Louis André (général)
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Louis Joseph André (1838-1913) fut un général français et un ministre de la Guerre de la IIIe République. Il fut impliqué dans l'affaire des fiches.
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[modifier] Origines
Né en 1838 à Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or) dans une famille très cléricale et conservatrice, comptant plusieurs religieux dont des jésuites parmi ses frères, son mariage avec une ancienne cantatrice en a fait un personnage tenu à l'écart de la bonne société, y compris de sa propre famille et de ses collègues officiers, supérieurs comme subordonnés.
[modifier] Carrière
Louis André entre à l'École polytechnique en 1857 et poursuit sa formation militaire à l'École d'application de Metz. Lieutenant au régiment d'artillerie à cheval de la Garde impériale, il est nommé capitaine en 1867 et entre à l'état-major particulier de l'artillerie en tant que chef d'escadron en 1877. Colonel en 1888, il est nommé général de brigade et commandant de l'École polytechnique en 1893.
Chef de la garnison du Mans dans les années 1890, il s'y fait remarquer par son anticatholicisme virulent et sa haine d'une société bourgeoise conservatrice dont il est issu et qui le rejette. Cela l'amène naturellement à professer des opinions républicaines avancées mais surtout à nourrir un désir de revanche non dissimulé contre ceux qui le méprisent.
Il est noté par le général Auguste Mercier en 1897 comme ayant « rempli, dans sa carrière militaire, des fonctions très diverses, dans lesquelles il a toujours fait preuve d’une intelligence et d’une instruction remarquables ainsi que de grandes qualités de commandement. » Ces qualités militaires le font respecter mais un abord peu commode le dessert : « Le général André n’est pas toujours très agréable, surtout pour les personnes de son entourage immédiat […] ; son caractère a quelque chose de rêche et de dur […]. »
Cet homme au visage ingrat, malgré son passage dans la Garde impériale, est connu dans toute l’armée pour son républicanisme. André, qui n’est pas franc-maçon, est un positiviste voltairien et libre penseur, disciple d'Émile Littré. Loin de freiner sa carrière, ses idées le servent et pour Émile Mayer, c’est « l’amitié de Sadi Carnot, président de la République, pour son camarade de promotion Louis André […] » qui explique l’accession au généralat de cet officier.
Républicain fanatique, le général André prend du temps, tout au long de sa carrière, pour classer les officiers rencontrés dans deux registres, « Corinthe » et « Carthage ». Le premier désignant les républicains (« Non licet omnibus adire Corinthum. », « Il n’est pas permis à tous d’aborder Corinthe »), le second désignant les réactionnaires, en référence au mot de Caton, « Delenda Carthago. » (« Il faut détruire Carthage. »). Il explique ses raisons à son camarade Émile Mayer : « Avant l’affaire Dreyfus, l’origine de mes subordonnés, tout comme celles de mes camarades, m’était indifférente, et aussi leurs croyances, leurs doctrines philosophiques ou le parti auquel ils pouvaient appartenir. Mais tout est changé aujourd’hui : le pacte est rompu. Je suis appelé à accomplir une œuvre déterminée ayant pour objet d’introduire dans l’armée des mœurs nouvelles, de changer sa mentalité. »
Nommé général de division en 1899, il commande la 10e division d'infanterie. Le général André a participé à la guerre de 1870 et à deux missions en Algérie et en Tunisie en 1900. À cette date, il est officier de l'Instruction publique, commandeur de la Légion d'honneur et sera médaillé militaire en 1903.
Le 29 mai 1900, il succède au général Galliffet au ministère de la Guerre.
Il se fait ainsi remarquer par le président du Conseil Pierre Waldeck-Rousseau à qui il ne cache pas son désir d'épurer l'armée par tous les moyens de ses éléments « réactionnaires » et « cléricaux ». Pierre Waldeck-Rousseau pensera à lui après la démission du général Gaston de Galliffet, plus indépendant, pour remplacer celui-ci au portefeuille de la Guerre dans son ministère le 29 mai 1900 et poursuivre sa politique de républicanisation de l'armée. André se fixe pour tâche de démocratiser l'armée et de « rapprocher le corps des officiers de la nation républicaine. »
En 1902, le général André préside la cérémonie d'inauguration de la statue d'Auguste Comte place de la Sorbonne à Paris, avec des représentants de la société positiviste.
Il est à l'origine de la loi du 21 mars 1905 qui abaisse la durée du service militaire à deux ans.
[modifier] Chute et retrait de la vie publique
N'ayant qu'une piètre confiance en ses services internes, d'ailleurs fortement affaiblis et désorganisés, depuis l'affaire Dreyfus, il imagine de demander aux loges maçonniques, à l'époque fortement impliquées dans le soutien au gouvernement dans sa politique laïque et anticonservatrice, de constituer un service de renseignement parallèle lui fournissant des données sur les opinions religieuses et politiques des officiers et du personnel de son ministère.
La vente de certaines fiches ainsi constituées et centralisées au siège du Grand Orient de France par un employé de celui-ci à un député nationaliste entraîne la chute du gouvernement d'Émile Combes, qui avait succédé entre-temps à Waldeck-Rousseau et marque la fin de la carrière politique du général André qui doit démissionner le 15 novembre 1905. Il est remplacé rue Saint-Dominique par le député franc-maçon Maurice Berteaux.
Comme ministre de la Guerre, il s'est surtout attaché à moderniser l'artillerie.
Le général André décède à Dijon en 1913.
Sources :
BESNIER, Bruno, L'affaire des fiches : un système d'Etat (1900-1914), La Roche-sur-Yon : Master I d'histoire, 2005.