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Poaley Tzion et Akhdut Ha'avoda - Wikipédia

Poaley Tzion et Akhdut Ha'avoda

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Le Poale sion (« l'ouvrier de Sion ») ou Poale zion ou Poale Tsion, ou Poalei sion est un parti sioniste marxiste créé en 1906. Il donnera naissance en 1919 au parti Achdut Ha'avoda (« L'union du travail »).

Il est un des partis les plus importants dans l'histoire du sionisme, dont il a longtemps constitué une des principales forces politiques.

Il est l'un des deux partis fondateurs du parti travailliste Mapaï, en 1930, au coté du Hapoel Hatzaïr.

Sommaire

[modifier] Origine du Poaley Tzion

Dans les années 1890, des partis ouvriers juifs se structurent en Europe orientale. Dans le même temps apparaissent les premières organisations sionistes :

Assez rapidement, le Bund refuse le sionisme. Le courant nationaliste marxiste se sépare alors du Bund. Il s’organise à l’origine dans des associations Poaley Tzion, qui se regroupent en 1905-1906 pour former un véritable parti. Celui-ci sera basé en Russie jusqu’à la révolution Bolchevique, mais a dès l’origine d’autres branches nationales, dont une branche américaine et une branche palestinienne (fondée en 1906).

[modifier] Idéologie du Poaley Tzion

Le dirigeant et idéologue du nouveau parti est un intellectuel né en Ukraine tsariste, Dov-Ber Borochov (1881-1917). Celui-ci réalise la synthèse entre le marxisme et le nationalisme juif. Dans son optique, la seule oppression n'est pas l'oppression de classes, et le seul moteur de l'histoire n'est donc pas la lutte de classes. L'oppression nationale, et donc les luttes de libération nationale, peuvent être aussi de puissants moteurs de l'évolution historique.

Borochov considère également que la population juive a une pyramide sociale inversée : beaucoup de bourgeois, intellectuels, artisans, commerçants, peu d’ouvriers et de paysans. Seule une vie nationale séparée permettra à la population juive à reprendre une structuration sociale « normale », condition pour le développement à la fois d’une vie nationale libérée et d’une lutte de classe triomphante.

Pour ce faire, l’émigration de masse que connaissait le judaïsme russe de l’époque (4 millions d’émigrants en 1880 et 1932), surtout vers les États-Unis, devait être redirigée vers la Palestine, afin de permettre une concentration des juifs sur un territoire national donné. De plus, « au lieu d'aller dans des pays au développement économique trop élevé pour les immigrants juifs, il faut partir dans des pays dont le niveau de développement est largement inférieur à la production juive, de sorte que les juifs prennent une position dominante dans ce pays et ne restent pas confinés dans des travaux marginaux comme c'était le cas dans les anciennes communautés juives et les pays d'émigration. Il est nécessaire que la transmigration juive se défasse de son caractère de simple immigration et devienne une colonisation[1] ».

Enfin, parti « ouvrier », le Poaley Tzion va valoriser le travail manuel, remède à l'« hypertrophie » intellectuelles de la Diaspora juive, mais sans aller jusqu'à la mystique du travail manuel développée par le Hapoel Hatzaïr, l'autre grand parti socialiste sioniste, qui lui n'est pas marxiste.

Le Poaley Tzion critique deux aspects du sionisme de Théodore Herzl :

  • l'insistance de ce dernier sur l'action diplomatique pour obtenir le soutien des grandes puissances. Sans rejeter celle-ci, le Poaley Tzion considère qu'il doit y avoir un sionisme des faits, centré sur la colonisation juive de la Palestine, sans attendre le soutien ou l'accord des grandes puissances de l'époque.
  • l'acceptation par Herzl de l'ordre social établi. Le Poaley Tzion entend mener lutte de libération nationale et lutte d'émancipation sociale sur le même plan. Ce sont les travailleurs juifs qui créeront l'État juif, et non les diplomates ou les bourgeois.

La branche américaine du parti développera une ligne moins doctrinale et moins marxiste, prémisse de l’évolution future du parti.

En résumé, on peut indiquer que Le Poaley Tzion se définit :

  • Comme un parti marxiste qui croit à la lutte de classe et au développement de la société industrielle, ce qui le différencie de l'autre grand parti socialiste de l'époque, le Hapoel Hatzaïr, réticent face à la lutte de classe et partisan d'un socialisme rural. Ce qui le différencie aussi des sionistes « bourgeois » comme Herzl.
  • Comme un parti nationaliste, ce qui le différencie des révolutionnaires Juifs non sionistes actifs dans la révolution Bolchevique ou au sein du Bund.
  • Comme un parti laïque, voir athée, ce qui le différencie des juifs religieux, sionistes ou non sionistes.
  • Comme un parti « activiste », peu intéressé par l'activité diplomatique chère à beaucoup de Sionistes généraux, mais surtout concentré sur l'installation de Juifs en Palestine et sur le renforcement économique de la communauté juive palestinienne (le Yichouv). On verra en pratique les socialistes développer (mais surtout à partir des années 30) une activité diplomatique intense.

[modifier] Fonctionnement du Poaley Tzion avant 1914

En pratique, le Poaley Tzion est pleinement intégré à l'Organisation sioniste mondiale (OSM). Entre la lutte de classes et la lutte nationale, il fera au final toujours passer en premier la lutte nationale, recherchant pour cela l'alliance des autres factions sionistes, y compris les « bourgeois » des sionistes généraux. De fait, au-delà de son idéologie, le Poaley Tzion apparaît progressivement comme un parti réformiste, à l'origine de l'actuel parti travailliste israélien.

David Ben Gourion rejoint un groupe local de Poale Sion en 1904, avant même la formation du parti.

Lors des congrès sionistes qui vont de la mort de Théodore Herzl (1904) au congrès sioniste de Bâle de 1911, le Poaley Tzion va défendre le « sionisme pratique » (avec d’autres groupe de gauche, mais aussi avec des centristes comme Haïm Weizmann) contre les tenants du « sionisme politique », majoritaire. Le « sionisme pratique » veut mener une action de colonisation juive intense en Palestine. Face à l’hostilité des Ottomans, qui ont l'autorité sur la Palestine, les « sionistes politiques » cherchent un soutien international à l’établissement d’une « charte » donnant un statut officiel au projet d’un « Foyer National Juif » en Palestine (ce qui sera obtenu avec la déclaration Balfour de 1917). Le Poale sion fait donc partie de l’opposition interne à l’Organisation sioniste mondiale. La synthèse entre « pratiques » et « politiques » sera trouvée en 1911.

Sur le terrain palestinien, entre 1903 et 1914, les 30 à 40 000 colons sionistes de la seconde Aliyah sont largement dominés par la gauche, et parmi elle, les militants du Poaley Tzion sont nombreux. David Ben Gourion s’est ainsi installé en Palestine en 1906. Le parti crée aussi un ensemble de clubs, journaux, institutions d’entraides, etc. C’est aussi de ses rangs que sortira le Hachomer (la garde), en 1909, premier groupe armé d’autodéfense juive.

[modifier] Scissions du Poaley Tzion

Dans les années suivant la fondation du parti, celui-ci connaîtra plusieurs scissions, essentiellement celle du Poaley Tzion Gauche, nouveau parti basé sur les mêmes principes idéologiques, mais réclamant une pratique plus authentiquement révolutionnaire, moins réformiste.

Tant le Poaley Tzion que le Poaley Tzion Gauche participeront à la révolution bolchevique de 1917. Bon nombre de membres du Poaley Tzion Gauche rallieront d'ailleurs le parti bolchevique après cette date. On en reverra certains en Palestine, comme agents de la IIIe internationale.

Le Poaley Tzion Gauche est également l'une des origines du futur grand parti de l'extrême gauche sioniste, le Mapam, qui rejoindra plus tard l'actuel Meretz.

[modifier] Fondation du Akhdut Ha'avoda (1919)

Le parti est fondé en Palestine en 1919 au lendemain de la Première Guerre mondiale et de la déclaration Balfour.

La naissance de Akhdut Ha'avoda est liée à une crise et à une opportunité.

[modifier] La crise du Poaley Tzion (1914-1918)

Le Poaley Tzion de l'avant guerre était surtout actif dans l'empire russe, en Palestine et aux États-Unis (chez les immigrés russes).

En 1918, les Bolcheviques ont interdit tous les partis, y compris les partis révolutionnaires favorables à la révolution, comme le Poale sion. La grande base militante du Poaley Tzion est donc neutralisée. Exception, le Poaley Tzion gauche restera autorisé en URSS jusqu’en 1928.

Le fondateur et théoricien du Poaley Tzion, Ber Dov Borochov (1881-1917), est mort de maladie après sont retour en Russie pour y soutenir la révolution.

Les Ottomans ont expulsé près de 30 000 Juifs de Palestine (sur 85 000 en 1914), surtout les immigrants russes, comme David Ben Gourion (qui se réfugie aux États-Unis). Ceux-ci étaient la base du Poaley Tzion de Palestine.

Interdit en Russie, ayant perdu son principal dirigeant, neutralisé en Palestine par l'expulsion de ses militants, le parti est donc en crise profonde.

[modifier] Les opportunités

En 1919, Le Foyer National Juif n'est pas encore officiellement proclamé (il ne le sera qu'en 1920 par la conférence de San Remo et en 1922 par la Société des Nations). Mais le mouvement sioniste est en ébullition suite à la déclaration Balfour. Une nouvelle ère semble s'annoncer, qui offre d'énorme possibilités pour le mouvement sioniste.

La révolution bolchevique, même si elle a interdit le Poale sion, enthousiasme la jeunesse de gauche, qui entend implanter en Palestine les idées nouvelles révolutionnaires autant que le sionisme. Mais dans le même temps, il n’est pas question de laisser les communistes non sionistes capter à leur profit cet enthousiasme.

[modifier] La création de Akhdut Ha'avoda (1919)

Pour profiter de ces opportunités, mais aussi pour surmonter la crise, il apparaît donc nécessaire de donner une nouvelle impulsion au Poale sion, et de le réorganiser en profondeur.

C'est la raison de la création de Akhdut Ha'avoda en 1919. Outre le changement de nom, le parti est maintenant basé en Palestine mandataire, et non plus en Russie ou aux États-Unis. Désormais, sa direction y restera toujours installée.

Le nom de Poale sion restera largement utilisé en Diaspora par les antennes locales du parti.

L’idéologie officielle ne change pas : c’est toujours celle du Poaley Tzion. Mais avec le départ de l’extrême gauche du parti, elle est progressivement réinterprétée dans un sens de plus en plus nationaliste, et de moins en moins révolutionnaire, comme l’indique le slogan du parti « de la classe au peuple ». L’Akhdut Ha'avoda devient un parti réformiste de fait, mais sans jamais rompre clairement avec ses origines marxistes.

Après sa création en 1919, Akhdut Ha'avoda connaît trois périodes historiques.

[modifier] 1919-1930 : la marche vers l'unité socialiste

Cette période est marquée par un activisme intense sur le terrain. La constitution du syndicat Histadrout doit ainsi beaucoup à Akhdut Ha'avoda. Et paradoxalement, c'est le syndicat lui-même qui créera bon nombre d'entreprise, devenant ainsi un des premiers employeurs du pays. C'est ainsi David Ben Gourion, un des dirigeants de Akhdut Ha'avoda (plutôt de l'aile droite) qui devient en 1921 le responsable de la Histadrout.

Après une période de réticence, Akhdut Ha'avoda se lance aussi dans la mise en place de Kibboutzim, dont le projet vient du Hachomer Hatzaïr, partisan d'un socialisme rural teinté d'anarchisme.

L'idéologue du parti pour la période, après la mort de Ber Dov Borochov en 1917 est Berl Katznelson. Il est aussi un dirigeant important au coté de David Ben Gourion.

Au cours des années 20, les deux partis de la gauche réformiste se sont rapprochés : Ils militent de concert au sein de la Histadrout, et adoptent en générale des positions communes. L' Akhdut Ha'avoda et le Hapoel Hatzaïr fusionnent donc en 1930, fondant le Mapaï. Cette fusion est en partie liée à la volonté de résister à la poussée électorale de la droite sioniste, le parti Révisionniste de Vladimir Jabotinsky.

[modifier] 1944-1948 - La scission du Mapaï

En 1944, la « faction B » (Siah Bet) du Mapaï quitte le parti, qu'elle considère être devenu trop réformiste. Cette faction reprend le nom de Akhdut Ha'avoda, dont beaucoup de ses membres sont issus. Il n'y a cependant pas homologie entre l'ancien Akhdut Ha'avoda et le nouveau : la majorité des membres de l'ancien Akhdut Ha'avoda sont restés fidèles au parti Mapaï, son dirigeant David Ben Gourion en tête.

La faction B est en particulier assez pro-soviétique, et souhaite une rupture plus franche avec le capitalisme.

En 1948, elle crée avec deux autres factions sionistes d'extrême gauche (Poaley Tzion gauche et Hachomer Hatzaïr, une scission du Hapoel Hatzaïr) le Mapam. Celui-ci obtiendra de bon résultat aux élections de 1949 et 1951 (entre 14 et 15%), preuve que l'extrême gauche sioniste a une influence certaine dans le pays.

[modifier] 1954 - 1968 - La scission du Mapam

En 1954, le Mapam éclate sous le coup de plusieurs divergences, dont le rapport à l'Union soviétique. Akhdut Ha'avoda, considéré comme l’aile droite du parti et de plus en plus réservé sur l'Union Soviétique, reprend son indépendance. Il se présente alors aux élections sous le nom historique de Akhdut Ha'avoda – Poaley Tzion.

A compter de 1965, Akhdut Ha'avoda se présente sur un liste commune avec le Mapaï (période dite du « premier alignement », ou Ma'Arakh). En 1968, il fusionne avec lui et avec le Rafi (scission du Mapaï datant de 1963), pour fonder le parti travailliste israélien, dont il constitue alors l’aile gauche. Le « nouveau » parti travailliste n'est en fait que la reconstitution du Mapaï dans son périmètre de 1930, en réintégrant les factions qui l'avaient quitté. Akhdut Ha'avoda disparait en tant que parti en 1968, mais subsiste en tant que faction organisée au sein du parti travailliste, et conserve sa dénomination.

Malgré son orientation très à gauche, Akhdut Ha'avoda est aussi très nationaliste. En 1968, c’est de ses membres, Ygal Allon, qui élaborera le « plan Allon », un projet d’annexion de 30% de la Cisjordanie occupée après la guerre des six jours de 1967.

[modifier] Notes et références

  1. Dov-Ber Borochov, Grundlagen des Poale-Sionismus, page 46 de l'édition en allemand de 1969 publiée à Francfort.

[modifier] Voir aussi


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