État princier des Indes britanniques
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Les États princiers des Indes britanniques étaient des principautés ou des royaumes existant en Inde durant le Raj britannique et sur lesquels régnait un dirigeant local, appelé prince par les Britanniques, mais qui était roi de plein droit. Les États princiers jouissaient d'une autonomie locale et possédaient leurs propres lois, langues, fêtes et vacances, ministres et monarques, mais ils étaient sous protection britannique ce qui en faisait essentiellement des vassaux. Lors de l'indépendance, On en comptait 641, non compris la Birmanie - partie intégrante de l'Empire britannique des Indes - qui, elle-même, était formée de 52 États et ils étaient représentés par une chambre spéciale de l'assemblée législative indienne appelée la Chambre des Princes (House of Princes).
Les dirigeants hindous les moins puissants utilisaient le titre de « Thâkur », plus tard anglicisé en Tagore, un terme d'origine bengalîe équivalent à Kshatriya. La plupart des dirigeants hindous utilisaient le titre râja ou une de ses variantes telles que râi, râna, râwal, râo, râya ou râwat. Les plus influents ajoutaient le préfixe mahâ — signifiant grand et à rapprocher de magne dans Charlemagne pour Charles le Grand — comme dans mahârâja, mahârâna, etc. Les dirigeants musulmans utilisaient tous le titre de nâwab, à l'exception en avant du Nizâm de Hyderâbâd et Berâr et du Wâlî ou Khân de Qalât.
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[modifier] Titres et règles de préséance
Le salut au canon — les guns — était la règle protocolaire utilisée pour déterminer la préséance des dirigeants. Les princes étaient salués par une salve composée d'un nombre impair de coups de canons — de trois à vingt-et-un — destiné à indiquer leur rang. Un grand nombre de souverains mineurs n'avaient pas droit à la salve, de manière générale, la plupart des souverains profitaient d'une salve d'au moins neuf coups, les salves de nombres inférieurs étant le fait des cheiks arabes des États côtiers, également sous suzeraineté britannique. D'une manière générale, le nombre de guns était le même pour toutes les souverains d'un même état, cependant certains d'entre eux étaient distingués individuellement par une salve d'un nombre supérieur. En outre, certains souverains profitaient dans leurs propres territoires, exclusivement, d'une salve plus nombreuse.
Au moment de l'indépendance indienne, seulement de cinq souverains — le Nizâm d'Hyderâbâd, le mahârâja de Mysore, le mahârâja de Jammu et Kashmir, le mahârâja Gâekwar de Baroda et le mahârâja Sindhia de Gwâlior — jouissaient d'une salve de 21 coups, et cinq souverains — le nâwab de Bhopal, le mahârâja Holkar d'Indore, le mahârâna d'Udaipur, le mahârâja de Kolhâpur et le mahârâja de Travancore — étaient salués par 19 guns. Le vice-roi des Indes bénéficiait de 31 coups et l'empereur des Indes, quant à lui, avait droit à un salut de 101 guns.
Le prince senior était le Nizâm d'Hyderâbâd, qui portait le titre d’Exalted Highness, Altesse de plus haut rang, les autres princes jouissant du titre d’Highness, soit Altesse. Aucun titre particulier n'était employé par les souverains salués par moins de 11 guns. Après l'indépendance de l'Inde, le mahârâna d'Udaipur remplaça le Nizâm comme prince senior' et le titre d’Altesse fut étendu aux souverains de 9 guns.
Tous les souverains étaient éligibles pour recevoir certaines distinctions britanniques associées aux ordres de chevalerie des Indes, l'Ordre de l'Étoile des Indes et l'Ordre de l'empire des Indes. Les souverains salués de salves de 21 et 19 guns recevaient normalement le plus haut rang possible, Chevalier Grand Commandant de l'Ordre de l'Etoile de l'Inde, Knight Grand Commander of the Order of the Star of India). Les femmes pouvaient être aussi nommées « chevaliers » de ces ordres.
[modifier] La doctrine de préemption ou doctrine du lapse
La doctrine du lapse ou doctrine de préemption était une politique d'annexion d'États indiens élaborée par Lord Dalhousie alors qu'il était Gouverneur général des Indes entre 1848 et 1856.
Selon la doctrine, tout territoire ou État princier sous l'influence directe (paramountcy) de la Compagnie anglaise des Indes orientales, état vassal sous le système de subsidiarité britannique, serait automatiquement annexé, si le dirigeant n'avait pas d'héritier naturel au trône, en opposition à la tradition indienne d'adoption dans cette éventualité.
Suite à son adoption, la Compagnie se trouva en position d'étendre sa juridiction sur un grand nombre de régions réparties dans le subcontinent. Elle annexa ainsi les États de Sâtârâ (1848), Jaitpur et Shambalpur (1849), Baghat (1850), Udaipur (1852), Nâgpur (1854), Jhânsi (1855) et Awadh (Oudh) (1856), dont il avait accusé les nâwabs de mauvaise gouvernance, en utilisant cette doctrine. Avec le temps, elle devint la cause d'un grand mécontentement au sein de la société indienne et fut l'une des causes de la révolte des Cipayes de 1857.
La doctrine du lapse sera abandonnée au lendemain de la rébellion, de même que le contrôle des Indes par la CAIO qui passa à la couronne britannique, et bien qu'aucun des états absorbés par la CAIO n'ait recouvré sa souveraineté, il n'y eut, ensuite, plus aucune autre annexion par les Britanniques.
[modifier] Organisation
Les quatre plus grands États princiers – Hyderâbâd, Mysore, Jammu et Kashmir, et Baroda – étaient sous l'autorité directe du Gouverneur Général. Deux agences, l'agence du Rajputana (Rajputana Agency) et l'agence centrale de l'Inde (Central India Agency), supervisaient respectivement 20 et 148 États princiers. Les États restants accueillaient un officier politique ou un agent du gouvernement qui rendaient compte aux administrateurs des provinces des Indes. Cinq États princiers étaient sous l'autorité de Madras, 354 sous celle de Bombay, 26 celle du Bengale, 2 celle de l'Assam, 34 celle du Panjâb, 15 sous celles des Provinces centrales et Berâr (Central Provinces and Berar) et 2 sous celle des Provinces unies.
[modifier] Les suites de l'indépendance
L'indépendance des Indes posa le problème des États princiers : devaient-ils être intégrés à l'Inde nouvelle ou (re)devenir indépendants, recouvrant ainsi la liberté de contracter des accords avec l'Inde ou le Pakistan ?
Sur le plan juridique, la solution de l'indépendance s'imposait puisque les princes indiens avaient seulement délégué leurs pouvoirs à la Couronne du Royaume-Uni : dès lors que celle-ci se retirait des Indes, elle devait restituer l'intégralité de leurs pouvoirs aux princes. Cette solution fut la première préconisée par le Vice-Roi Louis Mountbatten ; elle ne reçut cependant pas l'assentiment de Nehru et du Parti du Congrès.
La solution de l'intégration fut donc retenue.
Après l'indépendance de 1947, les États princiers eurent donc le choix entre rejoindre l'Inde ou intégrer le Pakistan, ce choix revenant au prince et non à la population de l'État. En fait, la majorité des États princiers, décidèrent de rejoindre l'une des deux nouvelles nations et le processus d'intégration se déroula pacifiquement, à l'exception de trois cas épineux - Junâgadh, Hyderâbâd et Jammu et Kashmir.
[modifier] Junâgadh
Concernant Junâgadh, l'un des États de la péninsule de Kathiawar - aujourd'hui partie de l'État du Goujerat - dont la population était à majorité hindou a intégré le Pakistan selon les souhaits de son nâwab. Cette situation entraîna une révolte populaire et Junâgadh fut envahi par le micro État voisin de Mangrol. Finalement, en 1948, Junâgadh fut annexé par l'Inde, et le nâwab se réfugia à Karachi.
[modifier] Hyderâbâd
Un destin semblable se présenta au Nizâm de Hyderâbâd. Celui-ci, musulman et à la tête d'un état de taille respectable, avait choisi de rester indépendant plutôt que de rejoindre le Pakistan. Après de nombreux débats politiques infructueux, lorsque les Razakâr, la milice irrégulière du premier ministre du Nizâm, commença à terroriser les trains passant au travers de l'état de Hyderâbâd, l'Inde lança une opération policière, en fait une invasion militaire, qui fut suivi de l'annexion d'Hyderâbâd. Le Nizâm fut déposé, mais cependant autorisé à rester à Hyderâbâd.
[modifier] Jammu et Kashmir
Le Jammu et Kashmir était gouverné par un maharâja hindou alors que sa population était, comme aujourd'hui d'ailleurs, à majorité musulmane. Celui-ci tira profit de la situation de son État, qui n'était enclavé ni dans l'Inde ni dans le Pakistan, pour proclamer son indépendance.
Craignant que le Cachemire ne choisisse finalement son intégration à l'Inde, Mohammed Ali Jinnah, président de la république du Pakistan, soudoya les guerriers pathans des zones tribales de la province de la North-East Frontier afin qu'ils traversent la frontière nouvellement définie et se mettent en route vers Srinagar ; mais ils s'abandonnèrent sur la route à leur habitude de pillage. Cette pénétration força le mahârâja à prendre une décision et ces retards causés par les pillages lui permirent de demander l'aide militaire de l'Inde. Cette aide fut monnayée contre l'intégration de son État dans la république indienne, ce qui est à l'origine des tensions entre l'Inde et le Pakistan depuis cette date.
[modifier] De façon générale
Les États princiers qui choisirent l'Inde furent absorbés par le système administratif du pays, et tous les princes furent déposés pacifiquement. Chaque dirigeant se vit attribuer, suivant le modèle de la monarchie britannique et suivant son rang, une liste civile, c'est-à-dire une pension, appelées ici privy purses, lui permettant de conserver un certain train de vie compatible avec sa position. Cependant, rompant avec ces engagements, le gouvernement d'Indira Gandhi supprimera, en 1972, tous les titres et privilèges royaux et arrêtera le paiement des listes civiles, par un amendement, datant du 31 juillet 1971, à la constitution de l'Inde : « Le concept de dirigeants, associé aux listes civiles et privilèges spéciaux sans relation avec une quelconque fonction en cours ou pour raison sociale, est incompatible avec un ordre social égalitaire » (The concept of rulership, with privy purses and special privileges unrelated to any current functions and social purposes, is incompatible with an egalitarian social order).
Ce revirement porta un coup de grâce au train de vie, déjà très diminué, des râjas et nâwabs, seuls tirèrent leur épingle du jeu ceux qui, tout naturellement, s'engagèrent dans la carrière politique ou diplomatique au service de l'Inde nouvelle, ou bien qui, se découvrant des dons de gestionnaire, transformèrent leur palais en établissements hôteliers, ce qui fit la fortune, par exemple, du mahârâna d'Udaipur, avec son célèbre Lake Palace Hotel sur le lac Pichola.