Alexis Petrovitch de Russie
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Alexis Pétrovitch Romanov (28 février 1690-26 juin 1718) est le fils aîné du tsar Pierre Ier de Russie et de sa première femme Eudoxie Lopoukhine.
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[modifier] Jeunesse
Alexis vit ses premières années dans une atmosphère de monastère avec prières et conversations à voix basse. Son père est souvent absent et sa mère, dévote et opposée aux politiques de réformes, s'entoure d'une flopée de boyards conservateurs, tous tournés vers un passé nostalgique. Le précepteur qu'elle lui choisit, Nicéphore Viazemski, lui enseigne la soumission au clergé et la haine des étrangers.
En 1699, Eudoxie, soupçonnée d'avoir intrigué dans la dernière révolte des streltsy, est emprisonnée au monastère de Souzdal. Arraché à sa mère, Alexis est confié aux soins de sa tante Natalia Alexeievna. Alexandre Menchikov, l'un des plus proches collaborateurs de Pierre, devient grand maître de sa cour mais s'occupe peu de son éducation. La guerre avec la Suède bat alors son plein. Pierre vient rarement le visiter. Alexis s'entoure alors des anciens amis de sa mère. Même Viazemski revient dans le décor.
Pour les boyards, Alexis devient vite le nouveau symbole de l'opposition aux réformes de son père. Il leur assure qu'il y mettra fin lorsqu'il deviendra tsar. Pierre s'avise un peu tard de son éducation et l'envoie la parfaire à Dresde mais le tsarévitch déteste son séjour à l'étranger.
[modifier] Mariage et fuite
Le 25 octobre 1711, Pierre, qui tente de nouer des liens avec l'Autriche, le marie à Charlotte de Brunswick-Wolfenbüttel, belle-sœur de l'empereur Charles VI. Malheureusement, Alexis a son épouse en horreur, tant à cause de sa religion luthérienne que de son aspect physique peu engageant. Lâche et cruel, il bat régulièrement sa femme et engage une relation avec sa servante finnoise, Euphrossine. Charlotte lui donne tout de même deux enfants, Nathalie (le 23 juillet 1714) et le futur Pierre II (le 23 octobre 1715). Elle meurt une semaine après la naissance de son fils. Certains témoins affirment qu'Alexis l'a bourré de coups de pied pendant qu'elle était enceinte.
Pierre le Grand n'aime pas la tangente politique prise par son fils. Il lui écrit souvent et le menace des pires sanctions s'il ne change pas ses idées. En 1708, il l'avait nommé gouverneur de Moscou, mais il s'est vite désintéressé de son travail, ce qui a déplu au tsar.
Dans une nouvelle lettre, datée d'août 1716, Pierre menace de le déshériter s'il ne se préoccupe pas plus de la gloire de l'Empire. Il ne laissera jamais, dit-il, quelqu'un comme lui lui succéder, et lui conseille de renoncer au trône et de se faire moine s'il ne change pas ses idées politiques. Alexis prend peur. Le 7 octobre, il fuit Saint-Pétersbourg et se réfugie chez son beau-frère, l'empereur d'Autriche emmenant avec lui son amante Euphrossine.
Furieux, Pierre tente de le faire revenir, utilisant toutes les astuces. Il lui envoie l'un de ses plus habiles diplomates, Pierre Tolstoï. Celui-ci lui donne sa parole qu'il obtiendra le pardon de son père s'il rentre tout de suite en Russie. Convaincu, il revient à Saint-Pétersbourg en février 1718.
[modifier] Aveux et procès
Sitôt arrivé, Pierre l'emprisonne à la forteresse Pierre et Paul et l'oblige à dénoncer tous les complices qui l'ont aidé à prendre la fuite. Il fait également parler Euphrossine, qui implique dans un complot de trahison tout le clan des Lopoukhine, dont Eudoxie, l'évêque de Kiev, le capitaine Glébov (ancien amant d'Eudoxie), cinquante religieuses et des centaines de boyards. Tous sont soupçonnés d'avoir voulu renverser Pierre pour mettre Alexis à sa place. Celui-ci aurait alors annulé toutes les réformes et fait de Saint-Pétersbourg un désert.
Pierre institue une commission d'enquête, présidée par Menchikov, afin de faire la lumière sur toute cette histoire. En fait, il veut établir par n'importe quel moyen la culpabilité d'Alexis afin de pouvoir le déshériter sans appel. Pour ce, le prisonnier est fouetté quotidiennement dans le but de le faire avouer, ce qu'il finit par faire.
Le 28 juin 1718, le procès d'Alexis débute. Le 7 juillet, il le reconnaît coupable de crime contre la sûreté de l'État et le condamne à être fouetté jusqu'à ce que mort s'ensuive. En réalité, il vient de mourir des suites de ses tortures.
Afin de tenter de masquer les faits, un document diplomatique énoncera qu'Alexis est mort après avoir confessé ses fautes et obtenu la grâce de son père.
[modifier] Source
Michel de Saint Pierre. Le drame des Romanov. Laffont. 1968.