Discuter:Les Rêveries du promeneur solitaire
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il me semble que cet article n a pas grand chose a faire ici, quand pensez vous ??? (j ai assez envie de le déplacer a méta, car c'est joli, mais ... pas tres tres encyclopédique ?)
J'ai donc rajouté certains paragraphes, et donné plus de corps à l'article: ce qui se dit après est certes intéressant, mais mériterait une mise en page plus approfondie. Je laisse ce soin à l'auteur directement ;)
--http://www.20six.fr/kubrick 23 août 2005 à 19:37 (CEST)
Sommaire |
[modifier] Extrait tronqué
[modifier] Etude littéraire
[modifier] Rousseau, face à lui-même
« Me » est le premier mot de la première rêverie ; plus que celle d'une hypertrophie du moi -d'ailleurs réelle chez Rousseau- c'est avant tout l'attestation du caractère autobiographique de l'œuvre. L'ultime œuvre de Rousseau sera la poursuite de la tâche qu'il s'était très tôt fixée : connaître les hommes ; et le moyen qu'il emploiera à cette recherche sera celui des Confessions, l'autobiographie. Dans ces dernières, Rousseau s'analysait pour appréhender l'Homme parce qu'il se sentait archétype du genre humain. Ici, c'est encore lui et lui seul qu'il raconte et analyse mais cette fois parce qu'il est le seul véritable Homme. Des hommes, les autres ont « cessé de l'être » : juge, lecteur de la force et de l'audace de cette remarque ; en se liguant contre Rousseau, l'humanité toute entière perd son caractère d'humanité.
[modifier] Faire lire sans être lu
Ses contemporains crucifiant Rousseau le messianique venu apporter une Vérité à laquelle il a « sacrifié sa vie », les Rêveries seront une bien curieuse autobiographie… une autobiographie destinée à ne pas être connue des hommes, indignes. N'ont-il pas brûlé ses premières confessions ? Le seul fait d'écrire de nouveaux récits où se dit le moi est un aveu d'échec de l'autobiographie destinée aux hommes comme les Confessions où, malgré un rôle de testament, subsistait un pacte liant l'auteur et le lecteur et une volonté apologétique séculière. Ces rêveries n'ont de sens qu'en dehors des hommes à qui dans ces Confessions, Rousseau a déjà « tout dit », en vain. Rousseau n'a « plus de prochain », il n'a donc cure que de lui-même et son texte est plus solitaire encore qu'un journal auquel est souvent attribué une personnalité fictive censée compenser l'absence d'interlocuteur. Rousseau, lui, désormais se joue des autres ; et d'abord de la compréhension qu'ils pourraient avoir du texte s'ils venaient accidentellement à le lire : rien d'étonnant à ce que Rousseau débute un ouvrage par une phrase où se trouve le mot donc ; ne se souciant pas de la présence des autres, il poursuit un discours intérieur depuis longtemps commencé, un débat auquel lui seul assiste.
Ce discours se veut le plus éloigné possible des sophismes joliment ciselés à la Voltaire. À titre d'exemple, l'expression « Oui, sans doute » dont l'incertitude et l'indécision rendent la spontanéité du discours. Au paragraphe suivant, l'interjection « Hé » remplit les mêmes fonctions. De même, la phrase « Mais moi, détaché d'eux et de tout, que suis-je moi-même? » dont la prosodie et la ponctuation signifient l'état d'angoisse métaphysique, de questionnement existentiel de Rousseau et participent du réalisme qu'exhalent ces Rêveries. Dans le même registre, le caractère spontané de l'écriture est suggéré par l'absence de lien logique explicite entre l'« ont voulu » et « Mais moi »: l'enchaînement uniquement formel des deux phrases mime la succession associative des idées lors du songe, ce qui légitime la place de cette Promenade au sein des Rêveries et accentue le manque d'égard envers le lecteur, tout comme le font les répétitions négligées de mots ou d'expressions entières à quelques lignes d'intervalles (« dans tous les raffinements de leur haine », p 35 et p 37, « un accord unanime », p 35 et p 36, « ni prochain, ni semblable, ni frère » qui page quarante reprend « de frère, de prochain, d'ami », cinq pages plus tôt), certitude désabusée de l'homme qui se répète à haute voix une vérité pour vaincre son incrédulité mais aussi radotage négligé de celui qui n'écrit que pour soi.
[modifier] Une œuvre déstructurée
Mais l'insulte au lecteur qu'est la désorganisation est même plus que fortuite : elle est constitutive de l'œuvre. « Je dirais ce que j'ai pensé tout comme il m'est venu et avec aussi peu de liaison que les idées de la veille en ont d'ordinaire avec celles du lendemain. Mais il en résultera toujours une nouvelle connaissance de mon naturel » ; « Mais il en résultera toujours »... ; « mais » ! Rousseau applique à son œuvre une démarche pré-analytique : procéder « avec ordre et méthode » l'« écarterait de son but », il doit avant tout préserver les mouvements de son âme dans ce qui servira de matière brute à son analyse. Ainsi l'analyse est-elle un des buts de l'œuvre : son caractère personnel et intime n'en est que renforcé.
[modifier] Etude stylistique
Il y a dans ces conditions quelque chose d'étonnant dans la manière dont certains passages sont stylistiquement travaillés. L'énumération qui s'étend de « sans adresse » à « emporté » en fin de page 36 ne suggère-t-elle pas les coups de la victime se débattant ?
De même, l'exagération que fait Jean-Jacques Rousseau page 35 lignes 4 à 8 du caractère organisé et concerté de la cabale, réelle, montée contre lui, est-elle bien le produit d'un délire paranoïde comme se plaisent à le penser nos contemporains et pas une forme infantile et désespérée d'appel au secours? -Le pronom de la troisième personne du pluriel ne renvoyant à rien est devenu un des poncifs du discours paranoïaque tel qu'il est perçu par le public : dans ce cas précis, c'est le principal élément en faveur de la thèse du délire ; or, ici « ils » a bien un antécédent éludé : « humains ».
Enfin, la structure logique du texte, une fois exhumée, laisse elle-aussi à penser que le désintérêt de Rousseau pour son lecteur humain n'est pas aussi absolu qu'il le laisse croire : la promenade obéit à un plan précis en deux parties annoncé au début du chapitre (jusqu'à « voilà ce qui me reste à chercher »), plan qui est aussi le plan de l'œuvre entière. Mais le rêveur ne se contente pas d'énoncer sa démarche, il va jusqu'à la justifier en expliquant qu'elle est nécessaire aux yeux de la logique- c'est le sens des deux dernières phrases de l'introduction. Loin donc d'être spontanée, cette première promenade est en fait hyper-travaillée, construite comme une dissertation académique.
[modifier] Conclusion générale
Par conséquent, ce premier texte qui proclame l'autarcie et se veut fin en soit n'est en fait qu'illusion en ce sens qu'il est en fait tourné tout entier vers l'autre, que ce soit de la part de Rousseau conscient ou non : l'insistance avec laquelle il dit son indépendence est bien le signe de son incertitude ; provocation ultime ou appel au secours, peu importe, c'est au fond la même réalité qui affleure partout : Rousseau n'a jamais cessé de croire en l'Homme.
[modifier] Passages supprimés
S’il attache tant d’importance à la vérité, c’est qu’il a beaucoup souffert des calomnies qu’on diffamait pour ternir sa réputation, et parce qu’il en subit directement les conséquences. Peut-être est-ce aussi car il a peur d’être jugé. Il pense en effet que celle-ci n’est nécessaire que lorsqu’elle reflète la justice. Il essaie de nous convaincre qu’il a consacré sa vie à la vérité.
Et pourtant, il nous confie avoir dit un très grand nombre de mensonges au cours de sa vie et il n’éprouve aucun remords pour ceux-ci, à part pour un seul qui consiste à avoir nié le vol d’un ruban. Ce mensonge a causé le renvoi d’une servante. C’est pour les conséquences de ce mensonge qu’il a des remords.
<--- langage peu encyclopédique