Jeanne d'Arc au bûcher

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jeanne d’Arc au bûcher est un oratorio dramatique en 11 scènes de Paul Claudel (texte) et Arthur Honegger (musique). La première version pour orchestre a été donnée le 12 mai 1938 à Bâle en Suisse sous la direction de Paul Sacher avec le Chœur de garçons de Bâle et Ida Rubinstein dans le rôle de Jeanne. La première version scénique a été donnée le 13 juin 1942 au Théâtre Municipal de Zurich dans la version allemande de Hans Reinhard. L'exécution dure environ 75 minutes sans entracte.

Il s’en est fallu de peu que cette œuvre n’existe pas. Abordé un soir de 1933 par Arthur Honegger, lui-même sollicité par la danseuse Ida Rubinstein, Paul Claudel oppose au musicien une fin de non-recevoir. Comment donner corps à un personnage historique passé dans la légende ? Il a suffi d’un instant, presque d’une illumination, pour que le chef-d’œuvre devienne possible.

Oubliant Jeanne dans le train qui le ramène de Paris à Bruxelles, Paul Claudel eut cette vision : "avec la netteté d’une secousse électrique, un geste se dessina devant les paupières de mon esprit à moitiés closes […] Ce geste était le signe de la croix". Et de même qu’on ne peut séparer le Christ de la Croix, on ne peut dissocier Jeanne de son martyre. Ainsi naquit Jeanne au bûcher, dernière des six réalisations d’Honegger avec Ida Rubinstein, et ouverture d’une collaboration exceptionnelle avec Paul Claudel. "Je rêve d’une collaboration qui parviendrait à être totale, écrivait Claudel en 1932, que, souvent, le poète pensât en musicien et le musicien en poète, pour que l’œuvre issue de cette union ne soit pas le hasardeux résultat d’une série d’approximations et de concessions, mais l’harmonieuse synthèse de deux aspects d’une même pensée." Son souhait venait de se réaliser.

Partant du bûcher et de la mort de Jeanne, Claudel a cette autre idée fondatrice : à l’heure de sa mort, Jeanne voit défiler devant ses yeux les étapes de sa vie, les onze scènes qui, des « Voix du ciel », nous ramènent à « Jeanne d’Arc en flammes ». Manquait encore le Prologue : « Ténèbres, ténèbres ».

L'œuvre a été créée à Bâle le 12 mai 1938. Claudel, inspiré par les moments tragiques de l’Occupation, ajoute ce Prologue extraordinaire où la France de la guerre de Cent Ans reflète brutalement celles des années 1940, offrant à Jeanne au bûcher un portique grandiose.

L’œuvre mêle des éléments populaires, une verve quasi rabelaisienne, l'ironie et le sentiment du sacré. Pour la musique, Honegger a suivi pas à pas les indications dramaturgiques et musicales du poète : ainsi en va-t-il des motifs récurrents « Fille de Dieu va-va-va », du Trimazo de l’enfance lorraine de Jeanne, du Carillon de Laon sur la route de Reims. Populaire et savant, profane et religieux alternent aussi par le jeu du français et du latin.

[modifier] Distribution

L'exécution nécessite un orchestre, un chœur mixte, un chœur d'enfants, des solistes et des récitants.

[modifier] Orchestre

2 flûtes (dont une flute piccolo)
2 hautbois
1 clarinette piccolo (en mi bémol)
1 clarinette (n si)
1 clarinette basse (en si)
3 saxophones altos (en mi bémol)
3 bassons
1 contrebasson
1 trompette piccolo en ré
3 trompettes en do
1 trombone basse ou tuba
2 pianos
timbales
percussion
Célesta
Ondes Martenot
Cordes

[modifier] Parties récitatives

Jeanne d'Arc
Frère Dominique
Le Récitant
La Mère aux Tonneaux
Heurtebise
L'Appariteur
Héraut III
Un Prêtre
Le Duc de Bedford
Jean de Luxembourg
Renault de Chartres
Guillaume de Flavy

[modifier] Parties chantées

La Vierge
Marguerite
Catherine
Une Voix (ténor)
Une Voix (basse)
Porcus
Héraut I
Héraut II
Le Clerc
Voix d'Enfants

[modifier] Accueil

Lors de la première à Bâle en 1938, le public et la critique se montrèrent très enthousiastes. Lors de la première en France (à Orléans) en 1939 un public réactionnaire et raciste se montra hostile envers Ida Rubinstein, d'ascendance juive, qui ne pouvait, selon eux, interpréter le rôle de Jeanne, héroïne chrétienne nationale. En 1941 cependant l'ensemble "Chantier Orchestral", qui avait cette œuvre à son répertoire, fit une tournée pleine de succès dans plus de 40 villes de la France non occupée.

[modifier] Source

(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Jeanne d'Arc au bûcher ».

[modifier] Adaptation au cinéma

Cet oratorio a été adapté au cinéma sous le titre Jeanne au bûcher (Giovanna d'Arco al rogo) : film réalisé par Roberto Rossellini en 1954, avec Ingrid Bergman.