Édouard Lefebvre de Laboulaye
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Édouard René Lefebvre de Laboulaye, communément appelé Édouard Laboulaye, né le 18 janvier 1811 à Paris où il est mort le 25 mai 1883, est un juriste et un homme politique français. Il fut député, puis sénateur inamovible de la Troisième République. C'est lui qui insuffla l'idée d'offrir une statue représentant la « Liberté » aux États-Unis.
[modifier] Biographie
Il étudia le droit et fut reçu licencié. En 1842, il se fit inscrire au barreau de Paris. Tout en s'occupant pendant quelque temps avec son frère de la fonte des caractères, il s'attacha d'une façon toute particulière à l'étude des jurisconsultes et des historiens de l'Allemagne, dont il acquit une connaissance approfondie. Ses premiers ouvrages attirèrent l'attention des lettrés, et contribuèrent, dans une certaine mesure, à régénérer l'étude de l'histoire du droit. À l'érudition nécessaire, il sut joindre une exposition claire et un style élégant, qualités qui se retrouvent dans tous ses ouvrages, s'affirmant encore avec le temps. Ces travaux lui permirent d'être nommé membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1845, et, quatre ans plus tard, de devenir professeur de législation comparée au Collège de France.
Sous l'Empire, tenant d'idées libérales, lecteur de Tocqueville et de John Stuart Mill, il fut d'abord mêlé aux hommes qui essayaient de réveiller l'esprit public en France. Il fonda la Revue historique de droit en 1855, et combattit la politique autoritaire du Second Empire. Observateur attentif de la vie politique des États-Unis, et admirateur de la constitution de ce pays, il contribua à faire connaître et aimer ces institutions, soit par ses cours extrêmement suivis, soit par ses ouvrages, soit, enfin, en faisant partie de comités d'organisation démocratique. Pendant la Guerre de Sécession, il fut du côté des États de l'Union, et à la fin de cette guerre, c'est lui qui fut à l'origine de l'idée d'offrir aux États-Unis une statue représentant la « Liberté ». Un de ses amis, le sculpteur Bartholdi concrétisa cette proposition généreuse. Mais il ne put voir l'entreprise arriver à son terme : il mourut un an avant l'érection de la statue à New York.
En 1863, il se présenta comme candidat à la députation de Paris, mais il échoua. Il ne fut pas plus heureux dans le Bas-Rhin en 1866, et dans le département de Seine-et-Oise en 1869. En 1870, lorsque eut lieu le vote du plébiscite sur les réformes apportées à la constitution, il écrivit le 25 avril une lettre, rendue publique, dans laquelle il donnait son adhésion à cet appel au peuple, déclarait qu'il voterait pour le plébiscite et affirmait que « la meilleure constitution est celle qu'on a, pourvu qu'on s'en serve. » Cette lettre fit scandale dans les milieux d'opposition qu'il fréquentait jusque-là. Accusé de renier son passé et de se rallier à l'Empire, il perdit en un instant la popularité dont il jouissait. Le 24 mai, il dut suspendre son cours au Collège de France, pour mettre un terme aux scènes tumultueuses qui s'y passaient et dont il était l'objet.
Lors des élections du 8 février 1871, le comité Dufaure le porta candidat à Paris pour l'Assemblée nationale. Il subit un nouvel échec; mais il fut plus heureux lors des élections complémentaires du 8 juillet suivant, où, soutenu, par l'Union de la presse parisienne, il devint député de Paris. Il alla siéger alors au centre gauche et ne cessa d'appuyer de ses votes la politique de Thiers. Lorsque, en novembre 1872, Casimir Périer provoqua une scission dans le centre gauche et créa la réunion dite de la République conservatrice, il fit partie des membres qui constituèrent cette nouvelle portion de l'Assemblée. Il fut nommé président de la commission chargée de réorganiser l'enseignement supérieur, et prit maintes fois la parole devant l'Assemblée. Dans le discours qu'il prononça, le 28 février 1873, lors de la discussion sur le projet de loi présenté par la commission des Trente, il déclara que la forme du gouvernement lui était indifférente, pourvu que le gouvernement ne soit pas despotique. Le 14 mars 1873, il fut nommé administrateur du Collège de France pour trois ans.
Il fut élu sénateur inamovible en 1875. Il fut le rapporteur de la loi du 19 juillet 1875, qui instaura la liberté de l'enseignement supérieur.
[modifier] Principales publications
- Histoire du droit de propriété foncière en Occident (Paris, 1839), livre couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres
- Essai sur la vie et les ouvrages de Savigny (Paris, 1840)
- Recherches sur la condition civile et politique des femmes depuis les Humains jusqu'à nos jours (Paris, 1843), ouvrage remarqué et couronné par l'Académie des sciences morales et politiques
- Essai sur les lois criminelles des Romains concernant la responsabilité des magistrats (1845), également couronné
- Histoire des États-Unis d'Amérique (Paris, 1854, 3 vol.)
- Études contemporaines sur l'Allemagne et les pays slaves (Paris, 1854)
- Les Tables de bronze de Malaga et de Salpensa (Paris, 1856)
- Souvenirs d'un voyageur (Paris, 1857 )
- La Liberté religieuse (Paris, 1858)
- Études sur la propriété littéraire en France et en Angleterre (Paris, 1858, in-12)
- Introduction au droit français, de Claude Fleury (Paris, 1858, 2 vol.), en collaboration avec Dareste
- Abdallah ou le trèfle à quatre feuilles, conte arabe (1859)
- Les États-Unis et la France (1802)
- L'État et ses limites, suivi d'Essais politiques sur M. de Tocqueville (1863)
- Paris en Amérique (1863, in-8°), sous le nom de Docteur René Lefebvre, ingénieux roman satirique qui eut de nombreuses éditions
- Contes bleus (1863)
- Le Parti libéral, son programme, etc. (1864)
- Nouveaux contes bleus (1866) ;
- Le Prince Caniche (1868), conte satirique qui obtint un très grand succès et fit beaucoup de bruit
- La République constitutionnelle (1871)
- Traductions
- L'Histoire de la procédure chez les Romains, de Walter (1841) ;
- Œuvres sociales de Channing avec un Essai sur sa vie et ses doctrines (1854)
- L'Esclavage, par le même, avec une Étude sur l'esclavage aux États-Unis (1855)
- Petits traités religieux, également de Channing (1857)
- Éditions d'ouvrages
- Le Coutumier de Charles VI (Paris, 1846)
- Les Institutes coutumières de Loisel, avec notes (Paris, 1848, 2 vol.)
- Les Mémoires et la correspondance de Franklin
- Les Essais de morale et d'économie politique, du même (1867)
- Collaborations
Il collabora pendant longtemps au Journal des débats, publia de nombreux articles dans la Revue de législation et de jurisprudence et prit part à la rédaction de la Revue historique du droit français et étranger, à la Revue germanique, à la Revue nationale.
[modifier] Sources
- « Édouard Lefebvre de Laboulaye », dans Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 15 vol., 1863-1890 [détail édition].