Claudius Pompeianus
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Tiberius Claudius Pompeianus est né au début des années 130 et mort un peu après 193. Il fut un des généraux les plus brillants de Marc Aurèle, et sans doute celui qui fut le plus proche de l'empereur philosophe. Associé à la famille impériale par son mariage avec une fille de Marc Aurèle, il fut un personnage incontournable dans les années qui suivirent et fut jugé capable de prétendre au titre impérial (capax imperii), sans pourtant jamais franchir le pas.
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[modifier] Une origine provinciale et des débuts mal connus
Originaire d'Antioche de Syrie, Pompeianus était un homme nouveau (homo novus), son père en effet n'appartenait qu'à l'ordre équestre, si l'on en croit l'Histoire Auguste. La citoyenneté de la famille remontait vraisemblablement au règne de Claude. Les débuts de notre personnage échappent aux historiens, ils figuraient sans doute sur une inscription de Rome récemment publiée, mais bien trop lacunaire pour réellement nous apprendre quelque chose, si ce n'est fournir un indice supplémentaire sur sa participation supposée à la guerre qui opposa l’Empire romain aux Parthes de 161 à 166. Son premier poste réellement connu est le gouvernement de Pannonie inférieure, province frontière située sur le Danube, où il est attesté en mai 167. S'il a suivi un déroulement de carrière normal, il faut placer son consulat dans les mois qui suivirent.
[modifier] Gendre de l'empereur et chef militaire incontournable
Les événements dramatiques qui opposèrent Rome aux peuples installés au-delà du Danube à la fin des années 160 et au début des années 170 entraînèrent une ascension exceptionnelle pour Pompéianus. Sa valeur militaire le distingua aux yeux de Marc Aurèle qui en fit son gendre en le mariant à sa fille Lucilla, jeune veuve du co-empereur Lucius Verus mort en janvier 169. Les origines bien plus modeste de Pompéianus déclenchèrent bien des rumeurs et auraient suscité le ressentiment de Lucilla. Quoiqu'il en soit Pompéianus apparaît alors comme le principal lieutenant de Marc Aurèle et le soutien de la dynastie. Il dirigea la contre-attaque romaine après les désastres infligés par l'offensive barbare qui mena les Quades et les Marcomans jusqu'en Italie du Nord. Il s'appuya alors sur Pertinax dont il favorisa la carrière. La date de ces opérations est controversée. Les hypothèses concernent diverses années entre 165 et 171, ce qui peut placer l'attaque barbare avant ou après le mariage de Pompéianus et de Lucilla. L'hypothèse la plus couramment admise est actuellement de placer l'invasion de l'Italie du Nord en mai 170, mais elle ne fait pas encore l'unanimité.
La réussite de Pompéianus fut réelle et sa proximité avec Marc Aurèle renforcée : il fut honoré d'un second consulat honoraire en 173. Il participa ensuite encore à de nombreuses opérations militaires, sans que nous ne les connaissions avec certitude, nos sources étant alors rares et allusives. Deux inscriptions latines trouvées dans le delta du Danube ont laissé penser à des opérations menées dans cette région, mais leur interprétation est délicate. À la mort de Marc Aurèle, Pompéianus se trouvait toujours à ses côtés au sein des camps militaires des régions danubiennes.
[modifier] Une situation de disgrâce durant le règne de Commode
Lors de la succession de Marc Aurèle, Pompéianus joua sans doute un grand rôle, et l'on peut penser que la fidélité des armées lui était acquise. Il facilita alors considérablement l'arrivée sur le trône de Commode le fils de Marc Aurèle. Hérodien au début de son histoire des empereurs romains insiste sur le rôle de Pompéianus à ce moment et le montre en partisan de la poursuite des opérations militaires face au jeune Commode plus soucieux de rentrer à Rome et imposant finalement une paix honteuse à Rome. Ces passages doivent être considérés avec un recul critique, les autres sources ne corroborant pas cette idée d'une paix honteuse et l'opposition entre Commode et Pompéianus est sans doute alors anachronique.
Ce n'est en effet que plus tard que les rapports entre le jeune empereur et l'officier chevronné se dégradèrent. Lucilla, la femme de Pompéianus, organisa en effet en 182 une conspiration qui devait éliminer Commode. Si des membres de la famille de Pompéianus participèrent au complot, ce ne fut pas son cas et il ne fut pas victime des purges qui suivirent. Mais il était désormais suspect et en disgrâce. Prétextant sa vieillesse, il se retira dans ses propriétés italiennes.
[modifier] Un personnage qui pouvait prétendre à l'empire en 193
La mort de Commode le 31 décembre 192 fut l'occasion d'un bref retour de Pompéianus sur la scène politique : le vieux sénateur revint à Rome pour rencontrer Pertinax son ancien protégé devenu empereur. Ce dernier lui aurait alors proposé de diriger l'empire selon l'Histoire Auguste. Dion Cassius ne confirme pas cette proposition mais témoigne du très grand respect affiché par Pertinax envers Pompéianus, il nous fait aussi le portrait d'un Pompéianus certes âgé mais en bonne santé, à l'intelligence politique et au prestige intact. L'assassinat de Pertinax par des prétoriens fut pour Pompéianus le signal du retour dans sa retraite, même si, toujours selon l'Histoire Auguste, Didius Julianus lui a aussi proposé de monter sur le trône impérial — épisode dont l'authenticité est suspecte. Pompéianus mourut sans doute peu de temps après.
Ses enfants lui survécurent et bénéficièrent d'un prestige familial très important : ils étaient les petits-enfants, puis les descendants de Marc Aurèle. Ce prestige était cependant dangereux car la nouvelle dynastie des Sévères pouvaient voir en eux des concurrents possibles. Toujours est-il que l'on doit reconnaître dans les consuls ordinaires de 231 et 241 des descendants de notre personnage. Pompéianus qui fut le véritable second de Marc Aurèle et qui pouvant prétendre à l'empire ne le fit pas, peut donc passer pour un modèle des valeurs et des vertus sénatoriales de la fin du deuxième siècle, un des personnages et des généraux essentiels de cet époque, dont la vie nous est cependant très incomplètement connue.
[modifier] Références
Inscriptions latines : Corpus inscriptionum latinarum (=CIL) t. XVI, n°123 ; CIL III, 6176 (ILS, 1108) ; N. Gostar, "La mission de Tiberius Claudius Pompeianus aux bouches du Danube", in J. Bibaux éd., Hommages à Marcel Renard, t. II, Bruxelles, 1969, pp. 290-301 ; CIL VI, 41120 ; CIL XVI, 127 ; CIL III, 8484 ; CIL IX, 4970 (ILS, 6559) ; CIL XI, 7555 (ILS 1886) ; ILTG, 239(AE 1934, n° 96) ; Peut-être Année Épigraphique (=AE) 1971, n° 208 = AE 1974, n° 411 ;
Sources Littéraires : Dion Cassius, LXXI, 2 et LXXII, 4, 2 et 5 et LXXII, 20, 1 et LXXIII, 3, 1-4 ; Hérodien I, 6-8 ; Histoire Auguste, Vie de Marc Aurèle, XX, 6-7 ; Histoire Auguste, Vie d'Avidius Cassius, X, 3 et XI, 8 ; Histoire Auguste, Vie de Commode, IV-V ; Histoire Auguste, Vie de Pertinax, II, 4 et IV, 10 ; Histoire Auguste, Vie de Didius Julianus, VIII, 3 ; Histoire Auguste, Vie de Caracalla, III, 8 ; Justin martyr, appendice à l'Apologie (Parisinus gr. 450 et 451)