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Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier - Wikipédia

Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier
Informations générales
Date 28 juillet 1488
Lieu Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine)
Issue Victoire décisive de l'armée royale
Belligérants
Ost français et mercenaires Ost breton
renforcés conjurés de la Guerre folle
Commandants
La Trémoille

Maréchal de Rieux,
le duc d'Orléans,
Jean IV de Chalon-Arlay
Alain d'Albret
Forces en présence
environ 15 000 hommes environ 11 500 hommes
Pertes
environ 1500 morts 5000 à 6000 morts
Guerre folle
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La bataille de Saint-Aubin-du-Cormier a lieu le 28 juillet 1488 entre d'une part, les troupes du roi de France, et d'autre part, celles du duc de Bretagne François II et de ses alliés. La défaite de ces derniers clôt la « guerre folle », guerre féodale qui voit quelques princes français profiter d'une période de régence pour se révolter contre la puissance royale, défendue par la régente Anne de Beaujeu pour son frère mineur Charles VIII.

Sommaire

[modifier] Origines

La guerre entre le duc de Bretagne et le roi de France a plusieurs origines.

  • Tout d'abord, elle est une conséquences des révoltes de la petite noblesse et des villes de Bretagne sous le règne de François II de Bretagne : son administration déficiente et corrompue, qu'il délaissait pour s'intéresser à la politique extérieure du duché, en causa plusieurs. L’une débute en mars 1487, quand une soixantaine de nobles bretons réunis chez Françoise de Dinan à Châteaubriant font appel à la régente pour chasser les conseillers du duc. Celle-ci, par l'intermédiaire d'André d'Espinay, d'origine bretonne, archevêque de Bordeaux, promet 4000 hommes aux factieux, avec pour objectif le départ de la cour du duc du comte de Dunois et des autres princes français en exil ;
  • Par ailleurs, la régente Anne de Beaujeu est en conflit avec des princes révoltés contre son autorité, après la tenue des États généraux en 1484 qui lui ont donné raison contre eux (guerre folle) ;
  • Enfin, le duc François II de Bretagne tente de préserver l'indépendance de la Bretagne, en danger après les défaites lors de la guerre de la Ligue du Bien public et de 1487. Ses multiples promesses d'alliance matrimoniale de sa fille Anne, héritière du duché (d'abord avec Maximilien d'Autriche, puis Alain d'Albret, puis au roi d'Angleterre, et enfin de nouveau à Maximilien d'Autriche) lui valent de nombreuses alliances, mais aucun appui solide au moment décisif.

[modifier] Campagnes

La campagne de 1487 s'était soldée par un semi-échec pour l'armée royale. Celle-ci commence au mois de mars par réduire les possessions de Dunois en Poitou, puis se dirige sur la Bretagne. Après avoir obtenu l'ouverture des places frontières de Châteaubriant, Vitré, Ancenis et Clisson, elle avait pris Vannes, puis provoqué la débandade des Bretons devant Ploërmel. Le siège de Nantes est levé le 6 août 1487 après des semaines de combat, grâce à l'intervention de l'armée de secours de Dunois. En repartant, l'armée royale laisse des garnisons à Vitré, Saint-Aubin-du-Cormier, Dol-de-Bretagne et Auray, notamment.

Alain d'Albret, qui reçoit une nouvelle promesse de mariage, envoie une armée de secours, arrêtée à Nontron.

Le baron de Rieux rallie le camp du duc et Vannes est reprise en mars 1488. Une nouvelle campagne part au printemps 1488 de Pouancé. L'armée française est renforcée de mercenaires, d'une artillerie mise en œuvre par des spécialistes italiens et suisses, qui lui permet d'emporter villes et châteaux, dont :

  • le 23 avril, Châteaubriant, après une semaine de siège ;
  • le 19 mai, Ancenis, investi dans la nuit du 12 au 13.

Une trêve commence le 1er juin, et dure jusqu'au 9 juillet. Dès le 10, les troupes royales commencent d'investir l'importante place de Fougères. Le 12, elle est complètement encerclée, et prise le 19. Les principales places gardant les entrées de la Bretagne sont alors aux mains du roi de France ; l'armée des conjurés, qui allait porter secours à Fougères, décide de reprendre Saint-Aubin-du-Cormier, afin de rétablir un équilibre. Elle y rencontre, alors qu'elle ne s'attendait pas à la voir déjà là, l'armée royale.

[modifier] Déroulement de la bataille

Le 28 juillet 1488, l'armée du duc de Bretagne se présente, face à celle du roi de France, organisée ainsi :

  • 6000 à 7000 gentilhommes et francs-archers bretons, dont François de Rohan (fils de Jean II) qui y trouvera la mort ;
  • 2500 Gascons et Béarnais, débarqués à Quimper, accompagnés par 1000 Aragonais ;
  • 7 à 800 lansquenets allemands, reliefs de la petite armée de Maximilien d'Autriche ;
  • 300 Anglais environ, survivants de l'embuscade de Dinan ;
  • les gentilhommes accompagnant les princes français en exil ;

Soit un total de 10 500 à 11 500 hommes.

À cette composition hétéroclite, s'ajoute un commandement disparate, dont font partie le maréchal des Rieux, adversaire du duc de Bretagne en 1487, et les princes français. L'artillerie bretonne comprend environ 700 pièces de toutes qualités à la fin du XVe siècle, y compris les pièces de places fortes et les pièces dépassées ; sur le champ de bataille, elle se révèle inférieure à son homologue.

Cette armée affronte l’armée royale française forte de 15 000 hommes dont 5000 mercenaires suisses, et quelques centaines d'Italiens, commandée par Louis II de la Trémoille. Parmi les chevaliers de l'armée française, se trouvent quelques nobles bretons, dont le vicomte Jean II de Rohan. L'artillerie royale était la plus puissante d'Europe à l'époque.

Rieux fait revêtir à 1000 Bretons le hoqueton orné d'une croix rouge des archers anglais.

L'aile gauche et avant-garde de l'armée ducale est commandée par le maréchal des Rieux ; le centre est emmené par Alain d'Albret, avec l'artillerie à l'arrière (sur le flanc droit pendant la bataille) et la cavalerie. Les Français arrivent sur le champ de bataille par petits groupes dispersés, avec à l'avant-garde Adrien de l'Hospital, le corps principal dirigé par La Trémoille, et l'arrière-garde par le maréchal de Baudricourt. La bataille débute par un échange d'artillerie, qui entame les forces de part et d'autre. Les Bretons hésitent, mais ne chargent pas et attendent que les troupes françaises se mettent en ordre. Les Bretons chargent alors le flanc droit de l'armée royale et réussissent à en enfoncer assez fortement les rangs.

Mais au milieu de la bataille, une faille se crée dans le front breton : soit due à la désorganisation, soit au capitaine Bhler, commandant les lansquenets, qui ne réussit pas à contenir la débandade de ses mercenaires, elle est aussitôt exploitée par l'artillerie française et une charge de la cavalerie italienne emmenée par Jacomo Galeotta. Au cours de la bataille qui a duré quatre heures, 6000 Bretons et alliés restent sur la lande de Saint Aubin du Cormier contre 1500 dans le camp français.

[modifier] Conséquences

François II doit accepter le traité du Verger, signé le 19 août 1488. Le duc s'engageait à éloigner du duché les princes et tous les étrangers qui s'étaient mêlés de la guerre contre le roi de France ; il ne marierait pas ses filles sans consulter le roi de France ; Saint-Malo, Fougères, Dinan et Saint-Aubin sont remises en garantie au roi dont les droits sur la succession ducale sont réservés pour le cas où le duc décèderait sans enfant mâle.

Les rois de France utilisent ce traité pour contraindre Anne de Bretagne à se marier avec Charles VIII, puis avec Louis XII.

La bataille de Saint-Aubin-du-Cormier met un coup d'arrêt à la révolte des princes : Louis d'Orléans, futur Louis XII, et le prince d'Orange sont capturés. Alain d'Albret et le sire des Rieux réussissent à s'échapper et jouent par la suite un rôle important dans le conflit qui a lieu en Bretagne. En effet, malgré cette victoire, et le traité du Verger, dès la fin 1488, la guerre reprend pour encore trois ans, jusqu'à ce qu'en décembre 1491, Charles VIII épouse Anne de Bretagne.

[modifier] Symbole national

A posteriori, cette bataille est considérée par les nationalistes bretons comme le moment où la Bretagne perd son indépendance, malgré les trois années de campagne qui suivent ; elle est donc considérée comme un moment fort de l'histoire de la Bretagne. Comme l'écrit Léon Le Meur, « La bataille de Saint-Aubin sonna le glas de l'indépendance bretonne ». Des nationalistes bretons, tel Célestin Lainé, y font disperser leurs cendres.

Un projet d'enfouissement de déchets ménagers en 2000 (centre d'enfouissement de déchets ultimes de classe 2) sur le site de la bataille à Mézières-sur-Couesnon, en Ille-et-Vilaine provoque une telle mobilisation du mouvement breton, que le projet est abandonné.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • L'État breton, tome 2 de l' Histoire de la Bretagne et des pays celtiques, Morlaix, Éditions Skol Vreizh, 1966
  • Philippe Contamine, « Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier », dans Jacques Garnier dir. Dictionnaire Perrin des guerres et batailles de l'histoire de France, Paris : Perrin, 2004.
  • Georges Minois. Anne de Bretagne. Paris : Fayard, 1999.
  • Philippe Tourault. Anne de Bretagne. Paris : Perrin, 1990.
  • Collectif d’universitaires des universités de Brest, Nantes, Rennes, Toute l’histoire de Bretagne, dans l'Ile de Bretagne et sur le continent, ouvrage in-8°, 800 pages, éditions Skol- Vreizh, Morlaix 1996
  • Jean Kerhervé, L'État breton aux XIVe et XVe siècles, 2 vol., Maloine, 1987. ISBN 2-22401703-0. 2-224-01704-9
  • Arthur Le Moyne de La Borderie, Membre de l'Institut, Histoire de la Bretagne, 6 volumes in-quarto, Plihon Editeur, Imprimerie Vatar, Rennes 1905-1914.
  • Jean-Pierre Legay et Hervé Martin, Fastes et malheurs de la Bretagne ducale 1213-1532, Editions Ouest-France Université, 435 pages, Rennes, 1982
  • Antoine Dupuy, Histoire de l'union de la Bretagne à la France, 2 vol. de 447 p et 501 p., Librairie Hachette, Paris, 1880.

[modifier] Notes et références


Autres langues


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