A Day in the Life
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A Day in the Life | |||||
Chanson par The Beatles extrait de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band |
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Sortie | 1er juin 1967 | ||||
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Enregistrement | en janvier et février 1967 aux studios Abbey Road |
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Durée | 5:33 | ||||
Genre(s) | Art rock Rock psychédélique |
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Auteur(s) | John Lennon et Paul McCartney | ||||
Producteur(s) | George Martin | ||||
Label | Parlophone | ||||
Pistes de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band |
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A Day in the Life est une chanson du groupe britannique les Beatles. Elle a été écrite par John Lennon et Paul McCartney[1]. Elle clôture l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band sorti en 1967.
Cette chanson est en fait un « collage » de deux morceaux inachevés, l’un de John Lennon et l’autre de Paul McCartney, le dernier morceau étant ajouté au centre de celui de Lennon. Cette tentative de combinaison avait déjà été tentée par les Beatles quelques mois auparavant avec She Said She Said sur l’album Revolver (1966), mais il s’agissait alors de deux morceaux de Lennon[1].
A Day in the Life est très souvent considérée comme le joyau de Sgt. Pepper. C’est en effet le morceau le plus remarquable dans sa conception et le plus riche dans son contenu. La chanson est notable pour ses paroles impressionnistes, ses techniques de production innovantes et son arrangement complexe incluant un crescendo d’orchestre cacophonique et partiellement improvisé. Elle est parfois considérée comme marquant le début du rock progressif.
Sommaire |
[modifier] Genèse de la chanson
John Lennon commença à écrire la chanson après avoir lu deux articles dans le Daily Mail. L’un portait sur la mort de Tara Browne, l’héritier des brasseries Guinness et ami des Beatles, qui a été victime d’un accident mortel, heurtant un camion après avoir manqué un feu rouge au volant de sa Lotus Elan. L’autre article parlait d’un projet consistant à remplir 4 000 nids-de-poule dans les rues de la ville de Blackburn, dans le Lancashire[1]. Lennon ajouta aussi une information à propos d’un film dans lequel « l’armée anglaise a gagné la guerre », une référence à son rôle dans le film comique How I Won the War, qui est sorti en octobre 1967[2].
Paul McCartney apporte ensuite la seconde partie, au milieu de la chanson, une courte pièce au piano qu’il avait travaillé précédemment — cette section était supposée devenir un chanson à part entière —, à propos d’un garçon qui se réveille et s’empresse de se préparer pour aller au travail. McCartney expliquera qu’il a écrit cette partie en se remémorant ses jeunes années : « C’est juste moi me rappelant ce que c’était de courir dans la rue pour prendre le bus jusqu’à l'école, fumer une cigarette et aller en classe... C’était une réflexion sur mes jours d’école. Je fumais une cigarette, quelqu’un parlait et je tombais dans un rêve »[1].
[modifier] Enregistrement de la chanson
Les Beatles commencèrent l’enregistrement de la chanson le 19 janvier 1967 au studio n°2 d’Abbey Road, sous le titre de travail In the Life of...[2]. Quatre prises d’accompagnement furent enregistrées. Le lendemain, le mixage des quatre prises fut assemblé sur une seule piste, transférée sur un autre magnétophone[3], ce qui donna les prises 5, 6 et 7. Le 3 février, des overdubs furent ajoutés sur la prise 6[4].
Le 10 février, un orchestre de 41 musiciens fut enregistré pour remplir le « blanc » de 24 mesures entre les deux sections du morceau et son final. L’orchestre fut conduit par Paul McCartney, qui demanda aux musiciens de jouer la note la plus basse de leur instrument et de monter jusqu’à la plus haute qu’ils puissent jouer, à la vitesse qu’ils désirent. Un point de départ, un point d’arrivée[2]. L’orchestre fut enregistré sur les quatre pistes vierges d’une bande pendant que l’accompagnement et les voix des Beatles tournaient sur la bande 4-pistes précédemment enregistrée sur un premier magnétophone. Les deux magnétophones étaient synchronisés par une fréquence émise de la première vers la seconde. Mais ce système marchant une fois sur deux, il y a un léger désynchronisme entre l’instrumentation des Beatles et celle de l’orchestre au moment où celui-ci paraît[3].
Lorsque les Beatles commencèrent l’enregistrement de la chanson, ils n’avaient pas encore décidé comment remplir le « blanc » entre les différentes parties de la chanson. Les deux sections du morceau sont séparées par 24 mesures vides. Au début, le groupe ne savait pas comment remplir les transitions ; pour les premières sessions d’enregistrement (que l’on peut entendre sur la compilation Anthology 2), cette section ne contenaient qu’un accord de piano répété et la voix de Mal Evans comptant les mesures. De l’écho a été ajouté à la voix d’Evans ; le groupe, et particulièrement John Lennon, aimait beaucoup utiliser de l’écho[4].
Paul McCartney a raconté : « Quand on a amené la chanson en studio, j’ai suggéré qu’on laisse 24 mesures vides, que notre assistant Mal Evans pourrait compter à très haute voix. Ils m’ont demandé ce que j’allais mettre dedans. J’ai répondu qu’il n’y aurait rien pour l’instant, que ça fera juste "un, tong, tong, tong, deux, tong, tong, tong, trois", etc. On peut effectivement entendre sur le disque Mal faire ça dans le fond. Il a compté, et à la vingt-quatrième mesure, il a fait démarrer un réveille-matin. L’étape suivante consista à remplir ces mesures vides. Sur l’enregistrement, on avait plaqué sur la voix de Mal Evans en train de compter en écho qui s’amplifiait jusqu’à devenir très envahissant à la vingt-quatrième mesure. J’ai rajouté les accords dissonants d’un piano derrière la voix de Mal »[5].
L’accord de piano entendu à la fin a en fait remplacé une expérimentation vocale : le soir précédant l’enregistrement de l’orchestre, le groupe avait enregistré, pour la fin, ses voix chantonnant l’accord, mais même après de multiples overdubs, ils conclurent qu’ils voulaient un effet qui ait plus d’impact[4].
En tout, 34 heures ont été requises pour enregistrer la seule chanson A Day in the Life, ce qui donne un certain contraste avec l’album Please Please Me, qui avait été enregistré, au complet, en moins de 5 heures[6]. L’enregistrement de l’orchestre fut combiné avec la prise 6, ce qui donna la prise 7. Enfin, le 22 février, le mixage fut effectué, et neuf nouvelles prises furent éditées. Le mixage final fut réalisé à partir des prises 6, 7 et 9[4].
[modifier] Structure musicale
Le morceau est constitué de six sections : la première partie du morceau de John Lennon, un crescendo d’orchestre, une courte partie de Paul McCartney, la seconde partie du morceau de Lennon suivie d’une seconde montée d’orchestre, un long accord de piano long de 47 secondes, et un « sillon » appelé le run-out groove, qui, sur le 33 tours original en mono, jouait sans fin. Cette composition très complexe a été écrite par John Lennon et Paul McCartney qui, par ailleurs, ne savaient pas lire la musique. Ils ont été aidés par leur producteur George Martin, qui, lui, savait lire et écrire une partition[7].
[modifier] Première partie (0:00 – 1:40)
La chanson commence avec le bruit de la foule provenant de la chanson précédente, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (Reprise), qui termine à cinq secondes du début, laissant place à une guitare acoustique jouant l’introduction suivie d’un piano et de la basse qui entrent à sept secondes. À 13 secondes, la partie vocale commence et des maracas se font entendre. L’ensemble est très calme, souligné par les accords de piano qui donnent l’intensité à la chanson. Après une trentaine de secondes, la batterie commence à jouer, faisant quelques riffs de toms espacés, puis jouant un rythme normal soutenu par la caisse claire et les toms. À travers les couplets, la mélodie est la même, à quelques exceptions près, jusqu’à 1:38, où Lennon chante I'd love to turn you on..., sa voix se perdant dans l’orchestre qui entre dans un fade in.
[modifier] Première montée de l'orchestre (1:41 – 2:15)
Après la première partie du morceau de Lennon, un orchestre de 41 musiciens entame un crescendo, tous les instruments partant de la note la plus basse et grimpant jusqu’à la plus haute, à sa propre vitesse. Le tout est soutenu par un accord de piano venant de la première partie.
La montée termine par le bruit d’une sonnerie de réveil programmé par Mal Evans. Le réveil servait originellement à marquer la fin des 24 mesures et de la montée de l’orchestre, puis devait être enlevé du mixage, mais comme le son du réveil concordait parfaitement avec la première phrase du morceau de McCartney (woke up, fell out of bed... / « je me réveille et je tombe du lit »), le groupe a décidé de garder le son sur la bande[4].
[modifier] Deuxième partie (2:16 – 3:18)
La montée de l’orchestre arrête brusquement, ne laissant que l’accord de piano et de basse. Le réveil se fait entendre et la partie vocale chantée par McCartney commence. Elle prend la forme d’une petite chanson simple, typiquement pop. Elle continue jusqu’à 2:49, laissant place à un « break » où la voix de John Lennon est accompagnée en fond sonore par l’orchestre, puis arrête de nouveau pour laisser place au dernier couplet de la chanson de Lennon.
[modifier] Troisième partie et seconde montée de l'orchestre (3:19 – 4:20)
On revient aux débuts avec un piano, une basse, une guitare acoustique et des maracas. Lennon chante de nouveau I read the news today, oh boy..., mais cette fois, les paroles traitent de nids-de-poule dans les rues du Lancashire. Finalement, à 3:44, il chante encore une fois I'd love to turn you on..., puis sa voix se perd dans la seconde montée de l'orchestre, à peine différente de la première. Tout s’arrête brusquement à 4:19, puis vient un long accord de piano.
[modifier] L’accord de piano (4:21 – 5:05)
Après la montée finale de l’orchestre, la chanson se termine avec l’un des plus fameux accords de l’histoire de la musique[8] : John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr, George Martin et Mal Evans jouent simultanément un accord de mi majeur sur trois pianos différents. Le son de l’accord a été traité pour sonner aussi longtemps que possible — près d’une minute. Vers la fin de l’accord, on entend des feuilles de papier se tourner, une chaise craquer et quelqu’un dire « Shhh! », comme si l’on avertissait le groupe ou les ingénieurs du son de ne pas faire de bruit.
[modifier] Le « run-out groove » (5:06 – 5:33)
Sur les premiers pressages mono de l’album, juste après l’accord de piano, un sillon enregistré et revenant sur lui-même pouvait être écouté. Il l’est à nouveau depuis la réédition en CD. Il s’agit en fait d’une « chanson » cachée, et non créditée, qui a été enregistrée le 21 avril 1967, et est composée d’une bande-son inversée et d’un sifflement de 20 Khz, inaudible par l’homme et impossible à reproduire sur la plupart des électrophones de l’époque, mais dont John Lennon espère qu’il fera aboyer les chiens de ceux qui possèdent une bonne chaîne Hi-Fi[6].
Une fausse légende affirmait que les Beatles prononcent « I never know the end » (« je ne connais pas la fin »). Le groupe prononce deux ou trois phrases. Une première phrase en premier plan pouvant être entendue aussi bien à l’endroit qu’à l’envers, disant quelque chose comme « He never kissed me any other way / is he any other way » ou encore « it will be like this again » dans un sens, dans l’autre « very soon ». La deuxième phrase, en arrière-plan, est enregistrée à l’envers et seule sa deuxième partie est compréhensible : Supermen. Ce sillon a alimenté de nombreuses spéculations participant de la légende des Beatles.
[modifier] Analyse des paroles
Les paroles d’A Day in the Life débutent de la manière la plus sobre qui soit : « I read the news today, oh boy... » (« Aujourd’hui, j’ai lu un truc dans les journaux, mec »), sur un petit air de guitare acoustique qui arrive aux oreilles du spectateur juste après la fin des applaudissements pour la représentation du Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. La chanson consiste donc en une sorte de rappel dramatique après un spectacle divertissant.
Le deuxième couplet évoque un homme qui « s’explose le crâne en voiture » (« He blew his mind out in a car »). Ce passage fut co-écrit avec Paul et provient d’un article extrait du Daily Mail daté de la mi-décembre 1966. On y apprend qu’un accident de la circulation avait coûté la vie à Tara Browne, futur héritier de la famille Guinness. Ce dernier était un proche des Beatles et des Rolling Stones. Il avait entre autre assisté aux séances d'enregistrement de l’album des Beatles Revolver quelques mois avant son décès, alors qu’il n’avait que 21 ans. Néanmoins, John reconnut qu’il n’avait pas repris les véritables circonstances de l’accident pour écrire les paroles. Ainsi, Tara Browne ne s’est pas réellement fracassé le crâne, bien qu’il soit mort sur le coup de multiples lacérations du cerveau dues aux fractures de la boite crânienne, selon le rapport d’autopsie. De même, le fait qu’« il n’avait pas vu que le feu de circulation avait changé de couleur » est une fiction. Ce couplet alimenta beaucoup les rumeurs de la mort de Paul, selon laquelle il perdit la vie dans un accident de voiture avant les séances de Sgt. Pepper[1].
Dans le troisième couplet, John évoque son expérience récente au cinéma dans le film de Richard Lester How I Won the War (1967) en y faisant un petit clin d'œil avec la phrase « I saw a film today oh boy, the English army had just won the war » (« J’ai vu un film aujourd’hui, l’armée anglaise venait juste de gagner la guerre »)[9].
Le quatrième et dernier couplet de la chanson, pour la partie signée Lennon, est encore directement inspiré d’un autre article du Daily Mail. C’est dans cette nouvelle qu’il trouva l’histoire des « 4 000 trous qui parsèment les chaussées de Blackburn, dans le Lancashire ». En effet, ce chiffre impressionnant était le résultat d’une enquête commandée par le conseil municipal de la ville relative à l’état des chaussées. Dans l’article suivant du journal, il était évoqué le passage d’un chanteur de l’époque au Royal Albert Hall. John eut donc l’idée de réunir les deux parties : d’un côté les 4 000 nids-de-poule, et de l’autre cette mythique salle londonienne, mais il eut quelque peu de mal à les assembler. Il explique : « Il manquait encore un mot dans un vers quand on a voulu l’enregistrer... Je savais que la phrase devait être « Now they know how many holes it takes to » — quelque chose — « the Albert Hall » (« On sait maintenant combien de trous il faut pour ... l’Albert Hall »). C’était un vers qui ne voulait rien dire, en fait, mais pour une raison quelconque, je n’arrivais pas à trouver un verbe. Qu’est-ce que les trous pouvaient bien faire à l’Albert Hall ? C’est Terry Doran qui a suggéré « to fill the Albert Hall » (« remplir l’Albert Hall ») »[1].
Pour ce qui est de la partie centrale écrite par McCartney, et qui contraste totalement avec la chanson de base de Lennon, il s'agit d’un souvenir de l’enfance de McCartney à Liverpool : lorsqu’il se levait le matin pour aller à l’école en autobus, et qu’il fumait une cigarette avant de rentrer en cours[5].
Bien évidemment, les références à la fumée et au rêve font immanquablement penser à des allusions à la drogue. D’autant plus que le vers « I’d love to turn you on » (« J’aimerais te brancher ») eut pour conséquence l’interdiction de la chanson sur les ondes de la BBC en particulier, et un peu partout dans le monde plus généralement, alors qu’en réalité, cela était plutôt inspiré du slogan de Timothy Leary « Turn on, tune it, drop out ». On pourrait même rajouter à cette liste les cigarettes de Paul qui auraient pu être confondues avec des joints, ou encore les 4 000 trous qui, tout comme dans Fixing a Hole, auraient pu être amalgamés à des fix d’héroïne[1].
[modifier] Reprises par d’autres artistes
Cette chanson a souvent été évoquée ou reprise, en partie ou en totalité, par de nombreux artistes. Parmi ceux-ci, on peut citer notamment Wes Montgomery, les Bee Gees, Jose Feliciano (sur l'album Tribute to the Beatles), The Fall, Jeff Beck, Véronique Sanson, Sting, Pete Doherty et Carl Barat, Phish, Grant Green, Mae, et plusieurs autres. Les Rutles ont parodié la chanson pour leur titre Cheese and Onions.
[modifier] Personnel
- John Lennon – chant, guitare acoustique, piano
- Paul McCartney – chant, basse, piano
- George Harrison – maracas
- Ringo Starr – bongos, batterie, piano
- Mal Evans – sonnerie de réveil, piano
- George Martin – harmonium, piano
Un orchestre de 41 musiciens classiques — violon, vielle, violoncelle, contrebasse, harpe, hautbois, flûte, trompette, trombone, tuba, clarinette, basson, cor d'harmonie, percussions diverses — a été enregistré dans le studio 1 d'Abbey Road pour remplir les 24 mesures au milieu de la chanson, selon les indications de Paul McCartney et George Martin.
[modifier] Notes et références
- ↑ a b c d e f g Steve Turner, L’Intégrale Beatles: les secrets de toutes leurs chansons (A Hard Day’s Write), Hors Collection, 1999, 285 p. (ISBN 2-258-06585-2)
- ↑ a b c (en) A Day in the Life sur Songfacts. Consulté le 21 mars 2008.
- ↑ a b (fr) Révolution en studio sur Lucy in the Web, octobre 2001. Consulté le 21 mars 2008.
- ↑ a b c d e (en) Mark Lewisohn, The Complete Beatles Recording Sessions: The Official Story of the Abbey Road Years, Hamlyn, Londres, 1988 (ISBN 0-600-55784-7)
- ↑ a b Barry Miles, Paul McCartney Many Years From Now : les Beatles, les sixties et moi, Flammarion, 2004 (ISBN 2-0806-8725-5)
- ↑ a b Notes à l’intérieur de la pochette de l’album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.
- ↑ (fr) Dans les studios d’Abbey Road. Consulté le 22 mars 2008.
- ↑ All Music Guide
- ↑ (fr+en) How I Won the War sur l’Internet Movie Database
[modifier] Liens externes et sources