Macrobe
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Macrobe (Flavius Macrobius Ambrosius Theodosius) est un écrivain, philosophe et philologue latin, auteur des Saturnales, et du Commentaire au Songe de Scipion. Il a vécu à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle. C'est avec saint Augustin et Cassiodore l'un des « passeurs de témoin » à la fin de l'Antiquité romaine, notamment en ce qui concerne la question de l'âme.
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[modifier] Biographie
À vrai dire, si les œuvres de Macrobe sont relativement connues depuis longtemps - en fait, ses ouvrages sont lus tout au long du Moyen Âge -, on ne sait rien ou pratiquement rien sur leur auteur. Même son patronyme n'est pas très sûr, puisqu'il se désigne lui-même, ou est désigné parfois sous le nom de Theodosius. Il existe de fortes présomptions pour que Macrobe et le poète Avianus ne soient qu'une seule et même personne. Diverses conjectures en ont fait un citoyen romain d'Afrique du Nord, d'autres un patricien espagnol venu exercer une carrière de haut fonctionnaire à Rome. On sait donc qu'il fut un haut-fonctionnaire de l'Empire romain, puisque les incipit des manuscrits portent la mention : « vir clarissimus et illustris ». Clarissimus signifie que l'on appartient à l'ordre sénatorial; ce que l'on pourrait appeler l'illustrat signifie que l'on est préfet du prétoire ou préfet de la Ville (de Rome). A. Cameron pense qu'il fût Préfet du prétoire en 430[1].
De très récents travaux permettent de le situer dans la mouvance de la famille des Symmaque, puisque les recherches érudites sur les manuscrits ont permis d'identifier un petit-fils de Macrobe dans une souscription de divers manuscrits portant aussi la mention d'un descendant des Symmaque. Le fils de Macrobe, dont il parle avec tendresse au début du commentaire au Songe de Scipion, s'appellerait Flavius Macrobius Plotinus Eusthatius et son petit-fils s'appellerait Flavius Macrobius Plotinus Eudoxus [2]
[modifier] Œuvres
De Macrobe, nous ne connaissons que de peu de textes (en tout cas, peu de textes peuvent lui être attribués). Son œuvre majeure, les Saturnales, précède de peu un ouvrage qui lui aussi est dédicacé à son fils et qui est un commentaire à un passage du livre 6 du De Re publica (De la République) dans lequel Cicéron narre le « Songe de Scipion ». Macrobe rédige ainsi un Commentaire au Songe de Scipion. Selon certains auteurs, la date de composition des Saturnales, comme la date du Commentaire au Songe de Scipion seraient à placer après 430[3].
- Les Saturnales : Les Saturnales de Macrobe appartiennent au genre littéraire du banquet philosophique (symposion), qui remonte au Banquet de Platon. Sous forme de dialogues socratiques, douze interlocuteurs devisent, au cours de repas pris en commun lors des Saturnales, de divers sujets religieux (fêtes religieuses romaines et en premier lieu, des Saturnales[4]. La discussion porte sur l'histoire et la philosophie et atteint un sommet avec une explication de l'œuvre de Virgile. Peut-être ce banquet est-il fait sur le modèle des Deipnosophistes du Grec Athénée. On trouve aussi dans ce dialogue de nombreux renseignements sur l'usage des aliments et leurs propriétés. Le second livre s'étend sur des particularités de la vie privée des Romains (par exemple : coitus quid est ?) que l'on ne trouve pas ailleurs : l'usage du vin, la description des repas.
- Le Commentaire au Songe de Scipion. Ce Commentaire est d'une importance singulière, car il a permis à la partie du livre VI du De Re Publica de Cicéron de survivre alors que le reste de l'ouvrage disparaissait presque tout à fait[5]. Les paragraphes 9 à 29 du Livre VI de la République racontent un songe (c'est donc une fabula dit Macrobe, une fiction littéraire) que fit Scipion Emilien en 149 av. J.-C., alors que jeune commandant de légion il vint en Afrique pour participer à la Troisième Guerre punique. Accueilli par le roi Massinissa, il passe la soirée à écouter ses souvenirs concernant Scipion l'Africain et Paul Émile. Une fois couché, il rêve qu'il s'élève vers les régions célestes, où il est accueilli par ses deux aïeuls. Ils lui montrent et lui expliquent le mécanisme du cosmos et le principe de l'immortalité de l'âme; il lui disent que la destinée de l'âme des hommes politiques justes s'élève au ciel après leur mort, où ils jouissent d'une béatitude éternelle.
- Moins connu que les deux œuvres précédentes, on a encore de Macrobe un traité de grammaire sur les différences et ressemblances entre le grec et le latin.
[modifier] Bibliographie
[modifier] Les Saturnales
- Édition princeps des Saturnales, Venise, 1472.
- Opera. Accederunt integrae Isacii Pontani, Joh. Meursii, Notae et Animadversiones. Editio novissima cura indice Rerum et Vocum... and Harper, 1694. Contrefaçon anglaise de la recension faite sur 3 manuscrits de Leyde en 1670. Recueil des deux principaux traités : Le Songe de Scipion et les Saturnales
- Macrobe, Saturnales. Texte latin et trad. française par H. Bornecque et F. Richard. Classiques Garnier, Paris, 1937.
- Macrobius, Saturnalia. Ed. Iacobus Willis (= James A. Willis). 2 vols. Leipzig, Teubner, 1963.
- Macrobio Teodosio, I saturnali, introduction, traduction italienne et notes de N. Marinone; Turin, 1967. (Recommandée par Guittard, p. 355.)
- Les Saturnales, livres 1 à 3, introduction, traduction et notes par Charles Guittard; Paris, Les Belles Lettres, coll. La roue à livres, 1997. (Ne donne pas le texte latin. Le second volume, devant comprendre les livres 4 à 7, n'est pas publié à la date du 7 mars 2007. Voir)
[modifier] Le Commentaire au Songe de Scipion
- Éditions latines depuis 1472 (Édition de Jenson, Venise = editio princeps).
- Dernière édition : Ambrosii Theodosii Macrobii Commentarii in Somnium Scipionis, edidit Iacobius Willis - 1963 (1970) Jacob Teubner.
- Macrobe, Commentaire au Songe de Scipion, 2 volumes, Les Belles Lettres, 2003. Édition bilingue latin/français. Introduction, traduction et notes de Mireille Armisen-Marchetti.
- Trois éditions complètes des œuvres de Macrobe ont vu le jour en langue française (en traduction seulement):
- chez Firmin Didot en 2 volumes en 1827, traduction de Charles de Rosoy
- chez Dubochet en 1 volume en 1845, sous la direction de Désiré Nisard
- chez Panckoucke en 3 volumes en 1845-1847, traduction de Henry d'Escamps, Nicolas Auguste Dubois, E.-M.-P. Laas d'Aguen, Abdolonyme Ubicini et Desiderio Martelli
[modifier] Bibliographie secondaire
- Marcus Tullius Ciceron. La République. Bilingue latin/français. Classiques Garnier. Paris,
- Pierre Courcelle, Les Lettres grecques en Occident de Macrobe à Cassiodore. Paris, de Boccard, 1948.
- Jacques Flamant, Macrobe et le néoplatonisme latin à la fin du IVe siècle. Louvain, 1977.
- Paul Henry, Plotin et l'Occident. Louvain, 1934.
[modifier] Notes
- ↑ A. Cameron, The Date and Identity of Macrobius. Journal of Roman Studies (16) 1966. Pages 25-38
- ↑ Les données biographiques, ainsi que les controverses de la recherche érudite concernant le cognomen et la date de naissance de Macrobe, sont exposées par le professeur Mireille Armisen-Marchetti, éditeur et traducteur du Commentaire au Songe de Scipion (éditions Les Belles Lettres, 2003. Pages VII-XIX).
- ↑ Cf. Mireille Armisen-Marchetti. Introduction au Commentaire au Songe de Scipion.Édition bilingue Latin/Français. Paris, Les Belles Lettres, 2003, p. XVII
- ↑ Les interlocuteurs sont, à l'image de Macrobe lui-même, des aristocrates et des érudits romains, presque tous des personnages historiques. Les sources de Macrobe sont principalement le Grec Plutarque et les Latins Varron et Aulu-Gelle.
- ↑ Le De Re Publica de Cicéron (ou si l'on veut « la République »), a été redécouvert par le cardinal Mai au début du XIXe siècle comme palimpseste dans un manuscrit de la bibliothèque vaticane portant un texte de saint Augustin. La première édition française date de 1823. Le Songe de Scipion, c'est-à-dire le texte même de Cicéron, était ajouté sur les manuscrits médiévaux en annexe au Commentaire de Macrobe.
[modifier] Liens
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