Oriana Fallaci
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Oriana Fallaci était une essayiste et journaliste italienne née le 29 juin 1929 à Florence et décédée le 15 septembre 2006 dans la même ville.
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[modifier] Carrière et biographie
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Oriana Fallaci se joint à la résistance en dépit de sa jeunesse, dans le groupe armée démocratique Giustizia e Libertà.
Son père, Edoardo Fallaci, ébéniste à Florence, fut un activiste politique luttant pour mettre un terme à la dictature fasciste de Benito Mussolini. C'est à cette période qu'Oriana Fallaci fut exposée aux atrocités de la guerre.
Fallaci débuta sa carrière de journaliste à l'âge de 17 ans, devenant en 1950 envoyée spéciale pour le journal Il mattino dell'Italia centrale.
Depuis 1967, elle a travaillé en tant que correspondante de guerre au Viêt Nam, pour la guerre indo-pakistanaise, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Pendant des années, Fallaci était envoyée spéciale auprès du magazine d'actualité politique L'Europeo et a écrit pour plusieurs journaux importants dont le Corriere della Sera ainsi que pour le magazine Epoca.
Elle a interviewé de nombreux chefs d'État et personnalités internationales tels qu'Henry Kissinger, le Shah d'Iran, l'Ayatollah Khomeini, Willy Brandt, Lech Wałęsa, Zulfikar Ali Bhutto, Ariel Sharon, Walter Cronkite, le colonel Kadhafi, Federico Fellini, Sammy Davis Jr, Nguyen Cao Ky, Yasser Arafat, Indira Gandhi, Alexandros Panagoulis, l'archevêque Makarios III, Golda Meir, Nguyen Van Thieu, Haile Selassie et Sean Connery.
Elle a été la compagne d'Alexandre Panagoulis
Fallaci a reçu deux fois le prix Saint-Vincent du journalisme, ainsi que le prix Bancarella en 1971 pour La vie, la guerre et puis rien, le prix Viareggio en 1979 pour Un homme, le prix Antibes en 1993 pour Inchallah. Elle a obtenu son doctorat ès lettres au Columbia College de Chicago.
Elle a enseigné à l'université de Chicago, de Yale, d'Harvard et de Columbia.
Alors qu'elle avait commencé sa carrière dans la presse de gauche laïque, la journaliste s'était à la fin de sa vie rapprochée de la droite et de l'Eglise catholique. Se définissant comme "une athée chrétienne", elle était avec Giuliano Ferrara une des grandes figures des "athées dévots", un mouvement intellectuel italien qui partage avec l'Eglise catholique le constat d'une nécessité vitale pour l'Europe de renouer avec ses racines chrétiennes.
Elle est décédée à Florence, à l'âge de 77 ans, dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 septembre 2006. En 2005, elle fut reçue en audience privée par Benoît XVI. En héritage, Oriana Fallaci a donné à l'Université pontificale du Latran tout son patrimoine culturel, à savoir sa bibliothèque entière.
Les écrits d'Oriana Fallaci ont été traduits en 21 langues dont l'anglais, l'espagnol, le français, le néerlandais, l'allemand, le grec, le suédois, le polonais, le croate et le slovène.
[modifier] Controverses
Ces dernières années, Oriana Fallaci a reçu une attention médiatique particulière en raison de ses vives critiques de l'Islam. Elle a été particulièrement critiquée par des organisations musulmanes et des partis de gauche, notamment en France.
Après les attentats du 11 septembre 2001, elle adopte une position très ferme contre l'Islam. Son point de vue est précisé dans deux essais, La Rage et l'Orgueil et La Force de la raison.
Un autre journaliste de renom de Florence, Tiziano Terzani, exprime ses réticences vis-à-vis de l'approche d'Oriana Fallaci dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien Corriere della Sera.
Des critiques affirment que les livres d'Oriana Fallaci sont purement polémiques, souvent égocentriques, basés sur des stéréotypes, xénophobes, islamophobes et racistes pour une grande part de leur contenu. De nombreuses formulations de son essai La Rage et l'Orgueil (Plon, 2002) lui sont reprochées, comme « il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût », ou encore : « Au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, [les fils d'Allah] passent leur temps avec le derrière en l'air à prier cinq fois par jour ». Dans cet ouvrage, les musulmans sont également comparés à des nouveaux croisés et elle affirme que les imams sont « d'une manière ou d'une autre les guides spirituels du terrorisme ». A propos des mosquées elle écrit que « surtout en Italie [...] elles grouillent jusqu'à la nausée de terroristes ou aspirants terroristes ». Elle connaîtra en effet de son vivant l'expulsion d'imams d'un pays voisin, la France, précisément pour cette raison.
Elle affirme enfin que les Arabes sous couvert de migrations envahissent l'Europe pour propager l'Islam et elle conclut en affirmant que les musulmans « se multiplient comme des rats ».
En dépit de ces critiques, Oriana Fallaci a reçu le soutien de partis politiques et de mouvements tels la Ligue du nord (parti régionaliste à sensibilité de droite) en Italie, où ses livres ont été vendus à plus d'un million d'exemplaires.
En France, le philosophe Alain Finkielkraut déclare dans Le Point : « Oriana Fallaci a l'insigne mérite de ne pas se laisser intimider par le mensonge vertueux. Elle met les pieds dans le plat, elle s'efforce de regarder la réalité en face. Elle refuse le narcissisme pénitentiel qui rend l'Occident coupable de ce dont il est victime. Elle prend au mot le discours et les actes des adversaires. Mais, comme elle en a gros sur le coeur, elle va trop loin. Elle écrit avec des Pataugas. Elle cède à la généralisation. Elle ne résiste pas à la tentation d'enfermer ceux qu'elle appelle les fils d'Allah dans leur essence mauvaise. ». Le sociologue Pierre-André Taguieff écrit : « Fallaci vise juste, même si elle peut choquer par certaines formules. ». Finkielkraut conclura cependant que "l'ouvrage est indéfendable".
Oriana Fallaci avait précédemment déclenché une controverse en exprimant une position peu favorable à l'avortement, lors de la sortie de son livre Lettre à un enfant jamais né (1975).
Elle a été élue Femme de l'année 2006 par Front Page Magazine, web-magazine américain (néo-conservateur).
Oriana Fallaci faisait l'objet de poursuites pénales en Suisse pour propos discriminatoires à l'égard des musulmans; l'office fédéral de la justice (OFJ) avait demandé en novembre 2002 à l'Italie de la poursuivre. [1]
[modifier] Bibliographie
- I sette peccati di Hollywood (litttéralement : Les sept péchés d'Hollywood), préfacé par Orson Welles, éditions Longanesi (Milan), 1956
- Le Sexe inutile, voyage autour de la femme (Il sesso inutile, 1961), traduit par Frances de Dalmatie, éditions Julliard, 1961
- Pénélope à la guerre (Penelope alla guerra, 1962), traduit par Claude Antoine Ciccione, éditions La Table Ronde, 1963
- Les Abusifs (Gli antipatici, 1963), traduit par Henriette Valot, éditions Buchet-Chastel, 1969
- Se il sole muore, Rizzoli (littéralement : Si le soleil meurt), 1965, réédité en 1994 aux éditions Rizzoli
- La Vie, la guerre et puis rien (Niente e così, sia, 1969), traduit par Jacqueline Remillet, éditions Laffont, 1970
- Quel giorno sulla Luna Rizzoli, 1970
- Entretiens avec l'histoire (Intervista con la Storia, 1974), recueil d'interviews, éditions Flammarion, 1992
- Lettre à un enfant jamais né (Lettera a un bambino mai nato, 1975), traduit par Charles Wagner, éditions Flammarion, 1976
- Un homme (Un uomo, 1979), traduit par Bruno Granozio et Denis Bougeois, 1981, réédité en mars 2004 aux éditions Grasset ISBN 2246253934
- Inchallah (Insciallah, 1990), roman traduit par Victor France, 1992, réédité en 1994 aux éditions Gallimard ISBN 2070388956
- La rage et l'orgueil (La rabbia e l'orgoglio, 2001), éditions Plon, 2002) ISBN 2259197124
- Oriana Fallaci intervista Oriana Fallaci (littéralement : Oriana Fallaci interviewe Oriana Fallaci), paru dans le Corriere della Sera en aout 2004
- La Force de la Raison (La Forza della Ragione, 2004), traduit par Victoire Simon, éditions du Rocher, 2004 ISBN 2268052648
- Oriana Fallaci intervista sé stessa - L'Apocalisse (littéralement : Oriana s'interviewe elle-même - L'Apocalypse), éditions Rizzoli, 2004