnum) est le nom, à l'époque gallo-romaine, de la ville Langres, la capitale des Lingons. Les mentions de ce nom se retrouvent sur les bornes milliaires (en abrégé AND), la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin.
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[modifier] Origine du nom
Si le préfixe Andema a une origine inconnue, le suffixe Tunum signifie site fortifié perché, en hauteur. Sous le règne d'Auguste, lors de la réorganisation de la Gaule, elle portera le nom de sa peuplade, Lingonae ou Civitas Lingonum.
Administrativement,Andematunum fait partie de la Gaule celtique lors de la conquête romaine par Jules César. La Civitas Lingonum sera rattachée par la suite à la Gaule lyonnaise puis à la Gaule belgique. Sous Domitien, elle dépendra au territoire de la Germanie avant d'appartenir à nouveau à la Lyonnaise, au Bas-Empire. Fideles aux romains lors de la conquête, les Lingons obtiennent le titre de citoyens romains, avec tous les privilèges inhérents à cet honneur. Leur révolte, sous Vespasien, leur aura probablement fait perdre ce statut.
[modifier] Dans l'espace, un urbanisme classique
La ville est bâtie sur un éperon barré, entouré par la Marne et la Bonnelle. Elle occupait, au début de l'Empire, en grande partie la surface de l'actuelle ville, soit presque soixante-dix hectares. Sa population croit alors et atteint probablement 8000 habitants. Les troubles du III e siècle et la pression des envahisseurs poussent alors l'administration à concentrer la ville derrière des remparts. La partie nord englobe le promontoire et la partie sud de la ceinture passait un peu plus au nord de l'axe des rues actuelles du Petit-Cloitre, de la Boucherie et Boulière. La superficie de la cité est rendue alors à 25 hectares et abritera entre 2000 et 3000 habitants.
On y retrouve malgré tout un plan tout à fait classique d'urbanisme à la romaine. Le cardo maximus, axe nord-sud, correspond approximativement aux actuelles rue Longue Porte – Rue Diderot et avenue Turenne. Le decumanus maximus, voie perpendiculaire au cardo maximus croisait celui-ci sur l'actuelle place Jeanne Mance. Quelques découvertes ont mis en évidence des tronçons de voies publiques et privées.
L'archéologie moderne a également mis au jour certains ensembles résidentiels de l'époque romaine, avec maisons particulières relativement confortables (comme les actuelles place Bel-Air et place du Musée).
On y a retrouvé également certains vestiges de remparts, de systèmes hydrauliques (égouts, collecteurs, fontaines, sources), de lieux cultuels, de thermes.
Une vie artisanale existait dans les faubourgs de l'agglomération. Ateliers métallurgiques, taille de la pierre, travail de l'argile constituait l'essentiel de leur activité.
A l'extérieur, quatre nécropoles ont été mises à jour, aux quatre points cardinaux de la cité, classiquement situées le long des grandes voies de communication. La construction de la citadelle, au XIXe siècle, à l'emplacement de l'"ancien cimetière", à mis au jour une collection lapidaire très abondante.
[modifier] Andematunum, déjà un nœud routier.
La cité est, à cette époque, un nœud routier important entre le sud, le nord et le nord-ouest.
La grande voie venant de Lugdunum / Lyon arrive du sud (c'est l'actuelle RN 74). Cette route est rejointe peu avant l'entrée de la cité par celle qui vient de Vesontio / Besançon. Elle traverse alors la ville suivant un axe sud-nord et en sort par une porte, la Longue Porte. Elle rejoignait ensuite Augusta Treverorum / Trèves en passant par Toul et Metz.
Elle pouvait également se diriger vers le nord-ouest, en direction de Durocortorum /Reims. C'est la grande voie qui menait de Rome à Boulogne-sur-Mer. Elle quittait alors la cité par un petit arc de triomphe, qui existe encore de nos jours et qui est intégré aux remparts. C'est l'Arc de la Porte du Marché ou Porte romaine. Il date de l'époque augustéenne (- 20 avant J.-C.). Elle contournait la colline des Fourches et se dirigeait ensuite vers Humes. C'est l'actuelle RN 19.
Une autre grande voie rejoignait Argentoratum / Strasbourg, franchissant la Marne vers Peigney. C'est le CD 2. Vers le sud-est, une autre voie, dont le tracé correspondrait à l'actuelle RN 19, menait vers Portus Abucini / Port-sur-Saône.
[modifier] Langres, Sabinus et l'empereur Constance Chlore
On doit à plusieurs historiens romains les premières mentions de la cité lingonne.
Tacite raconte la non-intervention des Lingons lors du soulèvement de certains peuples contre le pouvoir autoritaire de Néron. L'empereur éliminé, son successeur, Galba, punit ceux qui n'avaient pas participé à la révolte, les Lingons entre autre. Après cet épisode, les Lingons s'allièrent à Vitellius dans sa lutte contre Othon, qui s'était proclamé empereur après avoir assassiné Galba. Profitant de ces troubles, Vespasien se fait proclamer empereur, mais cette situation plus que troublée pousse à des tentatives de prise de pouvoir individuelles. C'est ce moment que choisi le lingon Iulius Sabinus pour tenter de s'imposer en se proclamant à son tour empereur. En 70, cependant, le congrès des cités gauloises réuni à Durocortorum / Reims demande aux révoltés de cesser le soulèvement. En fuite, Iulius Sabinus s'enfuit par un souterrain de sa villa qu'il a préalablement incendiée pour faire croire à son décès. Il se réfugie pendant presque 10 ans dans une grotte, traditionnellement située aux sources de la Marne, avec sa femme Eponine. Le calme revenu, Iulius Sabinus et Eponine se rendent à Rome pour implorer le pardon de l'empereur Vespasien. Insensible à leur requête, il les fera exécuter tous les deux. Dion Cassius et Plutarque feront de cet épisode de l'histoire langroise une version romancée.
La pax romana s'installe à nouveau sur le territoire lingon. Jusque vers la seconde moitié du IIIe siècle où commencent les incursions des Francs vers Durocortorum / Reims et les Alamans vers Lugdunum / Lyon. Leur jonction est opérée au sud de Langres qu'ils détruisent. Les empereurs tentent de contenir leurs poussées. Dans les Chroniques de Jean Zonaras, c'est ainsi au pied de la citadelle lingonne que l'empereur Constance Chlore bat les Alamans, probablement vers 298 – 300. L'empereur, mis d'abord en fuite, veut se réfugier dans la cité avec sa troupe. Les portes closes obligent, selon la légende, celui-ci à se faire hisser au dessus des murailles à l'aide de cordes. La troupe reformée ressort ensuite de la cité et massacre, probablement vers Peigney, 60 000 ennemis.
Aujourd'hui, de nombreux objets déposés dans le musée d'Art et d'Histoire témoignent de l'importance de cette capitale antique.