Alexis de Tocqueville
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Sociologue Occidental Époque Moderne |
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Alexis de Tocqueville |
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Naissance : | 29 juillet 1805 à Paris[1], France |
Décès : | 16 avril 1859 à Cannes, France |
École/tradition : | Libéralisme, Républicanisme libéral |
Principaux intérêts : | Sociologie, démocratie, économie |
Idées remarquables : | Précurseurs de la sociologie ; Précurseur du libéralisme économique ; républicain convaincu |
Œuvres principales : | De la démocratie en Amérique, Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France |
Alexis Henri Charles Clérel, vicomte de Tocqueville, né à Paris le 29 juillet 1805, mort à Cannes (Alpes-Maritimes) le 16 avril 1859, fut un penseur politique, historien et écrivain français. Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l'évolution des démocraties occidentales en général. Raymond Aron, entre autres, a mis en évidence son apport à la sociologie. François Furet, quant à lui, a mis en avant la pertinence de son analyse de la Révolution française.
Ses œuvres comprennent :
- Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France (1833), (avec la collaboration de Gustave de Beaumont)
- De la démocratie en Amérique (1835 et 1840)
- Quinze jours dans le désert américain (1840)
- Souvenirs (1850)
- L'Ancien Régime et la Révolution (1856)
[modifier] Biographie
Alexis de Tocqueville appartient à une grande famille aristocratique normande. Il est ainsi arrière-petit-fils de Malesherbes et neveu du frère de Chateaubriand. Ses ancêtres ont participé à la bataille de Hastings en 1066. Ses parents, Hervé Louis François Jean Bonaventure Clérel, comte de Tocqueville, soldat de la Garde constitutionnelle du Roi Louis XVI, et Louise Madeleine Le Peletier de Rosanbo, évitent la guillotine grâce à la chute de Robespierre en l'an II (1794). Après un exil en Angleterre, ils rentrent en France durant l'Empire, et Hervé de Tocqueville devient pair de France et préfet sous la Restauration.
Licencié de droit, Alexis de Tocqueville est nommé juge auditeur au tribunal de Versailles où il rencontre Gustave de Beaumont, substitut, qui collaborera à plusieurs de ses ouvrages. Tout deux sont envoyés aux États-Unis pour y étudier le système pénitentiaire, d'où ils reviennent avec Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application (1832). Il s'inscrit ensuite comme avocat, et publie en 1835 De la démocratie en Amérique, œuvre fondatrice de sa pensée politique. Grâce à son succès, il est nommé chevalier de la légion d'honneur (1837) et est élu à l'Académie des sciences morales et politiques (1838), puis à l'Académie française (1841).
A la même époque il entame une carrière politique, en devenant en 1839 député de la Manche (Valognes), siège qu'il conservera jusqu'en 1851. Il défendra au Parlement ses positions abolitionnistes et libre-échangistes, et s'interrogera sur la colonisation, en particulier en Algérie. Il est également élu conseiller général de la Manche (canton de Sainte-Mère-Église) en 1842. Il représente ce canton jusqu'en 1852 et devient président du conseil général entre 1849 et 1851.
Après la chute de la Monarchie de Juillet, il est élu à l'Assemblée constituante de 1848. Il est une personnalité éminente du "parti de l'Ordre". Il est membre de la Commission chargée de la rédaction de la constitution. Il y défend le bicamérisme et l'élection du président de la République au suffrage universel. Il est élu à l' Assemblée législative dont il devient vice-président.
Hostile à la candidature de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence, lui préférant Cavaignac, il accepte cependant le ministère des Affaires étrangères entre juin et octobre 1849 au sein du Deuxième gouvernement Odilon Barrot. Opposé au Coup d'État du 2 décembre 1851, il fait partie des parlementaires qui se réunissent à la mairie du Xe arrondissement. Incarcéré à Vincennes puis relâché, il quitte la vie politique. Retiré en son château de Tocqueville, il entame l'écriture de L'Ancien Régime et la Révolution, paru en 1856. La seconde partie reste inachevée quand il meurt en convalescence à la Villa Montfleury de Cannes, où il s'était retiré six mois plus tôt avec sa femme, pour soigner sa tuberculose. Il est enterré au cimetière de Tocqueville.
Il est considéré comme l'un des défenseurs historiques de la liberté et de la démocratie, il fut anti-collectiviste et est l'une des références des libéraux. Théoricien du colonialisme, légitimant l'expansion française en Afrique du Nord (1841-1846), il fustige néanmoins la barbarie des armées françaises en Afrique, s'oppose à l'application du régime militaire en Algérie (1848), et défend parmi les premiers l'abolition de l'esclavage dans les colonies (1839).
[modifier] La pensée de Tocqueville
Son œuvre fondée sur ses voyages aux États-Unis est une base essentielle pour comprendre ce pays et en particulier lors du XIXe siècle.
[modifier] La Démocratie pour Tocqueville
Durant son séjour aux États-Unis, Tocqueville s'interroge sur les fondements de la démocratie. Contrairement à Guizot, qui voit l'histoire de France comme une longue émancipation des classes moyennes, il pense que la tendance générale et inévitable des peuples est la démocratie. Selon lui, celle-ci ne doit pas seulement être entendue dans son sens étymologique et politique (pouvoir du peuple) mais aussi et surtout dans un sens social.
[modifier] L'égalisation des conditions
Ainsi la première caractéristique de la société démocratique est l'égalité des conditions. Celle-ci n'est pas rigoureusement définie chez Tocqueville. Elle est à la fois un principe et un fait et ce qu'elle recouvre évolue avec la société démocratique. Tocqueville a écrit que l'égalité des conditions impliquait l'absence de castes et de classes tout en indiquant que celle-ci n'équivalait pas à la suppression de la hiérarchie sociale. Contrairement à la société aristocratique, aucun des membres de la société démocratique ne subit sa destinée du fait de la position sociale qu'il occupe et la hiérarchie sociale ne renvoie plus à un ordre social préétabli qui assigne à chacun une place, des droits et des devoirs propres.
L'égalité des conditions constitue une autre appréhension de la structure sociale : les positions ne sont certes pas équivalentes mais elles ne cristallisent pas la totalité de l'existence sociale des individus. Ce qui constitue la condition sociale évolue avec la société démocratique (la fortune ou la propriété voient leur rôle se transformer). L'égalité des conditions se redéfinit sans cesse et ne peut se dissocier de la dynamique sociale. Mais plus que d'égalité, il faut parler d'égalisation dans la perspective de l'ordre social démocratique.
Pour Tocqueville, il y a quasi équivalence entre la démocratie (au sens politique) et l'égalité des conditions. Tocqueville considère que tous les hommes possèdent comme attribut la liberté naturelle c’est-à-dire la potentialité d'agir librement. La liberté se traduit dans la cité par l'égalité des droits civils et civiques. On fait référence ici à la liberté c'est-à-dire de ne pas être obligé de faire telle ou telle chose, mais aussi la liberté de prendre part à la vie publique. L'égalité des conditions renvoie à la citoyenneté.
Pour exemple Tocqueville expose la relation qui s'établit entre un maître et son serviteur dans la société démocratique par rapport à celle qui règne dans la société aristocratique. Dans les deux cas il y a inégalité mais dans l'ancienne société elle est définitive alors que dans la société moderne elle est libre et temporaire. Libre car c'est un accord volontaire, que le serviteur accepte l'autorité du maître et qu'il y trouve un intérêt. Temporaire parce qu'il y a le sentiment désormais partagé entre le maître et le serviteur qu'ils sont fondamentalement égaux. Le travail les lie par contrat et une fois terminé, en tant que membres du corps social, ils sont semblables. Les situations sociales peuvent être inégalitaires, mais elles ne sont pas attachées aux individus. Ce qui compte c'est l'opinion qu'en ont les membres de la société : ils se sentent et se représentent comme égaux, et le sont comme contractants.
L'égalité des conditions est donc un fait culturel, une construction sociale, une représentation. C'est cette attitude mentale qui fait de l'homme démocratique un homme nouveau dont les actes sont marqués par ce qui prend l'allure d'une évidence.
L'égalité des conditions pour Tocqueville articule ce qui est de l'ordre du principe : absence de distinctions sociales fondées juridiquement, égalité des droits, sentiment collectif de l'égalité.
[modifier] Les caractéristiques de la société démocratique
La nouvelle société est mobile, matérialiste et assure différemment l'intégration de ses membres.
Dans la société aristocratique, les positions sociales sont figées. Or pour Tocqueville, à partir du moment où il n'existe plus aucun obstacle juridique ou culturel au changement de position sociale, la mobilité sociale (ascendante ou descendante) devient la règle. La transmission de l'héritage ne suffit plus à maintenir un niveau social et la possibilité de s'enrichir se présente à tous. La société démocratique apparait comme une société où les positions sociales sont constamment redistribuées.
Cette société ouverte permet une transformation de la stratification sociale, des normes et des valeurs. Dans une société où les positions sociales sont héréditaires, chaque classe pouvait développer des traits communs suffisamment marqués pour lui permettre d'affirmer des valeurs propres. En revanche, dans la société démocratique les traits culturels de chaque classe s'estompent au profit d'un goût commun pour le bien être. Ce matérialisme s'affirme lorsque l'accès à la richesse devient possible pour les pauvres et que l'appauvrissement menace les riches.
[modifier] Les dynamiques de la société démocratique
Tocqueville va montrer les mécanismes par lesquels on tend vers l'état de la société : l'égalité est un principe, l'égalisation un processus. La question est de savoir comment et pourquoi la société démocratique est appelée à suivre un tel mouvement.
Pour Tocqueville si l'égalité est hors d'atteinte, c'est pour deux raisons : d'une part les hommes sont naturellement inégaux, d'autre part, le fonctionnement de la société démocratique est lui même à l'origine de mouvements inégalitaires.
L'inégalité naturelle des individus fait que certains possèdent certaines atouts intellectuels ou physiques. Or en démocratie c'est l'intelligence qui est la première source des différences sociales. Il y a une naturalisation des inégalités fondées sur le mérite, on parle donc de méritocratie. Si les dispositions intellectuelles ne sont pas équivalentes, il est possible par l'instruction d'égaliser les moyens de leur mise en œuvre.
Comme il a été dit plus haut la société démocratique se caractérise par la mobilité sociale et la recherche du bien-être matériel. Pour des raisons diverses comme les inégalités naturelles, certains réussiront mieux que d'autres. Il y a donc un paradoxe puisque l'égalité des conditions conduit à alimenter les inégalités économiques. Si les membres de la société démocratique cherchent à s'enrichir, c'est aussi pour se différencier socialement. Il y a donc la conjonction de deux mouvements : une aspiration égalitaire (conscience collective) et une aspiration inégalitaire (conscience individuelle). L'homme démocratique désire l'égalité dans le général et la distinction dans le particulier.
La société démocratique est de cette manière traversée par des forces divergentes. D'une part un mouvement idéologique irréversible qui pousse vers toujours plus d'égalité et de l'autre des tendances socio-économiques qui font que les inégalités se reconstituent sans cesse.
[modifier] Les risques de la société démocratique
C'est dans le renoncement à la liberté que se trouve le danger majeur pour la société démocratique. le premier risque est celui de la tyrannie de la majorité: Un régime politique se caractérise par la règle de la majorité qui veut que, par le vote, la décision soit celle du plus grand nombre. Tocqueville relève que la démocratie comporte le risque d'une toute puissance de la majorité. Parce qu'il s'exerce au nom du principe démocratique, un pouvoir peut s'avérer oppressif à l'égard de la minorité qui a nécessairement tort puisqu'elle est minoritaire. Il est évident que le vote traduit des divergences d'intérêt et de convictions au sein de la société. Il peut ainsi se faire que la poursuite de l'égalité s'exerce au détriment exclusif d'une partie de la population. Selon Tocqueville la démocratie engendrerait le conformisme des opinions dans la société à cause de la moyennisation de la société. Ainsi il dénonce l'absence d'indépendance d'esprit et de liberté de discussion en Amérique. Quand toutes les opinions sont égales et que c'est celle du plus grand nombre qui prévaut, c'est la liberté de l'esprit qui est menacée avec toutes les conséquences qu'on peut imaginer pour ce qui est de l'exercice effectif des droits politiques.
La puissance de la majorité et l'absence de recul critique des individus ouvrent la voie au danger majeur qui guettent les sociétés démocratiques : le despotisme. Enfin le deuxième risque des sociétés démocratiques selon Tocqueville est le despotisme démocratique. Les hommes démocratiques sont dominés par deux passions : celles de l'égalité et du bien-être. Ils sont prêts à s'abandonner à un pouvoir qui leur garantirait de satisfaire l'un et l'autre même au prix de l'abandon de la liberté. Les hommes pourraient être conduits à renoncer à exercer leur liberté pour profiter de l'égalité et du bien-être. Les individus pourraient remettre de plus en plus de prérogatives à l'État. Dans les sociétés démocratiques, il est plus simple de s'en remettre à l'État pour assurer une extension de l'égalité des conditions dans le domaine politique qui est encadré par les lois. C'est l'État qui a pour charge leur élaboration et leur mise en œuvre.
A partir de là, l'État peut progressivement mettre les individus à l'écart des affaires publiques. Il peut étendre sans cesse les règles qui encadrent la vie sociale. Le despotisme prend la forme d'un contrôle. On arrive ainsi à l'égalité sans la liberté.
La société démocratique transforme le lien social en faisant émerger un individu autonome. C'est une source de fragilisation qui peut déboucher sur une attitude de repli sur soi. Tocqueville va montrer que l'individualisme peut naître de la démocratie. La démocratie brise les liens de dépendance entre individus et entretient l'espérance raisonnable d'une élévation du bien-être ce qui permet à chaque individu ou à chaque famille restreinte de ne pas avoir à compter sur autrui. Il devient parfaitement possible pour son existence privée de s'en tenir aux siens et à ses proches.
« L'individualisme est un sentiment réfléchi qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables de telle sorte que, après s'être créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle même ».
En choisissant de se replier sur ce que Tocqueville appelle « la petite société », les individus renoncent à exercer leurs prérogatives de citoyen. L'égalisation des conditions en rendant possible l'isolement vis-à-vis d'autrui remet en cause l'exercice de la citoyenneté. Le premier danger de la société démocratique est de pousser les citoyens de s'exclure de la vie publique. La société démocratique peut donc conduire à l'abandon de leur liberté par ses membres, parce qu'ils sont aveuglés par les bienfaits qu'ils attendent de toujours plus d'égalité directement ou indirectement. Tocqueville souligne que l'égalité sans la liberté n'est en aucun cas satisfaisante. L'accepter c'est se placer dans la dépendance.
Selon Tocqueville, une des solutions pour dépasser ce paradoxe, tout en respectant ces deux principes fondateurs de la démocratie, réside dans la restauration des corps institutionnels intermédiaires qui occupaient une place centrale dans l'Ancien Régime (associations politiques et civiles, corporations, etc.). Seules ces instances qui incitent à un renforcement des liens sociaux, peuvent permettre à l'individu isolé face au pouvoir d'État d'exprimer sa liberté et ainsi de résister à ce que Tocqueville nomme « l'empire moral des majorités ».
[modifier] Le changement social selon Tocqueville
Pour Tocqueville, le changement social résulte de l'aspiration à l'égalité des hommes.
Pour lui, si l'humanité doit choisir entre la liberté et l'égalité, elle tranchera toujours en faveur de la seconde, même au prix d'une certaine coercition, du moment que la puissance publique assure le minimum requis de niveau de vie et de sécurité.
L'enjeu, toujours d'actualité, est l'adéquation entre cette double revendication de liberté et d'égalité : « les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales ; mais il dépend d'elles que l'égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères ».
Pour Tocqueville, la société démocratique caractérisée par l'égalité des conditions est l'aboutissement du changement social.
[modifier] Révolution française : rupture ou continuité institutionnelle ?
Dans son ouvrage L'Ancien Régime et la Révolution, Tocqueville montre que la Révolution de 1789 ne constitue nullement une rupture dans l'Histoire de France. Selon lui, l'Ancien Régime s'inscrit déjà dans le processus d'égalisation des conditions qui s'explique par deux évolutions complémentaires :
- d'une part, sur le plan institutionnel, la France pré-révolutionnaire est marquée par la remise en cause progressive du pouvoir de la noblesse par l'État (on assiste par exemple à un accroissement du pouvoir des intendants aux dépens des Seigneurs). Cependant, son étude sur les intendants ne se base que sur la généralité de Tours, proche de Paris et fidèle au pouvoir royal. Cette idée de centralisation avec l'intendance doit être nuancée. (cf. travaux d'Emmanuelli notamment).
- Dans son annexe, il fait de l'activité du Parlement du Languedoc sous l'Ancien Régime un exemple.
- d'autre part, sur le plan des valeurs, Tocqueville rend compte de la montée de l'individualisme sociologique qui place l'individu-citoyen et avec lui le concept d'égalité au centre des préoccupations morales et politiques (Jean-Jacques Rousseau : Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes).
C'est la convergence de ces deux logiques qui rend de plus en plus inacceptable linégalité des conditions : « le désir d'égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l'égalité est plus grande ».
Il en conclut que le progrès de l'égalité a précédé la Révolution ; il en est une des causes et non une de ces conséquences : « tout ce que la Révolution a fait, se fût fait, je n'en doute pas, sans elle ; elle n'a été qu'un procédé violent et rapide à l'aide duquel on a adapté l'état politique à l'état social, les faits aux idées, les lois aux mœurs ».
[modifier] Citations
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[modifier] Liberté
- « Qui cherche dans la liberté autre chose qu’elle-même est fait pour servir. » Extrait de L’Ancien Régime et la Révolution
- « J'aurais, je pense, aimé la liberté de tous les temps, mais je me sens enclin à l'adorer dans le temps où nous sommes. » Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Quatrième partie, Chapitre VII
[modifier] Égalité
- « La passion d'égalité pénètre de toutes parts dans le coeur humain, elle s'y étend, elle le remplit tout entier. Ne dîtes point aux hommes qu'en se livrant aussi aveuglément à une passion exclusive, ils compromettent leurs intérêts les plus chers; ils sont sourds. Ne leur montrez pas la liberté qui s'échappe de leurs mains tandis qu'ils regardent ailleurs; ils sont aveugles, ou plutôt ils n'aperçoivent dans tout l'univers qu'un seul bien digne d'envie (...) Ils veulent l’égalité dans la liberté, et s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. » Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Deuxième partie, Chapitre I
- « Un peuple a beau faire des efforts, il ne parviendra pas à rendre les conditions parfaitement égales dans son sein; et s'il avait le malheur d'arriver à ce nivellement absolu et complet, il resterait encore l'inégalité des intelligences, qui, venant directement de Dieu, échappera toujours aux lois. » Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Deuxième partie, Chapitre XIII
[modifier] Histoire
- « L'histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies. »
[modifier] L'Amérique de son époque
- « Ce qui frappe le plus l'Européen qui parcourt les États-Unis, c'est l'absence de ce qu'on appelle chez nous le gouvernement ou l'administration. En Amérique, on voit des lois écrites; on en aperçoit l'exécution journalière; tout se meut autour de vous, et on ne découvre nulle part le moteur. La main qui dirige la machine sociale échappe à chaque instant ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. I, Première partie, Chapitre V
- « Il n'y a peut-être pas de pays sur la terre où l'on rencontre moins d'oisifs qu'en Amérique, et où tous ceux qui travaillent soient plus enflammés à la recherche du bien-être. Mais si la passion des Américains pour les jouissances matérielles est violente, du moins elle n'est point aveugle, et la raison, impuissante à la modérer, la dirige. (...) Les habitants des États-Unis témoignent alternativement une passion si forte et si semblable pour leur bien-être et leur liberté, qu'il est à croire que ces passions s'unissent et se confondent dans quelque endroit de leur âme. Les Américains voient, en effet, dans leur liberté le meilleur instrument et la plus grande partie de leur bien-être ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Deuxième partie, Chapitre XIV
- « D'où vient qu'aux États-Unis (...) chacun s'intéresse aux affaires de sa commune, de son canton et de l'Etat tout entier comme aux siennes même? C'est que chacun, dans sa sphère, prend une part active au gouvernement de la société. L'homme du peuple, aux Etats-Unis, a compris l'influence qu'exerce la prospérité générale sur son bonheur, idée si simple et cependant si peu connue du peuple ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. I, Deuxième partie, Chapitre VI
- « Les hommes qui habitent les États-Unis n'ont jamais été séparés par aucun privilège; ils n'ont jamais connu la relation réciproque d'inférieur et de maître, et, comme ils ne se redoutent et ne se haïssent point les uns les autres, ils n'ont jamais connu le besoin d'appeler le souverain à diriger le détail de leurs affaires. La destinée des Américains est singulière : ils ont pris à l'aristocratie d'Angleterre l'idée des droits individuels et le goût des libertés locales; et ils ont pu conserver l'une et l'autre, parce qu'ils n'ont pas eu à combattre d'aristocratie ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Quatrième partie, Chapitre IV
- « Le système fédératif repose sur une théorie compliquée, dont l'application exige, dans les gouvernés, un usage journalier des lumières de leur raison. (...) Je n'ai jamais plus admiré le bon sens et l'intelligence pratique des Américains que dans la manière dont ils échappent aux difficultés sans nombre qui naissent de leur constitution fédérale. Je n'ai presque jamais rencontré d'homme du peuple, en Amérique, qui ne discernât avec une surprenante facilité les obligations nées des lois du Congrès et celles dont l'origine est dans les lois de son État, et qui, après avoir distingué les objets placés dans les attributions générales de l'Union de ceux que la législature locale doit régler, ne pût indiquer le point où commence la compétence des cours fédérales et la limite où s'arrête celle des tribunaux de l'État ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. I, Première partie, Chapitre VIII
- « Aux États-Unis, la valeur guerrière est peu prisée, le courage qu'on connaît le mieux et qu'on estime le plus est celui qui fait braver les fureurs de l'Océan pour arriver plus tôt au port, supporter sans se plaindre les misères du désert, et la solitude, plus cruelle que toutes les misères; le courage qui rend presque insensible au renversement subit d'une fortune péniblement acquise, et suggère aussitôt de nouveaux efforts pour en contruire une nouvelle ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Troisième partie, Chapitre XVIII
[modifier] Le citoyen et le gouvernement
- « Démocratie et socialisme n'ont rien en commun sauf un mot, l'égalité. Mais notez la différence : pendant que la démocratie cherche l'égalité dans la liberté, le socialisme cherche l'égalité dans la restriction et la servitude ».
- « Le plus grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui ».
- « Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. (...) Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, prévoyant, régulier et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Quatrième partie, Chapitre VI
- « Pour ma part, je ne saurais concevoir qu'une nation puisse vivre ni surtout prospérer sans une forte centralisation gouvernementale. Mais je pense que la centralisation administrative n'est propre qu'à énerver les peuples qui s'y soumettent, parce qu'elle tend sans cesse à diminuer parmi eux l'esprit de cité ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. I, Première partie
- « Une constitution qui serait républicaine par la tête, et ultra-monarchique dans toutes les autres parties, m'a toujours semblé un monstre éphémère. Les vices des gouvernants et l'imbécilité des gouvernés ne tarderaient pas à en amener la ruine ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Quatrième partie, Chapitre VI
- « Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de le satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leurs tuteurs ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Quatrième partie, Chapitre VI
- « Je ne crains pas qu'ils rencontrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Quatrième partie, Chapitre VI
- " Les citoyens qui travaillent ne voulant pas songer à la chose publique, et la classe qui pourrait se charger de ce soin pour remplir ses loisirs n'existant plus, la place du gouvernement est comme vide. Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s'emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte".
Extrait de "La Démocratie en Amérique" vol. II, Deuxième partie, Chapitre XIV
[modifier] Religion
- « Quand la religion est détruite chez un peuple, le doute s'empare des portions les plus hautes de l'intelligence et il paralyse à moitié toutes les autres. Chacun s'habitue à n'avoir que des notions confuses et changeantes sur les matières qui intéressent le plus ses semblables et lui-même; on défend mal ses opinions ou on les abandonne, et, comme on désespère de pouvoir, à soi seul, résoudre les plus grands problèmes que la destinée humaine présente, on se réduit lâchement à n'y point songer. Un tel état ne peut manquer d'énerver les âmes; il détend les ressorts de la volonté et il prépare les citoyens à la servitude ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Première partie, Chapitre V
- « Pour moi, je doute que l'homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique; et je suis porté à penser que, s'il n'a pas de foi, il faut qu'il serve, et, s'il est libre, qu'il croie ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Première partie, Chapitre V
- « Mahomet a fait descendre du ciel, et a placé dans le Coran, non seulement des doctrines religieuses, mais des maximes politiques, des lois civiles et criminelles, des théories scientifiques. L'Evangile ne parle, au contraire, que des rapports généraux des hommes avec Dieu et entre eux. Hors de là, il n'enseigne rien et n'oblige à rien croire. Cela seul, entre mille autres raisons, suffit pour montrer que la première de ces deux religions ne saurait dominer longtemps dans des temps de lumières et de démocratie, tandis que la seconde est destinée à régner dans ces siècles comme dans tous les autres ». Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Première partie, Chapitre V
[modifier] Tocqueville s’oppose au racialisme de Gobineau
Tocqueville avait lu les travaux de Flourens, suppléant de Cuvier au collège de France, et repris ses conclusions, pour lui, il n’existe qu’une humanité, qu’une seule espèce humaine, soumise à des variations historiques, climatiques, culturelles : « L’homme suivant Buffon et Flourens, est donc d’une seule espèce et les variétés humaines sont produites par trois causes secondaires et extérieures : le climat, la nourriture et la manière de vivre » (Correspondance avec Gobineau, O.C., IX, p. 197).
Il dénie toute valeur aux arguments de Gobineau. Si César avait raisonné comme celui-ci, il aurait conclu en envahissant l’Angleterre, que les peuplades sauvages et primitives qu’il rencontrait étaient destinées à végéter à tout jamais dans un monde infra civilisé. Notation d’autant plus ironique qu’il n’existe plus alors (en 1853) d’Empire romain, pas même d’État italien, alors que l’Angleterre est la première puissance du monde : « Il est à croire qu’il y a chez chacune des différentes familles qui composent la race humaine de certaines tendances, de certaines aptitudes propres naissant de mille causes différentes. Mais que ces tendances, que ces aptitudes soient invincibles, non seulement c’est ce qui n’a jamais été prouvé, mais c’est ce qui est, de soi, improuvable, car il faudrait avoir à sa disposition non seulement le passé mais encore l’avenir. Je suis sûr que Jules César, s’il avait eu le temps, aurait volontiers fait un livre pour prouver que les sauvages qu’il avait rencontrés dans l’île de la Grande-Bretagne n’étaient point de la même race humaine que les Romains et que tandis que ceux-ci étaient destinés par la nature à dominer le monde, les autres l’étaient à végéter dans un coin. […]Qu'y a-t-il de plus incertain au monde, quoi qu'on fasse, que la question de savoir par l'histoire ou la tradition quand, comment, dans quelles proportions se sont mêlés des hommes qui ne gardent aucune trace visible de leur origine ? Ces événements ont tous eu lieu dans des temps reculés, barbares, qui n'ont laissé que de vagues traditions ou des documents écrits incomplets. Croyez-vous qu'en prenant cette voie pour expliquer la destinée des différents peuples vous avez beaucoup éclairci l'histoire et que la science de l'homme ait gagné en certitude pour avoir quitté le chemin parcouru, depuis le commencement du monde, par tant de grands esprits qui ont cherché les causes des événements de ce monde dans l'influence de certains hommes, de, certains sentiments, de certaines idées, de certaines croyances ?"
Pour Tocqueville, l’Essai sur l’inégalité des races constitue une doctrine pernicieuse et immorale : « Votre doctrine est [...] une sorte de fatalisme, de prédestination si vous voulez ; différente toutefois de celle de saint Augustin, des jansénistes et des calvinistes (ce sont ceux-ci qui vous ressemblent le plus par l’absolu de la doctrine) en ce que chez vous il y a un lien très étroit entre le fait de la prédestination et la matière. Ainsi vous parlez sans cesse de races qui se régénèrent ou se détériorent, qui prennent ou quittent des capacités sociales qu’elles n’avaient pas par une infusion de sang différent, je crois que ce sont vos propres expressions. Cette prédestination-là me paraît, je vous l’avouerai, cousine du pur matérialisme. […]Quel intérêt peut-il y avoir à persuader à des peuples lâches qui vivent dans la barbarie, dans la mollesse ou dans la servitude, qu’étant tels de par la nature de leur race il n’y a rien à faire pour améliorer leur condition, changer leurs mœurs ou modifier leur gouvernement ? Ne voyez-vous pas que de votre doctrine sortent naturellement tous les maux que l’inégalité permanente enfante, l’orgueil, la violence, le mépris du semblable, la tyrannie et l’abjection sous toutes ses formes ? Que me parlez-vous, mon cher ami, de distinctions à faire entre les qualités qui font pratiquer les vérités morales et ce que vous appelez l’aptitude sociale ? Est-ce que ces choses sont différentes ? Quand on a vu un peu longtemps et d’un peu près la manière dont se mènent les choses publiques, croyez-vous qu’on ne soit pas parfaitement convaincu qu’elles réussissent précisément par les mêmes moyens qui font réussir dans la vie privée ; que le courage, l’énergie, l’honnêteté, la prévoyance, le bon sens sont les véritables raisons de la prospérité des empires comme de celle des familles et qu’en un mot la destinée de l’homme, soit comme individu, soit comme nation, est-ce qu’il la veut faire ? Je m’arrête ici ; permettez, je vous prie, que nous en restions là de cette discussion. Nous sommes séparés par un trop grand espace pour que la discussion puisse être fructueuse. Il y a un monde intellectuel entre votre doctrine et la mienne » (Correspondance avec Gobineau, O.C., IX, p. 202-203.)
[modifier] La condamnation du génocide des Indiens d’Amérique du Nord et de l’esclavage
Dans une lettre à sa mère et dans le dernier chapitre de la première Démocratie, Tocqueville dénonce l’extermination des Indiens, le génocide programmé qui ira, il en est persuadé, jusqu’à son terme : « il est impossible de douter qu’avant cent ans il ne restera pas dans l’Amérique du Nord, non pas une seule nation, mais un seul homme appartenant à la plus remarquable des races indienne » (Correspondance familiale, O.C., XIV, p. 160).
L’objectif est fixé et tous les moyens sont mis en œuvre pour exterminer à terme toute la population indienne : expropriation, déportation, dépravation alcoolique, extermination du gibier : « Ce monde-ci nous appartient, se disent les Américains tous les jours ; la race indienne est appelée à une destruction finale qu’on ne peut empêcher et qu’il n’est pas à désirer de retarder. Le ciel ne les a pas faits pour se civiliser, il faut qu’ils meurent.[...] Je ne ferai rien contre eux, je me bornerai à leur fournir tout ce qui doit précipiter leur perte. Avec le temps j’aurai leurs terres et je serai innocent de leur mort. Satisfait de son raisonnement, l’Américain s’en va dans le temple où il entend un ministre de l’Évangile répéter chaque jour que tous les hommes sont frères et que l’Être éternel qui les a tous faits sur le même modèle leur a donné à tous le devoir de se secourir » (Voyage en Amérique, O.C., V, 1, p. 225).
Dans ce dernier chapitre - peu lu et guère commenté, bien qu’il fasse le tiers du livre - Tocqueville dénonce également l’esclavage, comme il le fera lorsqu’il tentera d’obtenir son abolition dans les Antilles françaises (O.C., III, 1 p. 41-126). En 1856, il fait publier un texte dans le Liberty Bell dont voici la traduction : « Ce n'est pas, je pense, à moi, un étranger, d'indiquer aux États Unis quand, comment et par qui l’esclavage sera aboli."
"Néanmoins, en ennemi persévérant du despotisme partout et sous toutes ses formes, je suis douloureusement étonné que le peuple le plus libre du monde soit à présent presque le seul parmi les nations civilisées et chrétiennes à maintenir encore la servitude personnelle. Et ceci tandis que le servage même est près de disparaître là où ce n'est encore fait, des nations les plus dégradées de l'Europe."
"Vieil ami sincère de l’Amérique, je m'inquiète de voir l'esclavage retarder son progrès, ternir sa gloire, fournir des armes à ses détracteurs, compromettre la carrière à venir de l'Union qui garantit sa sécurité et sa grandeur, et montrer à l'avance à tous ses ennemis où ils doivent frapper. Comme homme aussi, je m'émeus du spectacle de la dégradation de l'homme par l'homme, et j'espère voir le jour où la loi garantira une liberté civile égale à tous les habitants du même empire, comme Dieu accorde le libre arbitre sans distinction à tous ceux qui demeurent sur terre » (O.C., VII, pp. 163-164).
Il dira encore en 1850: "Les Etats-Unis sont parvenus à exterminer la race indienne sans violer un seul principe de morale aux yeux du monde."
[modifier] La dénonciation de l’esclavage et la lutte pour l’abolition
A Dunoyer, économiste libéral, qui avait affirmé que, bien que l'esclavage soit condamnable, il fallait reconnaître qu'il avait eu son utilité dans l'Antiquité, notamment pour donner le goût du travail (!), il répond le 20 avril 1839 à l'Académie des Sciences morales et politiques :
« Je ne crois donc pas qu'à aucune époque l'esclavage ait été utile à la vie et au bien-être social. Je Ie croirais, que je n'irais pas encore jusqu'à en conclure qu'à aucune époque l’institution de l’esclavage a été bonne et légitime.
Je n'admettrai point qu'un acte injuste, immoral, attentatoire aux droits les plus sacrés de l'humanité, puisse jamais se justifier par une raison d'utilité. Ce serait admettre la maxime que la fin justifie les moyens, et c'est une maxime que j’ai toujours détestée, et que je détesterai toujours.
L'esclavage, eût-il en effet contribué à sauver la vie de quelques hommes et augmenté la richesse de quelque peuple, ce que je nie, n'en reste pas moins à mes yeux un horrible abus de la force, un mépris de toutes les lois divines et humaines, qui nous défendent de priver de la liberté notre semblable et de le faire servir malgré lui à notre bien‑être.
Ces faits sont odieux de nos jours, ils ne l'étaient pas moins il y a trois mille ans. »''
- Référence: Œuvres complètes, vol. XVI, pp. 166-167
Tocqueville conclut ainsi son discours à la Chambre pour défendre l’abolition le 30 mai 1845 : « A mes yeux, la question d'abolition de l'esclavage n'est pas seulement une question d'intérêt pour la France, mais encore une question d'honneur. On a beaucoup dit qu'on ne devait qu'au christianisme seul l'abolition de l'esclavage. Dieu me garde de m'écarter du respect que je dois a cette sainte doctrine, mais il faut bien pourtant que je le dise, Messieurs, l'émancipation telle que nous la voyons même dans les îles anglaises, est le produit d'une idée française. […] Je dis que c'est nous qui, en détruisant dans tout le monde le principe des castes, des classes, en retrouvant, comme on l'a dit, les titres du genre humain qui étaient perdus, c'est nous qui, en répandant dans tout l'univers la notion de l'égalité de tous les hommes devant la loi, comme le christianisme avait créé l'idée de l'égalité de tous les hommes devant Dieu, je dis que c'est nous qui sommes les véritables auteurs de l'abolition de l'esclavage.
Le christianisme, il y a douze cents ans, cela est vrai, a détruit la servitude dans le monde, mais depuis il l'avait laissée renaître. Il y a cinquante ans encore, le christianisme dormait à côté de l'esclavage, et il laissait sans réclamer l'esclavage peser sur une partie de l'espèce humaine. C'est nous, Messieurs, qui l'avons réveillé; c'est du mouvement de nos idées qu'est sorti ce mouvement admirable du zèle religieux, dont nous voyons les effets dans les colonies anglaises; c'est nous qui avons fait voir aux hommes religieux ce qu'il y avait d’horrible et en même temps ce qu’on pourrait détruire dans l'esclavage; c'est nous qui leur avons montré que l'esclavage n'était pas seulement contraire aux lois de Dieu, mais qu'il devait disparaître des lois humaines. C'est nous, en un mot, qui avons créé la pensée que la philanthropie religieuse des Anglais a si noblement si heureusement réalisée.
Et remarquez-le, Messieurs, non seulement l'abolition de l'esclavage, l'idée de l'abolition de l'esclavage, cette grande et sainte idée est sortie du fond même de l'esprit moderne français; mais bien plus, vous la voyez se saisir plus ou moins de l'esprit de la nation, suivant que la nation elle-même sent plus ou moins raviver ou s'éteindre dans son cœur les grands principes de la Révolution (O. C. III,1, pp.124-125).
Malgré ce discours, Tocqueville ne put obtenir un vote favorable de la Chambre à l’abolition qu’il défendait depuis 1839. Il faudrait le choc de la révolution de 1848 pour que Schoelcher pût réussir là où Tocqueville avait échoué, mais le travail des abolitionnistes avait créé les conditions nécessaires au succès.
[modifier] Individualisme
- « C'est un sentiment réfléchi qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l'écart avec sa famille et ses amis; de telle sorte que, après s'être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même . » Extrait de La Démocratie en Amérique vol. II, Deuxième partie, Chapitre II
[modifier] Guerres coloniales et conflits
- « Pour ma part, j'ai rapporté d'Afrique la notion affligeante qu'en ce moment nous faisons la guerre d'une manière beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes. C’est, quant à présent, de leur côté que la civilisation se rencontre. Cette manière de mener la guerre me paraît aussi inintelligente qu'elle est cruelle. Elle ne peut entrer que dans l'esprit grossier et brutal d'un soldat. Ce n'était pas la peine en effet de nous mettre à la place des Turcs pour reproduire ce qui en eux méritait la détestation du monde. Cela, même au point de vue de l'intérêt, est beaucoup plus nuisible qu'utile ; car, ainsi que me le disait un autre officier, si nous ne visons qu'à égaler les Turcs nous serons par le fait dans une position bien inférieure à eux : barbares pour barbares, les Turcs auront toujours sur nous l'avantage d'être des barbares musulmans.[…] J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre » (...) Pour moi, je pense que tous les moyens de désoler les tribus doivent être employés. Je n’excepte que ceux que l’humanité et le droit des nations réprouvent. […] Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l’époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu’on nomme razzias et qui ont pour objet de s’emparer des hommes ou des troupeaux. » 1841 - Extrait de Travail sur l’Algérie, in Œuvres complètes, Gallimard, Pléïade, 1991, p. 704 & 705.
- Chronique d’une catastrophe annoncée :
En 1847, Tocqueville fait figurer dans son rapport sur l’Algérie cet avertissement prémonitoire : « La commission est convaincue que de notre manière de traiter les indigènes dépend surtout l'avenir de notre domination en Afrique, l'effectif de notre armée et le sort de nos finances ; car, en cette matière, les questions d'humanité et de budget se touchent et se confondent. Elle croit qu'à la longue un bon gouvernement peut amener la pacification réelle du pays et une diminution très notable dans notre armée.
Que si, au contraire, sans le dire, car ces choses se sont quelquefois faites, mais ne se sont jamais avouées, nous agissions de manière à montrer qu'à nos yeux les anciens habitants de l'Algérie ne sont qu'un obstacle qu'il faut écarter ou fouler aux pieds ; si nous enveloppions leurs populations, non pour les élever dans nos bras vers le bien-être et la lumière, mais pour les y étreindre et les y étouffer, la question de vie ou de mort se poserait entre les deux races. L'Algérie deviendrait, tôt ou tard, croyez-le, un champ clos, une arène murée, où, les deux peuples devraient combattre sans merci, et où l'un des deux devrait mourir. Dieu écarte de nous, Messieurs, une telle destinée ! »
- Faire de Tocqueville un « théoricien du colonialisme » relève, au moins pour partie, de l’anachronisme. Après la perte du Canada et la vente de la Louisiane, il faut attendre la IIIe République pour voir la colonisation érigée en principe politique, notamment par Jules Ferry [Comprendre Tocqueville – JL Benoît – Cursus, Armand Colin, p140 à142]. Alors que les colonisateurs mettent en avant la mission civilisatrice de la France, le propos de Tocqueville est plus complexe. Il affirme dans son rapport de 1841 : « Nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître. […] Ne forçons pas les indigènes à venir dans nos écoles, mais aidons‑les à relever les leurs, à multiplier ceux qui y enseignent, à former les hommes de loi et les hommes de religion, dont la civilisation musulmane ne peut pas plus se passer que la nôtre » (Rapport de 1841., O.C., p. 325).
Plutôt qu’un théoricien du colonialisme, Tocqueville fut un « coloniste » pour des raisons essentiellement géopolitiques ou géostratégiques qu’il faut replacer dans l’esprit et les valeurs de l’époque. Il convient également de ne pas oublier que le tiers de la première édition "De la Démocratie en Amérique" dénonce le racisme, le génocide des indiens et qu’il fut l’un des plus actifs abolitionnistes.
* Tocqueville contre Bugeaud, la question de la Kabylie.
Si Tocqueville admet, dans son Rapport sur l’Algérie, que Bugeaud a su mettre au point une forme de guerre permettant de vaincre Abd el-Kader, il s’opposa violemment à l’ensemble de son action et de ses projets.
Dans sa première Lettre sur l’Algérie (1837) Tocqueville voulait que la France et son armée laissent à l’écart la Kabylie pour sauvegarder une zone de paix et tenter de développer des liens commerciaux. Il ne cessa ensuite, dans toutes ses interventions et tous ses textes, de s’opposer à toute tentative d’intrusion en Kabylie.
En 1846, dans le débat sur les crédits extraordinaires de 1846, non seulement il fait rejeter les demandes de crédits pour les colonies militaires chères à Bugeaud, mais encore, il dénonce sa conduite des opérations militaires, ses pratiques, les actions qu’il mène contre l’avis même du gouvernement. « Ainsi donc, je reconnais pleinement les grandes qualités militaires de M. le maréchal Bugeaud ; mais ceci dit, il me sera permis d’ajouter que M. le maréchal Bugeaud n’a rien fait, rien, il a nui [...]. Il n’a donc rien fait, et souvent il a empêché de faire » (Tocqueville, Œuvres complètes, III, 1, Gallimard, 1962, pp. 299-300 ).
Tocqueville juge alors la volonté de Bugeaud d’entrer en Kabylie, malgré l’opposition de la Chambre, comme une menée factieuse devant laquelle le gouvernement a choisi par lâcheté, déjà, « le parti de la résignation, [...] On n’a point désavoué le maréchal Bugeaud, on ne l’a pas rappelé » (Tocqueville, Œuvres complètes, III, 1, Gallimard, 1962, p. 303). Il conclut ainsi son intervention : « Lorsque j’entends qu’une démission a été offerte par le maréchal Bugeaud et n’a point été acceptée, je ne puis m’empêcher de supposer que ce qui fait maintenir le maréchal Bugeaud en Afrique est bien moins le bien qu’on attend là de lui pour la France, que le mal qu’on pourrait craindre de lui ici, à Paris (Tocqueville, Œuvres complètes, III, 1, Gallimard, 1962, pp. 299-306 ) ».
[modifier] Révolution de 1848
- « J'avais toujours cru qu'il ne fallait pas espérer de régler par degrés et en paix le mouvement de la Révolution de Février et qu'il ne serait arrêté que par une grande bataille livrée dans Paris. Je l'avais dit dès le lendemain du 24 février ; ce que je vis alors me persuada que non seulement cette bataille était inévitable mais que le moment en était proche et qu'il était à désirer qu'on saisit la première occasion de la livrer. » (Cité par Sartre dans la Critique de la raison dialectique, p 708)
Tocqueville est un acteur et un spectateur privilègié de la Révolution de 1848 et de la Seconde République, le témoignage qu'il nous laisse de son investissement politique et de son analyse critique dans ses Souvenirs est d'une grande richesse.
I. Les causes profondes de la Révolution a. les difficultés du peuple.
La révolution industrielle a fait de : « Paris la première ville manufacturière de France », attirant ainsi de nombreux ouvriers. Cette concentration nouvelle est réduite à un sort misérable par le libéralisme sauvage (qui entraîne des bas salaires et des conditions de travail difficiles). « Les travaux de fortifications » auxquels Tocqueville fait référence sont ceux de la construction de l’enceinte « Thiers », elle fut construite entre 1841 et 1845 et demanda une forte main-d’œuvre venant des campagnes, mais celle-ci une fois les travaux terminés, fut « sans ouvrage ». D’autant plus que les années 1846/1847 furent marquées par une crise qui a amené un fort taux de chômage. Cependant on peut noter que pour Tocqueville ce sont moins les besoins que les idées qui ont amené à la révolte.
b. les nouvelles idées.
Tocqueville dénonce « l’ardeur des jouissances matérielles » ligne 8, et « le malaise démocratique de l’envie » qui, selon lui, sont des passions cupides et aveugles qui abaissent l’homme car il ne se préoccupe plus des valeurs essentielles qui doivent gouverner sa vie. Pour lui ces maux ont été fortement encouragé par la monarchie de Juillet a qui il reproche d’avoir flatté l’appétit des français, au dépend de leur dignité, en leur tendant continuellement l’appât du bien être matériel. Il considère également que « les théories économiques et politiques », ont, de fait, joué un rôle important dans la montée des mécontentements ouvriers, puisqu’elles les ont poussés à croire que « les misères humaines étaient l’œuvre des lois et non de la Providence ». En effet, de nombreuses théories nourrirent des idées chimériques sur le rôle que pouvait remplir le pouvoir social dans les rapports de l’ouvrier et du patron, faisant croire aux ouvriers qu’il ne dépendait que de l’Etat de les sauver de la misère et de leur donner l’aisance et le bien-être. Certaines allant jusqu’à dire que les biens des riches étaient en quelque sorte le produit d’un vol fait aux pauvres. Et qu’on pouvait donc « supprimer la pauvreté en changeant » le système de distribution des impôts. Tocqueville, quand à lui, n’adhérait pas à ces théories et les dénonçait. Le socialisme lui faisait peur car il menaçait la propriété, qui pour Tocqueville était à la base de la société (discours du 27 janvier 1848), et demeurait la caution sociale la plus efficace. Ces théories étaient en effet utopiques et exagérées, mais, la crise économique et sociale de 1846 leur donna une audience nouvelle. D’autant que la réponse du gouvernement à la crise fut jugée insuffisante, ce qui participa à créer un climat d’émeute.
c. le mépris.
L’impression négative suscitée par l’impuissance du gouvernement à enrayer la crise fut aggravée par les scandales qui secouèrent le régime de Louis-Philippe. En mai 1847 on apprit que l’ancien ministre Teste avait été corrompu en 1842 par le général de Cubières. Et en juillet le duc de Choisseul, pair de France, assassinat sa femme avant de se donner la mort. L’image de prospérité et d’ordre dont jouissait la monarchie de Juillet s’effondra brutalement. Plongeant « la classe qui gouvernait et surtout les hommes qui marchaient à sa tête » dans le mépris (d’ailleurs fortement exprimé par les journaux satiriques). Celui-ci « paralysa la résistance de ceux même qui avaient le plus d’intérêt au maintient du pouvoir », en effet la petite bourgeoisie avait jusque là été un soutien solide du régime, car l’essor économique lui était favorable. Mais les scandales venant s’ajouter à l’immobilisme de la politique intérieure et à l’étroitesse du corps électoral limité par le maintient d’un cens trop élevé provoquèrent la naissance d’un mécontentement auquel elle se rallia.
d. la mobilité.
De plus, ces mécontentements s’inscrivaient dans un contexte historique d’instabilité des régimes et des gouvernements. Ce qui, par essence, rendait la « société mouvante ». En effet l’instabilité gouvernementale ne permettait pas aux dirigeants de gérer durablement les problèmes en créant les réformes et les lois nécessaires, ce qui entraînait de nombreuses crises. Or ces crises permettaient la montée d’un esprit favorable aux changements.
2. « Les accidents » : causes secondaires.
Tocqueville expose ensuite les raisons qui ont permis la montée de l’insurrection.
a. L’opposition dynastique.
Il dénonce tout d’abord « les passions malhabiles de l’opposition dynastique » qui en cherchant à tout pris la réforme électorale, a fini par se laisser dépasser par les évènements qu’elle avait elle-même engendrés. En effet après les nombreux refus de réforme de M.Guizot, la gauche a débuté en 1847 une campagne des banquets (les autres manifestations publiques étant interdites), mais M.Guizot s’obstina dans le refus de toute réforme. Et finit, en janvier 1848, par s’opposer également aux banquets, l’opposition décida de se réunir malgré l’interdiction, mais elle fut dépassée par les manifestations, auxquelles le journal le National avait appelé, et sur lesquelles elle n’avait aucun contrôle. Le gouvernement voulu réprimer « cette émeute », en envoyant la garde nationale, mais une fusillade éclata boulevard des Capucins, et déclencha la révolution. Les dirigeants décidèrent alors d’interdire la répression par les armes, ce qui permit aux émeutiers d’envahir la Chambre (pour proclamer un gouvernement provisoire) et de s’emparer des Tuileries.
b. Le changement de gouvernement.
Face aux troubles, Louis-Philippe comprend qu’il lui faut renvoyer Guizot et appel un nouveau ministère. Mais, pour Tocqueville, ce renvoi est trop tardif pour arrêter la révolution en marche. De plus « les nouveaux ministres, dans leur trouble ne surent » comment agir pour rétablir l’ordre.
c. Les hésitations de l’armée.
Ils donnèrent l’ordre aux généraux de ne pas ouvrir le feu, mais ceux-ci se trouvèrent alors démunis face à la foule. Bon nombre de manifestants étant désarmés, les soldats étant nombreux à avoir de la sympathie pour eux. Les généraux ne purent se résoudre à faire ouvrir le feu, et laissèrent les insurgés s’emparer des lieux de pouvoir.
d. La faiblesse de Louis-Philippe.
Dans son discours du Trône, Louis-Philippe condamna les passions « ennemies ou aveugles » des opposants, déclenchant ainsi des débats virulents qui allaient mener aux émeutes. Tocqueville ne comprend pas son attitude qu’il dénonce comme « l’espèce d’imbécillité sénile du roi », car il le considère comme un homme qui a de l’esprit et de l’expérience en matière de révolution.
[modifier] Réception de l'œuvre de Tocqueville
Délaissée en France pendant plusieurs décennies, l'œuvre de Tocqueville fut remise à l'honneur par Raymond Aron (notamment dans son Essai sur les libertés) qui sut reconnaître en Tocqueville un précurseur. Par la suite, l'historien François Furet et le philosophe Pierre Manent contribuèrent à comprendre la richesse de l'œuvre de Tocqueville.
Souvent mal compris et mal interprêté, l'apport de Tocqueville a souvent été réduit à quelques expressions (du type "La liberté est plus importante que l'égalité") qui le trahissent[réf. nécessaire]. Par ailleurs, sa qualité de libéral l'a souvent disqualifié aux yeux de nombreux intellectuels, Raymond Aron et François Furet ayant eux-mêmes été l'objet de vives critiques (par exemple quant à leur dépréciation du communisme).
[modifier] Œuvres
- De la démocratie en Amérique, Schoenhofs Foreign Books (23 mai 1986), collection Folio, (ISBN 2070323544)
- L'Ancien Régime et la Révolution. Paris, Garnier-Flammarion, n° 500 (édition F. Mélonio).
- Lettres Choisies et Souvenirs (1814-1859). Gallimard, collection Quarto (édition: Françoise Mélonio et Laurence Guellec). 2003.
- De la démocratie en Amérique, Souvenirs, l'Ancien Régime et la Révolution. Paris, Bouquins. Éditions Robert Laffont, 1986. 1 volume.
- Œuvres Complètes. Paris, Gallimard, 1951-2002 (29 volumes parus).
- Sur l'Algérie, GF Flammarion, présentation de Seloua Luste Boulbina.
- Mémoire sur le paupérisme 1835, Mémoire présenté à la Société académique cherbourgeoise et publié en 1835 par celle-ci dans les Mémoires de la Société académique de Cherbourg, 1835, pp. 293-344
[modifier] Bibliographie
- Serge Audier, Tocqueville retrouvé : Genèse et enjeux du renouveau tocquevillien, Paris, Librairie Philosophique Vrin, 2004, 322 p. (ISBN 2-711-61630-4)
- Gilles Le Béguec, Tocqueville et la modernité politique, Tulle, Éditions Mille Sources, 2007, 96 p.
- Jean-Louis Benoît :
- Tocqueville : un destin paradoxal, Paris, Bayard, 2005, 371 p. (ISBN 2-227-47429-7)
- Tocqueville moraliste, Honoré Champion, Paris 2004, 672p. (ISBN 2-7453-0953-6)
- Comprendre Tocqueville, Armand Colin/Cursus, Paris 2004, 216p. (ISBN 2-200-26532-8)
- Jean-Louis Benoît et Eric Keslassy, Alexis de Tocqueville. Textes économiques. Anthologie critique, Pocket/Agora, Paris 2005, 480p. (ISBN 2-233-13352-7)
- Raymond Boudon, Tocqueville aujourd’hui, Paris, Odile Jacob, 2005, 299 p. (ISBN 2-738-11549-7)
- Émile-François Callot, La Pensée libérale au XIXe siècle à travers trois moments de sa formation : Benjamin Constant, Alexis de Tocqueville, Lucien A. Prévost-Paradol, Lyon, Éditions L'Hermès, 1987, 146 p. (ISBN 2-85934-192-7)
- Jacques Coenen-Huther, Tocqueville, Paris, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », n° 3213, 1997, 127 p. (ISBN 2-13-048025-X)
- Pascal Dupont, La bannière étiolée : voyage sur les traces de Tocqueville, Paris, Éditions du Seuil, 1993, 299 p. (ISBN 2-02-015148-0)
- Laurence Guellec :
- Tocqueville et les langages de la démocratie, Paris, Honoré Champion, 2004 (ISBN 2-745-31028-3)
- Tocqueville : l'apprentissage de la liberté, Paris, Michalon, 1996, 121 p. (ISBN 2-841-86041-8)
- André Jardin, Alexis de Tocqueville : 1805-1859, Paris, Hachette, 1984, 582 p. (ISBN 2-01-004710-9)
- Lucien Jaume, Tocqueville : Les sources aristocratiques de la liberté, Fayard, 2008, 473pp., (ISBN 978-2213635927)
- Eric Keslassy, Le libéralisme de Tocqueville a l'épreuve du paupérisme, Paris, L'Harmattan, 2000, 285 p. (ISBN 2-738-49221-5)
- Antoine Leca, Lecture critique d'Alexis de Tocqueville, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'Aix-Marseille, 1988, 829 p.
- Pierre Manent, Tocqueville et la nature de la démocratie, Paris, Fayard, 1993, 181 p. (ISBN 2-213-03036-7) (rééd. Tel-Gallimard, 2006)
- Françoise Mélonio, Tocqueville et les Français, Paris, Aubier Montaigne, 1993, 408 p. (ISBN 2-700-72244-2)
- Olivier Meuwly, Liberté et société : Constant et Tocqueville face aux limites du libéralisme moderne, Genève, Droz, 2002, 258 p. (ISBN 2-600-00630-3)
- Gilles de Robien : Alexis de Tocqueville.- Flammarion, 2000, 465 p. (ISBN 2-08-067825-6)
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- Alexis de Tocqueville, Ministère de la Culture et Conseil général de la Manche
- Alexis de Tocqueville, membre de l'Académie des Sciences morales et politiques: les dossiers de l'Académie sur Alexis de Tocqueville
- Travaux de l'UQAC sur Tocqueville, textes de Tocqueville en texte intégral
- Œuvres de Tocqueville sur Gallica
- (fr) Fiche généalogique dans la base roglo de l'INRIA
[modifier] Notes, sources et références
Précédé par Jean-Girard Lacuée |
Fauteuil 18 de l’Académie française 1841-1859 |
Suivi par Henri Lacordaire |
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