Château de Thévalles
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Le château de Thévalles est situé à Cheméré-le-Roi dans le département de la Mayenne, à 1 500 m du bourg, au dessus de l'Erve. Le moulin de Thévalles, Monument Historique, reconstruit en 1850, est situé en contrebas du château. Il s'agit actuellement du seul moulin à eau en Mayenne qui se visite. Le château domine le cours de l'Erve et sa vallée du haut d'un roc taillé à pic. Le gros pavillon qui remonte aux Thévalle conseve son aspect antique. Les autres constructions sont de l'âge des la Rochelambert.
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[modifier] Désignation
- Le molin.., le seignor de Thévalle, 1260 [1] ;
- H. de Tesval, 1285 [2] ;
- J. de Tesvale, 1380 [3] ;
- le moulin et pescherie de Thesvalle, 1490 [4] ;
- Thévalle, château [5] ;
- Thévalles, château, moulin [6].
[modifier] Histoire
Fief et domaine mouvant de Chemeré, comme le reconnaît Emard de Thévalles en 1482. Des acquisitions successives et surtout la haute situation de ses possesseurs finirent par donner à cette seigneurie une haute importance qu'elle était loin d'avoir à l'origine.
Jean de Thévalles, quand il eut acquis en 1558 la seigneurie de Saulges, prétendit que le ruisseau des Fontaines, qui naît au bourg, partageait sa juridction de celle de Cheméré, dont il disait ne relever que pour quelques parties de ses terres, tandis que le manoir et le fief mouvaient de Sainte-Suzanne.
Le roi de Navarre appuyait naturellement ces prétentions, comme baron de Sainte-Suzanne. Jacqueline de Thévalle, en 1606 et 1624, se fit condamner pour refus d'hommages ; mais le procureur du prince de Condé en 1652, ne fit aucune difficulté d'avouer les six fois et hommages qu'il devait à Cheméré pour les anciennes possessions et les acquisitions nouvelles.
Les seigneurs de Cheméré ne résidaient point et n'avaient même pas de domaine. Cela permit aux Thévalles d'ouvrir une chapelle sur le sanctuaire et d'encombrer le chœur lui-même de monuments superbes, de mettre leurs armes aux murs et aux fenêtres et d'obtenir les prières nominales au prône. Mais un procès savamment plaidé fit débouter leurs successeurs, à la veille de la Révolution française, de leurs prétentions.
Le château actuel date en partie du XVIe siècle avec des remaniements et des augmentations postérieures. Il est hardiment campé sur le bord du ravin au fond duquel coule l'Erve.
Au mois de 1798, la garde nationale de Ballée vint fouiller le château à la recherche des prêtres Jacques et Louis, et d'autres suspects. La chapelle était ornée et une table de 25 couverts était dressée. Mais on ne trouva personne.
[modifier] Musée préhistorique
Un musée d'antiquités préhistoriques et d'objets artistiques y avait été formé sous la direction de Mademoiselle de Boxberg, amie et dame de compagnie de la marquise de la Rochelambert. La bibliothèque contenait des livres rares et quelques manuscrits. Le musée était fort riche. Il a été donné au début du XXe siècle par elle au musée de Dresde [7] et s'est trouvé si abondant, surtout dans la partie préhistorique, qu'on l'a divisé pour en attribuer une partie notable au musée de Leipzig.
Le portrait de David Rivault de Flurence, signalé par André René Le Paige avec d'autres tableaux, existait toujours au début du XXe siècle, mais n'était pas, selon l'abbé Angot, authentique.
[modifier] Chapelle et siège du château
La belle chapelle séparée du château dont parle Pierre-François Davelu, et dans laquelle étaient réunies les fondations de la Place (Chemeré), de Beauvais (Saint-Pierre-sur-Erve), de l'Aunay (Saint-Jean-sur-Erve), a été remplacée vers 1850 par un édifice construit à grands frais, mais sans grâce. Là encore sont plusieurs jolies sculptures et les décors exécutés par Melle de Boxberg.
Le siège du château par John Talbot et la défense héroïque de Jean de Thévalles sont des imaginations du chanoine Foucault. L'avenue, qui autrefois conduisait jusqu'au bourg , s'arrête maintenant à la route de Saulges.
[modifier] Seigneurs
[modifier] Famille de Thévalle
- Quelques noms se présentent isolés avant la filiation suivie : Avoise et Nicolas de Thévalle font des legs à l'église de Chémeré avant 1367 ;
- Thomas de Thévalle est écuyer dans la compagnie de Jean de Landivy, 1378, et dans celle de Robert de la Ferrière, 1380 ;
- Thibault de Thévalle sert sous Guillaume de Saint-Martin, 1380 ;
- Herbelot de Thévalle, exécuteur testamentaire de Jean Chevalier, seigneur de Comté, 1380, cité au Chartrier de Juigné, 1383 est bailli du comte d'Alençon dans sa châtellenie de Thorigné, 1390, et sénéchal de Verdelle, 1397. La généalogie est désormais régulièrement établie.
- Jean de Thévalles laisse veuve Philippe, qui est en procès avec le seigneur de Comté. Isabeau, sa fille, épouse Guillaume du Châtelet ;
- Fouquet de Thévalle, mari de Nicolas des Ecottais, 1384, 1405 ;
- Jean de Thévalles, chevalier, prend deux sauf-conduits des Anglais, 1433, 1434 ; Julienne de Nouray sa veuve vit en 1451 ;
- Emard de Thévalle [8] épousa : # Jeanne de Quatrebarbes , qui le fit seigneur de Bouillé , dit depuis Bouillé-Thévalle, et mourut en 1486 ; # Renée Fournier, d'Angers, qui fonda son anniversaire en l'église Sainte-Croix d'Angers le 22 février 1512 (v. s.). Il figure à la proclamation de la Coutume du Maine réformée, 1508. Dans son testament du 7 novembre 1512, il nomme : Jean son père, Jean son fils, avec lesquels il veut être enterré au choeur de l'église de Chémeré ; Jean de Thévalles, son oncle, dont la veuve, Jeanne de la Chapelle, vivait encore ; Julienne de Nouray, sa mère ; Isabelle de Nouray, sa tante ; Jean Morin, seigneur de Loudon ; Étienne de Thévalles, ecclésiastique, son fils ; René du Bouchet, son gendre, sans oublier les deux filles bâtardes de feu Jean de Thévalles ;
- Jean de Thévalle, était en 1512 avec Emard [9] son frère sous la tutelle d'Étienne de Thévalle, son aîné. Il épousa Françoise de Scépeaux, soeur du futur maréchal de la Vieilleville, à laquelle René du Matz, son frère utérin, donna le domaine d'Éventard à Écouflant, 15 juin 1544. Il était Pannetier ordinaire du roi, chevalier de l'ordre de Saint-Michel ;
- Jean de Thévalle épousa Radegonde Fresneau, fille de Louis Fresneau et de Radegonde de Maridor ;
- Charles de Thévalle, son fils qui vivait en 1572, 1586, mourut avant lui. Il laissa pour unique héritière Jacqueline de Thévalle, dont, il fallut, à l’époque de son mariage (1597) avec Charles de Maillé-Brezé, prouver par témoignage la légitimité, car les registres paroissiaux de Chémeré-le-Roi avaient été brûlés par les bandes de huguenots anglais qui avaient dévasté le pays en 1592. Une condition du mariage était que le second de ses fils relèveraient le nom de Thévalle. Il y eut en effet un puîné, nommé Charles, qui porta ce nom, mais il mourut enfant ;
[modifier] Famille de Condé
- Urbain de Maillé-Brézé, marquis de Brézé, issu de ce mariage, devint, par ses mérites personnels et surtout par la protection du cardinal de Richelieu, dont il avait épousé la sœur, maréchal de France et chevalier des Ordres du roi. Il fut donc seigneur de Thévalle.
- Quand Claire-Clémence de Maillé-Brézé, fille du maréchal, eut atteint l’âge de treize ans, en 1641, le cardinal-ministre l'imposa comme épouse à Louis II de Bourbon-Condé , qui, deux ans plus tard, était le vainqueur de Rocroi, et qui, par une série de victoires, est devenu dans l’histoire le grand Condé. Ce dernier fit expier à son épouse dans une sévère réclusion ses extravagances et la violence que lui avait imposée à lui-même le terrible ministre.
- Par son mariage avec Claire-Clémence de Maillé, le futur héros était devenu seigneur de Thévalle, seigneur de Saulges. Puis, au temps où exilé pour ses multiples révoltes contre Mazarin et la cour, il voyait tous ses biens saisis, la terre de Thévalle et celle de Saulges, son annexe, l'étaient elles aussi. [10] Mais le prince rentra en grâce à la cour, rentra dans la jouissance de ses biens confisqués et fut depuis, jusqu'à sa mort, seigneur de Thévalle et de Saulges.
- Thévalle passa depuis à Henri de Bourbon, 1690 ; à Henri Jules de Bourbon-Condé, 1695, 1703 ; à Louis III de Bourbon-Condé, 1709 ; à Louis Armand II de Bourbon-Conti et à la princesse de Conti, sa femme, 1712, 1718 ; à Louise-Anne de Bourbon-Condé, demoiselle de Charolais, 1738, qui en disposa en faveur de Louis-François-Joseph de Bourbon, comte de la Marche, 1762.
[modifier] Famille de la Rochelambert
- Ce dernier vendit à François-Laurent-Scipion de la Rochelambert [11], mari de Michelle-Anne Douard de Fleurance [12], 1764. Le 19 novembre 1765, une seconde adjudication eut lieu au profit des créanciers du vendeur. Le château est resté dans la famille de Rochelambert ;
- Henri-Michel-Scipion de la Rochelambert [13].
[modifier] Notes et références
- ↑ Maison d'Anthenaise, p. 138-139.
- ↑ Archives du chapître du Mans.
- ↑ Archives nationales. X/1a.29, f. 172.
- ↑ Archives de la Mayenne, E., Censif de Chemeré.
- ↑ Hubert Jaillot.
- ↑ carte de Cassini
- ↑ Paul Delaunay signale que ce musée possède des silex des Caves à Margot et à la Chèvre, de celle de Rochefort et de Thévalle (Thorigné-en-Charnie et Chemeré), de la vallée de l'Erve, et de Maubusson (Cheméré), de Louverné, d'Etivau (Sainte-Gemmes-le-Robert) ; des plateaux de Rochefort et de la Cité ; quelques outils en quartz blanc, de nombreux débris d'animaux, quelques-uns de squelettes humains, provenant des caves de Thévalle et de Rochefort. (Voir : Grottes de Saulges)
- ↑ Son épitaphe a été reproduite dans l'Épigraphie de la Mayenne (t. I, p. 211) avec la description de son mausolée et celui de son père.
- ↑ Fils d'Emard de Thévalle et de Renée Fournier, chanoine du Mans, remplaça Félix de Brie comme doyen du chapitre en 1541. Il se démit de sa charge le 29 août 1554, mourut le 3 septembre suivant et fut enterré comme un simple chanoine. Il eut aussi le titre de procureur de l'Abbé d'Évron, qui le révoqua en 1554 parce qu'il se susbtituait des personnages trop peu attentifs au choix des bénéficiers.
- ↑ Le 14 janvier 1655, Jean Doujat, Nicolas Chevalier, Michel Ferrand, commissaires députés, par arrêt de la cour du 27 mars précédent, « pour la direction des biens qui ont appartenu, dit le texte, au sieur prince de Condé, » donnaient bail des deux seigneuries à Julien Coignard, au prix de 3.900 livres par an.
- ↑ Il s'agit d'une famille originaire d'Auvergne.
- ↑ Héritière d'une immense fortune.
- ↑ Né à Paris le 30 décembre 1789 d'Henri-Michel-Scipion de la Rochelambert et de Charlotte-Marie de Dreux-Brézé, entra au service en 1814, se retira étant lieutenant-colonel en 1830, fut conseiller général, appelé au Sénat par l'empereur le 9 juin 1857, nommé officier de la Légion d'honneur le 15 août 1860, et mourut le 11 février 1863 au château de Thévalles. Il s'intéressa aux questions agricoles et à l'industrie des mines de charbon.
[modifier] Voir aussi
- Pays d'Art et d'Histoire Coëvrons-Mayenne
- Maison du Porche à Chémeré-le-Roi
- Saulges, petite cité de caractère, site du canyon et des Grottes de Saulges. Sentiers pédestres de Saulges au moulin.
- Oratoire de Saint-Céneré
- Pont piétons XIIe siècle de Saint-Pierre-sur-Erve, petite cité de caractère
- Cité médiévale de Sainte-Suzanne, petite cité de caractère
- Cité gallo-romaine de Jublains
- Île de Sainte-Apollonie, Entrammes
[modifier] Bibliographie
- Archives nationales, R/3. 82, 83 ; R/5. 299; f. 24 ; X/1a 4.846, f. 152 ;
- Chartrier de Thévalle ;
- Archives de Maine-et-Loire; E. 4.019 ;
- Bibliothèque Nationale de France, P. O., au mot Thévalle ;
- Archives de la Mayenne, Censif de Chemeré, B. 393 ;
- Chartrier de Sourches, fonds Nouray ;
- Factums entre les Coutard et les Rochelambert ;
- Commission historique de la Mayenne, t. III, p. 132 ;
- O. de Poli, Les Courtin ;
- E. Moreau, Carte préhistorique, p. 24.
[modifier] Sources
- « Château de Thévalles », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 ([détail édition]), t. III, p. 760-761 ; t. IV, p. 890.
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par ordre alphabétique par période par régions |