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Pyramide rhomboïdale - Wikipédia

Pyramide rhomboïdale

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Article de la série Pyramide
Classements
Pyramide rhomboïdale
Commanditaire :  Snéfrou
Autre nom :  Celle qui brille au sud
Type :  Rhomboïdale
à faces lisses
Hauteur :  105,07 mètres
~ 200 coudées
Base :  188,60 mètres
~ 360 coudées
Inclinaison :  54°34' puis 43°21’
Pente :  partie inférieure : 7/5
partie supérieure : 17/18
Entrée :  deux (face nord et face ouest)
* Nord à 11 mètres au dessus du sol
* Ouest à 33 mètres
Temple funéraire :  à 700 mètres
Coordonnées :  29°47′24″N 31°12′32″E / 29.79, 31.20889
Pyramides satellites :  Une au sud
(26 m en hauteur et 52,80 m de côté)

La pyramide rhomboïdale fut construite pour le pharaon Snéfrou à Dahchour en Égypte. Sa forme particulière en fait une tentative avortée de pyramide à faces lisses, dernier stade de l'évolution des pyramides. Elle possède de nombreuses particularités et ressemble par bien des points à la pyramide érigée par le fils de Snéfrou, Khéops. Elle est munie de deux entrées dont l'une n'est pas située sur la face nord, fait unique dans l’Ancien Empire, et conserve encore la majeure partie de son revêtement, faisant de cette pyramide la mieux conservée de toute l’Égypte. Le complexe pyramidal a révélé les vestiges d'un imposant temple funéraire dont la riche ornementation le distingue des autres monuments de la IVe dynastie.

Sommaire

[modifier] Le complexe funéraire

L’ensemble funéraire est constitué de la pyramide du souverain et d’une pyramide satellite, toutes deux ceinturées par un mur de pierres de deux mètres de hauteur environ. Cette enceinte est reliée à un temple funéraire par une longue chaussée à ciel ouvert d’environ 700 mètres de long. En raison de sa position éloignée du bord de la vallée, ce temple funéraire ne devait pas être le temple d'accueil (ou temple de la vallée) à proprement parler. D'ailleurs, il subsiste des vestiges d'une deuxième chaussée qui devait relier ce temple au véritable temple de la vallée. C'est une particularité que l'on ne retrouve dans aucun autre complexe pyramidal.

Plan et vue du complexe funéraire de Snéfrou à Dahchour sud
Plan et vue du complexe funéraire de Snéfrou à Dahchour sud

[modifier] La pyramide

Plans en coupe de la pyramide rhomboïdale
Plans en coupe de la pyramide rhomboïdale
La pyramide rhomboïdale vue de l'angle nord-ouest
La pyramide rhomboïdale vue de l'angle nord-ouest
La pyramide rhomboïdale et sa pyramide satellite
La pyramide rhomboïdale et sa pyramide satellite
Le coin nord-est de la pyramide
Le coin nord-est de la pyramide
Blocs de parement de la pyramide (face est)
Blocs de parement de la pyramide (face est)
Blocs de parement de la pyramide (face nord)
Blocs de parement de la pyramide (face nord)
  • Hauteur 105,07 m[1] ;
  • Longueur des côtés de la base 188,60 m[1] ;
  • Périmètre 754,4 m ;
  • Surface 35 570 m² ;
  • Volume 1 237 040 m³ ;
  • Angle d'inclinaison 54°34’, puis 43°21’[1] ;
  • Pente de la partie inférieure 7/5 ;
  • Orientation faces orientées sur les quatre points cardinaux (erreur: ~ 9'12")[1],[2]

La première caractéristique évidente de la pyramide est son aspect en double pente qui est sans aucun doute le résultat d’un changement de plan intervenu durant la construction. La seconde caractéristique est le doublement de sa distribution interne. Deux chambres funéraires sont accessibles par deux entrées, l’une située sur la face nord et l’autre sur la face ouest. La pyramide de Khéphren possède également deux entrées, mais elles sont situées toutes les deux sur le côté nord du monument.

[modifier] La première distribution interne (entrée nord)

Vue axonométrique de la chambre inférieure de la pyramide rhomboïdale
Vue axonométrique de la chambre inférieure de la pyramide rhomboïdale

L’entrée nord est située à 11,80 mètres[1] au-dessus du niveau du sol. Il s'agit de la seule pyramide ayant conservé son entrée intacte au niveau du parement. Les égyptologues ont noté, à ce niveau, deux paires de trous placées en vis-à-vis sur les murs est et ouest qui devaient sans aucun doute accueillir les fixations d’une porte pivotante que les architectes italiens Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi supposent de bois[3]. L'entrée ouvre sur un couloir descendant de 78,60 mètres[4] et d’une pente de 28°22 sur les 12,60 premiers mètres puis de 26°20'[4]. Cette descenderie a la particularité d'être couverte de dalles disposées en léger retrait les unes par rapport aux autres permettant ainsi de décharger les masses supérieures à la manière d'une voûte en encorbellement[5]. Le couloir conduit à un corridor dont le sol est situé à 22,40 mètres au-dessous du niveau du sol[6]. Ce corridor est haut de 12,60 mètres[6] et possède une voûte en encorbellement. La chambre dite inférieure est surélevée de 6,75 mètres[6] par rapport à celui-ci et montre une parfaite maîtrise de la part de ses concepteurs en matière de répartition des charges. Le toit de cette chambre, culminant à 17,30 mètres en son point le plus haut, est une voûte en encorbellement innovante puisque la technique est appliquée, non plus sur deux faces comme à la pyramide de Meïdoum, mais sur les quatre faces et édifiée en pierres calcaires. Maragioglio et Rinaldi ont repéré des traces de fissures colmatées avec du plâtre qui ont dû survenir, d’après eux, durant la construction de la chambre[7]. Ils ont également noté la présence de plusieurs paires de trous placés en vis-à-vis, pouvant permettre l’introduction de poutres[7].

La chambre inférieure offre un accès au sud, surplombé par un petit couloir remplissant le rôle de voûte en encorbellement. Ce conduit aboutit à un haut « puits » (parfois appelé la « cheminée ») de 8,90 mètres qui s’avère être la superposition de deux cavités probablement obturées initialement par deux herses, comme semble l'indiquer un bloc de calcaire reposant encore au bord de la cavité inférieure. La fonction de ce puits, placé au niveau de l'axe central de la pyramide[8], est inconnue et sa structure pour le moins inhabituelle. À noter que le sol du conduit entre le puits et la chambre inférieure repose sur des gravats remplissant une cavité profonde de huit mètres[9].

John Shae Perring découvrit, dans la chambre inférieure à une hauteur de 12,60 mètres[10], une corde de papyrus indiquant l’ouverture d’une galerie creusée dans la maçonnerie, celle-ci aboutissant au corridor supérieur entre les deux herses de la deuxième distribution (voir ci-dessous). Il est étrange de constater que cette galerie fut creusée de manière à éviter une portion de la pyramide. Son exécution est franche, sans économie et très soignée quand on tient compte de la difficulté de creuser "en aveugle" et d'assurer une liaison entre deux niveaux différents.

Des traces d'escalier maçonné sont encore visibles sur les parois du corridor précédant la chambre inférieure. Ce fait a conduit les architectes à supposer que les constructeurs aient aménagé un immense escalier d'accès à la galerie de liaison, escalier qu'ils auraient ensuite entièrement démonté rendant impossible l'accès au niveau supérieur[11].

[modifier] La deuxième distribution interne (entrée ouest)

Vue axonométrique de la chambre supérieure de la pyramide rhomboïdale
Vue axonométrique de la chambre supérieure de la pyramide rhomboïdale

Jusqu'en 1951, l’entrée ouest était inaccessible et dissimulée sous le revêtement de la pyramide. Elle est décalée de l’axe de la pyramide et culmine à une hauteur de 33,22 mètres[10]. Le couloir descend sur 67,66 mètres[10] avec une pente de 30°09' sur les 21,81 premiers mètres puis de 24°17'[10]. Cette descenderie est dotée, sur son extrémité basse, d'une cavité aménagée dans le sol et de 1,28 mètre de profondeur[12]. Cette cavité rappelle celles de la pyramide de Meïdoum et de la pyramide rouge, également située chacune en bas de la descenderie. Le couloir descendant était obstrué sur toute sa longueur par de gros blocs de calcaire jointoyés avec du plâtre sur leur côté ouest, et ce, jusqu'au dégagement de 1946 à 1951. La descenderie supérieure de la pyramide rhomboïdale fait la liaison avec un tronçon horizontal long de 20 mètres entrecoupé par deux passages à herse. Il s'agit des premiers systèmes de fermeture avec herse sur plan incliné. Cette innovation sera maintes fois utilisée durant le Moyen Empire[13]. Seule la première herse a rempli sa fonction. Elle fut plâtrée à l’intérieur comme à l’extérieur, ce qui permet de conclure que les anciens Égyptiens utilisèrent la galerie improvisée (ainsi que la descenderie ouest) pour sceller le tombeau. Entre les deux passages à herse, dans le sol se trouve un large puits de quatre mètres de profondeur et dont la fonction est inconnue. Toujours dans cette partie du couloir horizontal, subsistent cinq paires d'encoches placées en vis-à-vis sur les murs latéraux. La galerie de liaison entre les deux distributions débouche ici dans le mur latéral nord, juste après le puits[14].

Le tronçon aboutit sur la chambre dite supérieure, possédant comme la chambre inférieure, une voûte en encorbellement sur ses quatre faces mais de moins bonne facture que la chambre inférieure[14]. Le sol de cette crypte avait été exhaussé de 4,20 mètres par une maçonnerie de petits blocs de pierre. Une grande partie de cette maçonnerie a été dégagée durant les fouilles de 1946-47 et a laissé apparaître une imposante charpente en cèdre vieille de près de 4600 ans.

[modifier] Observations diverses sur l'infrastructure

Système de fermeture avec herse
Système de fermeture avec herse

Quelques inscriptions hiéroglyphiques datant de la Basse époque ont été relevées à peu de distance de l'entrée nord du couloir descendant inférieur[15].

À une quinzaine de mètres du bas de la descenderie supérieure, une boîte fut découverte. Elle contenait les restes momifiés d’une chouette et de cinq chauves-souris. Le docteur Ahmed Batrawi les a daté de la IVe dynastie alors que Fakhry a avancé l’époque ptolémaïque[16]. Cette descenderie supérieure, accessible depuis l'entrée ouest, fut obstruée originellement sur toute sa longueur. Les 18 derniers mètres de pierre ont été retirés, d'après Fakhry, en des temps très anciens. Cette opération, dont on ne connaît les auteurs, n'a pu être menée qu'en se frayant un passage creusé à travers la première herse.

Fakhry a relevé un fait surprenant induisant l'existence d'une troisième connexion à l'extérieur de la pyramide et restant à découvrir. La descenderie supérieure (ouest) est restée obstruée jusqu'à son dégagement en 1946 par Hassan Mustapha. La descenderie était alors comblée sur toute sa longueur de gros blocs de calcaire jointoyés et la première herse en position fermée, était également plâtrée sur ses deux versants. Or, par temps de grand vent, de nombreux explorateurs depuis Perring, ont été témoins d'un bruit persistant quelques secondes. Bruit que l'on entendait particulièrement au niveau du tronçon horizontal entre les deux passages à herse. Perring nota également un très important courant d'air[17].

La disposition inhabituelle des appartements funéraires, les particularités architecturales et les artefacts découverts ne lassent pas de surprendre. Il s'agit sans aucun doute de l'infrastructure la plus complexe après celle de la pyramide de Khéops et à l'instar de celle-ci, aucune explication satisfaisante n'a encore été proposée quant aux intentions des constructeurs.

[modifier] La pyramide satellite

Vue axonométrique des appartements funéraires de la pyramide satellite à la pyramide rhomboïdale
Vue axonométrique des appartements funéraires de la pyramide satellite à la pyramide rhomboïdale
La pyramide satellite
La pyramide satellite

Au sud de la pyramide rhomboïdale, à une distance de 55 mètres[18] se trouve une pyramide satellite destinée au culte du Ka du souverain[18]. Les dimensions originelles étaient de 26 m en hauteur et de 52,80 mètres pour la longueur des côtés. L'inclinaison de ses faces est de 44°30'[19]. La superstructure est une maçonnerie relativement grossière de pierres calcaires appareillées en lits horizontaux et recouverte d'un parement de calcaire fin de Tourah. L'accès à la chambre funéraire se fait par un couloir descendant accessible depuis le milieu de la face nord, à une hauteur de 1,10 mètre du niveau du sol[18]. Ce couloir, incliné de 34°, devait avoir à l'origine une longueur de 11,60 mètres[18]. Un court passage horizontal succède à ce corridor, puis un couloir incliné cette fois vers le haut d'un angle de 32°30'[18].

Entrée de la pyramide satellite
Entrée de la pyramide satellite

Au niveau du passage horizontal, subsistent de nombreux fragments de blocs bouchons qui interdisaient, dans le passé, l'accès au couloir ascendant. Le couloir ascendant s'élargit ensuite et devient une petite galerie dans laquelle sont encore entreposés aujourd'hui deux blocs bouchons[20]. De nombreuses lignes rouges figurent sur les parois et sur le sol.

Le plan des infrastructures rappelle tout à fait le plan de la pyramide de Khéops, le couloir ascendant représentant la grande galerie. Au bout de celle-ci se trouve la chambre funéraire (nommée ainsi bien qu'il soit fort probable qu'elle n'ait jamais contenu de sarcophage)[20], située sous l'apex de la pyramide et couverte d'une voûte en encorbellement. Un puits fut creusé, sans doute par des chercheurs de trésor, dans le quart-sud-est du sol de la chambre et sur une profondeur de quatre mètres[20].

Comme à la pyramide principale, la pyramide satellite possédait son propre autel avec deux stèles situées près de la face est.

[modifier] Le temple haut et le temple funéraire

Reconstitution du temple haut de la pyramide rhomboïdaled'après Gaston Maspero
Reconstitution du temple haut de la pyramide rhomboïdale
d'après Gaston Maspero
Le temple haut de la pyramide rhomboïdale
Le temple haut de la pyramide rhomboïdale

Le temple haut accolé contre la face est de la pyramide principale, n'est en fait qu'un lieu d'offrandes devant lequel se trouvent encore deux grandes stèles brisées qui, à l'origine, mesuraient neuf mètres de haut. La structure de cette construction est à peine plus développée que celle de la pyramide de Meïdoum bien que sa conception ait subi plusieurs modifications[21]. Les éléments principaux sont ici les trois autels épigraphes. Le temple fut restauré et réactivé durant la XIIe dynastie et plus tard durant la Basse époque.

Le temple funéraire proprement dit, fouillé par Ahmed Fakhry en 1951/1952, est accessible à partir de la longue chaussée. Ses dimensions sont de 46 mètres sur 25 mètres. Ce dernier a pu en dresser les plans et reconstituer de nombreux bas-reliefs à partir des 1400 fragments retrouvés sur les lieux. Le bâtiment se décompose en trois parties : une antichambre, une cour avec piliers et six chapelles. Sa grande originalité est la sculpture en ronde-bosse qui devait orner la majeure partie de ses murs, en faisant un élément à part dans l'architecture de l'Ancien Empire. L'égyptologue allemand Herbert Ricke a émis l'hypothèse que ce temple était destiné aux rites mortuaires de Snéfrou en tant que roi de la Basse-Égypte et qu'un autre bâtiment (hypothétique) était destiné aux rites mortuaires en tant que roi de la Haute-Égypte. En effet, le temple funéraire de la pyramide rhomboïdale, contrairement à tous les exemples connus, n'est pas situé au bord de la vallée[22]. Comme le temple haut, celui-ci fut réhabilité durant la XIIe dynastie puis durant la Basse époque.

[modifier] La construction, les deux changements de plans

Les trois projets de la pyramide rhomboïdale
Les trois projets de la pyramide rhomboïdale

Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi ont repéré plusieurs indices dans les deux galeries descendantes de la pyramide principale, montrant que la pyramide avait subi plusieurs modifications au cours de son édification[23].

Tout d'abord, des joints alignés sur les quatre faces des corridors suggèrent que les entrées étaient primitivement situées à 12,6 mètres de l'actuelle entrée nord et à 11,60 mètres de l'entrée ouest[23]. La pyramide initiale devait avoir une base de 157 mètres et une hauteur de 125 mètres avec une inclinaison des faces de 58° ( équivalentes à une pente de 8/5)[24].

Celle-ci presque achevée, les anciens Égyptiens ont décidé d'en augmenter les proportions. Des fissures sont ensuite apparues dans les galeries d'accès, au niveau des joints alignés dans la première et un peu en deçà pour la deuxième. Le rajout s'est affaissé au cours de la construction, sans doute provoqué par un manque d'adhérence sur le revêtement existant. Ce manque d'adhérence prouve que la première pyramide devait avoir un revêtement lisse dépassant le niveau de l'entrée nord, mais en dessous du niveau de celle de l'ouest. Le deuxième projet est encore visible jusqu'à la hauteur de 49 mètres, hauteur à partir de laquelle le revêtement a dû présenter des signes d'instabilité[24].

L'idée leur est donc venue d'achever le monument en toute hâte et de diminuer les charges qui pouvaient peser sur la maçonnerie extérieure en diminuant fortement l'angle d'inclinaison à 43°. Perring a ainsi noté en 1839 que la maçonnerie de la partie supérieure de la pyramide était d'une qualité bien moindre que celle de la partie inférieure. La pyramide mesurerait 128,50 mètres de hauteur si le deuxième projet avait été mené à son terme[24].

[modifier] Particularités du complexe funéraire

  • L'aspect en doubles pentes de la pyramide ;
  • Deux entrées permettant d'accéder aux appartements funéraires dont l'une n'est pas située sur la face nord mais sur la face ouest, fait unique dans l'Ancien Empire ;
  • La première pyramide à utiliser un système de fermeture avec herses, système qui sera repris dans les pyramides du Moyen Empire ;
  • L'utilisation et la maîtrise des voûtes en encorbellement sur quatre faces ;
  • La pyramide, comme les trois autres pyramides attribuées à Snéfrou (Pyramide rouge, Pyramide de Meïdoum et Pyramide de Seila), ne possède pas de sarcophage ;
  • Le premier ensemble funéraire avec temple funéraire monumental.

[modifier] L'exploration du monument de l'Antiquité à nos jours

Il est fort probable que le monument fut visité dès la plus haute antiquité comme en témoigne l'intérêt que portèrent les égyptiens du Moyen Empire à la pyramide de Snéfrou. Le culte fut restauré[25], le souverain déifié et les nouveaux pharaons s'inspirèrent des tombeaux de l'Ancien Empire pour édifier leur propre pyramide. Ainsi, le système de fermeture avec herse sur plan incliné inventé pour Snéfrou se retrouve dans la pyramide de Hawara du pharaon Amenemhat III. Durant les périodes de trouble, la pyramide a probablement été violée à l'instar des autres sépultures royales susceptibles de livrer des trésors, mais il est conjectural d'établir des hypothèses sur les spoliations qu'elle aurait subies durant toute l'Antiquité.

La pyramide rhomboïdaleVoyage d'Égypte et de Nubie, Frederic Louis Norden, (XVIIIe siècle)
La pyramide rhomboïdale
Voyage d'Égypte et de Nubie, Frederic Louis Norden, (XVIIIe siècle)

Au Moyen Âge, le Livre des perles enfouies et du mystère précieux[26], écrit au Xe siècle, enflamma les imaginations et fit du site de Dahchour un haut lieu des trésors cachés. Cet écrit encouragea d'ailleurs la destruction et le pillage des grands monuments de la région memphite[27]. Il est certain que les deux pyramides de Dahchour furent ré-ouvertes dès le XVIIe siècle puisque le voyageur anglais Edward Melton[28], et vingt ans plus tard LeBrun, pénétrèrent dans la chambre inférieure de la pyramide rhomboïdale[29].

La première véritable exploration du monument est due à l'égyptologue britannique John Shae Perring qui y pénétra le 29 septembre 1839. Il découvrit la deuxième entrée située sur la face ouest et composa des plans de l'infrastructure[30] qui firent références jusque 1946, date à laquelle l'égyptologue égyptien Abdulsalam M. Hussein entreprît une étude plus approfondie du complexe pyramidal[31]. Ce dernier déblaya entièrement les appartements funéraires, découvrit la charpente en cèdre de la chambre supérieure, la momie de chauve-souris[32] et les graffitis attribuant la pyramide au pharaon Snéfrou. La disparition de l'égyptologue en 1949 provoqua l'interruption brutale des recherches. Mais celles-ci furent reprises en main par Ahmed Fakhry qui acheva d'étudier l'ensemble funéraire, mettant en évidence la richesse ornementale du temple funéraire[33].

[modifier] Ordre chronologique des pyramides attribuées à Snéfrou

Les quatre pyramides attribuées à Snéfrou sont : la pyramide rouge, la pyramide rhomboïdale, la pyramide de Meïdoum et enfin la pyramide de Seila qui était très probablement un cénotaphe.

La construction de la pyramide de Meïdoum est divisée en trois phases que les égyptologues nomment E1, E2 et E3 ; E1 correspondant à la première pyramide à degrés, E2 à la deuxième pyramide à degrés obtenue avec une tranche additionnelle, et E3 la pyramide à faces lisses obtenues par addition d'une troisième tranche[34].

Il est communément admis que Snéfrou fit achever la pyramide à degrés E1 de son prédécesseur le pharaon Houni et qu'ensuite il fit ériger sa propre pyramide, la pyramide rhomboïdale. Suite à des problèmes de structures de celle-ci, il aurait entrepris un nouveau chantier au nord de Dahchour parallèlement à l'agrandissement de la pyramide de Meïdoum. Différents graffitis découverts sur des blocs des pyramides de Meïdoum et de Dahchour nord mentionnent les 15e et 23e années du règne du pharaon démontrant la simultanéité des deux chantiers[35].

Les trois ensembles funéraires ont été achevés. Les fragments d'os humains découverts dans la pyramide rouge et le temple haut achevé en briques, semblent prouver que cette pyramide a bien servi de tombeau. Cependant, la pyramide rhomboïdale a bénéficié d'une attention particulière au Moyen Empire car le temple funéraire fut réactivé à cette époque. De même, ainsi que le souligne l'architecte Gilles Dormion, l'architecture de cette pyramide semble avoir bénéficié d'innovations technologiques, comme les systèmes de fermeture avec herses et les voûtes en encorbellement sur quatre faces, qui ne se retrouvent pas dans la pyramide rouge. Il est également possible que la pyramide rhomboïdale, suite aux problèmes intervenus dans la structure, ait servi de laboratoire pour les architectes. Il y aurait alors eu trois chantiers simultanés durant le règne de Snéfrou.

Quoi qu’il en soit, les pyramides de Snéfrou d'un volume total de 3 500 000 mètres cubes (soit près de 1 000 000 de plus que la pyramide de Khéops) représentent le projet le plus ambitieux de toute l'Antiquité.

[modifier] Références bibliographiques

  • Richard William Howard Vyse, Operations carried on at the pyramids of Gizeh, 1840-1842 ;
  • Alexandre Varille, À propos des pyramides de Sneferu, 1947 ;
  • Ahmed Batrawi, The pyramid studies, anatomical reports, 1948 ;
  • Ahmed Fakhry, The bent pyramid, 1954 ;
  • Hassan Mustapha, The surveying of the bent pyramid at Dahshur, annales du service des antiquités de l'Égypte, T. LII, p.595-601 ;
  • Jacques Vandier, Manuel d'archéologie égyptienne , Vol I, II, III ;
  • Ahmed Fakhry, The Monuments of Sneferu at Dahshur, vol. I, 1959 ;
  • Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Parte III, 1963-1977 ;
  • Jean-Philippe Lauer, Le Mystère des pyramides, 1988 ;
  • Sydney H. Aufrère, J.-Cl. Golvin, L'Égypte restituée, tome III, Sites, temples et pyramides de Moyenne et de Basse Égypte, 1997 ;
  • Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Les Pyramides d'Égypte, 1999 ;
  • Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. abcde Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.58
  2. Des mesures différentes ont été proposées pour les deux inclinaisons: 54°27’44" selon Jean-Philippe Lauer, 54° 34' selon Ahmed Fakhry, puis 43°22’
  3. Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.60
  4. ab Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.59
  5. Cette innovation des architectes de Snéfrou sera reprise à la couverture de la grande galerie de la pyramide de Khéops
  6. abc Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, Planche 11
  7. ab Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.64
  8. avec néanmoins un léger décalage d’un mètre
  9. Ahmed Fakhry, The monuments of Sneferu at Dahshur, 1959, p.48
  10. abcd Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.66
  11. Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.62-64
  12. Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.68-70
  13. voir les articles pyramide de Hawara, pyramide sud de Mazghouna, pyramide nord de Mazghouna, pyramide de Khendjer, pyramide inachevée de Saqqarah sud, pyramide d'Ameni Kemaou
  14. ab Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, Planche 13
  15. Ahmed Fakhry, The monuments of Sneferu at Dahshur, vol.I, p.47. L'auteur les a traduites ainsi : Au lieu de son maître (à elle),Le chef des prêtres purs, Le chef des artisans de Ptah, Pa-jr-Ptah, honoré, fils de Pen-Amon, l'honoré
  16. Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.106
  17. Ahmed Fakhry, The monuments of Sneferu at Dahshur, vol.I, p.73
  18. abcde Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, p.74-78
  19. quasi-identique à l'inclinaison des faces de la pyramide rouge
  20. abc Ahmed Fakhry, The monuments of Sneferu at Dahshur, Tome I, 1959, p.90-96
  21. Ahmed Fakhry, The bent pyramid, 1954, p.515-522
  22. Ahmed Fakhry, The bent pyramid, 1954, p.571-577
  23. ab Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi, L'Architettura delle Piramidi Menfite, Tome III, 1963-77, planche 10
  24. abc Gilles Dormion, La chambre de Khéops, p.54-62
  25. Sydney H. Aufrère, J.-Cl. Golvin, L'Égypte restituée, tome III, Sites, temples et pyramides de Moyenne et de Basse Égypte, 1997, p.153
  26. Ahmed Kamal, Le livre des perles enfouies et du mystère précieux, 1907
  27. Ahmed Fakhry, The Monuments of Sneferu at Dahshur, vol. I, 1959, p.3
  28. Edward Melton, Zeldzaame en gedenkwaardige zee-en land-reizen door Egypten..., 1681
  29. Ahmed Fakhry, The monuments of Sneferu at Dahshur, vol.I, 1959, p.4
  30. Richard William Howard Vyse, Operations carried on at the pyramids of Gizeh, 1840-1842
  31. Hassan Mustapha, The surveying of the bent pyramid at Dahshur, annales du service des antiquités de l'Égypte, T.LII, p.595-601
  32. Ahmed Batrawi, The pyramid studies, anatomical reports, 1948
  33. Ahmed Fakhry, The monuments of Sneferu at Dahshur, Vol. I, II, III, 1959
  34. Gilles Dormion et Jean-Yves Verd'hurt, The pyramid of Meidum, architectural study of the inner arrangement, 2000
  35. Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Les pyramides d'Égypte, 1992, p.119-121


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